Claude Puel : “On l’a laissé seulement sur des fulgurances parce que ça arrangeait bien certains entraineurs, mais on n’a pas cherché à le développer, à le corriger” | OneFootball

« On a travaillé à l’entrainement, de façon individuelle. Hatem, à chaque fois que je le voyais évoluer dans ses précédents clubs, je le voyais réussir une action d’éclat et on repassait ça pendant toute la saison. Mais je voyais également beaucoup de déchet : percuter, mais pour finir par une frappe dans les nuages, pas de dernière passe… Ce qui m’intéressait, c’était de voir s’il avait cette possibilité de progresser, d’être pragmatique. On a travaillé d’abord avec une figurine, puis ensuite un défenseur. La première séance, je m’en rappelle, je faisais des prises de balle en course, et arrivé devant la figurine, fixation, un petit dribble, une petite touche, et mettre poteau rentrant, avec un gardien… Le gardien savait ce qu’il allait faire, mais c’était extraordinaire… Simplement de décider de la mettre dans le petit filet… Il faisait ça d’une façon tellement naturelle… Il avait ça en lui. C’est un don extraordinaire. Cela partait avec une fulgurance, une vitesse, que le gardien de pouvait rien faire, même s’il savait où il allait frapper. J’étais impressionné et je lui ai dit que c’était extraordinaire ce qu’il a dans les pieds et ce qu’il est capable de faire… Donc on a fait la même chose, mais cette fois-ci, je lui dis de faire semblant d’ouvrir, et tu vas me chercher le poteau rentrant de l’autre côté. Il enchaine, il enchaine, filoche, filoche… ça partait à une vitesse… A peine il mettait le pied, il y avait une force de frappe, une qualité, une pureté extraordinaire. J’étais subjugué. Donc on a travaillé ça, et ça s’est retrouvé en match. C’était un joueur hyper doué. J’ai eu la chance de l’entrainer. Mais je me suis demandé pourquoi on n’était pas allés au bout avec lui. On l’a laissé seulement sur des fulgurances parce que ça arrangeait bien certains entraineurs, mais on n’a pas cherché à le développer, à le corriger, à l’amener avec plus d’expression et encore plus d’efficacité, tout en gardant ses qualités de percussion et d’élimination ».

« Après, la deuxième chose, c’est que je l’ai eu à 28 ans, mais il était remis en question, un peu en échec dans son précédent club en Angleterre, et donc surement plus à même d’écouter et de considérer certaines choses pour reprendre le fil, et repartir. Je l’ai eu au bon moment, à un moment où il était peut-être en acceptation de certaines contraintes ou remises en question, de ce qui avait fait tout son jeu depuis ses plus jeunes années. J’aurais bien aimé l’avoir à 16-17 ans, ce potentiel était extraordinaire. Mais il lui manquait encore cette petite chose qui fait la différence, pour en faire un très grand joueur planétaire. Et il avait le potentiel pour le devenir ».

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