Il faudra bien aligner des milieux de métier | OneFootball

Quand la victoire vous fuit depuis presque sept mois, elle est forcément belle au moment où elle fait son retour. Lundi, nous étions nombreuses et nombreux à savourer celle acquise au Mans, surtout au terme d’un scénario pareil. Alors, « l’important, c’est les trois points », d’accord, mais n’y a-t-il réellement que cela à retenir de ce déplacement dans la Sarthe, et, plus largement, de ces deux premiers matchs de championnat ?

À tête reposée, la réponse est non, bien évidemment. En effet, en dépit de la satisfaction de goûter à nouveau au succès, certains manques ne peuvent être passés sous silence. En premier lieu, cette composition à sept défenseurs pour aucun milieu pose question. Certes, Khalil Fayad est, comme trop souvent d’ailleurs, sur le flanc. Certes, Joris Chotard est plus que jamais en salle d’embarquement à Fréjorgues, pour l’une ou l’autre destination. Certes, Everson Junior vient à peine d’accoster en provenance de l’Île de Beauté. Certes, Nicolas Pays fut à la peine contre le Red Star. Certes, Téji Savanier reste en instance de départ et ne figure visiblement pas dans les plans de Zoumana Camara. Certes enfin, le mercato estival n’est pas encore clos et une arrivée est encore possible.

Néanmoins, lorsque les circonstances l’exigent, il peut être bienvenu de faire preuve de pragmatisme. Alors d’accord, le résultat donne raison à notre entraîneur. Mais il s’en est fallu d’un cheveu pour que nous repartions frustrés de ce déplacement chez un adversaire au football pourtant très limité, c’est le moins qu’on puisse dire. Car à empiler les défenseurs derrière et au centre du terrain (Laporte, Jullien, El Hannach, Tchato, Sainte-Luce, Omeragic, Mouanga et Mincarelli ont joué hier), dans un 3-4-3 ou 5-2-3 selon les phases de jeu, le MHSC a peiné au milieu.

Bećir Omeragić et Yaël Mouanga ont fait de leur mieux lundi soir au Mans

Peiné, premièrement, à servir correctement ses trois joueurs offensifs, bien isolés et qui ont fait preuve de courage. En effet, mention spéciale à nos attaquants hier, qui ont vu des milieux et des latéraux jouer en retrait un nombre sidérant de fois, parfois même lorsque nous nous trouvions près d’un poteau de corner adverse. À Alexandre Mendy, jamais servi dans la surface, son territoire, et pourtant décisif deux fois, d’abord pour sa remise en une touche pour Tchato sur l’ouverture du score, puis sur le gong grâce à une percée lors de laquelle il a endossé pour quelques secondes le costume d’Olivier Giroud contre Lille, servant Junior « Ait Fana » Ndiaye au bout de l’effort et du temps additionnel. À Nathanaël Mbuku, à l’initiative de cette dernière action, mais souvent obligé de décrocher pour toucher quelques maigres ballons et en difficulté car en manque d’automatismes avec un Tchato encore emprunté malgré sa remarquable passe décisive. À Tanguy Coulibaly enfin, précieux par son but à la finition très nette, jamais avare d’efforts défensifs et toujours impliqué, bien que concerné par un possible départ.

Peiné, deuxièmement, sur le plan technique. Que d’erreurs ! De contrôles manqués, de passes trop longues pour personne, de balles perdues ! Il nous a cruellement manqué quelqu’un pour poser le pied sur le ballon, aiguiller l’équipe dans son jeu vers l’avant et lui permettre une meilleure gestion des temps forts et faibles, de la pression en fin de match. Zoumana Camara nous a expliqué en zone mixte au micro du diffuseur qu’un traumatisme tel que celui de la saison dernière ne se soignait pas en quelques semaines, et c’est sans doute vrai. Toutefois, lorsqu’il a tenté un parallèle audacieux avec un match de coupe, où le MHSC aurait revêtu la tunique de l’équipe en méforme se déplaçant chez l’équipe en pleine bourre, le message a eu un peu plus de mal à passer. En face, l’ogre en question s’appelait Le Mans, récemment pensionnaire de National, qui, comme dit plus haut, a proposé un football pour le moins rudimentaire, lui permettant malgré tout de devancer le MHSC dans la possession (54/46), dans les duels gagnés (52/48) et dans le pourcentage de passes réussies (80/74).

Dès lors, à l’heure de jeu, quand les crampes ont commencé à faire souffrir les Pailladins, pourquoi ne pas tenter de faire entrer un Pays ou un Savanier, seuls joueurs à ce jour capables de tenir un minimum la balle au milieu, d’obtenir des fautes, de casser la dynamique de l’adversaire, de mettre sa patience à l’épreuve ? Pas que je sois personnellement un fervent défenseur de Téji, dont je pense que les attitudes de la saison passée ont laissé une trace indélébile et dont l’aventure au club doit prendre fin, mais une fois encore, il s’agit ici de pragmatisme à l’instant T. Bećir Omeragić et Yaël Mouanga, comme à leur habitude, ont montré de la volonté, le Suisse naturellement un ton bien au-dessus, le jeune Franco-Congolais commettant une grossière erreur de relance qui a permis l’égalisation mancelle, suite à une tête en retrait elle-même hasardeuse d’Everson, qui a d’ailleurs quelque peu entaché ses premières minutes sous les couleurs de Montpellier.

Crédits IconSport

Ce que ce fouillis des trente dernières minutes et en particulier du temps additionnel a révélé, plutôt que des manquements individuels, c’est surtout une incapacité à conserver le ballon et notre calme dans l’entrejeu. Rien de tel pour prendre un but égalisateur que d’entasser les éléments défensifs et de reculer. Si Michel Der Zakarian avait fait les mêmes choix, tant au coup d’envoi qu’au moment de procéder à des remplacements, nombreux auraient été ses détracteurs, à juste titre. Il faut donc être objectif et le souligner également lorsque c’est Papus à la baguette, quand bien même le résultat s’avère positif.

La leçon à retenir, c’est que si c’est presque miraculeusement passé face à une équipe du Mans un peu naïve et déconcentrée après son égalisation, cela sera beaucoup plus compliqué à réitérer face à des équipes ambitieuses, avec de meilleurs finisseurs et des milieux de terrain capables de faire un pressing coordonné. Alors, ces trois points font un bien fou, ne serait-ce que pour se rappeler quel effet ça fait, et cette équipe du MHSC a fait preuve d’un gros mental, ce qui là aussi est une nouveauté appréciable. Mais dans le cœur du jeu, le chantier reste important.

Oui, ça paraît presque bête à écrire, mais au milieu de terrain, il faudra faire jouer des milieux de terrain.