Le temps additionnel aurait-il dû être prolongé ? L’analyse arbitrale de Montpellier – FC Nantes | OneFootball

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Tribune Nantaise

·29 avril 2024

Le temps additionnel aurait-il dû être prolongé ? L’analyse arbitrale de Montpellier – FC Nantes

Image de l'article :Le temps additionnel aurait-il dû être prolongé ? L’analyse arbitrale de Montpellier – FC Nantes

Ce vendredi 26 avril, au stade de la Mosson, le MHSC accueillait le FC Nantes, dans un match qui ressemblait à celui de la dernière chance pour les Jaune-et-Vert. Engagés dans une longue et difficile lutte pour le maintien, les Nantais devront en effet affronter Brest, Lille et Monaco en guise de trio conclusif de ce championnat. Cette rencontre face à des Montpelliérains déjà plus accessibles sur le papier semblait donc primordial.

Dans une partie où tout s’est joué dans les 10 premières minutes, avec des buts de Adams et Abline dès l’entame de la rencontre, Clapassièrs et Canaris se sont neutralisés au coup de sifflet final, un but partout.


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Reste que, le match a aussi été marqué par des gestes très engagés. Jean-Charles Castelletto a d’abord été auteur d’une vilaine semelle sur Akor Adams, avant d’être suivi par Téji Savanier, qui a déposé ses crampons sur la cheville de Nicolas Pallois. Durant le temps additionnel, Lucas Mincarelli et Arnaud Nordin ont été expulsés sur des situations assez indiscutables.

Revenons ici sur ces quelques situations, mais surtout sur la durée du temps additionnel pour le moins intriguante et frustrante pour les Nantais.

Remarques liminaires : cette analyse est effectuée par un arbitre officiel amateur ne prétendant pas détenir la vérité absolue. Elle se base essentiellement sur les textes des Lois du Jeu, les déclarations publiques d’Antony Gautier (directeur de l’arbitrage) ainsi que sur la jurisprudence créée par des situations antérieures. Reste que chacune des décisions arbitrales prises le sont dans le contexte d’un match en particulier, et ne doivent pas systématiquement être comparées.

Première période : Castelletto et Savanier chanceux

  1. 10ème minute (tous les extraits analysés sont disponibles sur Prime Vidéo), alors que la rencontre est déjà largement débloquée (1-1), les Nantais sont acculés dans leur moitié de terrain. Téji Savanier transmet un ballon à Akor Adams juste devant la surface de réparation, ce dernier pousse le ballon avant de s’écrouler. Les Montpelliérains réclament une faute, mais M.Stinat ne bronche pas. Plusieurs choses : D’abord, l’existence de la faute. Celle-ci est manifeste, l’attaquant du MHSC touche le ballon, bien que celui-ci file ensuite en six mètres. De son côté, Jean-Charles Castelletto est en retard, et vient écraser sa semelle sur le dessus du pied d’Akor Adams. C’est une faute incontestable. De plus, la nature de la faute, une semelle sans retenue, est constitutive d’une « attitude inconsidérée » selon la Loi 12. Le défenseur camerounais agit ici sans tenir compte des conséquences de son acte pour son adversaire. Jean-Charles Castelletto aurait dû être sanctionné d’un carton jaune. Décision erronée ❌ Enfin, la VAR n’a pas pu intervenir dans cette situation, car le lieu du contact se situe en dehors de la surface de réparation, et la faute commise ne relevait pas d’un cas d’exclusion potentielle.
  2. 23ème minute, toujours aux abords de la surface nantaise, le ballon arrive dans les pieds de Nicolas Pallois, pressé par le capitaine de Montpellier, Téji Savanier, ce dernier, en retard, vient commettre à son tour une semelle sur le défenseur nantais. Il est sanctionné d’un carton jaune. La faute ne fait pas de doute ici, et ressemble à celle commise par Castelletto 10 minutes plus tôt. Mauvais sur le timing, Savanir vient faire s’entechoquer ses crampons et le bas de la cheville de Pallois. À nouveau, il agit sans tenir compte des conséquences pour son adversaire. Alors, fallait-il envisager un carton rouge ? En effet, le Montpelliérain ne maîtrise pas son geste et ne touche pas le ballon, deux éléments qui peuvent nous conduire à cette réflexion. Reste que, son geste ne présente ni vitesse ni intensité, le fautif tournant son pied à l’horizontal avant l’impact pour réduire un potentiel choc. De plus, le lieu du contact se situe sur le bas de la cheville, avant de se prolonger sur le pied, la zone ne présente pas le même danger que quelques centimètres plus haut, surtout avec une si faible intensité. Décision correcte ✅

