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·28 May 2025
Cannes : Damien Ott, ce coach qui a redonné du souffle aux Dragons

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·28 May 2025
Mal engagé en National 2 à l'entame de la saison 2024-2025, l'AS Cannes a retrouvé du souffle grâce, notamment, à un homme : Damien Ott. Sous sa houlette, les Dragons ont rallumé le feu sacré, jusqu'à s'offrir une épopée en Coupe de France puis frôler la montée en National.
Le football réserve parfois de drôles de destins. Celui - commun - vécu par l'AS Cannes et Damien Ott en cette saison 2024-2025 en est le parfait exemple. Car absolument rien ne prédestinait le club des Alpes-Maritimes et le technicien de 59 ans à vivre un mariage rêvé ces derniers mois. Rembobinons le fil du temps.
Nous sommes à l'été 2024 et Cannes vient de boucler son retour en National 2 par une prometteuse cinquième place au classement de la poule A. Prometteuse mais pas suffisante pour le groupe Friedkin, propriétaire depuis juin 2023. Jean-Noël Cabezas, sur le banc depuis janvier 2020, est alors remercié. Pour le remplacer, la direction opte pour Fabien Pujo, technicien en vogue après avoir fait accéder le modeste GOAL FC en National pour la première fois de son histoire en fin de saison précédente. S'il n'est toutefois pas parvenu à l'y maintenir, le Parisien d'origine garde la cote et ses dispositions plaisent sur la Côte d'Azur. Dans ses bagages, Fabien Pujo amène avec lui l'expérimenté Florian Raspentino et complète un recrutement ambitieux. Entre autres, Maxime Blanc (Villefranche), Hamza Hafidi (Cholet), Arnaud Balijon (Dunkerque), Arthur Mai (Villefranche), Chafik Abbas (GOAL FC) ou encore Hugo Chambon (Amiens) débarquent sur la Croisette. L'armada cannoise a de la gueule, et prend logiquement le statut de favorite pour l'accession en National, l'objectif suprême. Mais chez les Dragons, tout ne se passe pas comme prévu ...
Au même moment, bien loin de là, Damien Ott s'est trouvé une nouvelle occupation. Remercié par l'US Avranches (National) au mois de mars précédent, l'expérimenté technicien a pris en main durant l'été l'équipe UNFP des joueurs au chômage. "Ça a été vraiment un bonheur absolu, affirmait-il auprès d'ici Azur . J'ai rencontré des personnes admirables, qui étaient dans le même état d'esprit que moi, en échec, en attente d'un club. On a développé une énorme solidarité. L'UNFP a été une expérience fantastique." S'ouvre alors une "analyse" personnelle "de toutes mes expériences réussies ou pas réussies" : "J'ai pu regarder ce qui n'a pas été, me remettre en question. (...) Ces quatre mois sans club ont été une révélation pour moi." Une "révélation" suivie d'effets.
Car pendant que le natif de Bâle fait un point sur lui-même, l'AS Cannes patine en championnat. Fabien Pujo, qui a repoussé une proposition de dernière minute pour entraîner Dijon, ne parvient pas à trouver la clé. Après 4 journées, son équipe a partagé les points à quatre reprises. Trop peu au goût des propriétaires. "Quand tu fais quatre premiers nuls sur les quatre premiers matchs, c’est quatre défaites pour eux. Il n’y a pas de nuls chez eux. Il y a ensuite eu une forme d’incompréhension qui s’est installée, il fallait que ce soit rapide et être très performant tout de suite. Et ça, quand il y a quinze nouveaux dans l’effectif, ça peut ne pas toujours marcher", nous indiquait lors d'un entretien le principal concerné. Alors ce qui devait arriver arriva : mi-octobre, l'ex-coach du GOAL FC est remercié après une seule victoire en sept journées. Loin de ses objectifs initiaux de jouer les premiers rôles, Cannes décide d'appeler Damien Ott, libre, à la rescousse. Présenté comme un entraîneur "réputé pour sa rigueur, sa passion et sa capacité à fédérer un groupe", le Bâlois est amené "à assumer la direction de notre équipe avec l’objectif de nous mener vers de nouveaux succès." Il ne croit pas si bien dire.
Intrônisé le 14 octobre, Damien Ott est déjà au tubin cinq jours plus tard pour la réception d'Hyères au stade Pierre-de-Coubertin. Une première sur le banc des Dragons synonyme de défaite (1-2), presque logique vu le temps de préparation raccourci. Dans la foulée, l'ancien coach de Mulhouse, Colmar et Bourg-Péronnas se heurte à Fréjus (2-2) puis le GOAL FC de ... Fabien Pujo (1-1), revenu aux affaires dans le Rhône. Une timide mise en route qui, sans le savoir, va accoucher d'une impressionnante série. Renforcé par l'immense Cheikh N'Doye au début du mois d'octobre, l'effectif monte doucement mais sûrement en régime. La Coupe de France est aussi là pour permettre aux Sudistes de répéter leurs gammes. Alès, pensionnaire de National 3, l'apprend à ses dépens lors du 8e tour fin novembre. Laminé 5-1, le club gardois vient d'assister à la naissance d'un rouleau-compresseur que rien n'arrête.
