Girondins. Andréa Lardez : “On veut de la reconnaissance, du respect et un minimum de moyens” | OneFootball

Andréa Lardez, capitaine emblématique de la section féminine des Girondins de Bordeaux, a pris une décision ferme : elle ne reprendra pas cette saison en D3 dans les conditions actuelles. Dans une interview à WebGirondins, la joueuse de 31 ans explique les raisons de ce départ retentissant, partagé avec sa coéquipière Sophie Istillart (29 ans).

WebGirondins : Le groupe de D3 a repris cette semaine, et vous n’étiez pas sur le terrain

Andréa Lardez : c’est vrai. Ce n’est pas facile de voir les filles et le staff reprendre sans nous (avec Sophie Istillart) et en particulier pour moi. Depuis 10 ans j’ai fait toutes les préparations d’avant-saison. Ce n'est pas simple.

"Cela se jouait à moins de 200€ d'écart"

Pourquoi ne pas avoir prolongé une saison supplémentaire pour jouer en D3 ?

Sophie Istillart et moi n’avons pas apprécié comment l'association et la SA ont géré le cas de Romain Vitry (entraîneur non prolongé). C’est la goutte d’eau en trop. C’est un entraîneur qui est aux Girondins de Bordeaux depuis 8 ans et qui a toujours atteint ses objectifs.

Que reprochez-vous au club ?

Plusieurs semaines avant la fin de la saison dernière, le staff a enchaîné les réunions pour faire avancer un projet sportif et ils ont eu du mal à exposer leur projet. Ils n’ont pas été écoutés sur leurs projets et sur leurs demandes respectives, notamment sur la partie médicale. Romain Vitry était bénévole après le PSE, et la convention qui le liait au club se terminait le 30 juin. Le premier juillet, le directeur général de la SA, Arnaud Saint-André, lui a proposé un contrat avec un salaire du niveau de ce qu’il touchait 2 ou 3 ans auparavant. Malgré sa volonté de rester, il n’a pas réussi à trouver un accord en faisant une contre-proposition. Cela se jouait à moins de 200€ d'écart.

Outre le manque de moyens, je reproche le management de l'association vis-à-vis de Romain Vitry qui a été champion de R1, qui a gagné la Coupe de Nouvelle-Aquitaine, et qui est monté en Division 3. Elle a manqué d’humanité et de reconnaissance dans sa gestion.

"Nous avons proposé pour cette saison d’aider l'association bénévolement"

Avez-vous rencontré des représentants de l’association ?

Avec Sophie (Istillart), nous avons rencontré Françoise Brunet qui est l’interlocutrice principale pour la section féminine. Nous lui avons proposé pour cette saison d’aider l'association bénévolement en prenant une licence joueur et une licence dirigeant. Avec notre réseau nous étions prêts à lancer la recherche de sponsors, à organiser des événements, et à reprendre la communication de la section féminine. Notre objectif était d’alléger madame Brunet et de soulager la SA. Nous avions demandé une seule chose en échange : le maintien de l’entraîneur Romain Vitry et de son staff pour la saison à venir.

Ça ne s’est pas fait

Oui. Je ne suis pas vraiment surprise du fait qu’un accord financier ne soit pas trouvé avec la SA mais vraiment déçu de la manière dont la décision a été gérée par l’asso. On leur a donc dit de ne pas compter sur nous cette saison.

“Le projet n’était pas clair, on ne savait pas où on allait, et avec qui”

Est-ce possible que vous reveniez sur votre décision ?

Nous sommes dans les starting-blocks, et cela me fait quelque chose de voir les filles reprendre sans moi. C’est la première fois depuis 10 ans. Mais cette décision est irréversible tant qu’il n’y a pas de changement au niveau de l'association avec des garanties de moyen et d’autres méthodes de management. On veut rester fidèles à nos valeurs. L’année dernière je n’aurai pas dû reprendre, j’ai repris par conviction et l’envie d’aider.

Gardez-vous des liens avec le staff et le club ?

Oui, je suis très en lien avec les membres du staff qui comprennent notre décision. Il y a un goût d’inachevé. On aurait pu éviter les départs de plusieurs joueuses sans ce manque d’ambition. Le projet n’était pas clair, on ne savait pas où on allait, et avec qui. Rien n’a été anticipé alors que cela aurait pu l’être, car on a survolé notre championnat.

Comment le club a réagi à votre décision ?

Pour l'association, je ne sais pas. Hugo Suarez et le staff comprennent notre décision. On a envie de suivre nos valeurs et notre vision. Tant qu’on n’est pas d'accord, on ne changera pas. On veut de la reconnaissance, du respect et un minimum de moyens. L’association est attentive et ne ferme pas la porte.

Le groupe de joueuses est-il assez solide pour cette saison en Division 3 ?

Le groupe doit "prendre" avec quelques filles qui connaissent la D3. Il va falloir prendre le pouls de cette poule de Division 3 pour bien figurer. C’est un championnat à deux vitesses avec des réserves de Division 1 (Lyon et Montpellier, NDLR). Ensuite, il va falloir gérer l’état d’esprit et la frustration s’il n'y a pas de bons résultats.

"Pour l’instant, j’arrête le foot"

Quelles sont les qualités du nouvel entraineur Hugo Suarez, que vous connaissez ?

Il est jeune, ambitieux. Il arrive avec humilité et dans la continuité du projet de Romain (il était son adjoint la saison dernière, NDLR). Il n’est pas en terres inconnues. Je souhaite au groupe et au staff une bonne préparation et bon début de saison avec de la réussite.

Qu’allez-vous faire maintenant ?

Pour l’instant, j’arrête le foot. J’ai des contacts dans d'autres clubs, mais c’est compliqué. On lutte depuis des années pour avoir de bonnes conditions de travail, tous les ans c’est la même chose. J’ai envie de couper avec le sport collectif. Je continue une pratique sportive de mon côté.

L'info en plus : En ce qui concerne Amandine Herbert (défenseuse, 23 ans), l’autre joueuse de la saison dernière qui a connu la D1 Arkema avec les Girondines, elle devrait prochainement rejoindre le projet bordelais en Division 3.

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