Girondins4Ever
·8 novembre 2024
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·8 novembre 2024
Avant la rencontre entre les Girondins de Bordeaux et le club de Saint-Pryvé Saint-Hialire, nous nous sommes entretenus avec Mathieu Pousse, l’entraîneur de cette surprenante équipe qui occupe actuellement la deuxième place du championnat. Un échange très agréable avec une personne passionnée qui a pu monter tous les échelons dans ce club familial. Progression, présentation du club, contrats, infrastructures, objectifs, Girondins, match au Matmut Atlantique, Andy Carroll, ambitions… Mathieu Pousse se livre dans cet entretien.
Vous êtes en poste depuis Juillet 2024 et avant vous avez été assistant coach et préparateur physique au sein du club. Pouvez-vous nous raconter votre parcours ?
C’est ma treizième saison. Je suis arrivé en 2012 en tant qu’adjoint et préparateur physique. On mutualise les postes à Saint-Pryvé, ça fait partie de la gestion avec notre petit budget (sourire). Donc adjoint et préparateur physique pendant plusieurs années. Il y a eu deux collaborations, une première de quatre ans avec un premier coach, puis la deuxième de huit ans avec le coach qui est parti à l’intersaison à Dijon, après l’obtention de son BEPF. Sur les huit dernières années j’avais une relation très étroite de travail, où j’avais un rôle d’adjoint très, très élargi. On faisait beaucoup de choses ensemble. Donc ça a favorisé ma prise de fonction dans la mesure où au sein de notre club, je connais bien les rouages et les spécificités de notre club dans la manière de fonctionner. J’étais partie prenante de quasiment toutes les décisions sur les huit années avec mon collègue.
Il y a également l’aspect sportif au sein du club de Saint-Pryvé Saint-Hilaire
Sur l’aspect plus sportif, on a une identité de jeu bien à nous à Saint-Pryvé, qui aujourd’hui, est assez connue dans le monde du N2. On l’a mise en place tous les deux il y a huit ans donc on va dire que je perpétue la tradition que j’ai initiée à deux à l’époque. Je poursuis en solitaire on va dire, avec un staff qu’il a fallu recomposer mais qui est essentiellement composé de personnes qui connaissent la maison. Ils étaient au club, soit dans un passé récent, soit sur d’autres postes les saisons précédentes. C’est quelque chose qui est important chez nous, en témoigne ma prise de fonction. On est un club qui fait confiance. J’ai des dirigeants qui font confiance aux personnes en place, aux ressources internes qui sont déjà présentes au club. C’est un vrai gage de confiance.
On a l’impression que c’est un club familial…
Oui tout à fait, ancré sur des valeurs fortes. Il y a la valeur de l’engagement. Au final, en treize ans au club, avec cette prise de fonction c’est seulement la troisième nomination d’entraîneur que j’ai connu au fil de mon parcours. Donc c’est que c’est un club qui est fidèle, qui fait confiance. Pour vous dire, les deux entraîneurs qui m’ont précédé, avec qui j’ai travaillé et moi-même, on est tous issus du club. On était déjà au club quand on a pris en charge l’équipe première. Ça témoigne de cette confiance, du sens de l’engagement, des valeurs familiales oui, et de la valeur travaillée. On a un petit budget, on a des infrastructures très modestes pour la N2 mais par contre, on a de vraies valeurs sur lesquelles on appuie notre travail et qui font qu’on essaye de travailler correctement. Jusque-là, ça marche bien.
La semaine passée on a eu Cédric Hengbart, l’entraîneur de Blois, qui nous expliquait les problèmes liés au fait d’avoir un petit budget, des infrastructures compliquées…
Il y a beaucoup d’hétérogénéité sur les clubs de National 2. C’est vrai qu’il y a des structures bien mieux loties que nous dans la poule. Après, on s’assoit sur une grosse expérience, beaucoup de travail, une bonne connaissance du niveau. C’est ce qui fait aussi nos qualités. Pour la comparaison avec Blois, c’est vrai qu’on a des problématiques qui peuvent être très proches des leurs, sauf qu’on va dire que pour nous c’est un peu normal parce qu’on représente la fusion de deux communes qui ne représentent que 8 500 habitants en tout. Blois c’est quand même une plus grande ville, de moyenne envergure on va dire à l’échelle du pays, mais ça reste un chef-lieu de département, une grande ville et ce n’est pas normal qu’ils aient ce genre de problématiques. Même si c’est une réalité, ils ont des problématiques d’infrastructures qui sont anormales.
