Ligue 2 : L'ASSE, un monument du football en péril économique ! | OneFootball

Comme chaque année, la DNCG a publié les comptes des clubs français. Avec des données brutes, il est délicat de comprendre et de tirer des conclusions. Décryptage et projection pour ce qui concerne l'ASSE.

Objectif ? Comprendre.

Relégation. Vente du Club. Gestion en bon père de famille. Des sujets et des termes qu'on peut lire depuis plusieurs années sur la gestion financière de l'ASSE.

Même si nous pouvons parfois nous désoler de ce qu'est devenu le football, analyser l'aspect financier d'un club est aujourd'hui primordial pour comprendre les décisions prises. Aucun scoop ici, une seule ambition : comprendre.

Les comptes de résultats des clubs et les bilans sont publiés à la fin de chaque saison. Nous avons collecté les informations diffusées sur les 10 dernières saisons. Chaque chiffre cité ici est publique. Il a toutefois fallu un travail de fourmis pour collecter et réunir les données sur un seul document. Il fallait ensuite comprendre et analyser cet ensemble de données.

Compte et bilan de l'ASSE

La DNCG publie pour chaque club deux documents : le compte de résultat et le bilan comptable. Si nous devions faire une métaphore simpliste, nous pourrions dire qu'il s'agit respectivement d'une photographie des comptes sur la saison (compte de résultat) et d'un film depuis la création de l'entreprise (Bilan cumulé).

Sur le compte de résultat apparaissent :

Une fois que les additions sont faites, on compare simplement les plus et les moins. Ce qui nous donne le Résultat d'opérations sans mutation. Le fameux déficit structurel.

On réintègre alors les recettes perçues lors de la vente des joueurs (idem dans le sens inverse avec les achats) et nous avons le résultat financier. C'est la base pour comprendre les comptes. Volontairement, nous n'irons pas plus loin dans les explications.

Des conclusions qui se confirment

1. La chute des Recettes

La relégation en Ligue 2 à générer de fortes pertes des recettes.

L'ASSE est parvenue à minimiser les pertes grâce aux autres produits financiers (vente de joueurs, CVC…). De quoi limiter la casse. Les recettes baissent sans chuter. 66 M€ en Ligue 1. 53 M€ après la relégation.

2. Des charges divisées par deux !

La principale dépense d'un club de football est sa Masse salariale. Avec 14 fins de contrat, l'ASSE a eu la chance de pouvoir se libérer des salaires les plus importants (Kolodziejczak, Khazri, Boudebouz, ...). De quoi réduire sa masse salariale d'environ 12 M€ sur l'année. L'ASSE disposait tout de même de la seconde masse salariale de Ligue 2. Loin du classement final des Verts (8ᵉ).

Les autres charges ont également été réduites. À commencer par les amortissements de mutations lissées sur plusieurs années. Effet direct du régime drastique des mercatos sous Claude Puel.

L'ASSE vit toujours bien au-dessus de ses moyens.

Jean-François Soucasse et son bras droit, François-Xavier Luce, ont opéré pour réduire considérablement l'ardoise. Un travail régulièrement souligné en off par Bernard Caïazzo. Toutefois, malgré une réduction des charges, celles-ci restent bien trop importantes pour un club évoluant en Ligue 2.

Trop importante si on compare avec les recettes générées par l'ASSE. Si l'ASSE fait le bonheur de BeIN Sport depuis sa relégation, les droits TV sont en chute libre pour les comptes stéphanois. Indispensable pour tous les clubs français, la perte de 27 M€ de droits TV pèse lourd !

Sauvés par CVC ?

Si les dirigeants de l'ASSE sont parvenus à digérer la relégation cette première saison, la chute de la masse salariale, la vente des joueurs et CVC ont largement contribué à ce semblant d'équilibre.

Pour rappel, l'AS Saint-Etienne a perçu plusieurs millions d'euros grâce à la vente des droits TV à l'international. Des droits achetés par CVC.

À côté de cela, une aide de la LFP est versée aux clubs relégués. De quoi clairement limiter la casse. Toutefois, on parle de revenus que l'ASSE ne retouchera pas cette saison. Quelles options pour rapprocher le budget des Verts proches de l'équilibre ? Quels leviers restent-ils ?

Pour l'heure, aucun PSE n'a été décrété du côté de l'Etrat. Si la vente des joueurs a (comme c'est le cas pour une majorité des clubs français) permis de combler l'écart entre les recettes et les dépenses, ce levier s'annonce d'ores et déjà complexe. Pas de Niels Nkounkou (vendu 10 M€ en aout dernier). Pas de Franck Honorat avec un fort % à la revente. Si la vente plausible de Lucas Gourna pourrait permettre à l'ASSE de récupérer une certaine somme, ça ne sera pas probablement pas suffisant.

Une vente indispensable

Du côté des actifs, l'effectif des Verts ne cesse de réduire ces dernières années. L'ASSE a opté pour le recrutement de joueurs confirmés dans l'optique de rapidement remonter en Ligue 1. Pour illustrer, le site transfermakt estime l'effectif stéphanois à 32,12 M€ cette saison. 66,5 M€ la saison dernière. Avant la relégation, les Verts disposaient théoriquement d'un effectif estimé à … 105 M€. Si les chiffres sont très largement contestables, ce qui ne l'est pas, c'est la chute des actifs joueurs de l'ASSE. Quels éléments du vestiaire permettraient aujourd'hui une entrée d'argent significative ? Aucun.

Selon nos dernières informations, l'ASSE devrait trouver a minima 15 millions d'euros pour présenter un prochain budget à l'équilibre devant la DNCG. Le passage devant les gendarmes financiers du football français est programmé dans les semaines à venir. Comme chaque année, l'ASSE présentera son budget. Comme chaque année, les rumeurs sur la vente s'accentuent avant cet événement. Mais, il est indéniable que l'étau se resserre autour des deux actionnaires de l'ASSE. En interne, on ne cache plus aujourd'hui qu'une vente du club est indispensable. À la lecture des comptes, on comprend pourquoi.

Nous vous évoquions en exclusivité le dossier porté par Yvan Gazidis. Confirmé par Romain Molina et Bernard Lions, il n'est toutefois pas le seul intéressé aujourd'hui. KPMG et les actionnaires de l'ASSE ont eu plusieurs ces derniers mois. Bien aidé par la situation sportive de l'équipe, de nouveaux prétendants se sont manifestés. Reste à savoir qui Roland Romeyer et Bernard Caïazzo choisiront. Pas une mince à faire tant les points de vue des deux hommes divergent sur le sujet.