AS Monaco
·22 de março de 2025
L’Academy, l’aile gauche… Interview croisée avec le trio Amoros-Bellone-Genghini

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·22 de março de 2025
Présents à l’occasion de la célébration des 100 ans de l’AS Monaco, les trois anciens coéquipiers, vainqueurs de la Coupe de France 1985 ensemble, ont pris le temps de se remémorer leur passage en Principauté.
Ils ont tous les trois marqué à leur manière l’histoire des Rouge et Blanc ! Arrivés en même temps au centre de formation de l’AS Monaco lorsqu’ils n’étaient encore que des adolescents, Manuel Amoros et Bruno Bellone, champions de France en 1982, avaient récemment accepté de se confier. Présents à l’occasion des célébrations du Centenaire du Club, les deux compères de toujours s’étaient ainsi prêtés à une interview croisée avec leur ancien partenaire, Bernard Genghini. Rencontre 🎙️
Bonjour messieurs. Qu’est-ce que cela vous fait de vous retrouver à l’occasion des 100 ans de l’AS Monaco ?
Bernard Genghini : C’est sûr que cela fait plaisir de se retrouver. Manu (Amoros) et Bruno (Bellone) ont d’autant plus contribué à l’histoire du Club, car moi je suis arrivé un peu plus tard avec déjà pas mal d’expérience, mais aussi plus âgé (sourire). Donc ils ont eu la chance de connaître cette période de formation avec Gérard Banide et l’Équipe de France qui est rapidement arrivée derrière. En tout cas, vous avez le trio qu’il y avait sur le côté gauche des années 1983 à 1986 !
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Justement, parlez-nous de la relation que vous aviez sur le terrain…
Manuel Amoros : Déjà il y a eu la période de « préparation » au centre de formation pour Bruno et moi, car nous avons eu la chance d’être avec Gérard Banide, et de connaître une certaine adéquation et des entraînements assez poussés pour arriver au haut niveau. On a donc connu les Cadets nationaux avec Bruno, les Juniors et ensuite la troisième division française. Nous avions donc des automatismes qui étaient déjà très forts ensemble !
Ce sont des gammes que l’on répète, et au bout d’un moment on n’avait même plus besoin de se regarder avec Manu. Je savais exactement où il était, à quel moment, je donnais le ballon sans regarder. Quand tu arrives à ce niveau-là de complémentarité, c’est magnifique !
Bruno BelloneA propos de Manuel Amoros
Bruno savait comment je jouais, et il me laissait l’espace dans le couloir pour que je monte, et à l’inverse je savais comment il voulait les ballons pour pouvoir être dans les meilleures conditions. Mais encore une fois, c’est tout un travail que l’on a eu au centre de formation sous les ordres de Gérard Banide, avec une osmose qui s’est créée, et qui a continué jusqu’au départ de Bruno en 1987.
C’est d’autant plus une relation spéciale quand on joue dans le même couloir !
Bruno Bellone : C’est certain, d’autant que nous sommes arrivés tous les deux à l’âge de 14 ans, ce qui fait qu’on travaillait ça tous les jours à l’entraînement. Ce sont des gammes que l’on répète, et au bout d’un moment on n’avait même plus besoin de se regarder avec Manu. Je savais exactement où il était, à quel moment, je donnais le ballon sans regarder. Quand tu arrives à ce niveau-là de complémentarité, c’est magnifique !
Ce qui vous permettez de déclencher très vite, d’où votre surnom « Lucky Luke », donné par Didier Roustan…
Bruno Bellone : (Ludovic Giuly le coupe pour le saluer en l’appelant par ce fameux surnom !) C’est tout un travail derrière, car j’ai passé des heures à centrer à l’entraînement ! Je débordais et je déclenchais dans la foulée un centre au premier poteau, en retrait, ou au deuxième poteau. Tchouki (le surnom de Bernard Genghini, ndlr) s’en rappelle, parce que je lui en ai fait marquer beaucoup comme ça !
Quand j’ai fait un reportage sur Bruno Bellone, je l’ai surnommé Lucky Luke, parce qu’il armait très vite pour frapper, donc je disais qu’il frappait plus vite que son ombre. Du coup je l’avais habillé en Lucky Luke après, et je lui avais fait faire un jeu avec le ballon. C’est resté par la suite ce surnom.
Didier RoustanSur le surnom de Bruno Bellone
Bernard Genghini : C’est vrai, car moi j’étais milieu offensif, donc je me retrouvais souvent devant le but. Donc je savais que Bruno allait déborder, ou parfois il centrait directement et en fonction je savais s’il fallait couper au premier poteau ou attendre au deuxième. Mais ce qui a aussi facilité notre entente, c’est le fait d’avoir joué ensemble en Équipe de France. Je connaissais sa manière de jouer, et comme le disait Manu, il y avait beaucoup d’actions qui se contruisaient et qui finissaient aussi sur ce fameux côté gauche !
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Moi je venais de la formation sochalienne, qui était aussi reconnue et je suis venu me greffer à leur jeu. Le seul regret qu’on peut avoir, c’est qu’on aurait dû remporter le titre de champion de France en 1983-1984 que l’on perd au goal average, alors que nous avions battu les Girondins de Bordeaux (champions cette saison-là, ndlr), à l’aller et au retour !
