PORTRAIT - Emmanuel Bourgaud (Saumur), "gamin de 18 ans" dans le corps d'un ancien pro | OneFootball

Débarqué à Saumur en 2022 en provenance des Herbiers, Emmanuel Bourgaud s’est imposé, en l’espace de quelques semaines, comme l’un des cadres de son nouvel effectif. À 36 ans, l’ancien joueur professionnel qui avait permis à Amiens de découvrir la Ligue 1 au terme d’un match légendaire éclabousse le championnat de National 2 de sa classe. Focus sur un milieu expérimenté qui ne compte pas s’arrêter de si tôt.

Après un exercice 2022/2023 remarqué, Emmanuel Bourgaud continue d’impressionner les entraîneurs adverses en ce début de saison. Auteur de quatre buts en six apparitions au sein du groupe B de National 2, et malgré une expulsion à mettre à son actif, le milieu de terrain a été nommé Talents Foot-National à trois reprises. "Je ne sais pas si c’est par rapport à ma carrière que j’ai eu et que les entraîneurs sont poussés par ça. Mais je donne le maximum à chaque match malgré mon âge. Je ne suis pas un tricheur. Je donne le maximum possible pour être le plus efficace", nous confie le principal concerné, petit sourire en coin. Un bon début de saison qu’il explique notamment par une préparation physique réussie. "Je pense, qu’à mon âge, c’est important de faire attention. Je joue contre des jeunes qui courent pas mal. Il faut être affuté. J’ai fait une très grosse préparation physique de mon côté avant de retrouver le club. J’aime le foot donc je me donne toujours à fond", insiste-t-il. Un avis partagé par son entraîneur à Saumur, Olivier Meurillon.

"Il continue à faire ce qu’il faisait la saison passée. C’est un joueur qui a connu le niveau supérieur. À 36 ans, il s’offre une hygiène de vie qui lui permet de continuer à être performant en National 2. C’est un amoureux du football. Il prend soin de son corps et il a envie de jouer le plus longtemps possible. La préparation a également fait qu’il se sent bien", souligne le technicien. Pour autant, le successeur de Julien Sourice sur le banc de l’Olympique avait déjà croisé le vétéran… du côté de l’Amiens SC. "Quand on a 36 ans, qu’on arrive en fin de carrière et qu’on a connu des choses aussi belles qu’il a connu, on peut se dire qu’on est en maison de retraite dans un club de National 2, qu’il s’agit d’un endroit pour finir sa carrière, tranquille. Mais non ! À l’entraînement, c’est un gamin de 18 ans qui a envie de courir dans tous les sens et d’apporter le plus possible à l’équipe. En match, c’est un compétiteur avec un très bon esprit. Il a cette hygiène de vie qui lui permet de prendre les choses comme un professionnel, au sens propre du terme", affirme Olivier Meurillon.

L’humilité avant tout

Auteur du but le plus important de l’histoire de l’Amiens SC (voir ci-dessous), le 19 mai 2017 sur la pelouse du Stade de Reims, à l’occasion de la 38ème journée de Ligue 2, l’homme qui a envoyé le club picard en Ligue 1 à la 96ème minute de jeu est, malgré ce moment hors-sol, resté très terre à terre. "C’est totalement naturel. Il ne se met jamais en avant. Il reste très discret malgré tout. J’ai des relations particulières avec lui puisqu’il est également éducateur au sein du club avec une équipe de jeunes", indique le coach saumurois. Un projet qui tient à coeur d'Emmanuel Bourgaud, qui s’occupe d’une formation U13 au sein du club mainoligérien. "J’apprends tous les jours. Je suis en train de passer mes diplômes d’entraîneur donc j’apprends encore. Je pense que je peux toujours m’améliorer sur certains points mais ce n’est pas comme si j’avais toujours 17-18 ans", rappelle le milieu de terrain, futur entraîneur en devenir.

"C’est ça qui est intéressant avec lui, note Olivier Meurillon. Il y a beaucoup de jeunes joueurs qui pensent tout savoir. Et lui, à 36 ans, il a une soif d’apprendre. Il écoute les consignes, les organisations de jeu. Il est très attentif à tout ce qu’il se passe. Ça nourrit sa curiosité. Il sait très bien que le football évolue toujours. Il est toujours disponible pour avoir des discussions sur le jeu, avec cette volonté d’apprendre. Il a la connaissance du haut niveau. Il a la connaissance du football, de manière générale. Son humilité lui permet de pouvoir apprendre et de se rendre compte qu’il n’a pas la science infuse. Il sait que c’est complètement différent que d’être joueur et il est concentré sur les choses qu’il a à apprendre. Il a toutes les qualités requises pour devenir un bon éducateur", assure l'entraîneur de l'équipe fanion.

La retraite, pas encore au goût du jour pour "le taquin Manu’"

Pour autant, et quelques jours seulement après avoir soufflé sa 36ème bougie, Emmanuel Bourgaud ne compte pas raccrocher les crampons de si tôt. "Je sais que j’arrive sur la fin. Mais comme je n’ai pas de blessure, je ne me pose pas encore la question. J’ai joué la totalité des matchs la saison dernière, sauf un en raison du Covid-19. Je me sens bien physiquement même si c’est parfois compliqué de récupérer après certains matchs. Pour le moment, je ne me pose pas trop la question. Peut-être sous les coups de 38 ans. J’en parle un peu avec ma femme. On verra comment cela se passera", glisse celui qui "essaye de conseiller les plus jeunes." Les conseiller… mais également les taquiner. Une facette qui "a choqué" Wail Bouhoutt, au club depuis 2019 et qui fait partie des cadres de cet effectif. "Il est très rigolo ! Il fait des montages sur tout le monde dans le vestiaire ! Et je kiffe, j’aimais trop taquiner tous les membres du club et il est arrivé. J’ai trouvé mon binôme. On taquine tout le monde. Il est très fort en montage (rires). Il y a toujours de la bonne humeur, des rires. On essaye aussi de faire régner ce climat en tant que cadres. Il est très professionnel mais très marrant".

Des espiègleries envers les jeunes Saumurois... qui n’hésitent désormais plus à rendre la pareille à "un mec qui a joué en Ligue 1, avec toutes les qualités qu’il a mais qui reste humain avant tout. Un très bon mec", loue son coéquipier. "On regarde les Talents Foot-National après les matchs. On se dit que même s’il ne joue pas, on sait que ce sera pour lui (rires) ! Quand un jeune réalise un très gros match, on lui dit que c’est pour lui. Et même lui va nous dire, en rigolant : « Quand y’a Manu’, c’est mort, on ne peut pas ! ». On a un groupe très taquin et il n’y est pas étranger." Et "Manu" a fait comprendre à ses jeunes coéquipiers qu'il faudra redoubler d'efforts pour être nommé Talent Foot-National à sa place. "Si il y a la possibilité de faire mal à l’adversaire, je le ferais. Si il y a la possibilité de ramasser le plus de Talents, je le ferais aussi. Je suis compétiteur. Si ça peut encore me faire briller un petit peu alors que ma carrière est passée…", termine en se marrant Emmanuel Bourgaud.

Retrouvez l'actualité du monde du football en France et dans le monde sur notre site avec nos reporters au coeur des clubs.