EXCLU - Randal Kolo Muani : « À chaque fois que je me réveille, je me dis : ‘‘Je suis un joueur du PSG’’ » | OneFootball

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·05 de julho de 2024

EXCLU - Randal Kolo Muani : « À chaque fois que je me réveille, je me dis : ‘‘Je suis un joueur du PSG’’ »

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« Je fais une interview au Musée d’Orsay, je n’en reviens pas. » L’attaquant du Paris Saint-Germain et de l’équipe de France, Randal Kolo Muani avait la volonté de s’exprimer au sein d’un lieu mythique à Paris. L’idée de ce musée national français a rapidement germé. Lorsque la possibilité s’est présentée, le joueur formé à Nantes a accepté de sacrifier un jour de repos. Souriant, avenant et intéressé, l’ambassadeur adidas s’est exprimé sans retenue et n’a éludé aucun sujet. Une prise de parole aussi franche que rare.


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« Les gens regardent juste les résultats et les stats »

A comme Allemagne

Ce passage en Allemagne a été très important pour ma carrière. Je voulais passer par cette étape. Je rêvais d’évoluer dans ce championnat. J’ai toujours été persuadé que la Bundesliga pouvait me correspondre. Et je ne me suis pas trompé. C’est un championnat où il y a énormément d’espaces. Sachant que c’est ma qualité première : dévorer les espaces. Ça m’a aussi permis de devenir le Randal que je suis maintenant. Je ne pourrai jamais oublier mon passage à Francfort, même sil a été court. L’Allemagne n’est pas seulement un eldorado pour les jeunes Français, mais pour les jeunes tout court. Bon, il est vrai que les Français ont pour habitude de bien s’épanouir en Allemagne. Concernant la vie en Allemagne, elle est normale, comme ici, en France. Je suis casanier, je me limitais à deux choses : foot et maison. Je sortais au restaurant en famille de temps en temps, mais c’était rare. Je retiens un mot de ce passage : travail. Ce sont de vrais bosseurs. Ils demandent une intensité constante à l’entraînement ou en match. Quand je suis arrivé en Allemagne, j’avais pour habitude de me reposer sur mes acquis. Et d’entrée, on m’a mis au travail et je me suis rapidement adapté. Je ne suis resté qu’un an, mais je n’avais pas besoin de plus. Je suis monté dans le train dès qu’il s’est présenté. Je me suis dit : « Le train ne passera pas plusieurs fois ». Donc quand j’ai eu l’opportunité de signer au PSG, j’ai foncé. C’était le bon moment pour revenir à Paris.

B comme Boulogne

Quand je suis arrivé à Boulogne-sur-Mer, j’étais surpris. Ça m’a fait sortir de mon cocon. Au départ, j’étais un peu perturbé, je n’avais pas l’habitude. Mais j’avais besoin de ça. Je voulais jouer en équipe première. À Nantes, j’alternais entre la réserve et les pros. À Boulogne, j’étais avec l’équipe première, il y avait donc des attentes différentes. J’ai dû m’adapter, au début, j’ai eu des difficultés avec mes cartons rouges. À mon retour de suspension, tout s’est mieux passé, je suis revenu avec une faim différente. J’avais pris deux rouges et donc 10 matchs de suspension. J’ai ensuite utilisé mon envie et mon énergie à bon escient. Le National est un championnat très physique, avec énormément de fautes non sifflées. Tout était plus rapide aussi, car je venais de la N3. J’ai pris mes marques petit à petit, avec les longs déplacements aussi. C’était minimum cinq heures de bus pour les trajets, parfois huit heures, neuf heures, il fallait bien se reposer pour récupérer. Et surtout ne pas se laisser distraire. Sans oublier la vie dans le Nord, il fait très froid (rires). J’ai appris à me maîtriser aussi, le coach m’avait dit : « Si on te fait une faute, tu ne réagis pas, tu restes au sol même s’il ne siffle pas ». Car j’avais pris deux rouges à cause de mauvaises réactions, j’étais très sanguin. J’ai voulu me faire justice tout seul, et finalement, j’ai été pénalisé.

