Le « Donnarumma turc » au LOSC : Portrait de Berke Özer, nouveau rempart de la Citadelle | OneFootball

Le « Donnarumma turc » au LOSC : Portrait de Berke Özer, nouveau rempart de la Citadelle | OneFootball

In partnership with

Yahoo sports
Icon: Le Petit Lillois

Le Petit Lillois

·15 agosto 2025

Le « Donnarumma turc » au LOSC : Portrait de Berke Özer, nouveau rempart de la Citadelle

Immagine dell'articolo:Le « Donnarumma turc » au LOSC : Portrait de Berke Özer, nouveau rempart de la Citadelle

Le LOSC a annoncé ce jeudi l’arrivée de son nouveau portier Berke Özer, en provenance d’Eyupspör. Entre espoirs, désillusions et renaissance : portrait du nouveau gardien lillois.

Le départ de Lucas Chevalier a laissé derrière lui un vide considérable, à la fois sur le plan sportif et dans le cœur des supporters. Cinq jours plus tard, son remplaçant a été trouvé avec, ce jeudi, l’officialisation de la signature de Berke Özer. L’international turc s’est engagé pour quatre saisons avec le LOSC, dans le cadre d’un transfert estimé à 5 millions d’euros, bonus compris. Après un début de carrière marqué par des hauts et des bas, retour sur le parcours du gardien de 25 ans.


OneFootball Video


Né le 25 mai 2000 à Izmir, Berke Özer ne s’oriente vers le football que sur le tard. Avant de fouler les pelouses, il s’essaie tour à tour à la gymnastique, à la natation puis au basket. Ce n’est qu’en 2011, à 11 ans, qu’il rejoint l’école de sport Bucaspor en tant que défenseur central. Son destin bascule lors d’une séance de tirs au but, quand il enfile les gants presque par hasard… pour ne plus jamais les quitter. Son père, gardien de but dans sa jeunesse pour Izmirspor, n’était pas favorable à ce qu’il occupe le poste de gardien de but à cause de la pression qui règne autour du poste, avis qu’il n’a pas suivi.

Déjà l’heure du grand saut

Quelques années plus tard, lorsque Seyit Mehmet Özkan, président de l’école de sport de Bucaspor, prend les rênes du club d’Altınordu, Berke Özer le suit et rejoint l’institution. À seulement 16 ans, il intègre l’équipe première, engagée en TFF 1, la deuxième division turque, et fait ses débuts professionnels en avril 2017 face à Boluspor, un moment gravé dans la mémoire du natif d’Izmir : « J’ai eu beaucoup d’émotions différentes dans ce match. C’était une rencontre très spéciale pour moi. En première mi-temps, je n’étais pas sur le terrain (rires). En deuxième mi-temps, je me suis habitué psychologiquement. Comme je l’ai mentionné, nos entraîneurs m’ont aussi beaucoup soutenu avant et pendant le match. » Rapidement, Altınordu devient trop exigu pour un talent comme Berke Özer, et le moment est venu pour lui de frapper à la porte de l’un des géants stambouliotes.

Après 6 matchs sous les couleurs d’Altınordu, le gardien anatolien rejoint le Fenerbahçe SK, à seulement 18 ans. Le 6 décembre 2018, il fait ses débuts en Coupe de Turquie face à Giresunspor. Auteur d’un clean sheet, il peine à s’imposer avec l’équipe première et réalise l’entièreté de la saison 2018-19 avec l’équipe réserve du club stambouliote. Face à un temps de jeu restreint, le gardien, alors âgé de 19 ans, est à la recherche d’un club qui pourrait lui offrir minutes et expérience.

Le plat pays pour se lancer

Dans cette perspective, Berke Özer trouve un point de chute en Belgique, au KVC Westerlo. Surnommé le « Donnarumma turc » par son club et la presse flamande, il réalise un exercice convaincant. Auteur de 22 titularisations en 2019-20, il permet à son club de se classer 3e et 2e des deux phases de Ligue de deuxième division belge. Lors de la deuxième partie de championnat, il n’encaisse que 10 buts en 14 matchs, plaçant son équipe co-meilleure défense du championnat.