Seconde période : Une fin de match entre danger et frustration

  1. 90ème + 1 minute, le score ne bouge plus depuis plus de 80 minutes, alors que Moussa Sissoko transmet un ballon en profondeur à destination de Bénie Traoré, qui n’a face à lui que le gardien de Montpellier, bien qu’à encore presque 40 mètres des buts montpelliérains. Mais avant de pouvoir réceptionner le ballon, il est accroché par Lucas Mincarelli, qui est expulsé par Jérémy Stinat. Le défenseur héraultais tire l’attaquant nantais à l’aide de ses deux mains, au niveau de ses épaules. La faute est manifeste. Pour attribuer un carton rouge dans cette situation, sur le motif d’une annihilation d’occasion de but manifeste, 4 critères doivent être vérifiés : La distance entre le lieu de la faute et le but : ce critère est validé, car l’attaquant nantais avait la possibilité de se retrouver rapidement à une forte proximité du but. La direction du jeu : ce critère est également validé, car Bénie Traoré se dirigeait nettement en direction du but adverse. La probabilité de conservation du ballon : même sort pour ce critère, car sans aucun doute, Bénie Traoré s’apprêtais à contrôler le ballon si la faute n’avait pas eu lieu. Le nombre et le placement des adversaires : aucun défenseur ne semblait en mesure de revenir sur l’attaquant, chacun étant situé derrière Bénie Traoré, et ce dernier étant lancé à pleine vitesse, ce critère est donc également validé. Ainsi, cette faute remplit tous les critères devant amener à une exclusion. Décision correcte ✅
  2. 90ème + 5 minutes, alors que le jeu vient de reprendre, les Nantais sont à l’attaque. Castelletto balance le ballon dans la surface adverse, avant de le voir renvoyé par une tête montpelliéraine. Le ballon part dans les airs, en direction de Nicolas Cozza, qui le réceptionne de la tête, avant de voir les crampons d’Arnaud Nordin percuter son visage. Sans hésitation, l’attaquant français est exclu par M.Stinat. Allons tout droit au but, ce carton rouge est indiscutable. Tous les critères sont réunis pour considérer ce comportement comme violent, et constitutif d’une faute grossière. Dans la conquête du ballon, Nordin fait un usage excessif de la force en mettant en danger l’intégrité physique de son adversaire. La faute présente une intensité certaine, un clair manque de maîtrise, et le contact au niveau du visage rend le carton rouge incontournable. Décision correcte ✅
  3. 90ème + 9 minutes, après de longues interruptions, et un coup franc très mal tiré par Eray Cömert, M.Stinat donne les 3 coups de sifflets finaux. Le match s’arrête après 9 minutes de temps additionnel, alors que l’arbitre en avait annoncé 4 à l’issue du temps réglementaire, pourtant, durant ce temps additionnel, le ballon n’a été en jeu que durant 1 minute et 18 secondes. Frustration chez les Nantais qui n’ont pas pu profiter de leur avantage numérique. Tout d’abord, il appartient à l’arbitre de décider de la durée du temps additionnel. Il est tenu par la Loi 7 (Durée d’un match) d’annoncer un minimum de temps additionnel, qu’il ne pourra pas réduire, mais qu’il pourra augmenter. De plus, une directive incluse dans les Lois du Jeu indique que de nombreux arrêts de jeu sont tout à fait normaux. Il convient donc de n’accorder de temps supplémentaire que si ces arrêts de jeu sont excessifs. Ainsi, reprenons cette fin de match, et ajoutant à ce temps de jeu de 1 minute et 18 secondes, ces arrêts de jeu normaux. Après addition, l’on arrive à un total de 2 minutes et 10 secondes. La moitié du temps additionnel annoncé. Au regard des Lois du Jeu, M.Stinat avait le droit d’arrêter le match à la 90ème + 9, mais dans l’esprit, c’est autre chose. Cette décision a sûrement été motivée par cette fin de match totalement incontrôlable, où la santé des Nantais commencait à être menacée par le comportement des Montpelliérains. L’arbitre a donc préféré sécuriser le match en y mettant un terme. Reste que, dans un contexte de fin de saison avec des enjeux particuliers, et un contexte de match où deux équipes sont à égalité et l’une d’entre elle se retrouve à 11 contre 9, cette décision n’était probablement pas correcte. Décision erronée ❌
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