C comme Critiques

Je vois les critiques depuis mon arrivée au PSG. Et les critiques font évoluer, c’est bon à entendre. C’est comme les conseils. Il faut prendre en compte les critiques et s’améliorer pour que ces mêmes critiques disparaissent. C’est logique. Après, franchement, je ne m’attendais pas à ça, je ne m’attendais pas à un tel impact en arrivant à Paris. Le PSG est un immense club, et il faut s’habituer à tout ça, simplement. Les critiques aident, mais il ne faut pas non plus se tracasser l’esprit à cause des critiques. Si tu donnes trop d’importance aux critiques, ça va jouer sur ton moral. Et ce n’est pas bon pour la suite. Mais parfois, ça dépasse les critiques et ça devient des moqueries. Encore une fois, il ne faut pas y prêter attention, sinon ton moral sera à zéro. Il faut s’aérer l’esprit, ne pas se préoccuper des réseaux, d’internet ou de la télévision. Quand je sors de mon match, je reste avec mes proches et ma famille. J’essaie de ne pas utiliser mon téléphone, j’essaie de me couper du monde. J’ai vu passer plein de choses, au début, ça m’affectait. C’est logique, on est des humains, ce n’est pas parce qu’on joue au foot, et qu’on gagne bien nos vies, que l’on est insensible. On n’est pas des robots. On est des êtres vivants, on a des sentiments… Mais aujourd’hui, j’arrive à faire abstraction.

D comme Décisif

Être décisif, pour un attaquant, c’est le plus important. C’est ce qu’on te demande : être décisif, marquer des buts, créer des situations. Il faut être décisif dans les moments importants. Je vais te donner un exemple : la finale de la Coupe du Monde. J’aurais dû être décisif. Je ne l’ai pas été. Cette action m’a permis de prendre du recul et de travailler sur mes points faibles. Être décisif, c’est ultra important, surtout dans un club comme le Paris Saint-Germain. Quand je ne suis pas décisif, j’ai la sensation d’avoir raté mon match. Je suis attaquant, on me demande de marquer et de faire marquer. Si je ne marque pas, j’ai loupé mon match, tout simplement. Je ne suis pas heureux lorsque je ne suis pas décisif. Moi, je veux planter ou délivrer une passe décisive, même l’avant-dernière passe, ça ne compte pas. Il faut se dire la vérité, plus personne ne regarde les matchs. Ils ne font pas attention à tes courses ou au travail que tu peux faire, ils retiennent juste les noms des passeurs et des buteurs. Les gens regardent juste les résultats et les stats. Le football a changé.

« L’objectif est de remporter l’Euro »

E comme Euro

Avant de parler de l’Euro, il faut d’abord être appelé en mars. Il faut y aller étape par étape. Je ne me projette pas trop. Je veux déjà être appelé en mars. Je n’ai pas une place attitrée en équipe de France. Je me bats tous les jours pour être appelé par le sélectionneur. J’ai vu ce que le sélectionneur a dit à mon sujet, ça m’a touché. À moi de bosser désormais. Je dois prouver en club. Mais l’objectif est d’être dans la liste et de remporter l’Euro. On a une belle génération, on peut dire qu’on est favoris. Je vais tout faire pour être à cet Euro en tout cas.

F comme Faim

Quand je suis sur le terrain, j’ai faim, je suis déterminé, j’ai la dalle ! Tout ce que j’ai obtenu jusqu’à aujourd’hui, c’est grâce à la faim. Et aujourd’hui, vous n’êtes pas sur la fin de Randal (sourire). C’était un petit jeu de mot (rires). Je sais que je vais rebondir très rapidement. Vous verrez dans les jours et semaines à venir. Je fais beaucoup de courses et d’efforts sur le terrain, certains ne le voient pas, en tout cas, le coach le voit. On en discute beaucoup. Mais il n’y a pas que ça. Il faut mieux garder le ballon et marquer pour récompenser le travail fourni. Cette dalle vient de mon parcours. J’ai galéré pour arriver jusqu’ici. Cette faim est ancrée en moi. Plus jeune, on me reprochait d’être nonchalant, cette nonchalance a disparu grâce à l’envie que j’ai mise sur le terrain. J’ai décidé de multiplier les efforts pour qu’on ne me reproche plus jamais ça. Aujourd’hui, j’ai vraiment faim !

