Le Petit Lillois
·12 de agosto de 2025
« Les Lillois, je ne me voyais pas contre eux » : Pourquoi Eden Hazard n’a pas fait son retour au LOSC, ni jamais signé au PSG ?

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·12 de agosto de 2025
Ce vendredi, Eden Hazard était l’invité de Zack en roue libre. L’occasion pour le Belge d’exprimer de nouveau son amour pour le LOSC.
Deux semaines après son apparition sur le Tour de France, Eden Hazard retrouvait les caméras, ce vendredi. C’est chez lui, à Braine-le-Comte, que le diamant belge s’est prêté au jeu des questions de Zack Nani. Pendant près de deux heures, l’attaquant est longuement revenu sur ses années au LOSC et les liens particuliers qu’il conserve avec le club et ses supporters.
Alors que le départ de Lucas Chevalier au PSG occupe la scène médiatique, l’épisode illustre la capacité du club parisien à séduire, aujourd’hui, les pépites formées au LOSC. Mais ce n’a pas toujours été le cas. Eden Hazard, lui, a bien eu l’occasion de rejoindre Paris au cours de sa carrière… et il a décliné par fidélité mais aussi parce qu’il estimait avoir accompli un certain nombre de choses dans la Ligue des Talents : « Je suis toujours resté en bon contact avec Nasser (Al-Khelaïfi). Ma dernière année à Lille, j’étais allé voir un match au Parc. J’aimais bien. Mais j’avais pas envie de repartir en Ligue 1, j’avais fait mon truc à Lille, et même pour les Lillois, je ne me voyais pas jouer contre Lille et marquer des buts contre Lille, ça ne le faisait pas », confiait la légende lilloise.
Un amour et une fidélité dont il a retracé les origines, en racontant les prémices de son histoire avec le LOSC : « Il y a toujours les sélections des régions, nous c’est le Brabant wallon. Je jouais avec la « sélection » du Brabant wallon, on avait fait un match contre les féminines 4 ou 5 ans plus vieilles et c’est la première fois que j’ai vu un recruteur de Lille. C’est là qu’on a commencé à nouer contact, lâchait-il avant d’évoquer les autres options qui s’offraient à lui. Entre temps j’avais le choix d’aller à Anderlecht ou à l’Ajax mais je n’avais pas envie. L’Ajax, je ne parle pas néerlandais, et Anderlecht, mes parents n’étaient pas pour, c’était compliqué avec l’école. »
Dans cette perspective, il justifie son choix de rejoindre Lille, avec un argument qui a fait pencher la balance : « Quels arguments m’ont convaincu de rejoindre le LOSC ? Luchin. C’était pas fini mais ça représentait le nouveau centre de formation, à la mode. La première ou deuxième année, on est partis visiter et je me suis dit : WOW. » La légende des Blues poursuit en saluant la cohérence du projet lillois. « Lille c’était le projet en entier, je dormais là-bas. 14 ans, dormir là bas, faire des potes, jouer. Je rentrais le week-end, puis, Lille c’est à une heure seulement, c’est à côté. »
Rapidement surclassé, le surdoué belge intègre le groupe professionnel à ses 16 ans. Un décalage générationnel qui n’est pas passé inaperçu : « En CFA, on avait un groupe magnifique, chez les jeunes tout le monde s’entendait bien. Et, je suis arrivé dans le même état d’esprit chez les pros, je checkais tout le monde, j’avais 16 ans. Je ne me la racontais pas, mais j’avais ce côté « on est là, on rigole ». Je pense que les plus vieux percevaient mon attitude comme déplacée. C’était l’ancienne génération aussi tu vois. Maintenant c’est plus commode, les anciens sont avec les plus jeunes, confiait-il avant d’insister sur une divergence culturelle entre Français et Belges.
C’est surtout le côté français qui m’a interpellé. En Belgique on vit d’une certaine manière mais les Français c’est un peu plus contrôlé. Moi je suis arrivé avec ma belgitude, et, sur certains points ça ne s’est pas trop bien passé mais après comme j’étais bon sur le terrain, ça t’ouvre des portes. » Après cette intégration dans le vestiaire professionnel, l’heure est venue pour le jeune attaquant de faire ses preuves sur le terrain.
