Vinicius Jr : la phase d’après démarre, mais la lutte contre le racisme continue | OneFootball

Cela faisait plusieurs jours que nous voulions revenir sur les événements autour du dernier derbi et de Vinicius Jr. Différentes circonstances ont fait que nous avions prévu de commencer à rédiger cet éditorial ce samedi 12 octobre au soir, et là, comme par hasard, dans le stade de l’Atlético de Madrid, à cet instant précis où nous allions démarrer l’écriture, s’est produit – une nouvelle fois – l’irrémissible. Brawks, YouTubeur français, joueur d’un instant pour le match des streameurs Espagne-France, a été victime d’un acte raciste de la part d’une personne dans le public.

Dans ce match qui n’avait que pour but de divertir et rassembler, voilà que ce qui se fait de pire sur les terrains espagnols se reproduit. Koko, l’un des YouTubeurs côté espagnol, crie et insulte celui qui est à l’origine d’un signe de singe, avant de fondre en larmes dans les bras de l’arbitre. De la peine entre en nous tous quand on voit sa réaction… Malheureusement pour lui, les réseaux sociaux, et notamment X, vont beaucoup trop vite.

Quelques secondes plus tard, sur X donc, une vidéo datant de plusieurs mois ressort du placard d’un twittos. Koko explique être en désaccord avec Vinicius Jr. sur sa lutte contre le racisme, venant jusqu’à affirmer qu’il fait plus de mal à sa « communauté » qu’autre chose et que le Brésilien est un « gilipollas » (un connard).

Voilà le souci en Espagne – comme dans d’autres pays. La victime est pointée du doigt comme étant l’agresseur quand il s’agit de racisme. Vinicius Jr. a le mérite d’avoir commencé ce combat dans un pays arriéré sur ce sujet-là. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cela semble avoir de plus en plus d’effet, malgré les idioties que l’on peut continuer de voir même durant une rencontre de streameurs. Car oui, le sujet de cet article devait mettre en exergue le fait que le derbi du mois dernier a été, est et sera le catalyseur de cette affaire.

Pourquoi ? Tout simplement parce que les instances semblent avoir pris le coeur du problème au pied de la lettre. Avant la rencontre, deux ultras appelant sur les réseaux sociaux à réaliser des actes racistes envers Vinicius Jr ont été interpellés et interdits de stade par les autorités espagnoles. Le premier pas.

Affaire Vinicius Jr : l’impunité est terminée

Durant la rencontre, et ce, pour la première fois dans l’histoire d’un match de football espagnol entre le Real Madrid et une autre équipe, l’arbitre a géré les fautes que subissait le Brésilien à la perfection. Ce dernier n’est pas sorti de son match et a été « protégé » des agresseurs/provocateurs. Ce n’est pas trop tôt, dirons nous. Résultat, Vinicius Jr. était bien plus focus et n’a jamais protesté contre l’arbitre. Car, il faut le rappeler, si ce dernier proteste, c’est avant tout parce qu’il estime ne pas être protégé. Un autre pas de fait. Un gigantesque d’ailleurs au regard du syndrome anti-Vinicius Jr. existant dans l’arbitrage espagnol.

Enfin, dernier point, le post sur Instagram du photographe professionnel Jordan Bajo dénonçant des insultes racistes de quelques centaines de supporters de l’Atlético à l’encontre du 7 madridista. Un post qui a été repris, retweeté, partagé, mis en avant par des millions de personnes, jusqu’à arriver aux oreilles des autorités espagnoles, qui ont ouvert une enquête dans l’heure qui a suivi. Jamais ces dernières n’avaient été aussi réactives. Le troisième pas vers la lutte contre cette gangrène qui touche toutes les strates du football espagnol.

Capture d’écran de la story Instagram du photographe français Jordan Bajo, ayant assisté au dernier derbi Atlético – Real Madrid le 29 septembre 2024.

Peut-être que l’interview de Vini pour CNN a également eu son petit effet, malgré les différentes critiques et menaces perçues par certains politiciens espagnols. Néanmoins, la réactivité dont ont fait preuve les autorités et le professionnalisme de monsieur Mateo Busquets Ferrer (arbitre du derbi) prouvent que nous sommes enfin entrés dans l’après. L’Espagne politique semble avoir enfin compris qu’il fallait réagir face aux problèmes. Alors, est-ce les menaces de potentiellement perdre le Mondial 2030 qui ont provoqué cela ? La question mérite de se poser, car on ne comprend toujours pas comment un pays comme l’Espagne a autant tardé avant de commencer à agir. Et si la raison de cette réaction est celle-ci, forcément, cela est mauvais. Mais, dans le doute, applaudissons la riposte, tant tardive soit-elle.

Par contre, dénonçons ces clubs qui continuent d’affirmer que leur public n’est pas raciste (l’Atlético de Madrid, entre autres). Pointons du doigt ceux qui menacent en privé les acteurs de cette lutte, comme Jordan Bajo, qui a reçu une centaine de menaces de la part de supporters de l’Atlético de Madrid. Continuons à dire que dans ce stade, comme dans d’autres en Espagne, une ambiance malsaine peut s’installer lorsque des centaines de gens commencent à entonner des cris de singe vers un joueur de football. Saluons aussi la réaction des joueurs français ce samedi soir face à ce raciste identifié. Et demandons à ce fameux Koko s’il tient toujours les mêmes propos envers Vinicius Jr.

Car oui, Koko est aussi un problème dans le problème. Celui d’un homme se laissant prendre par ses émotions de supporters pour ne pas s’allier avec un joueur menant un combat digne, tout simplement parce qu’il porte le maillot du Real Madrid. Ce soir, le problème qu’il faisait semblant d’ignorer s’est retourné contre lui. Comme quoi, la vie vous gifle et vous remet toujours dans le droit chemin à un moment ou à un autre. À bon entendeur.

Le combat de Vinicius Jr, lui, est loin d’être terminé. La phase de «l’après» a démarré, certes, mais il reste toujours autant d’abrutis dans les stades espagnols. La lutte continue.

Pablo Gallego.