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·28 de maio de 2025
Laurent Batlles lâche ses vérités (ASSE, Kilmer, CF63) !

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Alors que la trêve estivale vient de débuter, nous avons pu échanger avec Laurent Batlles, joueur puis entraîneur de l'ASSE. Libre de tout contrat à ce jour, il a balayé les différents sujets sans tabou. Kilmer, Horneland, le retour en Ligue 2 des Verts : tout y passe.
Laurent Batlles a l'ASSE dans la peau. Depuis son passage dans le Forez, l'ancien meneur de jeu est resté profondément marqué par ce club pas comme les autres. Après avoir porté 75 fois le maillot de l'AS Saint-Etienne, il devient entraîneur adjoint avant de prendre la réserve. Il prend alors son envol à l'ESTAC, club qu'il conduit avec succès en Ligue 1. En 2022, il revient à Saint-Etienne par la grande porte pour tenter de redresser le club en perdition et qui vient d'être relégué en Ligue 2. Il sera aux commandes de l'équipe au cours de 57 rencontres. Remplacé par Olivier Dall'Oglio en décembre 2023, il a rapidement rebondi à Clermont cette saison. Dans un contexte compliqué, il aura stoppé l'aventure à quelques journées de la fin.
Laurent Batlles sur son aventure à Clermont : "Je suis arrivé dans le club après de la 12ᵉ journée. Clermont venait d'être relégué et j'ai débarqué sans vraiment avoir pu choisir l'effectif. Il y a eu un mercato d'hiver où on a perdu l'un de nos meilleurs joueurs : Jérémy Jacquet qui est rentré à Rennes. Il a explosé depuis. Nous avons eu quelques blessures, des suspensions, des faits de jeu contraire… Quand on est dans une année difficile, il y a toujours des moments critiques. Puis Clermont a décidé de tenter un coup sur les 5 derniers matchs au moment où tout le monde revenait plus ou moins de blessure.
Pour autant, je suis très heureux que Clermont se soit sauvé parce que les joueurs le méritaient et les supporters aussi. C'est important d'avoir des clubs de haut niveau dans la région. Je n'ai aucune animosité envers personne. La seule chose, c'est que j'aurais préféré pouvoir mettre ma patte, essayer de construire un projet là-bas avec un effectif qui aurait été le mien. J'ai ramené Kader Bamba (ex-ASSE) et Yoann Salmier (ex-ESTAC). Yoann a été capitaine toute la fin de l'année et et Kader est un joueur important dans la valeur offensive. Ça fait partie du foot, mais pour autant, je suis content qu'ils se soient maintenus, même si ça a été dans la douleur.
Aujourd'hui, j'essaye de profiter de la vie à Saint-Galmier à côté de Saint-Étienne. Je verrai par la suite comment ça se passe. Le consulting pourrait me tenter. Il y a pas mal de choses à faire et à mettre en place. Pour l'instant, je ne me prends pas trop la tête. J'essaie aussi de relativiser par rapport au passé. Il faut prendre le temps de faire les bons choix aussi. Je ne suis pas particulièrement pressé, mais je ne veux pas me tromper. Prendre une équipe malgré tout en cours de saison, c'est excitant, mais ce n'est pas si facile quand l'effectif n'est pas celui que tu as choisi. Tu veux jouer d'une certaine façon, mais l'effectif ne t'en donne pas la possibilité."
Laurent Batlles sur la saison des Verts : "On peut faire un parallèle entre l'ASSE et ce que j'avais vécu à Troyes. Quand on est monté avec l'ESTAC, on avait un investisseur très fort (City Group). Ils avaient opté pour un fonctionnement un peu similaire à ce qu'a fait Kilmer à l'ASSE. Une fois en Ligue 1, ils ont essayé de mettre quelque chose en place avec une autre stratégie : prendre des jeunes joueurs, essayer de les faire évoluer, essayer de les amener au haut niveau. Mais ce n'est pas simple à faire ! J'essayais de l'expliquer aux dirigeants troyens à l'époque.
Le championnat français, et encore plus à 18 clubs, est de plus en plus difficile. Promouvoir des jeunes joueurs, c'est une chose. Il faut le faire, mais c'est difficile à mettre en place. Strasbourg a su le faire parce qu'ils ont mis de gros moyens (plus de 50 M€ dépensés), qui se sont conjugués avec des prêts de joueurs via Chelsea."
Laurent Batlles (ex-ASSE) : "Faire du trading de joueurs ou essayer de promouvoir des jeunes joueurs, c'est intéressant. Maintenant, le souci, c'est qu'il faut aussi s'appuyer sur une assise solide. Il faut essayer de prendre le temps. Quand les investisseurs arrivent, ils dépensent bien plus que la majorité des autres clubs de Ligue 1. Ils ont pu se dire que ça allait suffire pour se maintenir. Sauf que ce n'est jamais aussi simple. Il y a tout un ensemble qui entre en compte. La capacité des joueurs à bien s'entendre, à bien travailler ensemble. Il faut créer un groupe avec une osmose collective. Quand vous changez beaucoup de joueurs, créer cette osmose n'est pas non plus évident.
Le recrutement, c'est une chose. Mais il faut prendre en compte l'environnement, la complémentarité entre les joueurs, ça ne se fait pas non plus du jour au lendemain. Il faut du temps. Ils ont été chercher Yunis Abdelhamid avec Olivier Dall'Oglio pour essayer d'amener de l'expérience. Pour autant, ça n'a pas vraiment marché. Je crois qu'aujourd'hui, il ne faut pas aller trop vite en besogne. On oublie aussi rapidement le poids de l'histoire qu'à ce club. Les supporters sont extraordinaires. On peut se dire que tout est réuni pour que ça roule. Mais les matchs, il faut les gagner ! Les autres équipes se renforcent aussi et vous attendent."
