Foot National
·13 de mayo de 2025
De la galère à papa poule, itinéraire d'Éli Kroupi père

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·13 de mayo de 2025
Alors que son fils, meilleur buteur et joueur de Ligue 2, truste le devant de la scène grâce à ses performances avec le FC Lorient ces derniers mois, on oublierait presque qu'Éli Kroupi a lui aussi brillé sur les terrains de football durant les années 2010. De la galère à ses premiers pas à Rennes en passant par des trophées et des buts à Lorient et Nancy, sans omettre ses multiples expérience à l'étranger, retour sur l'itinéraire d'un ancien footballeur devenu papa poule.
Son nom était sur quasiment toutes les lèvres ce samedi 10 mai. Et pas uniquement dans le Morbihan, où le FC Lorient a officialisé son titre de champion de France de Ligue 2 en dominant le FC Martigues (5-1). Auteur d'un nouveau doublé durant la rencontre, Éli Junior Kroupi est venu boucler une saison 2024-2025 en apothéose. Celle de l'explosion. Apparu pour la première fois chez les pros le 3 juin 2023 pour une rencontre de Ligue 1 contre Strasbourg, l'attaquant de 18 ans a terminé l'exercice en tant que meilleur buteur (22 buts) et meilleur joueur.
Récompensé lors de la cérémonie des Trophées UNFP le lendemain, le joueur formé chez les Merlus ne pouvait pas tirer sa révérence de plus belle manière. Car oui : pur talent du football hexagonal, l'avent-centre lorientais va quitter nos championnats pour rejoindre comme prévu Bournemouth en Premier League. Avant de partir à la conquête de l'Angleterre, Éli Junior Kroupi a donc effectué son tour d'honneur ces deux derniers jours. Des adieux émouvants au Moustoir samedi lors de la remise des récompenses, puis devant le parterre du foot français dimanche, durant la cérémonie. Le tout, sous les yeux d'un papa forcément très fier.
Car Junior a de qui tenir. Bien avant d'émerveiller les pelouses de Ligue 1 puis de Ligue 2, le futur avant-centre des Cherries a laissé son paternel occuper le devant de la scène. Issu d'une famille nombreuse, le natif de Sassandra (Côte d'Ivoire) débarque en France dans le courant des années 90, pas encore majeur. C'est alors à Rennes qu'il atterrit avec l'idée de "se battre dans la vie pour devenir quelqu’un" et après avoir "connu la galère" (Ouest-France, juin 2021). L'Ivoirien n'a toujours pas soufflé sa 18e bougie non plus lorsqu'il débute en Ligue 1. Le 10 janvier 1998, plus exactement, lors d'un déplacement à Metz.
Ce jour-là, Éli Kroupi père foule la pelouse de Saint-Symphorien pendant une petite demi-heure, sans parvenir à trouver les filets et éviter la défaite aux Rouge et Noir (0-1). Pas de quoi non plus lui permettre d'enchaîner en championnat, puisqu'il doit attendre la dernière journée contre Toulouse (1-0) pour retrouver du temps de jeu avec les pros. Outre deux apparitions en Coupe de France ce même hiver, Éli Kroupi n'a plus l'occasion de reporter le maillot rennais.
Barré par un quota de joueurs étrangers déjà trop important, le puissant avant-centre ne dispute aucune minute lors de la première partie de saison suivante, avant d'être prêté à Valence, en deuxième division, lors de la seconde. En 13 matchs, il retrouve du temps de jeu conséquent, enchaîne et inscrit 3 buts. Suffisant pour convaincre le Stade Rennais de le conserver ? La réponse est non. Mais le jeune joueur ne va pas rester bien longtemps sans club. Il ne va même pas quitter sa Bretagne adoptive, repéré lors d’un tournoi des centres de formation dans le Morbihan par un certain Christian Gourcuff, alors entraîneur du FC Lorient. Banco. Désiré, Éli Kroupi s'apprête à totalement s'épanouir chez les Merlus. Et à connaître ses premiers succès footballistiques, surtout.