Durant l’exercice suivant, malgré une déchirure du ménisque qui l’a éloigné des terrains plusieurs matchs, le gardien turc réalise une saison pleine. Les supporters de Westerlo, comme Niels, se souviennent d’un gardien intéressant : « Berke Özer avait un beau potentiel. Sa première saison a été correcte et durant la deuxième, il a continué de progresser. Même si Van Langendonck a été bon durant la période où Özer a été blessé, j’ai trouvé le turc meilleur, confie le supporter belge avant d’insister sur la précocité qui caractérisait le natif d’Izmir. Le poste de gardien nécessite souvent une maturité plus importante que n’importe quel autre poste, et, même s’il avait des trous d’air, il disposait d’une constance satisfaisante pour son jeune âge. Je garde un bon souvenir de son passage » concluait Niels, qui venait de fouiller dans de vieux souvenirs.

Le Fenerbahçe, le volcan d’Istanbul

De retour dans la capitale turque, le natif d’Izmir semble désormais doté d’un bagage plus adapté pour s’imposer dans les cages des Jaunes et Bleus. Titulaire à 19 reprises en 48 matchs, il est en concurrence avec Altay Bayindir, aujourd’hui gardien à Manchester United. Durant cet exercice, Berke Özer est malmené psychologiquement et sportivement. Au micro de Kafa Sports, il révèle avoir souffert moralement : « La période la plus difficile de ma carrière ? L’ère Fenerbahçe avec les réseaux sociaux notamment. Vraiment, psychologiquement c’était une période très difficile. Ma confiance avait disparu, je me demandais si j’étais encore moi-même et en y réfléchissant peut-être que je ne l’étais plus à ce moment-là, lâche-t-il, ému, avant de préciser les détails de son mal-être. J’ai joué de bons comme de mauvais matchs, mais là-bas tu peux être écrasé, et je l’ai vécu. J’ai fermé tous les réseaux sociaux pendant cette période. C’était infernal, je coupais tout. Je faisais entraînement, maison. La télé, il y a une période où je ne l’ai pas allumée pendant 3 mois. Parfois, pour me changer les idées, je prenais la voiture pour aller boire un café, et, à la radio, une nouvelle critique. »

Malgré cette période, le gardien turc révèle ne rien regretter de son passage dans le club stambouliote : « Je suis allé à l’endroit où je rêvais d’être, je défendais le maillot du Fenerbahce à mes 18 ans dans les derbys. Il y a eu de bons comme de mauvais aspects. C’était difficile. Globalement, ça a été un échec. Puis, il faut dire que la relation avec les supporters n’a pas été top non plus, mais quand je regarde en arrière je ne regrette rien. » Après ce passage compliqué où la pression médiatique et populaire aura été plus forte que jamais, le portier ressent le besoin de s’évader de nouveau.

Au Portugal, parenthèse reposante

C’est ainsi qu’au cours de l’été 2022, il pose ses bagages au Portugal, à Portimonense, transféré libre depuis le Fenerbahçe. Il décrit un environnement beaucoup plus sain : « C’est une chose complètement différente, avec une culture particulière. Là-bas c’est différent de la Turquie car tu te sens davantage perçu comme un être humain. Tu vas être exposé pendant 90 minutes, certes, mais une fois le match terminé, tout le monde est humain, sur un même piédestal. Que vous gagniez ou que vous perdiez, c’est la même réaction. Le bonheur et la joie à une certaine dose, ce n’est pas démesuré, confie le portier turc avant de raconter une anecdote. Une fois, après un match, je me souviens que sur le chemin pour rentrer chez moi, j’ai croisé des fans, et, parmi eux, aucun ne m’a parlé du match. On s’y sent très à l’aise. »

Malgré un environnement favorable, le portier n’est pas parvenu à pleinement s’épanouir dans le pays lusitanien, auteur de deux petits matchs en 6 mois : « Lorsque j’étais au Portugal, c’était un peu une évasion pour moi, psychologiquement surtout. Je voulais m’éloigner. J’y suis resté environ 4-5 mois, mais je n’étais pas vraiment heureux. » C’est alors qu’il décide de rentrer dans son pays natal, en optant pour Eyüpspor, malgré un droit de préemption détenu par le Fenerbahçe.