Pas la moindre équipe de N2, tout d'abord : de décembre à mi-janvier, Cannes enchaîne quatre succès en autant de journées. Dans le même temps, le parcours en Coupe se prolonge, avec des succès de prestige contre Grenoble (L2) en 32e puis Lorient, futur promu en Ligue 1, au stade des 16e. L'épopée est en marche, la remontée au classement du groupe A aussi. Le résultat de la méthode, patiente, de Damien Ott : "Depuis que je suis arrivé, on fonctionne match par match. On ne se pose pas de questions sur ce qui s'est passé avant. On ne se projette absolument pas sur le futur. On prend vraiment les matchs les uns après les autres. C'est certainement l'une des clés de la réussite. On ne se prend pas la tête, on essaye de rester le plus humble possible. On travaille, on prend beaucoup de plaisir", témoigne-t-il à l'époque auprès d'ici Azur.
Dompteur de Dragons, l'homme de 59 ans rappelle au passage - et avec modestie - qu'avant son arrivée, le club "avait déjà la matière première, il avait déjà des bons joueurs, un très bon staff, de bonnes conditions de travail. Après, il s'agit simplement de mettre tout ça en musique et de faire jouer les joueurs à leur poste. Je me suis simplement inscrit dans un projet qui ne fonctionnait pas très bien, mais qui avait le potentiel pour bien fonctionner. On est dans une excellente dynamique, mais c'est encore loin d'être terminé parce que l'objectif du club, c'est quand même de d'essayer de monter d'une division. Rien n'est encore fait. Donc on ne va pas s'enthousiasmer et continuer à travailler", relance le chef d'orcheste cannois.
La consigne est prise au mot près par les Rouge et Blanc. En Coupe de France, l'aventure se prolonge par des qualifications contre Dives-Cabourg (N3) puis l'EA Guingamp (L2). Demi-finaliste, Cannes se rapproche également de la première place en National 2. L'invincibilité perdure jusqu'au 15 mars et une rencontre contre ... Hyères (1-2), premier match de l'ère Damien Ott et dernière défaite en date. Un petit coup d'arrêt. Car les jambes commencent à peser lourd dans cette saison passionnante, renversante mais énergivore. Et puis la demi-finale, contre Reims, approche à grands pas ... Une semaine après le revers à Hyères, Cannes rechute contre Angoulême (0-1) et perd du terrain. Le Puy, notamment, commence à s'échapper dans la course au National.
Du haut de son expérience, celui qui ne se définit "pas comme un sorcier" calme le jeu : "Tout le monde pense qu'on est en train d'exploser, mais ça n'a rien à voir. On n'est pas en train d'exploser. C'est simplement que les équipes adverses sont tellement motivées qu'elles nous donnent beaucoup plus d'adversité et qu'elles défendent plus, donc c'est plus difficile. Ils veulent faire tomber un demi-finaliste, une équipe qui vient de faire vingt matches sans défaite. Mais nous, physiquement, je ne vois pas la différence. Le vestiaire vit pareil", affirme-t-il auprès du quotidien L'Équipe, en marge du grand rendez-vous contre Reims le 2 avril. Mais à une marche du Stade de France, son équipe rend les armes face aux professionnels rémois (1-2). "Pas de regrets, pas de déception" pour l'entraîneur azuréen.
"On a vu un beau match de football. On a essayé de donner tout ce qu'on pouvait donner, glisse-t-il au micro de beIN SPORTS. Reims reste une équipe de Ligue 1, difficile à manoeuvrer, avec un excellent gardien. On a osé, on a provoqué, on a fait ce qu'on pouvait. Je n'ai aucun aucun aucun regret", affirme-t-il, avant de rappeler l'essentiel à ses yeux : "faire plaisir au public." Son équipe "ne va pas au Stade de France mais je me répète, ce n'était pas l'objectif. C'était plutôt de bien jouer, de donner une belle image du National 2 où il y a de bons footballeurs amateurs qui mériteraient de rejoindre le football de haut niveau", a-t-il conclu. Certains de ses protégés vont effectivement grimper d'un étage, comme le buteur Julien Domingues, 28 buts toutes compétitions confondues durant la saison et attendu du côté de Dijon (N1) pour 2025-2026. D'ici-là, un dernier challenge à l'horizon : la montée.
Mais l'ASC a beau enchaîner quatre jours à peine après l'élimination contre Reims par un succès à Fréjus (3-1), puis trois autres ensuite contre le GOAL FC (3-0), Istres (2-0) et surtout Bergerac (7-0), Le Puy est parti et ne se retournera pas. Invaincu jusqu'au terme de l'exercice, Cannes échoue à la deuxième place, à quatre points du leader ponot. Mais avec 7 unités d'avance sur Toulon, troisième. L'entame du championnat a toutefois coûté cher à des Dragons revigorés au mois d'octobre par le Bâlois, principal artisan de leur résurrection. Alors logiquement, à l'issue d'un exercice finalement encore plus prometteur que le précédent, le club des Alpes-Maritimes et son guide officialisent leur envie de poursuivre ensemble. Une saison est proposée par le premier au second. Avec, comme objectif, la montée en N1.
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