De son arrivée en 1999 à son départ en janvier 2004, l'attaquant ivoirien dégaine à 37 reprises (en 122 matchs toutes compétitions confondues) dont 15 fois lors de la saison 2000-2001. Artisan du retour du FCL en première division, il participe également à la glorieuse épopée en Coupe de France remportée contre Bastia en mai 2002 (1-0). Moins utilisé par la suite, il décide alors de quitter le Morbihan en plein hiver 2004 après "cinq belles saisons" : "Pour moi, c’est déjà beaucoup. En plus, tous mes copains, Darche (Darcheville) et Pascal (Feindouno) ... étaient partis. Moi aussi,je voulais connaître ça. Je suis parti pour partir", confie-t-il dans les colonnes du Télégramme. Il tente alors l'aventure à Angers, mais se blesse au ménisque après seulement deux entraînements.
Resté six mois seulement au SCO (pour 4 matchs disputés), l'ex-Lorientais tente de se relancer à l'AS Nancy Lorraine, en tant que protégé de Jacques Rousselot. Mais pas de l'entraîneur Pablo Correa, déjà aux manettes à l'époque. Ce qui n'empêche pas l'Ivoirien de gratifier le public de Marcel-Picot de son célèbre salto après avoir fait trembler les filets. Fanfaronnade que le principal concerné va regretter ...
"Malheureusement, je me suis blessé en le faisant. Moi, je n’écoutais pas mes coachs qui me disaient que c’était dangereux et que je devais faire attention pour ne pas me blesser. J’étais euphorique. On ne se rend pas compte du danger", avait-il confié auprès de So Foot. En Meurthe-et-Moselle, tout n'est pas rose mais tout n'est pas noir non plus pour le buteur. Ses relations avec le coach uruguayen sont certes toujours aussi froides, même à son retour de prêt d'Al-Wahda (Émirats arabes unis) où il se blesse gravement au genou (rupture des ligaments croisés) en 2006-2007. Mais il en profite pour garnir son armoire à trophées par un titre de champion de Ligue 2 et une Coupe de la Ligue.
Eli Kroupi préfère toutefois résilier et tenter l'aventure en Italie, à l'AC Arezzo, alors même qu'il est devenu papa d'un certain Junior à l'été 2006 ... "Ce n’est pas moi qui l’ai mis au foot, parce qu’à ce moment-là, j’évoluais en Italie. Il a fait ses premiers pas avec ma femme, Sandrine, qui l’a vraiment accompagné", racontait le patriarche auprès de Ouest-France. Pendant que le futur meilleur buteur et joueur de Ligue 2 effectue ses premiers pas balle au pied, Éli Kroupi père tombe dans un traquenard en Toscane.
Pensionnaire de Serie B, le club transalpin est finalement rétrogradé en Serie C pour malversations. Loin de sa famille, l'ancien Nancéien ne parvient pas à s'adapter à sa nouvelle vie et jette l'éponge. Commence alors un tour du monde : censé signer à Brest, l'attaquant change de cap pour la Grèce, puis Nîmes et les Émirats. Autant d'expériences durant lesquelles l'enfant de Sassandra, quelques brèves sélections avec les Éléphants à son actif, ne parvient jamais à s'épanouir. Alors c'est acté : après avoir traversé 10 clubs, il termine sa carrière en Bretagne, auprès de sa famille, sous les couleurs de la GSI Pontivy.
L'occasion pour lui d'entamer, dans la foulée de sa retraite, une modeste carrière d'entraîneur dans les divisions départementales et régionales. Et de papa poule, aussi. Car le père s'attèle à ce que l'enfant prodigue ne fasse pas les mêmes erreurs que lui et garde les pieds sur terre. "Je veux l’accompagner, me servir de mes erreurs du passé, aussi, pour ne pas qu’il les commette. (...) D’autres gamins n’ont pas cette chance. Je connais le métier, les pièges qu’il peut y avoir : les sollicitations, les réseaux sociaux", prévenait-il, déjà, en juin 2021 (Ouest-France). Pour sûr que le discours n'a pas changé quatre ans plus tard. Bien au contraire. S'il s'estime "moins technique" et "moins tueur" que son fils, Éli Kroupi père peut donc garantir une chose à Éli Kroupi Junior : une précieuse expérience, qui lui servira forcément ces prochaines années. En Angleterre ou ailleurs.
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