Est-ce que Saint-Pryvé Saint-Hilaire possède des contrats fédéraux dans son effectif ?
On a des situations qui sont très variées. On a quelques contrats fédéraux, on peut les compter sur les doigts de la main. Après on a des contrats club, des contrats qui sont habituels dans ces championnats-là, les championnats N3-N2. Mais on a que quelques contrats fédéraux.
Vous vous entraînez sur quel rythme chaque semaine ?
Entre cinq et six fois. Si c’est la base pour des équipes de National 2 ? Tout à fait. Après, il y a des séances qui sont adaptées on va dire. Mais oui, pour le panel type, on est entre quatre et six fois même si on élargit. On a quelques joueurs qui ont des activités à côté, soit des études, soit des boulots complémentaires. On ne peut pas disposer de tout le monde, toujours en journée, en tout cas sur chaque jour. Donc ils ont des emplois du temps adaptés dans leurs activités. Mais c’est vrai qu’on est obligés, par rapport à certains de nos concurrents, de faire des séances en soirée. On fait des séances à 18h00, ce qui n’est pas le cas de tout le monde.
Quel est l’objectif du club pour cette saison ?
On a un objectif club, qui est un indispensable pour notre club, c’est de le pérenniser à ce niveau. C’est quelque chose qu’on réussit à faire depuis huit ans. Après, sur l’aspect sportif on a la confiance de nos dirigeants et on travaille sans pression. Mais c’est vrai que sportivement, on s’attache à toujours faire mieux, matchs après match au cours d’une saison. Puis dans la progression du club, saison après saison. Depuis qu’on est en N2, on a toujours réussi à obtenir des maintiens on va dire aisés, en étant toujours sur la première partie de tableau. Pour moi, ce qui explique en grande partie cette capacité-là du club, à se pérenniser à ce niveau-là, c’est la capacité de fonctionnement et de structure. Que ce soit structurel au niveau de mes dirigeants et des choix stratégiques, on a une grande stabilité et c’est important pour nous au contraire d’autres clubs. Puis sur l’aspect sportif, on s’assoit sur un projet de jeu qui est bien identifié, qui est bien connu et reconnu, qui s’attache aussi à la notion de plaisir avec un jeu porté vers l’avant et notre équipe qui cherche à avoir le ballon. Par rapport à ça, cette stabilité-là fait que pour moi, c’est l’élément essentiel de notre stabilité à ce niveau-là. On ne chamboule pas tout, tous les deux ou trois ans. Au vu de notre structure c’est hyper important. C’est un atout considérable.
Est-ce que vous vous attendiez à un tel démarrage en championnat ?
S’y attendre, je ne pense que ce n’est pas le mot, après on fait tout pour (sourire). On fait tout pour. On a travaillé un peu dans l’urgence à l’intersaison par rapport au départ tardif de mon collègue. Par rapport à ça, on avait pris un peu de retard. Mais sur la valeur travail et sur le fait qu’on a une bonne connaissance du niveau, on a pu aspirer… Mais ça c’est le lot de ce niveau-là pour un club modeste comme le nôtre, on ne peut pas toujours concurrencer les offres des concurrents donc on a toujours des joueurs qui partent. Sur la deuxième partie du mois de Juin, il a fallu remplacer dix joueurs par rapport aux mouvements de cet été. Donc le fait de bien connaître les profils a fait qu’en s’appuyant sur ce qu’on met en place sur notre identité de jeu, notre philosophie de jeu, on a pu prendre des profils qui collent à ça, qui collent en termes de valeurs humaines. C’est primordial pour nous. Ce qui fait que sur la préparation, on a été dans de bonnes conditions pour faire une préparation de six semaines avec tout le monde dès le départ, de manière optimale.
Que pensez-vous du fait d’avoir un club comme les Girondins de Bordeaux à votre niveau ? Belle surprise ou chose négative ?
Il n’y a rien de négatif. Je laisse ces polémiques-là aux dirigeants qui sont sur d’autres registres et qui ont matière à trouver des problématiques d’équité par rapport à ça. Aujourd’hui on prend les adversaires qu’on nous donne. Ça colle avec notre philosophie, on prend les matchs les uns après les autres et on prend les adversaires qu’on nous donne. Bordeaux est un club prestigieux certes, mais ça sera un adversaire de National 2 samedi. On jouera certes dans des conditions un petit peu différentes de notre quotidien, mais des conditions qu’on a déjà pu connaître sur des épopées en Coupe de France ou dans d’autres registres.
