2024, montagnes russes et changement d'ère pour l'ASSE | OneFootball

S'il y a une année récente qui restera dans les annales de la grande histoire de l'AS Saint-Étienne, c'est bien 2024. Remontée en Ligue 1, vente du club, records dans le Chaudron... L'année qui s'achève ce soir laissera une marque indélébile dans la mémoire des amoureux des Verts.

La folle remontée

À la même époque l'an dernier, l'AS Saint-Étienne est encore loin de ses objectifs. À la trêve hivernale et malgré le premier succès d'Olivier Dall'Oglio fraîchement arrivé dans le Forez, face à Bastia (3-2), les Verts sont septièmes à trois points du premier barragiste Pau, à six points de Grenoble et Laval, respectivement quatrième et troisième, à dix longueurs d'Auxerre deuxième et à douze d'Angers premier. Un peu plus d'un mois plus tard, et après le second revers consécutif en Ligue 2 à Dunkerque (1-0), l'écart s'agrandit et paraît même insurmontable. Les Verts comptent 14 points de retard sur le leader Angers, douze sur son dauphin Auxerre, huit sur Grenoble troisième, sept sur Laval quatrième et trois sur Amiens cinquième.

Et pourtant, ce soir-là à Dunkerque, le tournant de la saison stéphanoise intervient, comme le confient la plupart des acteurs de l'ASSE. Larsonneur lâche des mots forts à notre micro en zone mixte, le staff innove et impose aux joueurs de revoir le match sans la présence des coachs afin de se dire les choses et de leur faire un retour. Une méthode qui s'avère payante puisque neuf jours plus tard, l'ASSE torpille Troyes (5-0) avant d'aller battre le SCO Angers, chez lui, trois buts à zéro (3-0). Un des héros de la remontée stéphanoise lance sa saison cet après-midi là, Irvin Cardona.

Entre milieu février et début avril, les Verts enchaîneront huit matchs sans défaite dont sept victoires. Après Angers, c'est Auxerre qui tombe dans le Chaudron grâce encore à l'inévitable Cardona. Plus rien ne semble arrêter les Verts. Le faux pas à Ajaccio sera rapidement effacé par un match qui marquera la saison 2023-2024 de l'AS Saint-Étienne face à Bordeaux dans le Chaudron. Menés un but à zéro et à dix en seconde période après l'expulsion de Nadé, les Verts renversent les Bordelais dans le temps additionnel grâce à un doublé de Cardona, dans un Chaudron en ébullition.

Alors qu'ils chipent même la place de deuxième à Angers en fin de saison, synonyme de remontée directe en Ligue 1, les Verts connaissent un coup de mou au pire des moments, dans le sprint final. Alors qu'ils mènent de deux buts à Guingamp, ils sont finalement rejoints au score (2-2). Rebelote face à Rodez six jours plus tard (1-1). Pour l'ultime match de la saison, il faut gagner à QRM et espérer un faux pas d'Angers sur sa pelouse contre Dunkerque pour accéder directement à l'élite. Dunkerque accroche Angers mais les Verts s'inclinent à la surprise générale à Quevilly (2-1). Dall'Oglio et ses hommes devront passer par les barrages.

La prophétie Ibrahima Wadji

Lors du play-off face à Rodez, les Verts vainquent le signe indien face aux Ruthénois qui étaient la véritable bête noire des Verts depuis leur descente en Ligue 2. Victoire deux à zéro grâce aux prêtés Cardona et Mbuku pour rejoindre Metz aux barrages. À l'aller face aux Messins, les Verts s'imposent dans leur Chaudron magique qui enchaîne les guichets fermés et les records, grâce à Sissoko et Cardona, encore lui (2-1). Le match retour est un véritable symbole de la saison de l'AS Saint-Étienne, capable du meilleur comme du pire. Alors que les Stéphanois bénéficient d'un coup de pouce du destin avec l'expulsion de Diallo après six minutes de jeu seulement, Metz étouffe l'ASSE et prend les devants au tableau d'affichage sur les deux matchs grâce à Camara et Mikautadze. Grâce à Pétrot, les Verts reviennent à deux buts à un et donc à égalité sur l'ensemble des deux matchs. Les Verts prennent enfin le jeu à leur compte et pensent être délivrés par Maçon après l'heure de jeu mais le but du latéral stéphanois est étonnamment refusé pour une faute très peu évidente de Sissoko sur Oukidja. Les deux équipes sont forcées de passer par les prolongations. Alors que Larsonneur et Appiah se montrent ultras décisifs pour maintenir l'ASSE à égalité sur l'ensemble des deux matchs, Olivier Dall'Oglio lance sa dernière cartouche : Ibrahima Wadji. Blessé la quasi-intégralité de la saison, Wadji avait fait une réapparition surprise dans le groupe pour cet ultime match de la saison. Lui et son coach nous confieront qu'il n'avait que quinze minutes dans les jambes et que sa présence était un véritable pari. Plusieurs de ses coéquipiers et Olivier Dall'Oglio en sont persuadés, c'est lui qui va donner la Ligue 1 à l'ASSE, comme un symbole. La prophétie est en marche et à la 117ème minute de jeu, Ibrahima Wadji fait chavirer tout Saint-Étienne dans la liesse en offrant la remontée en Ligue 1 à l'ASSE.

