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·16 novembre 2021

Université de Tokyo : un modèle au Japon

Image de l'article :Université de Tokyo : un modèle au Japon

L’Université de Tokyo (ou Todai) est une des plus anciennes et prestigieuses universités japonaises. Quelques 27 000 élèves dépendent d’elle dont ceux composant l’équipe de football de cette dernière. Le club, centenaire, évolue évolue en 1ère Ligue de Tokyo, c’est à dire le 7e échelon national. Mais il y’eut une époque où il faisait partie des meilleurs du Japon. C’était bien avant la professionnalisation des clubs de football. Malgré tout, il y’a une volonté de la part de Todai de briller à nouveau.

Comment fonctionne le football universitaire au Japon ?

Les clubs de football universitaire japonais sont construits comme des clubs. Des joueurs bien sûr mais aussi un staff les composent. Dans ce dernier, on trouve un service financier, administratif, des recruteurs, un staff technique, ou encore des personnels soignants.


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Les joueurs

Penchons nous d’abord sur les joueurs. Plusieurs chemins peuvent leur permettre d’arriver dans une université. Le premier est l’obtention d’une bourse alors qu’ils sont au lycée. Les universités les recrutent ainsi directement dans leur club de lycée afin de s’assurer qu’ils la rejoignent. Même si la concurrence est rude avec les académies de clubs professionnels, les jeunes talents choisissent souvent les clubs universitaires.

Les joueurs peuvent aussi provenir d’une autre université qui a moins de prestige et où ils sont moins exposés à l’œil des recruteurs de grands clubs japonais. Enfin, les clubs professionnels prêtent beaucoup de leurs jeunes à ces universités. Cela leur permet d’assurer une progression de qualité à leurs joueurs, profitant des excellentes infrastructures et du staff technique qualifié de ces dernières. Par exemple, Kaoru Mitoma est parti en prêt dans la prestigieuse Université de Tsukuba. Depuis, l’ailier très technique s’est révélé et est maintenant sous contrat avec Brighton.

Il y’a de multiples intérêts pour ces pépites de rejoindre un club universitaire. Ils vont tout d’abord pouvoir étudier en parallèle. En plus de leur servir après leur vie de footballeur pour leur reconversion, les universités permettent d’avoir une solution en cas d’échec dans le monde du football. Dans le cas des études de langue, elles peuvent aussi aider le joueur à se perfectionner, par exemple en anglais au cas où son talent l’emmène eu Europe.

De plus, l’université offre des avantages pour sa carrière. Grâce au staff technique, son évolution lui est visible. La technologie lui permet de bien connaître ses points forts et faibles afin de savoir où s’améliorer. Il est également toujours bien entouré. Tout est concrètement fait pour qu’il réussisse. Alors que dans les clubs professionnels, la priorité est l’équipe. Le collectif avant les individus. La réputation de certaines universités offre même de la visibilité au joueur. Si ce dernier réussit dans une très renommée, il attirera les meilleurs clubs.

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Kaoru Mitoma célébrant un but contre Seraing. Prêté par Brighton au club bruxellois de l’Union Saint-Gilloise, l’ailier s’est véritablement révélé à son passage à l’Université de Tsukuba.

Cependant, si le joueur veut aller au bout de son cursus, alors il ne pourra débuter sa carrière professionnelle que vers 22 ou 23 ans.

Le staff

Chaque club universitaire possède un staff à peu près identique à celui d’un club professionnel. Tout d’abord un président qui prend les décisions, gère les employés et est au somment de la hiérarchie du club (il est cependant tout de même sous les ordres de la direction de l’Université). Il peut aussi y avoir un vice président qui aide le premier dans son travail. Ensuite, on trouve des gestionnaires, qui s’occupent de la gestion financière des clubs.

Dans le staff, il y’a également des recruteurs. C’est eux qui sont chargés d’aller repérer des joueurs potentiellement intéressants dans les clubs et surtout les lycées autour de l’université. Ils sont très importants car même avec des technologies de pointe, il est difficile de gagner sans des joueurs avec un certain potentiel. Enfin, pour gérer l’effectif on trouve bien évidemment un coach et quelques fois un entraîneur adjoint.

La section technique

Cependant, pour que ces joueurs à potentiel progressent, il faut une bonne analyse de leurs profils. C’est là qu’entre en jeu le staff technique. Grâce à différentes technologies comme de l’analyse vidéo des match ou entraînements, il permet de cibler les lacunes de chaque joueur pour ainsi travailler dessus à l’entraînement. Les joueurs peuvent ainsi pratiquer des exercices optimisés. Le même principe est mis en place à Hoffenheim en Allemagne depuis l’arrivée de Dietmar Hopp.

Ces sections techniques sont clairement une des plus grandes forces des universités japonaises. Elles sont beaucoup plus modernes et efficaces que celles des clubs professionnels et sont donc une des raisons pour lesquelles les universités japonaises sont si importantes pour le football du pays. C’est cette section technique qui va nous intéresser à l’Université de Tokyo car elle est une des plus technologiquement à la pointe du Japon.

L’Université de Tokyo

Avant de nous pencher sur la section technique de Todai, il faut d’abord présenter en détails l’université et surtout son club de football. Comme expliqué dans l’introduction, le club de football de Todai est centenaire. Avant la professionnalisation des clubs de football, il était un des clubs qui dominaient le Japon. Cependant, à l’heure actuelle, le club évolue en Ligue métropolitaine de Tokyo, c’est à dire le septième échelon national. C’est à ce niveau qu’on trouve beaucoup d’universités. Cependant, les plus prestigieuses se trouvent un ou deux échelons au dessus. Et le club de Todai ne cache pas sa volonté de monter, de retrouver la lumière comme au siècle dernier. Mais malheureusement, ce ne sera pas cette année. Après une saison un peu délicate, le club passe très loin de la promotion en Seconde Ligue du Kanto.

