Jeux Olympiques - Tokyo 2020 : l’AmSud envoie ses géants | OneFootball

Vous aviez aimé la finale de Copa América entre Brésil et Argentine ? Vous allez adorer le retour des deux géants sud-américains aux JO. Entre une Albiceleste U23 qui rêve d’imiter les A et une Canarinha venue défendre son titre, les ambitions sont au plus haut.

Argentine : surfer sur la vague

Au lendemain du premier triomphe de Messi dans une compétition majeure avec l’Albicelste, l’Argentine se réveille avec l’ambition et l'ego qu’on lui connaît. Peu importe le niveau réel de sa sélection, comme à son habitude à l’aube d’une compétition, seule la consécration est envisagée comme en atteste la déclaration du sélectionneur Fernando Bocha Batista : « Nous rêvons de l’or olympique ».

Si la disette a duré presque trente ans chez les A, pour les U23 il n’en est rien. Titrée en 2004 et en 2008, l’Argentine connaît la route qui mène à l’or. Si Marcelo Bielsa et son armada (Mascherano, Saviola, Lucho Gonzalez, Gabi Heinze, Roberto Ayala, etc) avaient triomphé à Athènes, c’est bien ave Sergio Checho Batista, frère de Fernando, que les Messi, Riquelme, Agüero, Di María, Banega, Gago étaient montés sur la première marche. Pour cette édition, oubliez les noms ronflants. Si vous n’êtes pas un habitué du football local, cette liste ne doit pas vous dire grand-chose, et pourtant.

Photo : imago images/AFLOSPORT

Et pourtant, cette sélection compte tout de même dans ses rangs quelques pépites à suivre bien accompagnées par Jeremias Ledesma, seul joueur de plus de vingt-trois ans de la liste et auteur d’une belle saison dans les buts de Cádiz. Au rayon des joueurs à suivre, les regards vont évidemment se braquer sur Thiago Almada. Le pibe de Vélez à l’avenir sans limite est surtout le plus médiatisé mais n’est pas esseulé. Ezequiel Barco (Atlanta United), Alexis Mac Allister (Brighton), Pedro De la Vega (Lanús), Adolfo Gaich (CSKA Moscou) et Fernando Valenzuela (Barracas) en attaque, Martin Payero (Banfield), Tomás Belmonte (Lanús) et surtout le cinco que le monde finira par s’arracher Fausto Vera (Argentinos Juniors) au milieu de terrain, les talents ne manquent pas dans ce groupe. La défense n’est pas en reste puisqu’elle peut compter sur le Lensois Facundo Medina, Néhuen Pérez (Atlético de Madrid) et les excellents latéraux Francisco Ortega (Vélez) et Claudio Bravo (Portland Timbers). Si l’opportunité lui est laissée, Lautaro Morales, gardien de Lanús peut briller. À noter que Bocha Batista a fait le choix risqué de ne convoquer que trois défenseurs centraux de formation sur les vingt-deux joueurs appelés.

Fernando Batista le répète à longueur de conférence, il veut que son équipe ait l’initiative et le contrôle du jeu, subir le moins possible. Pour se faire, Bocha s’appuie sur un 4-2-3-1 offensif lors des phases de possession et qui se transforme en 4-1-4-1 en phases défensives. Fausto Vera jouant un rôle clé dans l’équilibre de l’équipe comme dans l’orientation du jeu. Si on leur souhaite de s’imposer dans ce tournoi et de décrocher l’or olympique, l’Argentine rejoindrait la Hongrie et l’Angleterre au sommet du palmarès avec trois succès), atteindre le dernier carré semble moins utopique.