En mars 2009, le LOSC affronte l’Olympique Lyonnais, septuple champion de France en titre. Et, ce soir-là, un diamant brut, venu de Braine-le-Comte, explose aux yeux de l’Hexagone. Une rencontre dont se souvient bien le Belge : « C’est le match qui a changé, pas tout, mais c’est là que les gens m’ont vu pour la première fois. Moi, je n’ai jamais calculé les grands matchs, les petits matchs, « eh, amuse-toi ». C’est le fil rouge de ma carrière, amuse-toi, lâchait-il avant d’insister sur le changement de dimension. C’est là que tout a commencé, je me rappelle les interviews, les photos, les autographes, les gens qui m’arrêtent dans la rue, ça a commencé là. »
Après une révélation aux yeux du grand public lors de l’exercice 2008-09, où il a commencé à enchaîner les titularisations et les contributions aux buts, le temps de la confirmation est venu. Lors de la saison 2009-10, Eden Hazard connaît sa première saison pleine, soldée par 51 matchs, 41 titularisations, 10 réalisations et 9 passes décisives. Malgré le fait que le LOSC échoue aux portes du podium lors de la dernière journée à Lorient, l’attaquant belge dresse un bilan positif de cet exercice, nécessaire, selon lui, à l’exploit de la saison suivante : « Quatrième ? C’était une belle année pour nous, on jouait bien, on ressentait de la fluidité dans le jeu, on s’entendait tous bien. C’était cool de jouer dans cette équipe mais c’est l’année d’après qui a fait que tout a changé. Sur cette saison-là c’était les bases de l’équipe du titre. Il y avait tout, même si tu ne pouvais pas prévoir qu’on allait être champions l’année d’après. »
Mais, pour Hazard, le déclic de 2010-11 se joue aussi sur le mercato : « C’est des petites pièces manquantes qui sont arrivées, notamment Moussa (Sow), un buteur qui a planté 25 buts. On a fait une magnifique saison mais, dans une année, t’as toujours des matchs où t’es pas bon. Et dans ces matchs, t’as ce buteur là qui met le 1-0 et tu prends trois points. Les gens ne s’en rappellent pas, mais c’est ces rencontres qui te font gagner un championnat, pas les 5-0, déclare le Belge avant de souligner la qualité de l’effectif dans son ensemble. Pour moi, Landreau a fait beaucoup aussi cette saison-là. On jouait bien grâce aux relances de Micka. Ceux qui ont fait énormément aussi, c’est les 3 au milieu, Yo (Cabaye), Flo (Balmont) et Rio (Mavuba). En plus de ça, on avait des bons défenseurs, « Debuch » était le meilleur arrière droit, pas d’Europe, ce serait beaucoup, mais de Ligue 1. Adil (Rami) était sur un nuage, Aurélien (Chedjou) super fort aussi. C’était un tout en fait. »
Après une saison 2010-11 historique sur le plan collectif, Eden Hazard songe à quitter le club : « J’avais que 20 ans, je voulais partir mais après, avec mon entourage, on a décidé de rester un an. T’avais Gervais (Gervinho) qui partait, Cabaye aussi, mes potes partaient. C’est plus pour ça que j’avais envie de quitter le club. Je me suis dit que j’allais me retrouver tout seul », déclare-t-il avant d’expliquer les raisons qui l’ont poussé à rester. Après je me suis dit : « T’as 20 ans, fais encore une année. » Ludo (Obraniak) part à Bordeaux, je prends le 10, je me dis : « Allez, on va refaire une année avec le numéro 10, on va voir comment ça se passe. »
On dirait que le Belge a pris la bonne décision puisque, d’un point de vue statistique, il affole les compteurs durant cet exercice. Auteur de 22 buts et 20 passes décisives toutes compétitions confondues, Eden Hazard nous explique ce basculement : « Dans l’équipe, il n’y a plus Moussa, plus Gervais. La différence c’est toi qui dois la faire. Oui, t’as des joueurs qui arrivent comme Dim (Payet), tu sais que c’est un bon joueur, mais c’est sa première année. Moi, numéro 10, leader et je casse tout », glisse-t-il d’un ton léger et fier.
Pour le board lillois, le retenir une année supplémentaire relevait déjà de l’exploit, mais le garder après une telle saison était impensable. À cet âge-là, quand on enchaîne un exercice collectif historique puis une performance individuelle remarquable, partir n’est plus une option, c’est une nécessité, comme il l’explique durant cet entretien : « Départ obligé car je pense que je ne peux pas faire mieux. Avec tout le respect que j’ai pour Lille, le club ne va pas me permettre de faire mieux. Pour franchir un nouveau palier, il fallait que j’aille ailleurs. Il poursuit en précisant son choix de carrière. Mon rêve a toujours été le Real, depuis tout petit, c’est le Real, c’est Zizou. Mais j’avais envie d’aller en Premier League. Même si mon club c’était le Real, je disais à mes gars : « Je veux aller en Premier League, c’est trop bien. »
C’est ainsi que l’enfant du LOSC a pris son envol vers l’Angleterre, où il a brillé pendant sept années avant de rejoindre Madrid pour réaliser son rêve. Un rêve qui tournera court, le conduisant à mettre un terme à son contrat un an avant son échéance. Libre de tout engagement, il a bien songé à un retour à Lille… avant de renoncer, par crainte d’abîmer l’image laissée auprès des supporters : « J’ai eu des contacts avec Lille, j’aurais pu repartir à Lille. Ils m’auraient bien accueilli je pense mais, j’avais tellement fait de bonnes choses là-bas que j’avais pas envie de faire une année qui abimerait mon image. Je doutais de mes capacités, j’avais pas envie de signer un an et de jouer 3 matchs. »
Eden Hazard, c’est l’histoire d’un homme attachant, d’un joueur brillant. Toujours fidèle au LOSC, dans ses propos ou dans ses actes, il représente le football, comme on l’aime.
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