La structure du club

Parlons d’abord de la structure du club. Comme les autres clubs d’universités, la structure est relativement identique. On trouve au sommet les dirigeants. Ensuite les joueurs bien évidemment. Puis vient la section financière, une unité de relations internationales qui nous intéressera plus tard, une section technique, une section administrative ou encore un staff médical. Au total, une centaine de personnes sont liées au club. Mais la particularité de Todai est que ce sont des étudiants qui composent le staff, que ce soit pour la gestion, les premiers soins ou l’analyse technique. Cela leur permet d’obtenir une expérience très important pour leur futur travail. Parmi eux se trouve Kotaro Okamoto, responsable de la section technique constituée d’une vingtaine de personnes.

Comme expliqué plus haut, c’est cette section qui fait la fierté de l’Université et qui compense les difficultés de recrutement auxquelles l’Université fait face.

Les joueurs et difficultés de recrutement

“Nous n’avons pas une forte capacité de recrutement, mais nous voulons à terme atteindre cette position, la seconde division du Kanto”Kotaro Okamoto

En effet, le recrutement est complexe et le club paie la renommée de l’université à laquelle il est affilié. Car, pour y rentrer, il faut d’excellentes notes et d’excellentes capacités mentales. Cela limite fortement le nombre d’élèves pouvant intégrer l’infrastructure. Ce genre de problème ne se pose par exemple pas à Tsukuba (l’université avec un des meilleurs clubs d’étudiants du Japon), car elle est moins prestigieuse et doit sa renommée à son club de foot qui est donc au centre de l’intérêt et qui peut faire venir des joueurs moins à l’aise avec les études.

Cela limite également le nombre de joueurs de club jeunes qui peuvent être prêtés au club. Malgré tout, Todai possède dans son effectif un gardien prêté par le Kashiwa Reysol et ancien joueur de l’équipe nationale japonaise U16 : Taiga Someya. Très décisif cette année et en constante amélioration, c’est un nom à surveiller pour l’avenir. Même si à part lui, actuellement peu de noms continueront a priori dans un club professionnel, certains joueurs pourraient tout de même réussir. Parmi eux, Mirai Mitani, Ryosuke Matsunami ou Ryugo Uchida.

Un partenariat pour rayonner

Au Japon, plusieurs universités sont en partenariat avec des clubs professionnels. L’exemple le plus récent est celui entre l’Université de Tosu et le club de l’Avispa Fukuoka trouvé en septembre cette année. Ces partenariats ont pour but des échanges de joueurs, des exclusivités sur les jeunes talents en fin de cursus ou encore des échanges de connaissances.

Cependant, cet été, un partenariat historique a vu le jour. Il est né sous l’impulsion du directeur de la section technique Kotaro Okamoto et de M. Nonaka, chef de l’unité d’activité internationale du club universitaire de Tokyo. Le projet ? Un partenariat avec un club européen, ce qui serait historique. Après des mois d’échecs, Masaki Morass, entraîneur japonais de la réserve du Wacker Innsbruck, prend contact avec M. Nonaka. Le club d’Innsbruck évolue en seconde division autrichienne mais vise la montée. Et les dirigeants tout comme Morass sont alors emballés par le projet impulsé par l’Université de Tokyo. C’est ainsi qu’un partenariat historique a vu le jour entre une université japonaise et un club professionnel européen. Mais en quoi consiste-t-il ?

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Les quatre représentants de l’Université de Tokyo lors de la signature du partenariat avec le Wacker Innsbruck.

Il va tout d’abord s’agir d’un échange de connaissances et de technologies. Cette technologie d’analyse de vidéos et de données qui fait la fierté de Todai va être transmise au club autrichien. Avec pour but que chaque club analyse les matchs de l’autre et donne sont point de vue. Il y’a ainsi une confrontation du style de jeu européen et du style est-asiatique. Le second projet est la mise en commun de toutes les connaissances de chaque club et de leur analyse afin de créer une méthode d’entraînement nouvelle et très efficace. Mais aussi faire des recherches plus poussées sur certains points afin de les optimiser. Ces derniers temps, les deux clubs travaillaient conjointement sur l’optimisation des coups de pied arrêtés.

Ces deux projets sont actuellement les seuls possibles en ce contexte de crise sanitaire. Cependant, des échanges de joueurs sont prévus quand la pandémie s’atténuera. Et notamment des joueurs de Todai qui partiraient en Europe pour apprendre comment le football européen fonctionne. Ils pourront ainsi être plus rapidement prêts pour leur potentiel futur transfert sur ce continent après leur cursus universitaire.

Ces échanges vont permettre de développer la qualité du football produit par l’Université mais surtout en faire un modèle pour les autres. Ce partenariat s’inscrit donc totalement dans la politique japonaise de développement du football.

L’Université de Tokyo est donc un modèle à suivre pour son pays. Malgré de grosses contraintes, le club essaie d’aller de l’avant grâce notamment à ce partenariat. Il devrait bientôt porter ses fruits et ce type d’échange entre clubs occidentaux et clubs universitaires pourrait devenir monnaie courante. Ces échanges culturels sont très importants pour l’avenir et la progression du football au Japon. Et même plus globalement pour l’avenir du football dans le Monde.

Crédits photos : Belgaimage / Site Officiel de Todai-Soccer

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