InterviewG4E. Luc Davaillon (Poitiers) : « Bordeaux fait quand même partie des meilleurs effectifs de la poule, avec des joueurs qui ont des niveaux supérieurs » | OneFootball

Ce samedi, les Girondins de Bordeaux se déplacent à Poitiers pour y affronter le Stade Poitevin, dans le cadre de la 17ème journée de National 2. A cette occasion, nous nous sommes entretenus avec le coach poitevin, Luc Davaillon, avec qui nous avons évoqué le match aller, le demi-saison de Poitiers, les supporters bordelais qui seront présents samedi au stade, Andy Carroll, et le niveau de la National 2. Un entretien comme d’habitude passionnant. Interview.

(Photo by Loic Cousin/Icon Sport) – Photo by Icon Sport

On n’était pas revenu sur le match aller… Comment avez-vous vécu cette égalisation peu ordinaire dans les arrêts de jeu de Lassana Diabaté ? Est-ce que vous avez senti qu’il y avait, malgré les circonstances, déjà un groupe en face ?

C’est vrai qu’on ne l’a pas très bien vécue. Après, on a été lucides, on n’a pas réalisé une performance comme on aurait aimé la réaliser, face à une équipe qui manquait de rythme et qui venait de reprendre la compétition. On aurait aimé mettre beaucoup plus de rythme. On estime être passés à côté de notre première mi-temps à ce niveau-là, et malgré tout en seconde mi-temps on a réussi à ouvrir le score et on pensait avoir fait le plus dur. Et puis voilà, ce fait de jeu en fin de match a fait que Bordeaux a réussi à égaliser, et pour nous c’est deux points de perdus sur ce match aller. Concernant le fait qu’un groupe qui se crée, je n’irai pas jusque-là. En revanche, on a senti des joueurs qui n’ont rien lâché, et qui ont essayé de ramener un point jusqu’à la dernière seconde. Donc ça c’est quelque chose d’important quand on construit une équipe, à savoir l’état d’esprit, la volonté et l’abnégation. Après, c’était vraiment une équipe jeune qui démarrait et on sentait que c’était très friable quand même.

Poitiers n’a plus joué depuis le 20 décembre (deux matches reportés, ndlr), alors que Bordeaux a enchainé. Qu’est-ce que vous avez mis en place pour parer à ça ?

On a réussi à faire un match amical contre Orléans le premier week-end de janvier, puisqu’on devait enchainer la deuxième week-end face à Châteaubriant, soit le premier match qui a été reporté. Ensuite, le match de Bourges a été également reporté. Du coup, ce qui a été mis en place, tout simplement, c’est presque refaire une préparation athlétique pour se préparer à cette seconde partie de saison. Ça, c’est quelque chose qui est validé, et qui nous a sans doute fait du bien. Après, est-ce que ce sera efficace tout de suite face aux Girondins, ou est-ce que c’est l’équipe qui aura le plus de rythme parce qu’elle a joué les trois derniers week-ends, qui fera la différence… Ça c’est le terrain qui va le dire, car rien ne remplace la compétition.

En quoi votre équipe a progressé depuis le match aller ?

Je trouve qu’on a progressé surtout dans l’approche des événements, et notamment sur ce qui s’est passé à Bordeaux, sur le fait d’encaisser le but à la dernière seconde. C’est quelque chose qui était assez récurrent en début de saison, où on faisait des matches assez cohérents, mais malgré tout des faits de jeu faisaient que ça gâchait entre guillemets notre prestation parce qu’on prenait des buts dans les dernières secondes sur des fautes de concentration, sur des erreurs de… Pas de jeunesse, parce qu’on a quand même de la maturité dans l’équipe, mais malgré tout des erreurs qui étaient vraiment évitables et qui nous pénalisaient, alors que l’ensemble du match était plutôt cohérent sur nos premières prestations.

Poitiers est une des seules équipes qui ne s’est pas renforcée cet hiver. Est-ce que c’est une volonté de votre part ?

Alors, c’est une volonté parce que déjà on est satisfaits de notre effectif sur la première partie de saison. Et puis, après, on est aussi lucides sur le fait qu’on ne fait pas partie des plus gros budgets de la poule, et qu’on n’a peut-être pas forcément les moyens que d’autres équipes pour se renforcer. Donc si c’est pour faire venir des joueurs qui sont du même niveau que ceux qu’on a déjà, on ne voit pas l’intérêt. Du coup, pour l’instant, on ne s’est pas renforcés. Est-ce qu’il y aura un ou deux mouvements d’ici la fin du mois de janvier, il n’y a rien de sûr pour l’instant. A cet instant, on est comme ça, et on n’est pas à se plaindre ou d’être en situation de faiblesse : c’est aussi un choix de notre part.

Depuis deux semaines, les supporters bordelais sont autorisés à se déplacer.

Déjà, la première chose à dire, c’est que c’est un plaisir quand même d’avoir des supporters au stade. Il y aura des supporters des Girondins de Bordeaux, des supporters de Poitiers, et ça, c’est toujours un plaisir. Après, en termes d’organisation, cela demande quelque chose de différent parce que vous avez des groupes de supporters, parce qu’il faut des parcages, etc… Ça, je sais que le club a beaucoup travaillé pour l’organisation, pour que tout le monde puisse participer à une belle fête samedi soir sans qu’il n’y ait de souci particulier. Nous, on a le souvenir d’être venus à Bordeaux alors que les supporters n’avaient pas le droit de rentrer au stade. Ils étaient à l’entrée du stade quand on est arrivés avec nos voitures, et on n’a eu que des messages positifs, d’encouragements, et ça s’est très bien passé. Donc il n’y a aucune raison pour que ça se passe mal samedi soir.