G comme Gamin

J’ai toujours été un enfant qui kiffait rigoler. Quand j’allais au foot, c’était une partie de plaisir. On prenait nos sacs, on marchait pour se rendre à l’entraînement, on blaguait, on prenait tout notre temps, on rentrait tard. Je n’oublierai jamais ces moments avec mes potes. On prenait nos petits sachets de bonbons. Un jour, on a perdu 10-2, j’avais mis un doublé dont un ciseau acrobatique, je ne pourrai jamais oublier ce match et ce but (sourire). J’étais énervé pour le match et content pour le but. Mes parents m’ont toujours soutenu et aidé. Sans eux, je ne serais jamais parvenu à réaliser un tel parcours.

H comme Histoire

J’ai plein d’histoires à raconter, ma vie est une histoire, mon parcours est une histoire de fou. Je vais t’en donner une comme ça : la Coupe du Monde. Je ne devais pas y être, j’étais en stage à Tokyo avec mon club. J’ai dû faire Tokyo - Qatar en urgence, j’ai passé des heures et des heures dans l’avion. Je n’en pouvais plus, je n’avais pas de caleçons, pas d’affaires de rechange. J’étais parti pour un stage de cinq jours, j’avais donc cinq caleçons (rires). J’ai appelé mon frère en urgence pour qu’il m’achète des affaires. J’ai une autre anecdote ! Avant de signer à Nantes, j’étais en Italie, je devais signer à Vicenza. Et d’un coup, mon père m’appelle et me dit : « Tu rentres à la maison, je veux que tu retournes à l’école ». Je voyais mon rêve de gosse s’éloigner, j’ai fondu en larmes ! Je me disais : « Ce n’est pas possible, je ne vais jamais y arriver ». Mon père s’en foutait, il voulait que je sois un bon étudiant. Quand je suis revenu, je m’entraînais à Neuilly-sur-Marne de temps en temps, mon agent de l’époque m’a trouvé un essai à Rennes et à Nantes. Si mon père ne m’avait pas dit de quitter l’Italie en urgence, je ne serais peut-être pas là aujourd’hui. Ou qui sait, j’aurais peut-être fait carrière en Serie A (rires).

I comme Instinct

Oui, je me considère comme un joueur d’instinct, je joue au feeling. Si on regarde bien, je suis un joueur de contre-attaque. Je multiplie les courses, je sollicite les duels, les un contre un, je cherche toujours à aller de l’avant. J’ai toujours eu l’habitude de jouer avec mes pensées et tout ce qui me passe par la tête. En Allemagne et à Nantes, j’ai toujours joué comme ça. Depuis que je suis au PSG, je m’adapte à un nouveau style de jeu. On a un jeu plus posé, plus schématique, à moi de m’adapter encore plus pour répondre aux besoins du coach. En Allemagne, j’ai réussi à faire la différence plein de fois grâce à mon instinct justement. Je pourrais te détailler plein d’actions. Mais si tu m’en demandes une, je te dirais celle face à Brême. C’était mon deuxième ou troisième but en Bundesliga. Kamada récupère le ballon au milieu de terrain, il me glisse le ballon en profondeur, j’accélère, je fais un double contact et j’enchaîne avec un tir du gauche. Le double contact s’est fait naturellement, et malgré le fait que le ballon se soit levé, j’ai réussi à tirer. Tout s’est fait spontanément. C’était incroyable.

J comme Jeux Olympiques

Participer aux Jeux Olympique n’est pas un objectif pour moi. J’ai déjà participé aux JO de Tokyo, même si ça s’est très mal passé. Mais c’était quand même une expérience à vivre, je l’ai vécue. Même si c’était pendant le Covid. De nombreux joueurs rêvent d’y participer, je l’ai déjà fait personnellement. Je vais laisser la chance aux autres (sourire). Alors oui, ce n’était pas à Paris, mais c’était quand même une compétition inoubliable, ça m’a marqué. Tokyo, ce n’est pas n’importe où. J’ai croisé la route de grands athlètes sur place. C’était une belle communion, j’ai effectué de belles rencontres. Tout s’est bien passé malgré notre parcours difficile. J’ai vraiment aimé. Je vais suivre les prochains JO à Paris, surtout le basket et le judo.

