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·14 June 2024

Faut-il aussi dissoudre la LFP ?

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« Au voleur ! Au voleur ! A l’assassin ! Au meurtrier ! Justice, juste ciel ! Je suis perdu, je suis assassiné ; on m’a coupé la gorge : on m’a dérobé mon argent. Qui peut-ce être ? Qu’est-il devenu ? Où est-il ? Où se cache-t-il ? Que ferai-je pour le trouver ? Où courir ? Où ne pas courir ? N’est-il point là ? N’est-il point ici ? Qui est-ce ? Arrête. Rends-moi mon argent, coquin… »

Tel Harpagon, voilà plusieurs mois que Vincent Labrune s’agite à la recherche de son milliard. Mais à la différence de l’Avare de Molière, personne n’a volé sa cassette : le Président de la LFP s’est simplement fourvoyé, a vendu du rêve à des présidents de clubs crédules et se retrouve aujourd’hui au pied du mur. A deux mois de la reprise du championnat de France, la Ligue 1 n’a toujours pas de diffuseur. L’accord combinant beIN Sports et Canal+ semble aujourd’hui au point mort et la création d’une chaîne ouverte à tous les opérateurs est très incertaine. La Ligue 1 redémarrera le 16 août prochain, mais l’incertitude est totale. Les supporters ne savent pas sur quelles chaînes ils pourront regarder le feuilleton du Championnat de France et les clubs sur quels montants de droits télévisuels ils pourront compter pour faire leurs budgets et conclure des transferts.


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Les droits audiovisuels et internationaux pour la L1 et L2 ont rapporté la saison dernière 734,5 millions d’euros bruts. Pour 2024/25, un montant de 500 millions d’euros pour les droits domestiques est désormais évoqué (auxquels pourraient s’ajouter 150 millions d’euros pour les droits internationaux). Il faudra également tenir compte du prélèvement de CVC Capital Partners : normalement de 13%, il sera porté à 20% la saison prochaine pour compenser les deux exercices précédents où la société d’investissement n’a rien empoché selon l’accord initial avec la LFP. C’est donc une baisse de 30% des recettes TV qui se profile : les perspectives s’annoncent sombres pour les clubs français.

Certains clubs ont déjà commencé à réagir. Le président du RC Lens, Joseph ­Oughourlian, a ainsi annoncé une réduction drastique de la masse salariale du club. Le club nordiste a mis en vente plusieurs joueurs, dont Elye Wahi, la recrue phare de l’année dernière : il espère récupérer 100 millions d’euros lors du mercato estival.

Quid de l’AS Monaco ? Le club Rouge et Blanc est sans doute mieux loti : compte tenu de la faiblesse des revenus générés par la billetterie, les droits TV sont certes un élément essentiel du budget du club, mais la récente qualification directe en Ligue des Champions lui assure de toucher au moins 35 millions d’euros. Pour le reste, comme pour les autres clubs, le flou est total. Par ailleurs, les mouvements à venir dans l’actionnariat du club monégasque ne sont pas non plus propices à l’amélioration de la visibilité.

Le football français se prépare à traverser une zone de turbulence qui pourrait durer : la baisse des droits TV va creuser l’écart entre le club de la capitale bénéficiant de fonds quasi-illimités, et les autres clubs. Le maigre suspens va encore davantage se réduire et l’intérêt sportif se cantonner aux places d’honneur. Les droits TV risquent alors d’entrer dans une phase baissière difficile à inverser. A l’AS Monaco d’être très malin dans son recrutement et de s’appuyer sur son centre de formation : même dans la vraie vie, il arrive parfois que David renverse Goliath. Quant à la LFP, « on ne résout pas les problèmes avec ceux qui les ont créés » (Albert Einstein).

Photo : Hugo Pfeiffer – Icon Sport

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