Quel est votre ressenti de venir jouer au Matmut Atlantique, devant 10 000 spectateurs environ et deux virages qui vont donner de la voix ?
Comment j’aborde cet environnement ? En tant que technicien, j’ai un groupe qui s’appuie sur quelques joueurs expérimentés mais qui est globalement, relativement jeune. C’est une belle expérience dans la progression. On a cet esprit de faire évoluer nos joueurs, de les faire progresser. Donc c’est une opportunité par rapport à ça, de découvrir un contexte qu’ils connaissent un peu moins. Donc par rapport à ça, c’est une vraie opportunité de ce côté-là, dans la progression de nos jeunes joueurs, de pouvoir évoluer dans un contexte comme celui-là.
Le fait d’avoir Andy Carroll vous force-t-il à avoir un plan spécifique pour essayer de le contrer ?
Pour moi ce serait une erreur de se focaliser sur une individualité. Comme tous les matchs, on regarde les caractéristiques des joueurs qu’on a en face de nous, mais on aime surtout travailler et porter notre attention sur nous et ce qu’on souhaite produire. J’ai envie de dire que je pense qu’on va avoir un bon match de foot samedi parce que le contexte s’y prête et parce c’est le foot qu’on cherche à proposer chaque week-end, quel que soit l’adversaire. Pour parler d’Andy Carroll, c’est aussi une opportunité, comme l’aspect contextuel, pour mes joueurs de la ligne arrière, de se frotter à ce qui peut se faire au-dessus.
Bordeaux prône un jeu porté vers l’avant avec Bruno Irles, tout comme vous. Donc on devrait effectivement assister à un beau match de football. Vous vous attendez à quel type de rencontre ?
Je suis assez d’accord avec vous, même si sur les matchs de Bordeaux on le ressent que par moments ou que sur certaines rencontres, cet esprit offensif. Je pense que les caractéristiques de l’adversaire, donc nos caractéristiques par rapport à la préparation du match de Bordeaux, va faire que je pense qu’en effet, ils seront dans cet esprit-là samedi. Par rapport à ça j’ose espérer que le public verra un beau match de foot ouvert, avec des équipes qui sont en effet portées vers l’avant. C’est notre cas, ça fait partie de notre ADN. Ça nous réussit pour le moment puisqu’on est plutôt prolifiques sur l’aspect offensif. Donc ça fait partie des choses qui sont importantes pour nous, d’être capables de se créer des occasions et de les convertir à chaque match. C’est comme ça que j’aborde le match, je pense que ce sera un match intéressant à suivre, avec deux équipes qui seront portées vers l’avant.
Que peut-on vous souhaiter cette saison ?
Collectivement parlant, faire la meilleure saison possible. Faire mieux que l’année dernière où on avait obtenu notre meilleur classement en finissant quatrième. Donc aller chercher la meilleure place possible et surtout continuer à proposer ce football qu’on a su mettre en place en ce début de saison, sur l’aspect offensif. J’ai des critères par rapport à ça mais c’est interne. Ça restera à la discrétion de mon groupe. Mais c’est vrai qu’on est plus sur des objectifs chiffrés sur l’aspect offensif, que je garderai pour moi. En tout cas, l’esprit est là et on va essayer de le faire perdurer toute la saison pour prendre du plaisir, en donner également. J’espère que ce sera le cas pour le public qui sera nombreux pour nous sur le match de samedi (sourire).
Et à titre personnel ?
A titre personnel, je suis un homme de projets, je suis un homme à l’esprit collectif donc ma satisfaction, et ce qu’on peut me souhaiter au niveau personnel, ça va dans le même sens. La réussite de mon équipe me satisfera amplement. A titre plus personnel on pourra rajouter l’obtention de ma formation, de mon diplôme, puisque je suis rentré en formation DES cette année, le diplôme qui permet justement d’entraîner au niveau N2. Je n’avais pas pu le passer avant donc je suis en formation cette année. Je vous en parle parce que ça me permet de faire la petite dédicace à un de mes collègues de formation que vous connaissez très bien (sourire) puisqu’il est entraîneur de l’équipe féminine cette année, Romain Vitry. On est en formation tous les deux et on y était cette semaine.
Un grand merci à Mathieu pour sa disponibilité dans des semaines intenses.
@La Nouvelle Répulique