Eyüpspor, berceau de la renaissance

Après cette parenthèse portugaise, le portier retrouve la capitale turque. Durant son entretien avec Kafa Sports, il raconte les coulisses de son arrivée à Eyupspör : « J’ai eu un appel avec le président et il m’a dit : « Viens maintenant. » J’étais chez ma mère, je lui ai demandé comment on allait procéder, il m’a dit qu’il s’occuperait de tout et m’a demandé si je voulais venir. Je lui ai dit que oui, même mon agent n’était pas encore au courant, c’était juste entre le président et moi. »

Arda Turan, l’artisan de la métamorphose

Arrivé le 12 janvier 2023, il termine la saison comme gardien numéro 1 sous la direction d’Arda Turan, un entraîneur qui a véritablement transformé le parcours de Berke Özer : « Il nous a ramené à la vie », lâche-t-il ému avant de louer l’ancien joueur du FC Barcelone. Quand je suis revenu en Turquie, c’était un football complètement différent, que ce soit psychologiquement ou tactiquement, il inclut le gardien de but dans son schéma. Sur le terrain, je prenais part au jeu, je suis devenu un gardien de but qui utilise ses pieds, cela a amélioré de nombreux aspects de ma personnalité, en tant que gardien et en tant qu’être humain.

Il m’a fait me sentir précieux en tant que personne car, vous savez, le football n’est pas qu’un sport, dans 10-15 ans ça sera fini. Il y a une telle amitié et fraternité entre nous et ça continuera pour la vie. C’est un homme formidable, et sera un entraîneur exceptionnel. » Ce tournant est également évoqué par Orhan, supporter de l’Eyüpspor depuis plus de 20 ans : « Arda Turan l’a propulsé dans une autre dimension. Il est devenu un acteur du jeu et a énormément gagné en confiance. »

La surprise Eyüpspor, l’évidence Özer

Lors de la saison 2023-24, l’Eyüpspor domine le championnat sous la houlette d’Arda Turan, décroche le titre et obtient son ticket pour la Süper Lig. Berke Özer, titulaire à 22 reprises, joue un rôle clé dans cette ascension historique du club stambouliote. La saison suivante réserve son lot de surprises puisque, à peine promu, l’Eyüpspor se classe sixième, offrant aux supporters des Jaunes et Violets une saison mémorable : « On a vécu une saison historique. Passer de promu aux portes de l’Europe, c’est assez dingue. On termine la saison devant des clubs historiques comme Trabzonspor », déclare Orhan. Au-delà de cet aspect collectif, la saison du portier de 25 ans est plus que réussie, comme l’explique le supporter du club stambouliote : « Il était assurément le meilleur joueur de l’Eyüpspor. Il est le meilleur gardien turc à l’heure actuelle et on aurait jamais voulu qu’il parte, assure-t-il avant d’ériger le portier comme une star. Il a été crucial cette saison, ce n’est pas exagéré de dire qu’il était devenu notre star. L’an passé, il a réalisé une saison fantastique. »

Au terme de cet exercice, Berke Özer a décidé de s’envoler d’Istanbul afin d’intégrer, pour la première fois de sa carrière, l’un des cinq grands championnats européens. Interrogé il y a deux semaines à ce sujet, il avait confié vouloir tenter sa chance sur le Vieux Continent : « Je veux retourner en Europe. Un club de rêve ? Non pas forcément. Si, le Real Madrid, mais on se doit d’être réaliste, si je dis aujourd’hui que je veux aller au Real Madrid, je me trompe. Je peux y arriver mais étape par étape. Je veux d’abord vivre en Europe, être impliqué dans le football en Europe. » Il poursuit en évoquant sa ville préférée. « J’adore Londres, c’est vraiment une ville que j’apprécie. » Même s’il n’y vivra pas, le nouveau gardien du LOSC ne sera désormais qu’à une petite heure de sa ville préférée.

