EXCLU - Vicki Becho : « J'ai envie de donner l'envie à des personnes de jouer au foot » | OneFootball

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·27 dicembre 2024

EXCLU - Vicki Becho : « J'ai envie de donner l'envie à des personnes de jouer au foot »

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À seulement 20 ans, Vicki Becho entame (déjà) sa troisième saison avec l’Olympique Lyonnais. Considérée comme le présent et le futur du football français, l’attaquante formée au PSG déborde d’ambitions. Trente minutes durant, la native de Montreuil développe ses réponses et distille ses idées avec un seul mot d’ordre : tout rafler. Interview énergique.


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« Mes agents aussi voulaient que je reste au PSG »

Comment s’est déroulée ton enfance ?

J’ai vécu ma pré-adolescence à Sens, dans un cadre très familial. J'ai été élevée par ma mère, seule, avec mon grand frère et ma petite sœur. Partout où j’allais, on m’a toujours considéré comme la petite sœur, comme la petite fille de mon coach, des grands de mon quartier, d’un peu tout le monde. J'étais la petite fille que tout le monde aimait parce que j'étais celle qui jouait au foot. À Sens, j’étais vraiment appréciée de tous. J'ai eu une belle enfance. La seconde partie de ma vie, c’est quand je suis arrivée au Paris Saint-Germain. C’était un peu plus difficile. Mais avec ma mère, mon frère et ma sœur, on s'est toujours serré les coudes. C'est de l'histoire ancienne et aujourd'hui, je me sens bien (sourire).

Tu étais quel type de fille ?

Ma mère a toujours trouvé qu’à la maison, j'étais une petite peste parce que je faisais beaucoup de bêtises. Je n'écoutais pas beaucoup, mais en dehors, elle n'a jamais eu de problème avec moi. À l'école, j'ai toujours eu des bonnes notes. Ça l'agaçait un peu. Car dehors, on lui disait que du bien de moi, que j’étais très calme, très timide, alors qu’à la maison, c’était tout le contraire (rires). Avec mon frère, on a fait énormément de bêtises. On voulait s'amuser. On était des enfants qui avaient beaucoup d’énergie. On jouait tout le temps au foot. Ma mère n’en pouvait plus, on faisait tout le contraire de ce qu’elle nous disait. Aujourd’hui, quand on en reparle, ce sont de bons souvenirs.

Tu étais comment à l’école ?

J’ai obtenu un bac STMG. J'ai toujours eu de bonnes notes. J'ai eu une mention bien au bac. Je n'ai jamais eu de problème à l'école. Ma mère n'a jamais eu de souci avec moi au niveau de la scolarité.

Tu as essayé d'autres sports ?

Non, pas du tout. Le foot s’est imposé à moi. C'était la seule chose que je savais faire donc on m’a inscrite au foot. Ma mère a essayé de me détourner du foot en m'inscrivant à la danse. De base, c'était du hip hop, mais ma tante s'est trompée et m’a m’emmenée à la danse classique. Je n'ai pas trop aimé. Le foot est le seul sport qui m'intéressait. C'était trop calme. Tant que je ne tapais pas dans un ballon, ça ne m'intéressait pas. J’étais plus attirée par les sports collectifs, le fait d’être dans une équipe, de partager une passion à plusieurs, pour moi, c'est tellement beau. Réaliser des exploits quand on remporte des compétitions, être tous ensemble, sauter tous ensemble, c’est un sentiment inexplicable.

As-tu une anecdote concernant ton enfance ?

Je me rappelle d'un tournoi à Troyes, avec le FC Sens, mon ancien club. Beaucoup de clubs professionnels étaient présents : l’OL, Lens, Brest, Auxerre et plein d’autres. Et à chaque grand tournoi, nous étions la surprise. Je me souviens de la finale de ce tournoi. J’avais mal débuté le match face à Reims, du coup, le coach m’a sortie car il était énervé contre moi. Il m’a fait rentrer 10 minutes après et j’ai marqué le but victorieux. On a explosé de joie à la fin, c’est l’un de mes meilleurs souvenirs.

Quels souvenirs gardes-tu de ta formation au PSG ?

Au niveau footballistique, j’ai passé de belles années. J’avais mes problèmes extérieurs, mais quand j’arrivais sur le terrain avec mes coéquipières, je passais de beaux moments. Je me sentais bien, je me sentais libérée, j’ai connu une belle formation. Je ne pouvais pas espérer mieux. Je me sentais tellement bien dans cette équipe, dans ce club, je garde de bons souvenirs du PSG.