« Je dois mieux garder le ballon et devenir plus efficace »

K comme Kolo Muani

Qui est Randal Kolo Muani ? Je suis un personne réservée, souriante, joyeuse, attachante. Je ne me prends pas la tête. Je n’aime pas les problèmes. Je suis un bosseur. Je ne suis pas dans le « m’as-tu vu ? ». En dehors du foot, je reste à la maison, je regarde des séries, je profite de ma famille, je joue à la play, je me repose. Je sors de temps en temps pour visiter des galeries avec mon frère. Je n’ai pas de passion particulière, je suis ouvert à tout, on peut me croiser partout. On peut me voir au musée, dans un concert, partout. Je suis monsieur tout le monde en fait.

L comme Luis Enrique

Je ne pensais pas qu’il avait ce style-là. Il aime le jeu posé, il aime avoir le contrôle du match, c’est différent par rapport à ce que j’ai connu par le passé. Le PSG a toujours eu le ballon, c’est donc logique d’avoir cette maîtrise. Luis Enrique est un très bon coach, j’aime ce qu’il propose et ce qu’il nous demande durant les entraînements et les matchs. Par exemple, il demande aux ailiers d’écarter au maximum. Il veut que les milieux soient toujours en mouvement et disponibles. Il aime les déplacements et les solutions proposées. Il veut une circulation rapide du ballon, et surtout, il veut un pressing immédiat dès la perte du ballon, cinq secondes après la perte, il faut que le pressing soit en place. Il veut toujours avoir le contrôle du match. Évidemment, c’est dur d’être sur le banc, mais je suis au PSG, il y a de la concurrence. À moi de bien bosser aux entraînements et d’être efficace lorsqu’il fait appel à moi. Je dois mieux garder le ballon et devenir plus efficace. À moi d’écouter les consignes et de jouer avec mon instinct lorsque je suis sur la pelouse. À moi de faire ce que je sens sur le terrain. Il ne me demande rien de particulier, il a des consignes par poste.

M comme Mercato

Si je devais écrire un livre, cinquante pages seraient destinées au mercato. Ça a été tellement long. Je ne sais toujours pas comment j’ai fait pour signer au PSG. Je n’ai même pas lu le contrat, je ne faisais que signer en bas de chaque page, sans savoir ce que je paraphais. Tout s’est fait dans le speed, ça courrait dans les bureaux. Je n’avais jamais vu ça. C’était du stress de fou ! J’en ai perdu des cheveux ce jour-là. Peut-être qu’il manque des choses sur mon contrat, je ne sais pas (rires). Je suis content que le deal se soit fait en tout cas. Il y avait plein de documents à envoyer, moi, j’étais assis dans un bureau avec mon père et j’attendais. Et quand j’ai entendu les cris et les applaudissements dans le bureau, j’ai compris que c’était fait. Lorsque la presse annonçait que le deal était mort, j’étais chez moi, avec ma famille, on était dégoutés, on ne comprenait pas ce qu’il se passait. Ensuite, j’ai eu le directeur de Francfort au téléphone, on a discuté. Je n’étais pas énervé, je lui ai dit : « Je veux à tout prix saisir cette opportunité ». On avait déjà discuté de tout ça, je voulais partir, c’était important pour moi. C’était une suite logique. Dans ma tête, c’était : « Le PSG ou rien ». Concernant le prix du transfert, il est important. Personnellement, il est dur à digérer. C’est une autre pression à assumer pour moi. Je digère petit à petit. Mais je vais te faire une confidence : avec le temps, les gens diront que c’était un bon prix pour Randal Kolo Muani. Je sais qu’en ce moment les gens disent : « 90 millions pour Kolo Muani, c’est quoi ça ? ». Moi je dis : « Ils verront », tout simplement.

N comme Nantes

C’est le club qui m’a donné ma chance. C’est le club qui m’a tout donné. C’est le club qui m’a offert mon premier contrat pro. C’est un club que je n’oublierai jamais. J’ai rencontré de belles personnes à Nantes. J’ai remporté mon premier trophée à Nantes. On a failli descendre, on a joué le maintien. Tout s’est super bien terminé, j’en garde de bons souvenirs. Oui, je suis parti libre, oui certains l’ont encore en travers de la gorge. Mais ce n’est pas de ma faute. Je voulais prolonger, j’ai tout fait pour prolonger, j’ai tout fait pour trouver un terrain d’entente. Malheureusement, ça ne s’est pas fait. Et ça ne vient pas de moi. Je n’ai donc aucun regret. Je me suis comporté comme un bonhomme jusqu’au bout. Et je le serai toute ma vie. Lorsque j’ai un truc à dire, je le dis, je fais toujours les choses à fond. Preuve en est, j’ai signé en janvier à Francfort, j’aurais pu dire : « Je m’en fous de Nantes, j’ai déjà signé dans mon futur club ». Non, je ne suis pas comme ça. J’ai été chercher la Coupe de France avec les partenaires, j’ai respecté mes amis et le club. Et c’était primordial pour moi.

