Pailladins d’ailleurs #11 – Mathieu, fouiller le japon pour trouver Messi, quelques ontocetus et une cage à défendre | OneFootball

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·26 June 2024

Pailladins d’ailleurs #11 – Mathieu, fouiller le japon pour trouver Messi, quelques ontocetus et une cage à défendre

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Si aujourd’hui Zinedine Zidane se refuse aux plus grands bancs d’Europe, il fut un temps où on pouvait l’apercevoir sur la pelouse du modeste stade Guillaume Dides de Vendargues. Retour un 15 août de 2005, ce jour-là des journalistes du monde entier se massent dans le petit village héraultais. La raison ? Une dizaine de jours plus tôt ZZ a annoncé son grand retour sous le maillot bleu, et c’est à La Mosson, face à la Côte d’Ivoire, que cela va avoir lieu. La Zidanemania frappe alors de plein fouet la bourgade de l’agglomération montpelliéraine, le Parisien titre même « tout Vendargues vibre pour Zidane ». Tous ? Non ! Un petit Vendarguois résiste encore et toujours à Zizou. Cet irréductible gaulois, c’est Mathieu, du haut de ses 8 ans. « Je m’en rappelle bien, le camp d’entraînement était à Vendargues. Mon père, m’a bassiné pour aller le voir. On y va et, moi, je m’en foutais. Finalement, il m’a ramené de rage, puis est reparti seul, me laissant à la maison. »

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Il faudra en fait la dramaturgie de la coupe du monde 2006, pour que Mathieu se passionne pour le football. Un déclic et le voilà qui se retrouve à fouler la même pelouse que Zizou en signant au PI Vendargues. « Dès la saison 2006-2007, je les ai rejoints. J’ai commencé en joueur de champ puis un jour l’entraîneur a demandé qui voulait jouer gardien, j’ai levé la main et je me suis retrouvé dans les cages ». Une passion et un poste qu’il n’a plus jamais quitté. « J’ai fait tout Vendargues, jusqu’en 2018-2019 quand je suis parti en Master à Poitiers. J’ai fait un premier club là-bas et pam ! Ils font une liquidation judiciaire donc je m’en suis trouvé un autre. Ce qui est fou c’est que j’ai fait plus de clubs en deux ans à Poitiers qu’en plus de dix ans dans l’Hérault ». Peu importe, de toute manière, Mathieu n’a en réalité qu’un seul club et c’est le Montpellier Hérault Sport Club. Une forme d’héritage familial : « Mon père est un fan de Montpellier, il est né en 1970 avant que le stade soit créé, il allait voir les matchs à la Butte car il habitait à la Paillade ».


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Le passage de flambeau entre le père et le fils aura lieu le 20 septembre 2006 lors d’un seizième de finale de coupe de la ligue entre Montpellier et Marseille (défaite 2-1). Mathieu avait moins de 10 ans mais s’en souvient comme si c’était hier : « c’était mon premier match au stade, après ça, on a commencé à y aller régulièrement. Je me souviens de la Ligue 2, Libourne, les Chamois Niortais, on a vu aussi le seul match de Anthony Scribe sous les couleurs de Montpellier face à Ajaccio. Puis, pour le match de la montée contre Strasbourg, mon père m’avait amené au stade. Je me souviens très bien aussi, en 2011, on monte avec mon père pour la finale de la coupe de la ligue. On perd, j’étais inconsolable, je me disais ‘‘putain, jamais je ne reverrai mon club gagner un titre’’. Et saison suivante voilà, le miracle ». Cette année-là, Mathieu suivra une bonne partie des matchs à la radio du fait du changement de diffuseur, « mon père était habitué à Canal+, il ne voulait pas prendre BeIn alors on avait le droit qu’aux matchs en prime time. Heureusement, Montpellier l’a été souvent en 2012. A la fin quand le suspens était intenable, on squattait chez un voisin. On a fait quelques matchs au stade aussi, contre Lille on avait envoyé toute la famille même la grand-mère de 80 ballais ». La grand-mère ne sera pas du voyage la saison suivante pour entendre la petite musique de la Ligue de Champions mais Mathieu ne ratera pas ça. Depuis les gradins de la Mosson, il voit le lob de Cabella mourir sur la transversale de Mannone. Et aujourd’hui encore ça le hante : « je pense vraiment qu’on peut avoir des regrets sur cette campagne européenne».

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Le foot c’est bien, mais pour comprendre ce qui a mené Mathieu au Japon, il faut remonter à vos souvenirs d’enfants. Vous vous rappelez quand, sur les bancs du CM2, madame Faura vous demandait : « qu’est-ce que vous voulez faire plus tard ? » Et que la moitié de la classe répondez : « paléontologue ou archéologue » mais que 20 ans plus tard ils ont fini installateur d’alarme pour Verisure ou fonctionnaire territorial au sein de Pays d’Or agglomération. Bah Mathieu, lui, il est allé au bout du processus , il est devenu paléontologue. « J’ai toujours été intéressé par les animaux, je regardais des docs dès l’âge de 6-7 ans, j’étais à fond. Au lycée, j’ai fait un parcours scientifique S et dès que je suis arrivé à la fac, je savais ce que je voulais faire. J’ai fait ma licence de Montpellier, puis mon master en paléontologie entre Poitiers et Montpellier, retrace notre scientifique en herbe. Le truc avec la paléontologie, c’est que tout le monde imagine Jurassic Park mais entre ça et la réalité il y a un monde. C’est un domaine très compétitif, sans budget car les gouvernements préfèrent donner à la médecine ou aux sciences de l’environnement. Il faut savoir qu’à Montpellier notre spécialité ce sont les mammifères et les vertébrés. Moi, j’avais chercher à travailler sur les lamentins et on m’a proposé les morses. Finalement, dans les résultats que j’ai présenté pour mon mémoire de master, il en est ressorti que j’avais potentiellement décris une nouvelle espèce de morses fossiles. Ça a intrigué des chercheurs au Japon, on m’a demandé si j’étais motivé pour faire un doctorat là-bas et j’ai dit : ‘‘pourquoi pas’’.