Comment gérais-tu tes problèmes en dehors du football sans que cela impacte tes performances ?

J'étais jeune et innocente. Ma mère portait tous les problèmes qu'on avait sur ses épaules. Elle essayait de nous protéger. Quand tu es jeune, tu n’as pas conscience de tout ce qui peut se passer autour de toi. Une fois que j'arrivais au foot, tous ces problèmes-là disparaissaient. Je faisais juste ce que je savais faire : jouer. Et toute la semaine, j’étais au club. Je rentrais le week-end seulement. Ça me faisait mal de rentrer parce que je retournais à la réalité, donc j'étais pressée de repartir. Même si ça me faisait aussi mal de laisser ma mère dans tout ce chantier. Je ne sais pas comment elle a fait pour vivre tout ça. Ça a été dur. Je pense qu'elle l'a fait pour nous aussi. C'est du passé, on est passés à autre chose. Aujourd’hui, on en reparle, on prend conscience de tout ce qu'on a vécu. Et on se dit qu'on a été forts. On est très contents de ce qui nous arrive.

Comment était la vie au centre de formation ?

Je me sentais bien. Notre équipe au PSG, c’était une bande d'amis. Toute la semaine, on était ensemble, on faisait aussi pas mal de bêtises, mais sur le terrain, on était très performantes. En deux ans, on a perdu zéro match. Sur notre génération, on était la meilleure équipe possible. On était une bande d’amies qui jouaient ensemble et qui prenaient du plaisir. Sur le terrain, on n'avait même pas de tactique. Le coach nous disait juste : « Rentrez sur le terrain et faites ce que vous savez faire ». C'est ce qu'on a fait pendant deux ans. Tout s'est très bien passé.

Pourquoi ne pas avoir intégré le groupe professionnel au PSG ?

Je me sentais bien au PSG, mais je savais que je voulais plus, j'attendais plus de moi. Et je me connais, je sais que je suis une personne qui peut très vite se reposer sur ses lauriers. Je ne voulais pas tomber dans ça. Je savais qu’au PSG, on allait plus facilement me céder les choses. Je voulais voir autre chose, je voulais que ce soit dur pour moi, je voulais progresser davantage. Je voulais jouer avec les meilleures joueuses du monde. Ma décision a été très dure à prendre, aujourd’hui, je ne regrette vraiment pas mon choix. C'est le meilleur choix que j'ai pu faire. Je suis à l'OL et je me sens hyper bien dans cette équipe. J'ai beaucoup progressé. Je suis passée par plusieurs étapes ici. Je sais que je peux encore progresser. J'espère encore plus avec l'OL.

Comment les contacts ont-ils été initiés avec l’OL ?

Sonia Bompastor a contacté ma famille. Elle a eu le numéro de ma mère par le biais du papa d’Alice Sombath.  Elle a appelé ma maman, tout s’est fait très rapidement, c'était fluide. Je me suis rendue sur place pour visiter les installations. Ensuite, le confinement est arrivé, donc j’ai pris le temps d'y réfléchir. C’était vraiment dur, toute ma famille était contre moi, elle voulait que je reste au PSG, mais c’était ma décision. J’avais besoin de me faire du mal, j’ai pris une bonne décision.

Ta maman a discuté avec Sonia Bompastor, elle connaît les mécanismes du football ?

Non. Ma mère n’y connaissait rien à ce moment-là. Ma mère orientait tout le monde vers mes agents, elle ne s’interférait jamais. Elle était là pour me supporter à chaque match simplement. Concernant les prises de décision, elle faisait entièrement confiance à mes agents. Après réflexion, j’ai choisi l’OL, mais pour te dire, mes agents aussi voulaient que je reste au PSG. Ils pensaient que c'était mieux pour ma progression. Mais c'est mon destin, ma carrière. C'est à moi de prendre les décisions. Et voilà, j'ai fait un choix fort. Aujourd'hui, je suis très heureuse de ce choix.

Quand tu arrives à Lyon, tu te retrouves en concurrence avec les meilleures joueuses du monde, ton temps de jeu peut se réduire…

Bien sûr, mais il faut être patiente aussi dans la vie. Quand j’arrive dans cette équipe, je ne pense pas jouer directement. Je me dis : « Donne le meilleur de toi-même et saisis chaque opportunité ». J’étais réaliste, je savais que ça allait être dur. Mais côtoyer toutes ces joueuses au quotidien, voir leur manière de travailler, c’était hyper enrichissant, j'avais 16 ans. Il faut apprendre à travailler sainement pour être le plus performant possible. Aujourd’hui, je me sens hyper bien à l’OL, je côtoie de très bons exemples.