L’effectif des Girondins ne ressemble plus du tout au match aller… Quel regard portez-vous sur celui-ci ?

Effectivement (rires), ce n’est plus la même équipe que quand on a joué contre vous. On a regardé tout ça… Je pense que l’effectif de Bordeaux fait quand même partie des meilleurs effectifs de la poule, avec des joueurs qui ont des niveaux supérieurs à tout ça. Le regard que l’on a sur cet effectif-là, c’est que cela fait partie des deux-trois effectifs qui sont plus costauds que les autres dans notre poule.

Notamment au niveau de la défense, qui est l’une des meilleures défenses de la poule, même si effectivement il y a des noms en attaque…

Il y a une défense qui est assez hermétique, oui. Et malgré tout en attaque, vous avez quand même un joueur qui est rapidement devenu le meilleur buteur du championnat, et qui est capable de marquer des buts que peu de joueurs de National 2 peuvent marquer, il faut être lucide…

Oui, seulement, Andy Carroll ne sera pas là ce week-end… Est-ce que ça change quelque chose ?

C’est ce que j’ai cru voir (sourire). Malheureusement pour lui, mais peut-être que ce sera un bien pour nous, parce que c’est vraiment un joueur qui marche sur le championnat. Avoir un joueur comme ça en face de soi, c’est toujours une appréhension supplémentaire, mais de vous dire que ce sera plus facile de jouer sans lui, ce serait un peu présomptueux. Et puis, je pense que l’effectif de Bordeaux est suffisamment complet pour qu’ils puissent se passer d’un joueur sur deux ou trois journées de championnat. Donc je ne pense pas que l’équipe de Bordeaux sera plus faible sans Andy Carroll, même si c’est vraiment un joueur qui est au-dessus du championnat.

Est-ce que vous avez regardé le dernier match face au Poiré (2-0), et qu’en avez-vous pensé ?

Oui, j’ai regardé ça samedi soir. J’en ai pensé que Bordeaux a vite ouvert le score, qu’ensuite ça a un peu ronronné, et qu’ils ont eu assez peu de situations à mon sens. Et 2-0, c’est le score qui était assez logique par rapport à la physionomie du match. Mais il n’y a pas eu une domination outrageante par rapport au fait qu’ils jouaient contre le dernier sur leur terrain.

On ne va pas vous l’apprendre, mais effectivement, dans ce championnat, il n’y a aucun match facile…

C’est ça, il n’y a pas de match facile. Ce week-end, on a vu Granville, qui est dans les dernières positions, qui a été mettre quatre buts à Avranches sur son terrain, alors qu’Avranches était plutôt bien positionné. On voit que tout le monde est capable d’accrocher tout le monde. D’ailleurs, vous l’avez bien vu l’autre jour avec Locminé qui est venu faire une belle prestation à Bordeaux (1-2)… Il n’y a pas de match facile dans notre poule, et il y a pas mal de matches qui semblent joués d’avance, et qui ne le sont pas à la fin du week-end.

Vous n’êtes qu’à cinq points de Bordeaux avec deux matches en retard et même si c’est difficile de parler de montée que ce soit pour Poitiers ou pour les Girondins, vous êtes tout de même vous aussi dans la course au haut de tableau…

Alors, on n’a qu’un match en retard, par rapport à Bordeaux. Mais nous, on n’est pas dans cette optique-là. Déjà, d’une, sur le match de samedi, notre préoccupation sera de retrouver les sensations qu’on avait en fin d‘année civile pour relancer notre seconde partie de saison, et essayer d’être sur la même dynamique. Ça, ce sera la priorité. Au-delà du classement, au-delà des points, c’est vraiment notre priorité quand on n’a pas joué depuis un mois. Et puis, on est assez lucides. On est une équipe promue, on a eu des difficultés à domicile sur la première partie de saison, qu’on a réussi à régler sur les deux derniers matches de l’année en les remportant, ce qui nous a fait énormément de bien au niveau du classement. Mais pour avoir des prétentions, pour gagner un championnat, il faut vraiment être beaucoup plus sereins à domicile et avoir des résultats plus solides à la maison. Peut-être que cela viendra en seconde partie de saison, je ne sais pas, mais ce qui est sûr c’est qu’aujourd’hui on n’est pas dans cette optique-là, à essayer de regarder à combien de points est Saint-Malo… On est plus dans l’optique de faire une belle seconde partie de saison pour valider ce que l’on a fait en fin d’année civile, et après prendre du plaisir à essayer de gagner le plus de matches possibles.

Ce qu’on voulait dire par là c’est que tout peut encore se jouer car il reste une demi-saison, et qu’on voit même Saint-Malo perdre à domicile…

Bien sûr. Saint-Malo a vraiment fait une super première partie de saison. Quand on voit les résultats, on voit que tout le monde est capable d’accrocher tout le monde. Donc de faire une demi-saison en étant invaincu, c’était vraiment une très belle performance de leur part. Maintenant, ils se sont faits accrocher comme beaucoup d’équipes se font accrocher. Est-ce qu’ils vont être capables désormais de tout de suite basculer et de reprendre des points rapidement, je ne sais pas, mais par contre cela veut dire simplement que le championnat va être indécis jusqu’au bout, effectivement.

Un très grand merci à Luc pour sa sympathie et sa disponibilité, que ce soit à l’aller comme au retour. A bientôt !