O comme Orsay

Réaliser une interview au Musée d’Orsay, c’est incroyable. Il y a juste à regarder la vue. Ça me rappelle mes années de collège lorsque je suis venu ici avec ma classe. C’est juste énorme d’être ici, c’est un lieu mythique de Paris. C’est un honneur de faire une interview ici et d’être aussi bien reçu. Beaucoup de jeunes veulent devenir footballeurs, mais il n’y a pas que le foot, il faut s’intéresser à tout. Tout le monde ne peut pas devenir footballeur. Le foot, c’est une passion avant tout. Le foot prend une ampleur énorme. Beaucoup de jeunes sont attirés par le foot et rêvent d’être footballeurs. C’est bien, il faut croire en ses rêves. Mais il faut aussi s’ouvrir et voir ce qu’il se passe autour.

« Je ne fuis pas mes responsabilités »

P comme PSG

Jouer au PSG, c’est juste un rêve. À chaque fois que je me réveille, je me dis : « Je suis un joueur du PSG, c’est un truc de fou ». Je pourrais mourir pour ce club. J’ai grandi avec le PSG. Ce club, c’est toute mon enfance. J’ai toujours vu les joueurs du PSG comme mes idoles. Déjà, Mamadou Sakho, pour moi, c’est la référence. Il représente tellement bien ce club et cette ville. Je pense aussi à Pauleta, Ljuboja, Ronaldinho, Okocha. Quand j’étais petit, j’allais souvent au Parc, j’ai même fait le challenge Orange pour te dire. J’avais marqué mon face à face (sourire). Plus jeune, j’étais comme un dingue à l’idée de fouler la pelouse pendant cinq minutes. Et aujourd’hui, je joue sur cette même pelouse tous les week-ends. Je suis de la région, donc je sais, oui, il y a des tentations. Mais il faut réussir à faire abstraction. Il faut savoir faire des sacrifices. Si tu n’es pas prêt à faire des sacrifices, tu ne peux pas avancer. Faire des photos dans la rue, ça ne me dérange pas. Il faut juste savoir où se balader. Et oui, jouer au PSG, ça te met la pression. Le PSG est un gros club. Il faut avoir les épaules pour jouer au PSG. La pression, qu’elle soit bonne ou mauvaise, il faut savoir la gérer. Il faut être solide pour jouer et assumer cette pression. Je ne dirai jamais : « Il y a trop de pression ici ». Tu sais pourquoi ? Quand tu es supporter et que tu aimes un club, tu as envie que les joueurs mouillent le maillot et fassent les choses bien. C’est juste logique. Ils demandent juste à ce qu’on respecte le club. Si un joueur est mauvais, qu’il ne joue pas bien ou qu’il ne se donne pas à fond, c’est logique que les gens le critiquent. Moi, je comprends les réactions des supporters. J’ai moi-même été un supporter. Oui, on parle beaucoup de Kolo Muani. Mais c’est normal, je suis Français, je joue au PSG et en équipe de France. En ce moment, on me pointe du doigt car mes performances sont en deçà de ce qu’on pourrait attendre de moi. C’est le jeu. Je dois m’y faire. À moi de renverser la vapeur. En Allemagne, peut-être qu’on me critiquait aussi, mais je ne comprenais pas la langue. Aujourd’hui, je prends la parole et je n’ai pas peur de parler. Je ne fuis pas mes responsabilités. Il faut assumer dans la vie. Je suis une personne qui assume. Je sais que je ne suis pas bon depuis mon arrivée. À moi d’inverser la tendance, j’ai confiance. Mon heure va arriver.