Le groupe

Gardiens : Jeremías Ledesma* (Cádiz), Lautaro Morales (Lanús), Joaquín Blázquez (Talleres)

Défenseurs : Nehuén Pérez (Granada), Claudio Bravo (Portland Timbers), Hernán De La Fuente (Vélez Sarsfield), Leonel Mosevich (Vizela), Marcelo Herrera (San Lorenzo), Facundo Medina (Lens), Francisco Ortega (Vélez Sarsfield)

Milieux : Fausto Vera (Argentinos Juniors), Agustín Urzi (Banfield), Santiago Colombatto (León), Alexis Mac Allister (Brighton & Hove Albion), Esequiel Barco (Atlanta United), Martín Payero (Banfield), Tomás Belmonte (Lanús), Thiago Almada (Vélez Sarsfield), Carlos Valenzuela (Famalicão)

Attaquants

*= joueur de plus de vingt-trois ans

Brésil : conserver l’or olympique

Par Marcelin Chamoin

Tenant du titre, le Brésil fait partie des favoris à la couronne finale. Si la sélection d’André Jardine n’a pas encore convaincu dans le jeu, le potentiel est immense, notamment en attaque.

Après être passé tout près du sacre olympique à de nombreuses reprises (médailles d’argent en 1984, 1988 et 2012, médailles de bronze en 1996 et 2008), le Brésil a enfin décroché l’or olympique en 2016, seul titre qui manquait à son imposant palmarès. Un succès obtenu à domicile au terme d’une finale dantesque au Maracanã contre l’Allemagne, justement le premier adversaire du Brésil pour les Jeux Olympiques 2020, dans un groupe également composé de la Côte d’Ivoire et de l’Arabie saoudite. Sur le podium lors des trois dernières Olympiades, le Brésil tentera de conserver son titre acquis en 2016 avec un groupe qui a les moyens de ses ambitions.

Photo : CBF

Le gardien titulaire de la sélection olympique est Santos, de l’Athlético Paranaense. Un club qui avait déjà fourni au Brésil un gardien champion olympique, Weverton étant le titulaire lors des Jeux Olympiques 2016. Sans être le meilleur gardien du Brésil, Santos est régulier et dispose d’une solide expérience. Son remplaçant est Brenno, qui joue au Grêmio, et dont l’arrivée au Japon a été retardée par un test positif à la COVID-19. Après Santos (trente-et-un ans), on retrouve comme latéral droit un deuxième joueur âgé de plus de vingt-quatre ans, limite largement dépassée puisqu’il s’agit de Daniel Alves et ses trente-huit printemps. Pour ses premières Olympiades, le joueur du São Paulo FC va tenter d’ajouter une ligne supplémentaire à son impressionnant palmarès et son expérience au plus haut niveau sera précieuse pour la sélection menée par André Jardine. De l’autre côté, le titulaire est Guilherme Arana, meilleur latéral gauche du Brésil avec Filipe Luís. Deux profils extrêmement offensifs, complétés par Gabriel Menino, qui peut jouer latéral droit ou milieu défensif. Le 4-3-3 de Jardine pourrait donc se transformer en un 3-4-3 avec l’apport des latéraux au cœur du jeu, comme ce fut le cas lors du dernier match de préparation, face aux Émirats arabes unis.

En défense centrale, la paire est composée de Diego Carlos et Nino. Malgré le forfait de Gabriel Magalhaes pour cause de blessure et sans atteindre le niveau des paires précédentes (Marquinhos – Rodrigo Caio en 2016 et Thiago Silva – Juan Jesus en 2012), le duo de défenseurs centraux est très correct, notamment Diego Carlos, titulaire à Séville et troisième joueur de plus de vingt-quatre ans du groupe brésilien.

Le milieu de terrain est extrêmement séduisant, avec le Lyonnais Bruno Guimarães ainsi que Douglas Luiz, qui a également joué la Copa América. Pour compléter le milieu, on attend beaucoup de Claudinho, le prodige du Red Bull Bragantino. Technique, élégant et disposant d’une très bonne frappe de balle, Claudinho pourrait, à l’image de Guilherme Arana, profiter des Jeux Olympiques pour intégrer la sélection principale et/ou signer dans un club européen. Sur le banc, l’option la plus convaincante semble être Matheus Henrique, qui alterne le bon et le moins bon au Grêmio.