« Je veux m'imposer dans cette équipe à long terme »

Comment as-tu réagi lors de ton arrivée dans ce vestiaire bardé de grandes joueuses ?

Franchement, c'était assez impressionnant, car j’avais l’habitude de les voir à la télé. Je trouvais ça assez bizarre d'appeler Wendie Renard ou Eugénie Le Sommer par leur prénom. C'était assez bizarre pour moi parce que je n'avais pas l'habitude. Je me rappelle, j'avais un peu peur de parler avec Wendie, parce que je l'ai toujours vue le visage fermé. J'avais un peu peur d’elle. Mais aujourd'hui, je sais que c'est une des plus belles rencontres que j'ai pu faire dans ma vie. C'est une personne exceptionnelle. Et si je n’avais pas signé à l’OL, je n’aurais jamais fait ce genre de rencontres.

Comment juges-tu ta progression ?

Que ce soit à Lyon ou en équipe de France, j’ai toujours pris les choses comme elles venaient. Je me suis toujours dit : « 1 minute, 2 minutes, 10 minutes, donne tout ». J'étais prête à jouer ces matchs-là parce que je savais que c'était peut-être ma dernière chance. Je savais que les choses allaient venir petit à petit. Je suis patiente, je sais ce que je veux aussi. C’est à moi d’aller chercher les choses.

Tu ne t’es jamais posé des questions sur ton niveau ?

La remise en question, ça fait partie du quotidien d’une joueuse de football. C'est important. Pour être performante, il faut être réaliste sur ses performances. Le doute existe aussi, car on peut avoir moins de temps de jeu ou être moins performante. Le doute fait partie de la progression. J'ai toujours trouvé ça normal.

Comment juges-tu ta progression ?

Je suis assez contente de ce que j'ai pu faire jusqu'à présent. Après, ce n’est pas une fin en soi. J'attends plus de moi. Je peux faire plus parce que j’attends plus. Je veux m'imposer dans cette équipe à long terme. Je veux faire partie de cette équipe qui va remporter tous les trophées. Je veux laisser ma marque dans ce club. Pour ça, il faut travailler plus, il faut se donner plus. C'est normal. Wendie continue à bosser en salle de gym. Donc ce n'est pas moi qui vais m'arrêter. Il faut travailler plus et je sais que je peux faire plus. Donc j'attends encore plus (sourire).

As-tu des objectifs pour cette saison ?

Oui, mais je préfère les garder pour moi. Mes ambitions sont grandes, j’ai de beaux objectifs. Je veux toujours plus. Je vais y arriver grâce à mes performances, grâce au travail quotidien. Je veux marquer plus, je veux faire plus de passes décisives. Je veux apporter au maximum à mon équipe. Nos objectifs collectifs vont aussi passer par des performances individuelles. Tout le monde doit se fixer des objectifs réalisables et aussi élevés.

Je suppose que tu ne gardes pas un bon souvenir des JO…

On n’a pas atteint l’objectif. C'est clair et net. On doit apprendre de cet échec. Je fais partie de la nouvelle génération. J'apprends énormément avec les filles en sélection. Demain, ce sera nous, la nouvelle génération, et on sera sur le terrain pour un Mondial, un Euro ou des JO. Il faut engranger un maximum d’expérience pour le mettre au profit du collectif, pour atteindre les objectifs qu'on aura à l'avenir.

Comment as-tu vécu ces JO ?

Honnêtement, j'étais un peu frustrée. Mais c’est normal, je suis une compétitrice. Je voulais atteindre mes objectifs, je voulais jouer, je voulais aider mon équipe. Mais il fallait penser au collectif. L’équipe avant tout. Si demain, on remporte un trophée, c’est tout le monde, pas seulement une joueuse.

Qu’est-ce qui a manqué selon toi ?

(Sourire) Lorsqu'on participe à une compétition, si on ne gagne pas, c'est qu'il nous a manqué quelque chose. Quand on gagne, même s'il nous a manqué quelque chose, on s'en moque un peu. On peut dire tout ce qui nous a manqué, mais ce n’est pas le plus important. Le plus important, c’est de savoir comment on va réagir à l’avenir lors d’une grande compétition. Il faut relever la tête, on ne pense pas au passé. On pense à la prochaine compétition. On est gonflées à bloc, on va tout mettre en place pour remporter des trophées.

