Olympique-et-Lyonnais
·24 de setembro de 2024
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·24 de setembro de 2024
Lundi encore, Pierre Sage avait du mal à expliquer comment l'OL avait pu perdre cet "improbable" rencontre face à Marseille dimanche (2-3). Il faut dire qu'il n'est pas le seul, tant le scénario (un adversaire à 10, un penalty, une égalisation dans le temps additionnel) a laissé tout le monde K.O du côté de Décines. Les Phocéens faisaient la fête, les Lyonnais avaient la gueule de bois, et en cette fin du mois de septembre, c'est comme si tout ce qui avait été écrit depuis neuf mois et la folle remontée de l'exercice 2023-2024 n'existait plus.
Le football est un sport avec peu de place pour la nostalgie et le passé. Des matchs chaque week-end nous font oublier ce qu'on a fait de bien auparavant, et Sage, même s'il n'est pas un nouveau venu dans ce milieu, subi de plein fouet ce que vivent de nombreux entraîneurs. La période qu'il traverse en ce début de championnat est possiblement la plus compliquée, ce qui est paradoxal puisqu'il a pris les rênes d'une formation classée dernière sans aucune expérience préalable. Sauf qu'il n'avait rien à perdre à ce moment-là, ce qui n'est plus le cas désormais.
Le coach de 45 ans n'est pas encore menacé, ayant tout de même pour lui les restes des résultats de l'an dernier et une belle cote auprès de John Textor, dont la patience n'est pas une grande qualité. Mais il connaît ses premières secousses après cinq journées durant lesquelles le club rhodanien a pris seulement quatre points. Les prochaines sorties, notamment les deux à venir, jeudi face à l'Olympiakos en Ligue Europa et dimanche à Toulouse, seront cruciales.
Pierre Sage va devoir s'affirmer, trancher certainement, et viser juste dans ses choix. "L'année dernière, on l'a laissé faire des tests car il arrivait. Aujourd'hui, avec l'expérience engrangée, il doit apporter un cadre plus complet. Mais on ne voit pas ça actuellement. On ne retrouve pas sa patte. Après, l'équipe est déséquilibrée au niveau des profils, il n'y a pas de cadre à chaque poste, a nuancé Enzo Reale dans Tant qu'il y aura des Gones. Il faut donc bricoler chaque semaine et rien ne se dégage."
Faire plus aussi, avoir plus d'allant. C'est en substance le message passé par Rayan Cherki après le revers contre l'OM. "C’est une honte, ils sont à dix depuis la 5e minute, ça fait des années et des années qu’on mène à la maison et qu’on ne fait que reculer [...] Si on veut être une grande équipe, quand on est devant, il faut enterrer les adversaires qui viennent ici. Il faut savoir en mettre un, deux, trois, quatre ou cinq, a clamé le milieu offensif au micro du diffuseur. Quand on voit toutes les occasions, ça doit finir à 3 ou 4-0, surtout en supériorité numérique."
Lors de ses premiers mois à la tête de l'OL, le Jurassien était parvenu à tirer la quintessence de joueurs pourtant marqués par la spirale négative qu'ils vivaient. Or, on a l'impression que ce n'est plus le cas. On remarque aussi qu'il ne prend pas (ou plus) suffisamment de risques, surtout dans sa micro-tactique en cours de partie. "Parfois, ça doit être sur un coup de tête. J'ai une idée, je le fais, quitte à sortir n'importe qui. J'impose mes idées. Alors que là, on a l'impression qu'il a prévu à la 60e de faire le changement pour faire plaisir à l'un ou à l'autre", a observé Enzo Reale.
Bien évidemment, l'ancien directeur du centre de formation a des circonstances atténuantes, à l'image d'un mercato dont on attend de voir les effets, et qui est de toute façon incomplet. "Le directeur sportif (David Friio, NDLR) a été mis à pied, ce n'était pas l'entente parfaite entre les deux, donc comment tu veux bâtir un effectif dans ces conditions. Il fait avec ce qu'il a, et si son plan, c'est un jeu de possession, alors il n'a pas les éléments pour, donc il déjoue lui aussi, a reconnu le footballeur du Goal FC et consultant de TKYDG. Il fait avec les armes du moment, en essayant de mettre en place un pressing haut. L'Olympique lyonnais se procure des occasions, mais uniquement sur des pertes de balle adverse."
Le manque de réussite, criant contre Marseille, est un facteur à prendre en compte, à l'image d'Alexandre Lacazette, dont la seule bonne performance était face à Strasbourg (4-3) et de Georges Mikautadze, lui aussi à la recherche de son premier but de la saison. Un tout autre résultat aurait en effet semblé bien plus juste et logique à la lecture de la confrontation, surtout si les deux attaquants avaient converti leurs occasions. Les erreurs défensives individuelles également lui sont difficilement imputables. On en recense au moins quatre déjà, sur les onze réalisations concédées. Pour stopper l'hémorragie, l'entraîneur a basculé vers plus d'équilibre, quitte à sacrifier le grain de folie nécessaire pour faire basculer le rapport de forces en sa faveur.
Alors pour poursuivre sa mission à l'OL, Sage, qui a prolongé cet été pour deux ans après l'obtention de son BEPF, devra se retrousser les manches, rapidement trouver les bons rouages pour faire tourner l'équipe et ainsi ne pas perdre ses joueurs. Car c'est souvent à cette période, aux prémisses des complications, que se joue l'avenir d'un coach. "C'est ton caractère, comment tu veux être vis-à-vis du groupe. Je pense qu'il vaut mieux se faire virer avec ses propres idées, plutôt que de partir après avoir écouté les conseils à droite et à gauche. Il devrait plus se faire confiance, il n'est pas arrivé là par hasard, a rappelé Enzo Reale. L'année passée, il a fait quelque chose que personne d'autre n'avait réussi à accomplir, donc pour moi, il a tout le crédit pour façonner l'équipe comme il l'entend lui. Il a les cartes en main."
Ne pas enterrer les progrès des dernières semaines tout en corrigeant ce qu'il peut avec les moyens à sa disposition, voilà la mission du technicien français. Ses choix seront scrutés, tout comme son attitude, ce qui nous en dira beaucoup sur ses aptitudes à perdurer sur un banc d'une formation européenne.