Pour continuer à marcher dans les pas d’Indiana Jones, Mathieu signe à l’université de Tsukuba. Une université qui a donné au monde rien de moins que trois prix Nobel et un des joueurs les plus en vue du football actuel, Kaoru Mitoma. Dans ses valises, Mathieu embarque sa copine, elle aussi passionnée de vieux os, qui se lance dans une thèse sur l’histoire évolutive des rhinocéros de l’Asie du Sud-Est. « Je connaissais mal le Japon, Tsukuba, c’était vraiment pour le côté professionnel. Mes potes se moquent de moi d’ailleurs parce que eux adorent le manga et moi pas du tout ». On oublie les mangas donc mais peu importe car ce qui intéresse vraiment Mathieu c’est le foot, mais avant de se mesurer aux attaquants japonais, il doit d’abord affronter le COVID. « En mars 2021, j’ai été accepté mais les restrictions COVID au Japon étaient très restrictives. Entre octobre 2021 et avril 2022, le Japon a consécutivement fermé tout le pays, l’a rouvert, puis refermé. C’était illisible ». En avril 2022, le Vendarguois fini par fouler le sol japonais avril 2022, aussitôt arrivé aussitôt le gardien se met en quête en cage à garder. Problème : « au Japon, le football universitaire c’est de la formation. C’est quasi impossible pour un étranger de faire partie d’une équipe, ils veulent former des joueurs pouvant tenter leur chance en pro. Pour faire un parallèle, c’est comme s’ils faisaient STAPS en France, c’est très rare que des membres de l’équipes viennent d’autres background. Très souvent, même si tu perces pas, tu deviens coach ». Alors, à l’instar de l’Inter de Milan ou du FC Barcelone lors des prémices du football, Mathieu rejoint un club créé pour permettre aux internationaux de jouer, l’Inter Tsukuba. « Quand on a créé le club en 2022 on était trop court pour inscrire le club à la fédération japonaise de football, alors on s’est inscrit dans un championnat non officiel de la ville. On a terminé premier cette année là [en deuxième division de cette ligue], le problème c’est que tu ne peux pas monter la première année. Donc, la saison suivante, on s’est inscrit à la fédération japonaise. On a rejoint un championnat officiel en 3e division de la prefecture d’Ibaraki et on a terminé 4e. On a aussi gardé une équipe deux qui joue dans la ligue non officielle et cette fois-ci, ils sont montés en première division ».

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Concernant le Japon et les japonais, Mathieu me répond presque gêné qu’il n’avait pas eu beaucoup l’occasion de voyager. Il faut dire que le portier vit plus au moins d’amour et de soupe miso fraiche : « Quand on est arrivé ni moi, ni ma copine n’avions de bourse. Au Japon, tu as un système de bourse pour les étudiants étrangers qui s’appelle MEXT (un programme du ministère japonais de l’éducation, de la jeunesse, des sports, des technologie et des sciences ). Malheureusement entre le moment où on a été accepté à l’université et les timings pour candidater à la bourse on était hors délais. La seconde année, on a réussi à avoir une petite bourse de notre ville, c’était de l’ordre de 500€ par mois, mais là de nouveau on a plus rien« . A défaut d’avoir l’argent, reste la chance. Un petit coup du sort a permis à notre pailladin de voir un monument du foot ! Lionel Messi. « Quand le PSG est venu faire sa tournée au Japon en 2022, il y avait une loterie pour suivre l’entraînement ouvert au public. J’ai gagné et je me suis retrouvé au milieu des Mbappe, Messi et Neymar ». Zidane à Vendargues, Messi à Tokyo, décidément le fil rouge footballistique de Mathieu est de voir des légendes à l’entraînement dans des stades improbables. Manque seulement à son tableau de chasse le roi des rois, Teji Savanier avec le maillot de l’équipe de France lors des JO 2021 au Japon qu’il a raté de peu. Heureusement, il a tout le loisir de voir le Mozart de Cité Gély sur son petit écran depuis sa chambre d’étudiant. « J’ai une chance c’est que Montpellier joue souvent à 15h, ce qui donne 22 ou 23h au Japon avec le décalage horaire donc c’est jouable. Pour voir les matchs, j’ai une astuce un peu particulière : je me mets sur Discord et mon pote Loick me stream la rencontre. Ça nous permet de vivre les matchs et surtout souffrir ensemble ».

Inséparable comme Olive et Tom, les deux amis avaient participé ensemble à l’hommage à Loulou en 2017 alors qu’ils avaient à peine 20 ans. Et si Mathieu aura forcément un brin de nostalgie quand il quittera le Japon après sa cérémonie de diplôme en octobre prochain, il pourra toujours se réconforter en se disant qu’il va retrouver les gradins non étanche du stade de la Mosson avec son ami Loick.

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