Qui est Vicky Becho dans la vie de tous les joueurs ?

Je suis une personne joyeuse, qui rigole tout le temps, qui sourit tout le temps, peu importe ce qui se passe dans ma vie. Les gens ne peuvent même pas savoir ce qui m'arrive. Il peut se passer quelque chose de très triste, mais je vais toujours avoir le sourire, toujours rigoler. Voilà comment je me décris. Je suis très famille aussi. Je suis tout le temps avec ma mère, ma sœur, mon frère. Je suis moi (sourire).

As-tu des passions en dehors du foot ?

Non, je veux juste être avec ma famille. Je suis très casanière en dehors du foot. Lorsque je rentre, je reste avec ma famille. Si je sors, c’est avec ma famille aussi. Sinon, je suis à la maison, je me repose et je joue beaucoup à FIFA sur la playstation ou à Football Manager sur mon ordinateur. Tout tourne autour du foot.

Sur Football Manager, tu es quel type de coach ?

Je suis une coach très jeune qui veut vraiment avoir la possession du ballon. On joue beaucoup en pressing et en contre pressing. Les joueurs souffrent énormément parce qu'ils courent beaucoup. On remporte souvent le championnat, on est une équipe vraiment difficile à battre. On prend beaucoup de buts, mais on en marque beaucoup aussi. J’ai récemment commencé une saison avec le Red Star.  Pour le moment, on est en pré-saison. On va voir comme ça se passe.

Tu te vois coach à l’avenir ?

Je ne sais pas, mais en tout cas, une chose est sûre : je vais rester dans le football.

Tu as grandi seulement avec ta maman, est-ce que ça t’a endurcie ?

Évidemment, ça m’a renforcée et endurcie. Ma mère nous a inculqués des valeurs très fortes. Si je suis la personne que je suis, c'est aussi par rapport à mon vécu. Je suis une personne très respectueuse. Le respect, c’est très important. Je veux vraiment que ma mère soit fière de moi, donc j'essaie d’appliquer les valeurs qu'elle m'a inculquées.

Comment définis-tu ton jeu ?

Je suis une joueuse d’instinct, une joueuse rapide, technique. Je déborde beaucoup, j'aime bien prendre du plaisir en dribblant. J'aime prendre des risques. Je suis une joueuse de côté qui aime se faire plaisir.

Qu’aimerais-tu améliorer dans ton jeu ?

J'aimerais faire encore plus de courses. Je joue à un poste où il est important de multiplier les courses, d’être capable de redescendre pour aider sa latérale. Ok, je vais attaquer, c’est ce que je dois faire, mais dans le football moderne, les ailières et les latérales doivent faire beaucoup de courses pour défendre. Il faut donc savoir effectuer ces replis défensifs. Je dois aussi plus souvent tenter ma chance. Car quand je suis en position de frappe, j’ai tendance à faire la passe, il faut que je prenne mes responsabilités plus souvent.

Quels sont les joueurs que tu aimes regarder ?

J'ai toujours aimé Cristiano Ronaldo. Pour moi, c'est un modèle. J’ai beaucoup regardé Neymar, Lucho Gonzalez, les frères Ayew, pas de mal de joueurs quoi. Mais CR7 par-dessus tout, je regardais ses vidéos, et après, j’espérais reproduire ses gestes techniques en match. Neymar m’a beaucoup inspirée aussi.

Tu as des rêves ?

Je rêve de tout gagner, de tout remporter avec l’OL et l’équipe de France : le championnat, la Ligue des Champions, la Coupe du Monde, l’Euro, les JO, tout, tout, tout. Et mon plus grand rêve, ce serait d’inspirer les futures générations, comme Eugénie et Wendie ont pu le faire. Je veux que les jeunes me voient comme j’ai vu ces joueuses. J'ai envie de donner l'envie à des personnes de jouer au foot. Voilà mon rêve.

Si tu devais terminer l’interview par une phrase qui te représente ?

« Je suis fatiguée. ». C’est vrai, je dis toujours : « Je suis fatiguée » (rires). Mais en réalité, je suis une pile électrique.

Tu te notes comment pour cette interview ?

Je me mets 11 sur 10.

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