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·22 maggio 2025

ASSE : "Tanenbaum s'est fait pigeonner une fois, mais pas deux !"

Immagine dell'articolo:ASSE : "Tanenbaum s'est fait pigeonner une fois, mais pas deux !"

Bernard Lions, journaliste pour L'Équipe et spécialiste de l'ASSE depuis de longues années, a été interviewé par Franck Talutto dans le podcast Dessous des Verts. Il y livre notamment son point de vue sur le groupe Kilmer (propriétaire de l'ASSE) et revient sur cette saison particulièrement difficile pour le club.

"Pour eux, c’était Dall’Oglio le responsable. Tout ce qu’ils avaient fait était génial et extraordinaire. Donc, l’erreur, c’était Dall’Oglio. Il dégage Dall’Oglio, et arrive ce premier match en trompe-l’œil de l’ère Horneland contre Reims. Je rappelle que c’était une équipe complètement désarticulée, qui commençait à être démontée, avec Agbadou qui avait été vendu.


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Tu gagnes 3-1. Oui, mais tout le monde se dit — et c’est bien ce que vous avez dit — : « Voilà ta grosse “buse” de Dall’Oglio, qui ne sait pas faire jouer ces joueurs extraordinaires. » Parce que, bien sûr, tout le monde est con à part les dirigeants de l’ASSE. Effectivement, Ben Old, Boakye, Stassin… personne n’était capable de voir que c’étaient de grands joueurs. Il n’y a qu’à Saint-Étienne qu’on était capable de le voir.

Mais derrière, ils ont mis un business plan en place. Ils ont dit : « Voilà, pour monter, il faut… on va acheter le club tant, il y a le déficit d’exploitation… on va maintenir 23 millions dans les transferts. Ça va être historique, et ça suffira. »"

"Tout le monde est con à part les dirigeants de l’ASSE"

"Force est de constater que ça ne suffisait pas : ils se sont trompés. Ce sentiment, j’ai l’impression qu’il est partagé. Il ne faut pas opposer le triumvirat français au triumvirat étranger. En réalité, l’ASSE, c’est trois strates : il y a les Français, le triumvirat britannique, et enfin les Canadiens, avec Tanenbaum et ses conseillers.

Et moi, je pense qu’ils n’ont pas eu le courage ou l’honnêteté d’aller voir M. Tanenbaum pour lui dire : « Voilà, dans le business plan qu’on a monté, il manque 5 à 10 millions d’euros. L’effectif n’est pas totalement prêt, il faut rajouter. » Ils ne l’ont pas fait. Il faudrait leur poser la question : pourquoi ?

Moi, j’en avais parlé avec Huss Fahmy. Ils m’ont répondu qu’ils étaient convaincus de leur projet. Mais à un moment, vous allez voir votre boss, vous lui dites : « Pour accomplir ma mission, il me faut tant. » Et puis six mois après, vous retournez le voir : « Finalement, je me suis trompé. Vous pouvez m’aider ? Il me faut encore plus. » Ils ont eu peur d’être pris en flagrant délit d’échec ou d’incompétence. Alors ils n’ont rien dit.

Larry Tanenbaum, quand je l’ai rencontré — tu fais bien de le rappeler — a dit : « Il suffisait de me demander plus, et j’aurais donné plus. »

C’est pour ça que, pour moi, qui suis dans le football professionnel depuis 1993, c’est la descente la plus stupide et la plus évitable que j’aie jamais connue."

"Là, ils vont faire quoi ? Il va falloir qu'ils payent pour faire sortir des joueurs !"

"Je ne comprends pas la stratégie de Kilmer pour l’ASSE. Moi, j’arrive, je reprends un club pour pas cher — parce qu’ils l’ont acheté pour trois fois rien — et je mets un investissement massif d’entrée. Dans une Ligue 1 d’une faiblesse abyssale, tu peux viser le premier tiers du championnat. Ça crédibilise ton projet dès le départ. Ça te permet de faire venir des sponsors, d’attirer le public, de créer un engouement. Tu construis quelque chose.

Et au final, ça te coûte beaucoup moins cher. Parce que là, comme ils s’inscrivent dans la durée… ils vont faire quoi ? Il va falloir qu’ils payent pour faire sortir des joueurs, qu’ils payent pour en recruter d’autres, qu’ils payent pour remonter en Ligue 1. Il y aura aussi le déficit d’exploitation en Ligue 2, etc.

Ça me rappelle Colonie Capital, il y a une quinzaine d’années, au Paris Saint-Germain. À leur arrivée, ils ont dit : « Non, on ne va pas faire n’importe quoi. On va mettre un peu d’argent. » Puis ça ne marche pas. Alors : « On va remettre un peu d’argent. » L’année d’après, toujours rien. Encore un peu d’argent. Et au final, ils n’ont rien gagné. Ils ont vendu le club pour trois fois rien, et ce qu’ils ont investi leur a coûté bien plus cher.

Donc même d’un point de vue économique, je ne comprends pas. Je ne comprends pas ce qu’ils ont fait."

"Tanenbaum a 2,4 milliards de dollars de fortune personnelle, vous pensez qu'il veut faire une plus-value de 2 millions d'euros ?"

"Lui, il monte un projet, il veut le développer, il veut réussir. Mais quand tu t’appelles Tanenbaum et que tu gères des entreprises gigantesques, ça ne fonctionne pas comme ça. Tu fais un investissement, tu définis une stratégie, tu délègues à des gens — d’où la création de la holding Kilmer, avec trois personnes à l’exécutif —, tu délègues, tu observes, mais tu ne t’occupes pas de la gestion quotidienne.

Et là, je pense qu’il n’est absolument pas satisfait. Parce que la finalité, pour des gens comme lui, c’est de gagner. Ce n’est pas de faire du training ou de la formation. Vous pensez vraiment que M. Tanenbaum est venu pour ça ? Et à la fin, on vend Davitashvili pour 8 millions d’euros, après l’avoir acheté 6 millions un an plus tôt. Donc on fait une plus-value de 2 millions d’euros… pour un homme dont la fortune personnelle est estimée à 2,4 milliards de dollars. Sa société, MLSE, est valorisée à 8 milliards.

Il possède huit franchises nord-américaines, dans tous les grands sports. Chacune vaut, au bas mot, entre 500 et 600 millions de dollars. Vous pensez qu’une plus-value de 2 millions sur Stassin, c’est ça qui l’intéresse ? Pas du tout. Ce qu’il veut, c’est gagner.

Et là, non seulement il n’a pas gagné, mais il a perdu. Donc, mon petit doigt me dit qu’il n’est pas content. Pas content du tout. Et qu’il ne comprend pas non plus ce qui s’est passé. Alors s’il s’est fait pigeonner une fois — parce que, franchement, ça y ressemble un peu — ce ne sera pas deux fois. Ce business, aujourd’hui, ça ne marche plus comme ça."

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