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·1. Juli 2025
Girondins. Jérémy Grain : "Ne pas monter avec cet effectif est une faute professionnelle"

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·1. Juli 2025
Dans un entretien sans filtre accordé à WebGirondins, Jérémy Grain (30 ans), ancien milieu des Girondins de Bordeaux, a levé le voile sur les coulisses du club la saison dernière. Le joueur, aujourd'hui au FC Chauray, n’a pas mâché ses mots : « Ne pas monter avec cet effectif est une faute professionnelle ». Il s'exprime sur son plaisir de porter le maillot au scapulaire, sur la gestion de l'effectif, avec un mot sur sa carrière et le mercato bordelais.
Formé aux Chamois Niortais, Jérémy Grain a joué à Boulogne, Sedan, Virton (Belgique), Lyon Duchère, FC Rouen, Le Puy, Trélissac, Bastia-Borgo, et les Girondins. Il a 73 matchs de N1 à son actif, et a connu deux montées avec le Puy et Virton. Il vient de signer avec le FC Chauray, promu en National 2.Entretien a écouter en podcast ou à lire :
WebGirondins : Jérémy, quand on regarde ton parcours, on voit que tu as bourlingué dans le football
Jérémy Grain : Un peu trop peut-être, ça fait beaucoup (rire). Il faut s’adapter, c’est particulier, car j’ai été père de famille très tôt. Mon seul regret est d'avoir fait autant de clubs sans me stabiliser. Mais je ne pouvais pas refuser certaines opportunités. J'ai appris, et j‘ai été bien épaulé dans les moments difficiles. Jouer aux Girondins, c'était impossible de me l’imaginer. Quand je suis rentré sur le terrain face aux Voltigeurs au Matmut, j’ai eu des frissons derrière les oreilles.
Que retiens-tu de ton passage aux Girondins de Bordeaux
C'est exceptionnel pour moi de pouvoir jouer dans le club que je supporte depuis tout petit. C'est extraordinaire. C'est Erwan Lannuzel qui m'a fait venir à Bordeaux. Il ne m'a pas menti. Si c'était lui le coach de N2, j'étais dans son groupe. À ce moment-là, on ne sait pas qui sera l'entraîneur de la N2. Si un autre coach arrivait, j'étais avec Erwan en N3. Si le nouveau coach me voulait, j'irais jouer en haut. Malheureusement, ce n'est pas ce qu'il s'est passé, et je suis déçu.
Il n'y a qu'à Bordeaux que tu joues aussi bas en N3, car, dans tes autres clubs, tu as joué soit en L2, N1 ou N2.
Le niveau National, National 2, je le connais parfaitement. Je l'ai fait en long, en large et en travers. On m'a dit ici que j'étais un joueur de N3. Je l'ai un peu mal pris. C'est comme ça.
Qui te dis ça ?
On ne me le dit pas en face-à-face justement, c'est le problème. Je l'apprends par quelqu'un d'autre. La communication n'a pas été top, c'est ce qui a fait défaut cette année. Ça manque de communication. Je regarde assez souvent vos émissions, vos débriefs, et analyses (sur WebGirondins). Tout ce que vous dites et ce que vous touchez du doigt c'est la vérité. Les gens (au club) disent ce que les supporters veulent entendre, mais à l'intérieur, ce n'est pas du tout comme ça.
Comment as-tu pris d'être relégué en réserve ?
Erwan ne m'a pas menti au début, je savais pourquoi j'étais là, donc j'avais à cœur de remplir l'objectif d'Erwan Lannuzel en National 3. Je l'ai fait aussi pour ce club que je supporte depuis tout petit. Même porter le maillot en R1 et en DH, je l'aurai fait. Je pense que j'aurai beaucoup apporté à l'équipe en jouant en National 2. Je ne l'ai pas assez montré, et le coach n'a pas aimé mon profil. Il s'est servi de moi au début, car il n'avait pas le choix, aussi, car j'avais une certaine expérience. Ensuite je me blesse et on ne m'a plus revu.
Quand je fais des performances satisfaisantes en N3 et que les remplaçants de N2 vont s'entraîner avec la N2, ça m'a un peu affecté. J'ai 30 ans, et de l'expérience, 5-6 ans en arrière, je serai allé à la confrontation avec Bruno (Irlès) et la direction. J'ai du mal à accepter que cela ne soit pas juste. Si tu es bon, tu joues. Bien sûr il y a des statuts avec la grille des salaires. On l'a tous vu. Même des joueurs de 20 ans gagnent plus que moi, je faisais partie des plus bas salaires. Je ne suis pas venu pour l'argent, mais pour le maillot.
Comment as-tu trouvé la gestion du club, comparativement à ce que tu as connu ailleurs ?
