Michel Platini, l'homme qui a appris aux Bleus comment gagner | OneFootball

Star incontestée des années 80, Michel Platini est peut-être le joueur qui a appris aux Français qu’ils pouvaient gagner.

Le problème des monstres sacrés, c’est qu’on oublie souvent qu’ils ont été enfants. Né en 1955 à Joeuf en Meurthe-et-Moselle, le petit Michel a pourtant bien porté des couches et des culottes courtes comme tous les autres. Et comme tous les enfants du monde, il a touché son premier ballon uniquement pour s’amuser. Seulement, lui l’a fait sous l'œil averti de son père, Aldo, professeur, footballeur amateur et éducateur. Très vite, il a repéré son talent et, très vite, il lui a mis un peu plus de ballon entre les pattes.

Michel grandit mais reste frêle. « Trop frêle pour devenir un grand », chuchote-t-on. Recalé plusieurs fois par le FC Metz, il intégrera finalement l’AS Nancy par la petite porte avant d’en devenir le meilleur joueur de tous les temps. Mais ça, on ne le sait pas encore.

Devenir un mythe

1972, pour l’instant, Michel n’est qu’un ado. Il a du ballon, c’est désormais certain. Il met son corps en opposition, s’appuie sur sa technique et sa vision du jeu exceptionnelle pour gagner ses premiers galons. Équipe réserve, c'est un bon élément. À l'entraînement, il enchaîne les coups francs pendant des heures avec Jean-Michel Moutier. Ça y est, son heure arrive. 1973-1974, on compte enfin sur lui, bientôt, il sera Michel Platini.

Il joue de plus en plus mais son équipe descend en seconde division. Un mal pour un bien qui lui permet de devenir le grand patron : 30 buts en 40 matchs, il est l’artisan majeur de la remontée de l’AS Nancy en première division. Et ce rythme, il décide d’en faire son rythme de croisière : 30 pions par année, d’autant plus impressionnant qu’il n’est même pas un vrai buteur, il n’est qu’un 10.

Évidemment, ça lui ouvre les portes de l’équipe de France et, le 27 mars 1976, il marque pour sa première sélection face à la Tchécoslovaquie. Un coup franc dont il a le secret. Il est devenu Platini. Il sera bientôt Platoche, le monstre sacré que tout le monde connaît.

Étape 1 : Nancy est devenue trop petite pour lui. Il lui faut un costume à la mesure de son talent. ASSE, c’est vert et grand, ça lui va mieux. Le club tente de renouer avec son glorieux passé et veut s’appuyer sur sa vista pour cela. En Coupe d’Europe, il n’accomplit pas ce qu’il était venu chercher mais il grandit. ASSE, c’est là qu’il gagne son premier championnat, son seul titre de champion de France en 1981, puis des envies d’ailleurs. C’est l’étape 2 : l’heure du grand départ à l’étranger, vers l’Italie et sa Juventus. Devenir un géant du foot, il y est prêt.

Italie, EDF et triple Ballon d’Or

En Italie, Platoche va tout gagner. Et il va le faire à une époque où l’on n’avait pas l’habitude de voir un Français le faire. De 1982 à 1987, c’est deux Scudetti, une Coupe d’Italie et surtout une Coupe d’Europe des clubs champions, ancêtre de la LDC. C’est aussi 104 buts, égrenés les uns après les autres avec une facilité déconcertante. Avec ses trois Ballons d’Or consécutifs (1983, 1984, 1985), il est désormais le meilleur joueur du monde, ça ne fait plus grand doute. On l’appelle le « Roi Michel ».

Et voici l’étape n°3, celle qui l’a peut-être le plus consacré aux yeux du monde : l’équipe de France. Quand il arrive en Bleu, c’est une sélection qui n’existe pas. Il ne sera pas seul mais il va tout changer. Capitaine dès 1979, pointe haute du carré magique, il sera la pierre angulaire de cette équipe et prendra part à tous les combats. L’échec de l’Euro 80, Séville 82, France-Brésil 86 et surtout l’Euro 1984.

Pendant toute la compétition, il rayonne et porte l’équipe vers la victoire finale. Sans aucun doute, il est celui qui a changé les mentalités et fait entrer la France dans le camp des vainqueurs. Le problème avec les monstres sacrés, c’est qu’on oublie un peu trop souvent que tout ceci a commencé au fond d’un jardin. Avec une balle en mousse et des couches-culottes entre les pattes.

Par Ianis Periac

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