Annecy – Amiens SC : « Je n’ai pas compris le projet de jeu d’Omar Daf » | OneFootball

Entraîneur du club d’Hautvillers-Ouville et polémiste de l’émission La Tribune de France Bleu Picardie, Bruno Paris délivre son décryptage tout au long de la saison dans la chronique intitulée le décryptage. Ce lundi, il est question de la lourde défaite de l’Amiens SC à Annecy (3-0), vendredi dernier.

Bruno, comme beaucoup, on imagine que vous êtes tombé de haut vendredi soir…

Bien sûr ! Tout le monde pensait qu’il y avait une certaine sérénité au sein du groupe, avec deux belles victoires sur les trois premiers matches. Le match à Bastia n’était pas forcément catastrophique non plus. A Annecy, la réalité a repris le dessus. Les années passent, mais les désillusions à Annecy se suivent. Et pourtant, ce n’est pas faute d’avoir été prévenus. Nous savions tous que cette équipe allait nous rentrer dedans. Pourtant, on a été totalement absents. C’est un match extrêmement décevant. Et, pour une fois, je ne vais pas soutenir Omar Daf.

Pour quelles raisons ?

Quand tu as perdu 3-0, tu ne parles pas de tes rares occasions loupées. Ce n’est pas la première fois qu’il le fait, mais ce n’est pas audible. Il dit avoir voulu poser le jeu, il affirme avoir eu des occasions et qu’il ne les a pas mises. Quand tu as perdu 3-0 et que tu t’en sors bien en première mi-temps, tu acceptes ta défaite, la leçon de réalisme et tu retournes simplement au travail. Limite, quand tu l’écoutes, tu as l’impression qu’Amiens pouvait gagner 4-3. Ce n’est pas ce que nous avons vu. Je suis en opposition avec son analyse du match. Il faut avouer qu’Annecy en voulait plus et que ça peut déjà chiffrer en première mi-temps au regard de leurs occasions franches. Perdre 3-0, ce n’est pas n’importe quoi. C’est un match que j’ai très mal vécu.

Qu’avez-vous pensé de son orientation de jeu, avec cette volonté assumée de ressortir de derrière alors qu’Amiens peinant à s’extraire du pressing adverse ?

Démarrer avec (Frank) Boya et (Andy) Carroll devant, je n’ai pas compris déjà. C’est une manière de ralentir le jeu de les aligner ensemble, alors qu’on peut mettre de la vitesse sur les côtés. Finalement, on a vu que (Nordine) Kandil, alors que c’était son premier match. Le reste de l’équipe, c’était d’une tristesse à pleurer. On attendait quoi de Boya ? Qu’il organise le jeu ? Il y a quelque chose qui ne va pas, d’autant que son impact aurait pu faire du bien, plus bas, pour répondre au combat physique imposé par Annecy. L’Anglais, on le met en espérant qu’il se fasse remarquer pour qu’il parte à la trêve ? Sur ses qualités du moment, il ne doit jamais être titularisé. Alors, il y a la non-titularisation de Louis Mafouta qui peut se comprendre, mais où sont passés les gamins qui ont démarré le match contre Lorient ? Il y a eu un terrible manque de mouvement et de vivacité pour réellement inquiéter cette équipe d’Annecy. Je n’ai toujours pas compris le projet de jeu d’Omar Daf. La stratégie adoptée n’était pas la bonne, elle a vite été déjouée par l’adversaire.

Résultat des courses, l’Amiens SC a encore confirmé qu’il était capable du meilleur contre les gros et du pire contre les adversaires prétendument à sa portée. Comment l’expliquez-vous ?

Omar Daf a eu beau dire que la trêve était arrivée au bon moment, finalement elle a cassé les pattes de l’Amiens SC. A chaque fois qu’il y a un retour de trêve internationale, cette équipe n’est pas dans le coup à la reprise. Il y a un vrai souci pour aborder ce genre de match, en retombant à chaque fois dans ses travers. Comment peut-on perdre toutes les vertus affichées contre Lorient en l’espace de quinze jours ? On peut parler des internationaux, qui n’ont pas pu démarrer la rencontre. Ça se comprend, mais ce n’est pas ce qui explique le positionnement de Frank Boya sur ce match. Dans cette configuration de match, Amiens a tout simplement été dépassé par une équipe qui a imposé ses qualités. Malheureusement, sans un changement d’état d’esprit, il y aura encore des défaites de ce genre tout au long de la saison.

Propos recueillis par Romain PECHON

Crédits photo : Daniel Derajinski/Icon Sport