Lions : "Peur du flagrant délit d'échec et d'incompétence" | OneFootball

Questionné sur la saison de l’AS Saint-Étienne dans le podcast Dessous de Verts, Bernard Lions est revenu sur la responsabilité de Kilmer sports suite à la descente directe du club en Ligue 2, un an à peine après avoir retrouvé l’élite.

Bernard Lions : "Je suis intimement convaincu qu’ils (ndlr, les dirigeants des Verts) n’ont pas du tout pris la mesure du championnat de France. Il faut rappeler que Gazidis vient de MLS, le championnat nord-américain, Arsenal en Angleterre et la présidence de l’AC Milan en Italie. C’est un dirigeant de très haut niveau et j’étais extrêmement surpris quand on a annoncé qu’il serait le président de l’AS Saint-Étienne. Je le connaissais, quand tu écris cela, tu te demandes au début comment le président de l’AC Milan peut devenir le président de l’ASSE, il fallait vraiment être sûr des informations pour pouvoir l’écrire. Je ne remets absolument pas en cause le niveau de Gazidis, c’est une chance pour l’AS Saint-Étienne d’avoir ce monsieur.

Maintenant, ce n’est pas parce que tu es un dirigeant de très haut niveau, que tu as une connaissance parfaite d’un championnat... C’est là que ça a péché. Je sais que les supporters stéphanois veulent la peau de Loïc Perrin, ils veulent la peau de Soucasse et de Rustem, sauf que, ce sont des exécutants. La direction c’est Kilmer. Gazidis est là pour présider, il n’est pas là pour le sportif, ensuite il y a Huss Fahmy qui est le véritable architecte du projet mis en place avec Rosenfeld qui est le monsieur data, l’intellectuel, le statisticien. C’est de ce côté qu’il faut regarder. Ce qu’il a manqué, c’est une expertise de la Ligue 1. Celui qui avait donné la prophétie, et, n’oubliez jamais la prophétie de Dall’Oglio, il avait dit d’entrée à Kilmer, on n’arrivera pas à se maintenir avec cet effectif, il faut des joueurs aguerris de Ligue 1.

Là, où le message de Dall'Oglio n'a pas été audible, c'est que la seule exception consentie, c'est Abdelhamid. Malheureusement pour les Verts, le joueur et Dall'Oglio, c'est qu'il n'a pas été au niveau. À partir de ce moment-là, ODO a perdu toute sa crédibilité, mais, il était dans le vrai. Rappelez-vous ce que faisait Christophe Galtier, il ne te prenait pas des joueurs de Ligue des Champions mais il avait du Clément, du Clerc, du Cohade, du Lemoine, une ossature de joueurs aguerris à la Ligue 1, autour desquels, tu as greffé plein de jeunes, et cela a fonctionné. Ce n’est pas contradictoire de monter une équipe pour rester en Ligue 1 et de développer des joueurs.

Le mercato de janvier ? Pour eux, le responsable c’était Dall’Oglio, tout ce qu’ils avaient mis en place était génial et extraordinaire et l’erreur c’était ODO. Ils dégagent Dall’Oglio, premier match en trompe l’oeil de Horneland face à Reims (3-1), tu es mené, tu gagnes, tout le monde te dit, c’est ce qu’on vous avait expliqué ! C’est cette grosse busasse (sic) de Dall’Oglio qui ne sait pas faire jouer les joueurs extraordinaire car tout le monde est con, à part les dirigeants de l’ASSE. Old, Stassin, Boakye, personne n’était capable de voir que ce sont des grands joueurs. Sauf qu’après ce match, je me suis dit "aïe", tous les mecs qu’ils devaient prendre, ne vont pas arriver parce qu’ils vont dire, c’est la faute de ODO et Horneland en un match il a tout changé et tout révolutionné (...) Je pense qu’ils n’ont pas eu le courage d’aller voir Tannenbaum et de dire : "en fait dans notre business plan de début de saison, il manque encore 5 à 10 millions d’euros pour un effectif qui n’est pas encore tout a fait prêt et il faut rajouter". Ils ne l’ont pas fait. Ils ont eu peur de se retrouver en flagrant délit d’échec et d’incompétence et donc ils n’ont rien dit. Quand j’ai rencontré Larry Tanenbaum, il a dit, il suffisait de me demander plus et je donnais plus. Je suis dans le football depuis 1993 et c’est pour moi la descente la plus stupide et la plus évitable que j’ai connue."