Une sélection où règne l’ambition

Berke Özer a gravi tous les échelons sous les couleurs des Aigles de l’Anatolie, s’imposant très tôt comme un talent à suivre. Il a particulièrement brillé lors du Championnat d’Europe U17, où la Turquie a décroché la troisième place, posant les bases d’une histoire prometteuse avec la sélection nationale. Après sa première convocation en mars 2025, il fait ses débuts officiels le 7 juin 2025 face aux États-Unis, confirmant rapidement son statut de gardien de confiance.

À l’approche de la Coupe du monde 2026, Berke s’affirme comme l’un des éléments fort de la sélection turque, porté par son talent et sa  détermination. Au micro de Kafa Sports, il dévoile ses ambitions pour le prochain mondial : « Nous avons une très bonne équipe. Nous rêvons tous de gagner la Coupe du monde, j’espère que cela arrivera ! Nous pouvons battre n’importe qui. Notre capitaine joue à l’Inter Milan, notre numéro 10 au Real Madrid, et beaucoup de nos joueurs évoluent dans les plus grands clubs du monde. Nous avons une excellente équipe », affirme le portier turc, confiant et ambitieux.

Un gardien complet et imposant

Avec ses 1,91 m, Berke Özer dégage une présence naturelle dans sa surface. Comme le souligne le compte X Le Beau Football, il s’est imposé à Eyüpspor comme “le gardien ayant réalisé le plus d’arrêts en Turquie” la saison passée. Doté de “très bons réflexes, notamment sur les frappes à bout portant”, d’une grande allonge et d’un jeu aérien solide, il excelle dans les séquences où il est régulièrement sollicité, enchaînant des parades spectaculaires lorsqu’il “a la main chaude”, comme il l’a démontré cette saison face à Galatasaray. Par ailleurs, sa lecture des trajectoires et sa capacité à repousser les ballons vers des zones non dangereuses limitent les secondes chances adverses. Son jeu au pied est jugé comme correct, lui permettant de participer à une relance courte, et ses statistiques impressionnent puisqu’il totalise 84 % d’arrêts, 10 clean sheets et une place parmi les trois meilleurs gardiens turcs de la saison écoulée.

Des zones d’ombre à corriger

Pour Orhan, supporter d’Eyüpspor, “plus il est sollicité durant le match, meilleur il est. Mais, s’il est peu mis à contribution, un tir facile à la 60-70ᵉ minute peut faire mouche.”

Ce besoin de rester constamment sollicité est un double tranchant : « À Fenerbahçe, dans une équipe dominante qui concédait peu de tirs, il peinait à rester concentré. Les grands clubs turcs ne l’ont pas retenu en raison de ces erreurs survenues lors de matchs à faible intensité, où il n’avait pas chauffé suffisamment. » Le supporter du sixième de Super Lig du dernier exercice poursuit en évoquant la culture turque liée au football : “Notre culture émotionnelle turque peut parfois avoir un impact négatif sur Berke Özer”, laissant entendre que la gestion de la pression et des moments creux reste perfectible.

Un point confirmé par le principal intéressé : « Ici, tout prend une ampleur démesurée, et ce n’est pas toujours facile à vivre. Si je publie une photo en train de jouer au golf, les critiques fusent et les médias s’emballent. Ce qu’ils ignorent, c’est qu’avant cela, j’ai enchaîné 2 h 30 d’entraînement le matin et une heure de fitness. Pourtant, leurs jugements se concentrent uniquement sur l’image qu’ils voient, pas sur le travail accompli en amont. »

Un pari mesuré mais ambitieux pour le LOSC

En arrivant à Lille, Berke Özer devra s’adapter à un contexte bien différent, renouant avec une écurie aux ambitions qu’il n’avait plus côtoyées depuis son passage au Fenerbahçe. Il lui faudra rester performant malgré un faible volume d’occasions à gérer. Ses réflexes, son envergure et sa présence dans les airs en font un profil rassurant, mais la Ligue 1 exigera de lui une constance et une concentration de tous les instants. Le LOSC réalise ainsi un pari à son image, misant sur un gardien ambitieux, capable de prestations décisives, mais encore perfectible.

Visualizza l' imprint del creator