Foot National
·10 de junho de 2025
JO : l'État veut contraindre les clubs à libérer leurs joueurs

In partnership with
Yahoo sportsFoot National
·10 de junho de 2025
Malgré une médaille d'argent aux JO de Paris 2024, le Gouvernement veut que les clubs libèrent leurs joueurs pour les prochaines épreuves olympiques.
La scène avait tout d’un rendez-vous manqué. À domicile, devant son public, l’équipe de France olympique de football avait dû se présenter sans plusieurs de ses meilleurs éléments au J0 de Paris 2024. Lucas Chevalier, Lenny Yoro, Warren Zaïre-Emery, Kylian Mbappé… tous retenus par leurs clubs. Un fiasco d’organisation autant qu’un symbole d’un déséquilibre structurel entre clubs et sélections. Ce mardi, le gouvernement a décidé de réagir. Profitant de l’examen d’une proposition de loi sur la réforme du sport professionnel, le Sénat a adopté un amendement porté par le gouvernement pour rendre obligatoire la mise à disposition des sportifs français pour les Jeux Olympiques et Paralympiques. Un geste fort, mais qui arrive après un échec cuisant à Paris 2024, où malgré l’argent obtenu, beaucoup restent convaincus que l’or était à portée. L’amendement, désormais intégré au texte en discussion, impose que « les associations et sociétés sportives sont tenues de mettre à disposition leurs sportifs de nationalité française lorsque ces derniers font l'objet d'une convocation ayant pour but leur participation aux Jeux Olympiques et Paralympiques ». Des sanctions seront possibles en cas de refus.
En 2024, la France s’était heurtée à une limite bien connue : le tournoi olympique de football ne figurant pas dans le calendrier FIFA, les clubs ne sont pas obligés de libérer leurs joueurs. Une faille dans laquelle plusieurs clubs se sont engouffrés, comme Lille, le PSG ou le Real Madrid, empêchant Thierry Henry de bâtir une équipe compétitive dès le départ. La ministre des Sports Marie Barsacq ne s’est pas cachée : "On aurait sans doute pu obtenir l’or olympique si ça avait été le cas". En s’inspirant du modèle espagnol, où les clubs doivent libérer leurs joueurs pour les JO, le gouvernement envoie un message clair : le prestige des Jeux doit primer sur les intérêts de court terme des clubs. Un tournant dans les relations entre institutions sportives nationales et entités professionnelles privées, qui renvoie à un débat plus large sur l'équilibre entre calendrier des clubs et compétitions internationales.
Si cette mesure ne pourra évidemment pas s’appliquer aux clubs étrangers, elle permettrait à l’avenir de sécuriser la présence des joueurs évoluant dans les championnats français. Pour ceux évoluant à l’étranger, la ministre a reconnu que la question restait ouverte, tout comme celle d’une éventuelle extension de la mesure à d’autres compétitions comme l’Euro Espoirs, également marqué par des absences notables. Cette obligation ne résout pas tout. Le football est un sport globalisé, et une bonne partie de l’élite tricolore évolue hors des frontières. Mais c’est un premier pas, et surtout un signal fort de la part de l’État, lassé de voir ses équipes nationales bricoler pour constituer des sélections dignes d’un tournoi planétaire. "C’est un chantier que l’on peut ouvrir", a indiqué Marie Barsacq, en référence aux discussions à venir à l’Assemblée nationale. Pour les fédérations comme pour les sportifs, la priorité donnée aux JO ne sera plus un vœu pieux, mais une règle gravée dans le droit. En espérant que cela suffise à éviter un nouveau Paris 2024, ou encore pire, un Tokyo 2021.
Retrouvez l'actualité du monde du football en France et dans le monde sur notre site avec nos reporters au coeur des clubs.