Le Journal du Real
·14 aprile 2025
Le Real Madrid du foot aux affaires : la métamorphose de la loge du Bernabéu

In partnership with
Yahoo sportsLe Journal du Real
·14 aprile 2025
Avant les années 2000, la loge du stade Santiago-Bernabéu n’avait rien de l’espace luxueux qu’elle est devenue. Petite, confidentielle, elle accueillait essentiellement les dirigeants du football espagnol, dans une atmosphère intime et codifiée, indique Relevo. « C’était une loge de football, pas un espace mondain », se souvient Juan Onieva, ancien vice-président du club. Les invités étaient rares, sélectionnés avec soin, et portaient tous cravate obligatoire.
L’écrivain Alfonso Ussía, habitué des lieux depuis son adolescence, décrit un espace modeste : un bar tenu par José Luis, un escalier en colimaçon, quelques canapés. « Même Raimundo Saporta, figure majeure du club, y faisait la sieste pendant les matchs », ironise-t-il. L’accès à la loge était une affaire de respectabilité, régie par des codes stricts, jusqu’à la couleur des cravates, le jaune, réputé porter malheur, était banni. Une anecdote célèbre raconte que même Maradona, peu adepte du costume, dut s’y plier pour pouvoir entrer.
Avec l’arrivée de Florentino Pérez à la présidence en 2000, la loge change de dimension. Lieu d’échange plus que de passion footballistique, elle devient un outil stratégique, où se croisent désormais décideurs économiques, politiques et médiatiques. Le protocole s’assouplit : la cravate devient optionnelle, sous l’impulsion de Cándido Méndez, leader syndical refusant de se plier à l’étiquette. Cet épisode marque une bascule : la loge n’est plus un sanctuaire, mais un théâtre d’influence.
Aujourd’hui, recevoir une invitation est un privilège convoité. Chaque match devient un événement mondain où se nouent des relations et se jouent des équilibres. Pour José María Stampa Casas, ancien secrétaire du conseil, la loge a souvent été un casse-tête d’organisation : « Elle pouvait accueillir 50 personnes, mais certains soirs, on en avait 100 à placer. Et si le roi annonçait sa venue, c’était le chaos ». De la sieste de Saporta aux discussions stratégiques de dirigeants internationaux, la loge du Bernabéu illustre l’évolution du Real Madrid. Plus qu’un club, un miroir du pouvoir.
Léo Seguin