Q comme Question

Si j’étais journaliste, quelle question je poserais à Randal Kolo Muani ? (Il réfléchit longuement). Je lui dirais :« Monsieur Kolo Muani, avez-vous conscience de ne pas être à la hauteur des attentes ? ». Je lui aurais lancé un pic comme ça. J’aurais fait en sorte de le regarder droit dans les yeux pour voir comment ma question lui fait mal. Je lui répondrais : « Je mets tout en oeuvre pour redresser la barre ». J’ai besoin de confiance. Si un attaquant manque de confiance, il est forcément en difficulté. En Allemagne, j’étais en confiance, c’est pour ça que j’étais épanoui sur le terrain. Il faut juste que je sois heureux et en confiance. Et tout va rouler comme sur des roulettes. Aujourd’hui, je suis heureux. Mais je ne suis pas heureux comme en Allemagne. Au début, les critiques m’ont affecté. Je suis un humain, je ne suis pas un mur, ni un robot, j’ai des sentiments. Mais je ne suis pas triste. Je suis content d’être un joueur du PSG. Mais je pourrais être mieux.

R comme Racisme

J’ai vu ce que Mike Maignan a récemment vécu. Je lui ai envoyé un message de soutien. Il a eu raison de quitter le terrain. J’aurais fait la même chose. Il faut se serrer les coudes et ne pas laisser passer ce genre de choses. Que ce soit en Italie, en France, ou partout dans le monde, le racisme doit être éradiqué. Le racisme ne doit pas exister, que ce soit sur ou en dehors du terrain. La solution, c’est de sanctionner lourdement le club et les supporters. Il faut frapper fort. Il faut trouver un truc qui fera mal au club. Même si le club et les joueurs n’ont rien demandé. Il faut des sanctions fortes. Par exemple, il faudrait retirer plusieurs points au club, voire pire, le reléguer. Ça, ça fait très mal. Mike a eu la bonne réaction, il faut arrêter le match lorsqu’il se passe ce genre de choses.

S comme Super Pouvoir

Si je pouvais bénéficier d’un super pouvoir, je choisirais la téléportation. Parfois, je suis un peu flemmard. Les bouchons peuvent être durs à vivre. Avec ce pouvoir, je pourrais rentrer plus rapidement à la maison (sourire).

T comme Travail

Je bosse énormément après l’entraînement, que ce soit en salle ou en spécifique devant le but. Le travail technique, je le fais à la maison. Je travaille sur la récupération avec mon kiné, je suis pointilleux. Je fais attention à ce que je mange, à mon sommeil, à l’entretien de mon corps. Je fais tout pour être performant sur le terrain. Je fais énormément de vidéo aussi, avant les matchs, après les matchs, pendant la semaine. L’analyste me montre ce que je fais de bien et de moins bien. Il me montre les axes d’amélioration. Si tu veux progresser, tu es obligé de faire de la vidéo. C’est un mal pour un bien. Il faut encaisser pour mieux faire par la suite.

« Je veux parler de l’avenir du PSG. Le futur du club est radieux »

U comme UEFA  Champions League

Ce n'est pas un trophée facile à obtenir. Il ne faut pas oublier que nous sommes une équipe nouvelle. De nombreux changements sont intervenus à l’inter-saison. Nous faisons le boulot petit à petit. Un rendez-vous nous attend le 14 février. J’espère qu’on sera prêts, on se prépare bien pour ce match. Nous sommes déterminés à aller le plus loin possible. Nous allons le montrer. Et je ne suis pas d’accord lorsque tu dis que la Real Sociedad est un tirage prenable. C’est une équipe qui a terminé première de son groupe. C’est un huitième de finale. La Real Sociedad est un collectif qui possède de nombreux talents. À nous d’être concentrés et de sortir un gros match. Ce serait bien de gagner la Ligue des Champions, c’est sûr. Mais il ne faut pas oublier que nous sommes une nouvelle équipe, de nombreux joueurs viennent d’arriver. Manchester City a mis des années à gagner la Ligue des Champions. On bosse pour y parvenir.