J'ai rencontré Gérard Lopez (propriétaire, président du FCGB) lors du premier match de championnat à domicile face aux Voltigeurs de Châteaubriant. Son discours était cohérent. Il nous a dit de bonnes choses. Arnaud De Carli (Vice-président) est top, rien à dire. J'ai découvert Bordeaux de l'intérieur, je n'ai connu que du bien. Je n'ai pas vu de mauvaise gestion. Le seul point négatif que je retiens de mon passage c'est la gestion du groupe N2 par l'entraîneur.
As-tu eu des échanges avec le directeur sportif John Williams ?
Non, ne n’en ai pas eu. Après mes premiers matchs, j’ai su qu’ils étaient contents de mes prestations. Mais après avoir été catégorisé joueur de N3, je n’en ai pas eu. Rien que dans le choix des numéros de joueurs, je n’avais pas de numéro, je n'étais pas dans la liste des 30 joueurs. Je me suis dit, c’est mort, jamais je ne vais rejouer. J’avais compris. Je n’ai eu aucune communication de John Williams. Arnaud De Carli a essayé de m'aider.
Tu devais avoir envie de régaler Andy Carroll avec ta qualité de passe
Je n'ai pas arrêté de le dire, Andy j’aurai pu lui mettre 3-4 passes décisives de plus. Soufiane Bahassa a un profil plus percutant que moi. Le coach voulait des joueurs qui percutent plus que moi. J’aime le jeu en une touche, dans les petits espaces, et j’apprécie régaler les attaquants. J’aime être au cœur du jeu et avoir de l'activité pour toucher beaucoup de ballons. M’envoyer dans la profondeur, comme le souhaite Dado et Bruno, ce n’est pas ma qualité première. Ils aiment les joueurs qui courent en profondeur.
As-tu senti que le coach de la N2 mettait tout en œuvre pour réussir l’objectif montée en N2 et maintien en N3 ?
Sur la fin, ils auraient pu nous donner 2-3 joueurs supplémentaires pour nous aider à nous sauver (en N3). Ils ne l’ont pas fait, c’est égoïste. Ils ont tout donné pour monter en N1. La série de 5 matchs sans défaite ne les a pas aidés. La gestion du vestiaire n’a pas été bonne. Ne pas monter avec l’effectif que nous vivons est une faute professionnelle. En étant à l'intérieur, avec cet effectif, on doit monter tous les jours.
Qu’est-ce qui a cassé le vestiaire, son entente avec l'entraîneur ? Est-ce le recrutement de Beugré ?
Le recrutement de joueurs cet hiver a provoqué une cassure avec certains cadres de l'équipe. L’erreur est d’avoir amené des joueurs à la trêve, car l’équipe tournait bien. Andy s’est blessé et ils ont voulu quelque chose de nouveau. Si on était restait comme au début d'année, où nous étions soudés, tous ensemble… Le coach a voulu faire deux groupes distincts (N2-N3), et il y a eu une cassure entre des joueurs. Ça crée des tensions comme dans beaucoup de vestiaires.
On trouve Diallo et Mutyaba inadaptés au championnat N2, qu’en penses-tu ?
Pour m’être entrainé avec lui, Travis Mutyaba est pour moi le joueur qui a le plus de talent dans l’effectif. Déjà, les adversaires sont 10 fois plus motivés face aux Girondins de Bordeaux. Or, ce type de joueurs a l’habitude de jouer sur des galettes et pas sur des terrains bosselés comme à Châteaubriant. De plus, l’adversité en N2 est différente, tu n'as pas le temps de te retourner, tu n’as pas d’espace et on te sort dessus. Ce type de profil a besoin d'espace pour s’exprimer comme en N1 ou L2. La on n’a pas le temps en N2, c’est du pressing tout terrain pour étouffer l’équipe adverse. Certains joueurs n’ont pas la capacité pour ce genre de jeu.
Es-tu optimiste pour l’avenir des Girondins de Bordeaux ?
Oui. Je pense que le club va se relever. Cette année, je pense qu’il s’est préparé discrètement, en sous-marin pour faire une grosse équipe. J’ai hâte de les jouer avec le FC Chauray.Quel est l'objectif de Chauray cette saison ?
C’est un club familliale, de campagne. C’est la première année en N2 pour ce club qui découvre ce niveau. Ce sera intéressant. J'espère faire une saison complète avec Chauray pour me mettre en lumière. On va jouer le maintien et s’accrocher. J'espère revoir les Bordelais au Matmut. Ce serait énorme pour moi. Si je marque, je ne célèbre pas, c’est une certitude.Nicolas Pietrelli avec l'équipe du Talk : Samuel Vaslin, Djino Forté et Jonathan d'Agostino.
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