Laurent Batlles (ex-ASSE) : "En 2022, je suis arrivé dans un contexte tout autre puisqu'on avait 3 points retirés au classement, 4 matchs à huis clos, et 17 joueurs qui voulaient partir. Il n'y avait pas du tout les mêmes moyens financiers. Il fallait vendre avant d'acheter. L'ASSE n'est pas dans le même contexte aujourd'hui. Maintenant, il est vrai que se dire que tout va bien se passer, car le contexte est meilleur… Rien n'est assuré. On souhaite tous que ça se passe bien. Mais il ne faut pas croire que la Ligue 2 est un championnat facile.
Lors de mon aventure à l'ASSE, nous avions cherché des joueurs de talent et d'expérience. J'étais allé chercher Florian Tardieu qui était l'un des meilleurs joueurs de Ligue 2. On avait essayé d'aller chercher des joueurs qui savaient monter en Ligue 1. Des joueurs qui connaissaient l'exigence qu'impose le haut de tableau en L2. C'est comme ça qu'on a essayé de construire l'effectif à l'époque. Pour pouvoir jouer le haut tableau de Ligue 2, il faut savoir le faire. Il faut savoir faire face à une certaine forme de pression dans ce club qui n'est pas la même qu'ailleurs.
Mais le contexte est vraiment tout autre pour l'ASSE aujourd'hui. En 2022, je débarque après ASSE - AJA et tout le monde voulait partir. Aujourd'hui, le club a les moyens de garder certains joueurs. Il faudra voir si les joueurs sont ok pour mener cette mission. Mais l'ASSE a les reins solides, et une meilleure stabilité institutionnelle."
Laurent Batlles sur Eirik Horneland : "Tu peux avoir une stratégie offensive. Le problème que j'ai rencontré à l'ASSE, c'est que le 3-5-2, il faut pouvoir avoir les joueurs pour. Ce n'est pas évident de pouvoir construire l'effectif adapté. Sur la seconde partie de saison où on joue avec Niels Nkounkou, on a perdu deux matchs. À ce moment-là, ce système n'était pas du tout décrié.
Comme pour Horneland, il s'agit d'un système très énergivore. Il est fait pour jouer l'offensive, pour faire du pressing. Malgré tout, ce 3-5-2 passe en Ligue 2 et on l'a prouvé avec Troyes. Mais en Ligue 1, il faut être un peu plus pragmatique. J'ai essayé de le faire en L1 mais on a dû s'adapter à la qualité des adversaires qui étaient d'un autre calibre.
Eirik Horneland a réussi dans un certain contexte en Norvège. On a toujours l'ambition de faire la même chose avec d'autres équipes. Mais il faut aussi prendre en compte ces éléments de contexte. Là, c'est différent, tu arrives en Ligue 1. Sa stratégie peut être très intéressante, mais ça impose d'être très solide défensivement. Que ce soit dans le système d'Horneland ou dans le 3-5-2, quand vous jouez très haut, vos défenseurs ont un rôle prépondérant sur votre assise défensive. La sentinelle est également essentielle au milieu de terrain. C'est difficile de faire un pressing face à des équipes de Ligue 1. Certaines sortent de ce pressing, car elles ont la capacité technique de le faire. À ce moment-là, vous pouvez vite prendre des vagues et encaisser des buts."
Laurent Batlles (ex-ASSE) : "En L2, mettre un pressing face à des équipes moins à l'aise techniquement, c'est différent. Avec le niveau de pressing pratiqué par l'ASSE cette fin de saison, ils récupéreront plus facilement en L2. Il n'y aura pas la qualité technique en face pour s'en sortir aussi bien qu'en Ligue 1. Même offensivement, il y a des situations où vous pouvez passer en Ligue 2, où un joueur peut passer au travers. Ce qui est bien moins souvent le cas en Ligue 1."
Laurent Batlles et la recette pour remonter en Ligue 1 : "Quand je signe à l'ASSE en tant qu'entraîneur principal, j'avais expliqué que les équipes qui montent sont fréquemment les meilleures attaques. Avec l'ESTAC, on est monté avec 77 points (plus de 2 points par match). On avait inscrit 60 buts en 38 journées. Mais c'est qu'on avait décidé de jouer l'attaque ! On avait décidé de jouer sur nos valeurs offensives. On mettait un pressing haut pour ensuite essayer de gagner des matchs. Même si tu prends quelques buts, tu arrives à faire la différence offensivement.
Et ça se confirme chaque année. Ce sont généralement les attaques prolifiques qui finissent tout en haut de la Ligue 2. Il y a des analyses qui sont faites aujourd'hui par rapport à ça.
Quand je travaillais avec Christophe Galtier (adjoint à l'ASSE), on faisait des analyses pour savoir comment les équipes, notamment Séville, arrivaient tous les ans à jouer le top 5 de la Liga. On voulait comprendre, comment y aller et pourquoi ces équipes étaient de façon récurrente à ce niveau là. Au niveau de la Ligue 2, c'est pareil aujourd'hui. Si vous faites une analyse des équipes qui montent en Ligue 1, elles ont beaucoup de possession et elles sont au-dessus offensivement. Ça demande bien sûr de ne pas prendre énormément de buts non plus. Mais en Ligue 2, ce qui fait qui fait souvent la différence, c'est souvent l'attaque. On l'a encore vu cette saison avec Lorient."