V comme Vie

Ma vie à Paris se passe super bien. Je suis proche de ma famille, je peux leur rendre visite de temps en temps. Je vis avec mon frère. J’ai un cuisinier, j’ai essayé de tout mettre en place pour être performant. Quand je marche dans la rue, évidemment que je sens les regards. C’est toujours plaisant d’être reconnu. Les gens sont étonnés, ils sont contents, ils demandent des photos. Je suis très gentil, je ne refuse jamais. Je suis disponible. Je limite mes sorties, donc celui qui me croise, il a de la chance. Je suis un garçon tranquille, « chill ». Je suis un humain comme un autre. On peut se croiser par hasard dans la rue, on peut se poser et discuter. Un jour, j’allais au restaurant pour l’anniversaire de ma mère. Mon père m’a déposé devant le restaurant et il est parti pour garer la voiture. Moi, j’attendais devant le restaurant avec ma capuche. Une personne m’a vu et m’a dit : « Mais c’est Kolo Muani là ? ». J’ai répondu : « Oui, c’est moi ». Il est venu, et il a commencé à discuter de mes performances, il m’a encouragé, ça ne m’a pas gêné. Je peux discuter de tout, même de mes mauvaises performances. J’ai envie de progresser, j’ai envie d’aller de l’avant. Je suis prêt à faire le nécessaire pour y arriver. J’ai la volonté.

W comme World Cup

Je serai toujours le mec qui a loupé le face à face en finale de la Coupe du Monde. C’est à vie. Même quand ma carrière sera finie, on m’en parlera toujours. Évidemment que je suis encore dégoûté de ce raté. En plus, après ce face à face, le match se termine. Si j’avais marqué, on aurait remporté la Coupe du Monde. C’est dingue. Je n’ai même pas les mots pour expliquer ça. C’est juste incroyable. J’aurais ramené la Coupe du Monde en France. J’aurais été la  « star », et sincèrement, je pense que je n’aurais pas aimé. Ça ne doit pas être facile à supporter. La Coupe du Monde et la Ligue des Champions, ce sont les meilleurs trophées. J’espère remporter ces trophées à l’avenir. Les gens disent : « il aurait pu la donner à Kylian ». Déjà, Kylian ne m’a jamais reparlé de cette action. Et sur le moment, c’était impossible à faire. Le foot ne se joue pas avec les ralentis, il n’y a que la VAR qui aurait pu voir ça… Sur le moment, c’est impossible de voir Kylian et c’est impossible de lui mettre. Ça va trop vite. Je repense souvent à ce loupé. Surtout qu’on le repasse souvent à la télé. C’est la vie, c’est comme ça. J’ai vécu la Coupe du Monde, c’était une belle expérience. Quand j’étais petit, je rêvais de jouer la Coupe du Monde. Quand j’étais sur le banc, je kiffais voir mes potes sur le terrain. J’ai vécu un rêve.

X comme X-Factor

Le facteur-X de ma carrière, c’est mon prêt à Boulogne-sur-Mer, il a déclenché quelque chose en moi. J’ai compris que ma vie, c’est le foot. Sans ce prêt à Boulogne, je n’en serais pas là aujourd’hui. J’ai pris conscience de plein de choses. J’ai pris goût au travail. J’ai compris que le football n’était pas un jeu, que c’était un travail avant tout, qu’il fallait être un compétiteur pour y arriver. Car avant, j’étais un mec tranquille, je ne pensais qu’au plaisir. Mais il y a tellement d’attente… Ce n’est pas qu’un simple plaisir. C’est beaucoup plus que ça. Ça m’a permis de devenir cet homme-là.

Y comme Yin et Yang

Les forces opposées et complémentaires de Kolo Muani ? Je dirais que je suis très généreux. Je le montre à travers mes courses, mes replacements. Parfois, je peux tirer, mais je privilégie la passe. J’ai un esprit très collectif, ça peut me causer du tort. Je suis attaquant, quand je peux tirer, il faut que je tire. Il ne faut pas que je fasse la passe. On me reproche de ne pas assez marquer. Lors de certains matchs, je ne tire pas, donc forcément, je ne peux pas marquer. Un attaquant doit toujours chercher à tirer. C’est obligatoire. Je travaille sur ça. Mais cet esprit collectif n’est pas un mal.

Z comme Zoom

Je souhaite revenir sur le Paris Saint-Germain. Je veux parler de l’avenir du PSG. Le futur du club est radieux. On va devenir très, très, très fort. On a un groupe rempli de qualité, on travaille bien lors des entraînements, on propose de bonnes choses. D’ici quelques mois, on va devenir une grosse équipe. J’en suis persuadé.

La phrase qui représente Randal Kolo Muani

« Restez branchés », juste restez branchés, je ne donnerai pas d’explication (sourire).

La note de Randal Kolo Muani pour son interview

Je me mets 10 sur 10, j’ai été vrai. J’ai été Randal tout simplement.

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