Comme souvent au Brésil, le secteur offensif est le plus fourni pour ses Jeux Olympiques. Comme Douglas Luiz, Richarlison enchaîne la Copa América et les Jeux Olympiques et tentera de se rattraper de son tournoi continental décevant (un but et une passe décisive en sept matchs). Richarlison arrive au Japon en star, avec le numéro 10 dans le dos, et à vingt-quatre ans, il est le joueur qui dispose le plus d’expérience au sein de l’attaque. Les deux autres places de titulaire devraient revenir à des joueurs qui évoluent également en Europe : Antony et Matheus Cunha. Antony a effectué une première saison très correcte du côté de l’Ajax, même s’il a pioché en fin d’exercice. Matheus Cunha a brillé avec la sélection olympique, terminant meilleur buteur du tournoi Maurice Revello 2019 puis du tournoi pré-olympique 2020, avec notamment un doublé face à l’Argentine lors du dernier match pour assurer la qualification aux JO. Avec un profil d’avant-centre complet et moderne, Matheus Cunha pourrait être l’une des révélations de ces Jeux Olympiques.

Sur le banc, le talent ne manque pas non plus, avec des joueurs qui évoluent déjà tous en Europe. Malcolm, récent vainqueur de la Supercoupe de Russie et libéré par le Zenit après un premier refus, vient pallier l’absence de Douglas Augusto et est le joueur qui a le plus d’expérience parmi les remplaçants. Paulinho a connu une saison quasi blanche (un seul match avec le Bayer Leverkusen) après une rupture des ligaments croisés, mais pourrait être intéressant en sortie de banc, par sa vitesse, sa technique et sa polyvalence. Autre joueur dont la saison a été perturbée par une grave blessure, Gabriel Martinelli, qui avait impressionné pour ses débuts avec Arsenal et qui est une alternative très crédible à Matheus Cunha. Enfin, Reinier, qui a également peu joué cette saison, dispose encore d’un profil différent, pouvant jouer en soutien d’un attaquant, et peut être intéressant en sortie de banc, comme l’atteste son but inscrit face aux Émirats arabes unis lors du dernier match de préparation.

La sélection olympique d’André Jardine est donc extrêmement intéressante et dispose d’un énorme potentiel, malgré quelques forfaits : Gabriel Magalhaes et Douglas Augusto sont blessés, Gerson, Pedro ou encore Rodrygo et Vinícius Júnior n’ont pas été libérés par leur club et la CBF rêvait de noms prestigieux pour les trois joueurs autorisés de plus de vingt-quatre ans, notamment Neymar et Marquinhos, qui n’ont pas été libérés par le Paris Saint-Germain. La difficulté pour obtenir la libération de joueurs pour les différentes étapes de la préparation empêche d’avoir plus des certitudes sur cette sélection olympique, même si de nombreux clubs, brésiliens ou européens, ont joué le jeu en autorisant leurs joueurs à participer aux JO. Depuis le début de la préparation, lors du tournoi Maurice Revello 2019, pas moins de soixante-et-onze joueurs ont été appelés pour défendre la sélection olympique ! La sélection d’André Jardine a disputé seulement trois matchs en 2021 et n’a pas convaincu : défaite face au Cap Vert, larges victoires face à la Serbie et les Émirats arabes unis, mais des victoires en trompe-l’œil tant le jeu a été poussif par moments. La seleção olímpica n’a donc pas encore convaincu, mais le potentiel est immense et pourrait faire la différence au Japon, terre qui réussit habituellement aux Brésiliens…

Le groupe

Défenseurs : Diego Carlos* (Séville), Ricardo Graça (Vasco da Gama), Guilherme Arana (Atlético Mineiro), Dani Alves* (São Paulo), Bruno Fuchs (CSKA Moscou), Nino (Fluminense), Abner (Athletico Paranaense)

Milieux : Gabriel Menino (Palmeiras), Douglas Luiz (Aston Villa), Bruno Guimarães (Lyon), Matheus Henrique (Grêmio), Reinier (Borussia Dortmund), (Red Bull Bragantino)

Photo une: imago images/AFLOSPORT