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·1 septembre 2021

Euro 2016 : Quand la sélection islandaise aidait son pays à sortir de la crise

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2007. La crise des subprimes gagne les Etats-Unis et se propage à travers le monde. Aucun pays n’est épargné, même pas une île volcanique émergeant de l’Atlantique Nord comme l’Islande. Entre geysers et glaciers s’immiscent alors crise économique et bouleversements politiques. Pour les résoudre, la Terre de glace va décider de miser sur un nouveau secteur, le tourisme, fortement dynamisé par un évènement en particulier : l’Euro 2016.

La crise des subprimes, presque le coup de grâce pour l’Islande

Au début des années 2000, le niveau de vie des Islandais est parmi les plus élevés du monde. En cause, une prospérité économique sans précédent et une croissance exponentielle décuplée entre 2000 et 2003. Mais quelques années plus tard, un évènement vient tout bouleverser. La crise des subprimes touche les Etats-Unis de plein fouet dès 2007. Par effet de ricochets passant notamment par le système bancaire, la crise s’étend au monde entier, touchant profondément une économie islandaise qui semblait pourtant inébranlable. Ce krach boursier fait en effet passer l’Islande très proche de la banqueroute et les chiffres liés à cette crise sont affolants. Le secteur bancaire – qui représente les deux tiers de la valeur de la bourse nationale – s’effondre totalement et est racheté en panique par l’Etat.


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Face à cette chute, la couronne islandaise (monnaie locale) est fortement dévaluée et perd plus de 50% de sa valeur face à l’euro en à peine une année. En y conjuguant une forte hausse des prix, le pouvoir d’achat islandais se réduit de plus d’un tiers en 2008, et le PIB/habitant passe cette même année de 52 000 $ à un peu moins de 27 000 $. Une véritable dégringolade. Cette crise économique aboutit directement à une forte hausse du chômage, problème face auquel le pays n’avait encore jamais été confronté.

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Les Islandais en colère organisent ce qu’ils nommeront la “Révolution des casseroles”

Il est bien connu qu’un problème n’arrive jamais seul, et le cas de la crise islandaise n’y faisant pas défaut, la crise économique du pays va plonger celui-ci dans une crise politique historique. Parallèlement à la dégringolade de la situation financière islandaise vont se mettre en place de façon hebdomadaire des manifestations importantes entre 2008 et 2009. Elles se regroupent toutes sous le nom de la « Révolution des casseroles », en référence aux ustensiles sur lesquels les manifestants tapaient pour se faire entendre. En janvier 2009, ces protestations aboutissent à la démission du gouvernement du Premier ministre Geir Haarde. Son gouvernement (de droite) est remplacé par un gouvernement de gauche. Il s’agit là d’un tournant historique pour le pays qui n’avait connu que des gouvernements de droite depuis son indépendance totale en 1944, traduisant d’une situation gravissime sur l’île volcanique.

Le tourisme, un secteur nouvellement essentiel pour le pays

Pour se relever d’une telle crise, le pays doit trouver des solutions. Et vite. L’Islande mise alors sur un secteur : le tourisme. A travers des promotions à travers l’Europe entière ainsi que par une amélioration des infrastructures accueillant les touristes, l’île connaît une explosion touristique sans précédent à partir de 2010. Entre 2010 et 2013, on y passe de 500 000 touristes par an à plus d’un million ! Et ce chiffre double encore entre 2013 et 2017. Le tourisme devient essentiel à une économie islandaise qui peine encore à se relever du krach boursier de 2008. A tel point que ce secteur représente désormais 10% du PIB national. Mais heureusement, l’Islande a des atouts à faire valoir pour attirer les touristes.

Le tourisme en hausse annuelle de 50%

Entre ses volcans, son rift, ses geysers et ses paysages enneigés, l’Islande peut se targuer de posséder l’une des plus belles îles du monde. Ces paysages de calme, de paix et de vide attirent les touristes du monde entier, profitant à l’économie de tout un pays en crise. Entre 2010 et 2020, 80% de l’afflux touristique concernait en effet les régions volcaniques du sud du pays. Mais les villes ne sont pas en reste. Reykjavik, capitale du pays, a également pu profiter de cet afflux de masse.