Manuel Amoros : On penchait pas mal à gauche, il faut bien le dire (sourire). Mais c’est vrai que cette saison-là, on s’entraînait en plus à Èze village sur la moitié d’un terrain avec Lucien Muller ! On était loin des conditions d’aujourd’hui (ils regardent le Centre de Performance). On faisait plus du bricolage que des vraies séances (rires). Ce qui n’est même plus envisageable en 2025, car tous les clubs sont structurés, que ce soit en première ou en deuxième division. Ce qu’on a vécu à notre époque à Monaco, plus personne ne le vivra.
Qu’est-ce qui a fondamentalement changé ?
Bernard Genghini : Ne serait-ce que les déplacements ! Avant nous faisions des voyages sur trois jours en partant la veille et en repartant le lendemain. Maintenant, ils font parfois l’aller-retour dans la journée, ce qui change beaucoup au niveau de la récupération et des soins… et même de l’entraînement !
En 1984 il avait toi (Bruno Bellone), Daniel Bravo, Yvon Le Roux et moi, donc ça voulait dire qu’il y avait une belle ossature monégasque. En 1982, Jean-Luc Ettori et Alain Couriol étaient aussi de l’aventure. Le Club sortait donc de très bons joueurs qui devenaient internationaux !
Manuel AmorosSur les générations monégasques en Équipe de France
Pour parler un peu des Bleus, l’Équipe de France a toujours eu une « ossature » monégasque les années de titres, en 1984, 1998 et 2000 notamment !
Manuel Amoros : Nous, personnellement, n’avons connu que le succès à l’Euro 1984, même si on a tout de même atteint les demi-finales de la Coupe du Monde en 1982 et 1986, mais c’est vrai qu’il y avait plusieurs joueurs de l’AS Monaco. En 1984 il avait toi (Bruno Bellone), Daniel Bravo, Yvon Le Roux et moi, donc ça voulait dire qu’il y avait une belle ossature monégasque. En 1982, Jean-Luc Ettori et Alain Couriol étaient aussi de l’aventure. Le Club sortait donc de très bons joueurs qui devenaient internationaux !
Les titres remportés ensemble vous ont-ils encore plus liés à vie ?
Manuel Amoros : De toute façon nous sommes liés à vie depuis le premier jour que l’on a passé à l’AS Monaco ! Nous avons vécu des moments avec Bruno où nous vivions chez l’habitant ou dans hôtel en préfabriqué pour ma part. Donc on parle de conditions inimaginables aujourd’hui. Mais à force de se battre et de travailler, nous sommes arrivés à faire de grandes choses. Et on partagera toujours cette amitié extraordinaire ensemble, jusqu’à ce que la mort nous sépare ! On a vécu tellement de choses, c’était tellement fort…
Bruno Bellone : Aujourd’hui tu ne pourrais pas revivre ce que l’on a connu à l’époque, c’est impossible.
Vous avez en effet connu les algecos de La Turbie, ici-même !
Bernard Genghini : Oui évidemment, aujourd’hui nous sommes au Centre de Performance, mais on a connu les débuts ici avec les premiers entraînements dans ces fameux algecos !
Manuel Amoros : Tu as connu le stabilisé de Cap d’Ail (s’adressant à Bernard Genghini !) et même le chemin des Douaniers pour aller à la plage de la Mala ?
BG : Oui bien sûr ! J’ai connu Cap d’Ail, Èze village, et un an après les travaux commençaient ici à La Turbie.
Regardez, il y a M. Jean-Louis Campora là-bas (il montre l’ancien président de l’AS Monaco). Le jour où il nous a dit "je vais vous faire signer votre premier contrat professionnel", je crois que c’était un aboutissement pour nous.
MA : Et Bruno (Bellone), c’est le seul qui arrivait à envoyer le ballon au-dessus de la falaise ! Même Didier Christophe qui avait une grosse frappe à l’époque, il n’arrivait pas.
BB : Ce n’est pas une légende, c’est bien vrai, et il y a des témoins (sourire) ! Il n’y a pas les images, car il n’y avait pas la télé qui nous suivait, mais on s’en souvient. Je ne sais même pas pourquoi on s’était lancé ce défi, mais c’était sur le terrain du milieu, car il est plus haut. Et j’arrivais à atteindre l’herbe sur la falaise.
MA : Les gardiens ? Mais ils n’ont jamais eu de frappes eux (s’adressant à André Amitrano) ! D’ailleurs j’étais dans la même chambre que Dédé. Il y avait aussi Robert Mouangué, Christian Chabert, Thierry Ninot et Jo Fazoli. Ce sont des moments inoubliables que nous avons passés ensemble.
S’il y avait un moment à retenir chacun ?
Bruno Bellone : Le Centre de formation !
Manuel Amoros : Regardez, il y a M. Jean-Louis Campora là-bas (il montre l’ancien président de l’AS Monaco). Le jour où il nous a dit « je vais vous faire signer votre premier contrat professionnel », je crois que c’était un aboutissement pour nous.