Le club change d'ère

Alors que la nuit a été courte pour les Verts et leurs supporters, l'AS Saint-Étienne annonce le 3 juin, lendemain du barrage retour face à Metz, que le club passe entre les mains de Kilmer Sports Ventures. Après deux décennies à la tête de l'AS Saint-Étienne, Roland Romeyer et Bernard Caïazzo rendent le tablier. Le nouveau propriétaire de l'AS Saint-Étienne se nomme Larry Tanenbaum, milliardaire canadien tandis qu'Ivan Gazidis est le nouveau président de l'AS Saint-Étienne, épaulé par ses hommes Jaeson Rosenfeld et Huss Fahmy. L'AS Saint-Étienne change d'ère avec pour ambition de retrouver les sommets, étape par étape, ce qui restera le maître-mot des nouveaux décideurs des Verts, comme le confie Ivan Gazidis lors de sa présentation : "Nous avons de grands rêves et de grandes ambitions, mais c'est un projet qui est très réaliste et pragmatique, ce sera un projet pas à pas. Bien sûr, vous savez, nous devons d'abord mettre en place les pièces nécessaires, la première étape pour nous assurer que nous pouvons nous maintenir en Ligue 1 et s'installer à nouveau durablement dans cette division. Ensuite, après cela, la prochaine étape du développement est d'être plus compétitif à cet égard et, finalement, oui, nous voulons revenir en Europe et nous voulons retrouver la grande tradition européenne qui a fait l'histoire du club. Mais comme je l'ai dit au début, je veux que tout le monde comprenne que c'est un projet pas à pas. Ce que nous ne voulons pas voir se produire, ce sont des promesses extravagantes, des rêves extravagants, des dépenses extravagantes, qui ne correspondent pas à la réalité du football moderne. C'est le genre de chose qui conduit à une grande instabilité et finalement endommage les clubs de football. Nous sommes très expérimentés dans ce domaine. Nous connaissons le milieu et nous croyons que nous pouvons, pas à pas, reconstruire ce club ensemble avec nos supporters. Nous voulons que nos fans comprennent ces messages. Donnez-nous un peu de temps, nous ferons des erreurs, nous savons que nous aurons des moments difficiles devant nous. C'est le football mais si ce club reste uni, si nous restons ensemble, le pouvoir de ce club est incroyable. Nous avons vu le pouvoir des fans ces dernières semaines et mois, et ce que cela peut faire est illimité pour ce club de football."

Un apprentissage difficile de la Ligue 1, fin d'aventure pour ODO à l'ASSE

Kilmer Sports Ventures entame son premier mercato à la tête de l'ASSE et amène sa patte. La volonté affichée est claire : recruter de jeunes joueurs au fort potentiel. Ainsi, seul Abdelhamid signe à l'ASSE en ayant une solide expérience de la Ligue 1, alors qu'Olivier Dall'Oglio expliquait à plusieurs reprises que son groupe manquait d'expérience. Pour le reste, ce sont des découvertes avec notamment les arrivées de Ben Old, Augustine Boakye, Zuriko Davitashvili, Igor Miladinovic ou encore Lucas Stassin. L'apprentissage est difficile en Ligue 1 avec quatre défaites en autant de matchs pour débuter la saison. Si l'on croit à un réveil face à Lille avec la première victoire, les Verts sont rapidement et très sèchement rappelés à la réalité avec une énorme humiliation à Nice (8-0). Malgré une période de mieux, ce ne sera pas la seule pour les Verts en ce début de saison avec quatre nouveaux buts encaissés à Angers (4-2) et cinq à Rennes (5-0). La défaite à Toulouse (2-1) sera celle de trop pour Olivier Dall'Oglio qui est dès le lendemain déchargé de ses fonctions d'entraineur de l'ASSE. Outre l’objectif maintien qui animait le quotidien du club, c’est celui du développement du jeu et de l’intégration du projet Kilmer qui a fait défaut à Dall’Oglio sur les dernières semaines, notamment celui du développement des talents afin de dégager une identité de jeu propre aux Verts. C’est sur ce point que Dall’Oglio aurait principalement échoué nous souffle une source proche du club, la défaite de Toulouse n’étant finalement que très secondaire dans le choix de se séparer d’ODO. Après une phase d'observation à la tête de l'ASSE, Kilmer passe donc à l'étape suivante et commence son chantier à Saint-Étienne.

Horneland pour incarner le nouveau visage de l'ASSE

C'est un entraineur qui présente le profil idoine dans le projet stéphanois qui est recruté : Eirik Horneland, norvégien de 49 ans. Celui qui n'a jamais connu d'expérience en dehors de sa Norvège natale débarque donc à l'ASSE. Il est présenté comme un entraineur affectionnant tout particulièrement l'intensité et le pressing et capable de donner une identité de jeu à l'AS Saint-Étienne, conforme aux valeurs véhiculées par la ville et par le club. Horneland a également cette fibre avec les jeunes joueurs pour les faire progresser ce que souhaite bien évidemment Kilmer dans son projet à l'AS Saint-Étienne. 2025 marquera donc une nouvelle ère pour l'AS Saint-Étienne avec comme objectif à court-terme de se maintenir en Ligue 1 et à long-terme de retrouver les sommets du football français comme l'explique Ivan Gazidis : "Pour la seconde partie de saison, Eirik va apporter un cadre dans l’atteinte de nos objectifs, à savoir revenir de façon durable au sommet du football français. Ce cadre doit servir notre progression sur les prochaines années, il sera la fondation d’un succès durable pour l’AS Saint-Étienne. Nous voulons que les gens de Saint-Étienne, que les supporters soient fiers de cette équipe et de ce club. Fiers de nos performances sur le terrain évidemment mais également fiers de la manière que nous mettons en place pour réussir. Nous voulons faire cela avec eux, c’est pourquoi, nous leur demandons de nous accompagner dans ce choix d’Eirik, qu’il soit accueilli de la meilleure des façons. Accordez lui un peu de patience, un peu de temps. Mais je pense qu'ils verront le style de football qu'il joue, le type de valeurs dont il est imprégné et que celles-ci reflètent très bien la ville et ce qu'est le club. Allez les Verts !"