« Il y a vingt ans, c’était complètement différent ici. La ville était vraiment triste et personne ne voulait y vivre. Les restaurants n’avaient pas assez de clients ». Eriker, habitant de Reykjavik (source : Libération)

Reykjavik est même devenue la destination la plus prisée du pays après le volcan Eyjafjallajökull. Aujourd’hui, l’afflux dans les grandes villes du pays est tel que certains habitants jugent désormais qu’il est trop important et qu’il faut le réduire.

Le football et l’Euro 2016 : L’économie et le tourisme islandais remercient leur sélection

Et le football dans tout ça ? A priori, le pays aura su se relever de la crise de 2008 sans coup de pouce salvateur… pourtant, l’équipe nationale islandaise a eu un grand rôle à jouer dans le retour de l’économie islandaise au premier plan. Comme nous l’avons vu, le pays avait fait du tourisme son fer de lance économique. Secteur qui a lui-même explosé après 2016 et l’Euro formidable de la Strákarnir okkar. Retour sur celui-ci.

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Alfred Finnbogason, l’un des héros islandais de 2016

Pour l’Euro 2016, en France, l’Islande pointe le bout de son nez pour la première compétition majeure de football de son Histoire. Elle tombe dans la poule du Portugal, de la Hongrie et de l’Autriche. Et premier exploit des Islandais. Ils terminent leur poule invaincus, en tenant même en échec (1-1) les Portugais, futurs vainqueurs de la compétition. En terminant deuxièmes de ce groupe F, les Vikings font face à un défi de taille en huitième de finale : l’Angleterre. Et nouvel exploit, les Islandais parviennent à faire tomber les Three Lions par 2 buts à 1. La liesse est totale, aussi bien pour les supporters de la Strákarnir okkar que pour le reste de l’Europe, qui admire ce parcours de petit poucet hors normes.

En quart de finale, l’Islande retrouve la France, pays hôte de la compétition. Cette fois, la marche est trop haute mais les Islandais sauvent l’honneur (5-2). De nombreuses vedettes islandaises vont ainsi se détacher du lot à l’image de Sigurdsson, Bjarnason ou encore Halldorsson. Cet évènement marque aussi un réel engouement populaire du peuple islandais, et plus de 30 000 supporters font le déplacement, soit un islandais sur 10. Par leur clapping viking, ils vont aussi se démarquer et être repris par de nombreux supporters, notamment en France.

L’incidence de cet évènement sur le tourisme islandais est sans précédent. Le parcours de son équipe nationale et l’engouement de tout un continent autour de celle-ci permet de mettre en lumière un pays souvent vu comme en marge de l’Europe. Durant l’Euro 2016, chaque match de la sélection islandaise fait significativement augmenter le nombre de recherches de vols vers l’île depuis tous les pays du continent, en comparaison avec les chiffres de l’année précédente. Ainsi, ces recherches grimpent de 100% après Portugal-Islande, de 300% après la victoire historique des Islandais face aux Anglais, et enfin de plus de 650% après le quart de finale mémorable perdu face à la France.

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On a remarqué le même phénomène sur le site Easyvoyage. Après le parcours européen de la sélection islandaise, le site affichait plus de 300% de recherches supplémentaires sur l’île, assorties d’une augmentation de 20% des intentions de réservation de voyage.

Par la deuxième explosion touristique qu’il a engendrée, le football a permis à l’Islande de maintenir son économie sur de bons rails par le tourisme. L’Euro 2016 aura également rendu pendant un temps l’économie islandaise encore plus dépendante que jamais du tourisme. En 2018, soit un an et demi après le glorieux parcours des Islandais à l’Euro, le secteur touristique représente jusqu’à 23% du PIB national (!). Un pic historique dans l’Histoire de l’île de l’Atlantique Nord. Alors même si le football n’est en rien le seul sauveur de l’Islande après la crise de 2008, les Vikings peuvent tout de même remercier Finnbogason et les siens, aussi bien pour les émotions procurées le temps d’un été que pour le coup de pouce salvateur qu’ils ont pu offrir à l’économie de leur pays.

Crédits Photos : IMAGO / AP

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