Le Journal du Real
·9 aprile 2025
Arsenal – Real Madrid : décryptage d’un plan de jeu madrilène pas si médiocre

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·9 aprile 2025
Que retenir, si ce n’est cette violente sortie de route de la part des Merengues ? Mardi soir, au beau milieu de Londres, ce quart de finale aller, pressenti comme une grande cuvée, a finalement tourné au vinaigre. Et s’il ne s’agit ici que de la première manche, le retour au Bernabéu laisse peu de doute quant au dénouement final. « Humiliés » d’après Marca, les Merengues ont livré une prestation médiocre en Angleterre.
Certes, la Casa Blanca n’a pas su se relever face à un Declan Rice en mode David Beckham. Mais on ne peut occulter une organisation initiale bien sentie. Un mécanisme avec des failles, c’est sûr, mais une machine huilée qui a posé d’importants problèmes aux Gunners.
Quoi qu’on en dise, un bon nombre de consignes tactiques du staff madrilène ont été payantes. Et ce, même défensivement. Au vu des récentes prestations du Real Madrid, Carlo Ancelotti en avait certainement pleinement conscience : parler d’un bloc sans ballon ambitieux apparaissait inenvisageable. Mais, comme abordé dans la prévia tactique, au travers d’une relance courte, Arsenal prend habituellement d’importants risques. Des erreurs peuvent être commises, et ce match n’a pas dérogé à la règle. À la moindre passe un poil trop frileuse, les partenaires de Bellingham n’hésitaient pas à tenter l’interception. Des initiatives payantes, car, une fois récupérés, ces ballons se transformaient en occasion de trouer ce bloc dégarni. Si les offensifs de la Maison Blanche avaient été dans une meilleure forme, ces trois, quatre ballons chipés auraient pu largement se matérialiser en but.
À noter au passage que la principale arme anglaise, le domaine aérien, n’a qu’occasionnellement inquiété la garde blanche. Il y a eu ce corner repoussé à bout portant par le malencontreux Saliba en première période, ainsi que la tête croisée de Merino. Mais c’est tout. Pourtant, des munitions, les Londoniens en ont eu. Des corners ultra rentrants aux multiples coups francs excentrés, le premier poteau espagnol se voyait régulièrement parfaitement protéger. Et lorsque ce ne fut pas le cas, le géant Courtois a prouvé qu’il détenait les clés de la surface. Un constat de bon augure avant la semaine prochaine.
Un cran plus haut, les Espagnols ont de même posé nombre de problèmes aux locaux. Là aussi, le passé l’avait mis en exergue : les hommes d’Arteta tiennent à leurs phases de possession, avec cette nécessité de combiner par l’intermédiaire d’un jeu court au cœur de l’axe adverse. En conséquence, le Real Madrid a usé d’un bloc médian dense, saupoudré d’un marquage en zone. L’objectif était d’empêcher les Gunners de s’implanter dans le cœur du jeu en les poussant à réaliser des transmissions complexes. Récalcitrants à l’idée de sortir de leur plan de jeu, les locaux ont pris plus d’une trentaine de minutes avant de parvenir à accélérer. L’organisation madrilène, si elle est de cet acabit, pourrait aussi donner du fil à retordre aux coéquipiers de Saka au retour.
Avec ballon, Madrid a fait parler une nouvelle fois sa fougue. Comme toute équipe possédant un bloc haut en phase offensive, les coéquipiers de Saliba se sont exposés. Et la contre-pression mise en place en première période n’y a rien changé. Ces projections à la récupération, ces ballons verticaux, cette qualité d’appel-contre-appel des flèches blanches… Face à ce bloc rouge et blanc coupé en deux, les coéquipiers de Rodrygo ont su, par séquences, se rapprocher dangereusement des cages adverses. Cette vélocité délestée d’une importante présence axiale aurait pu faire encore plus mal si la doublette Vinicius – Mbappé n’avait pas péché dans le dernier geste.
Mais si ces ajustements tactiques de début de match étaient bien sentis, ils ne sont pas parvenus à camoufler les failles madrilènes. Les phases de pressing constituent le symbole de cette observation, tant cette initiative s’est révélée inefficace. La raison ? Los Blancos ne défendaient pas en 4-4-2, mais en 4-4-0 ! Le duo Mbappé – Vinícius détenait pourtant une seule mission. Une ! Celle de bloquer les lignes de passes en direction du double pivot Partey – Lewis-Skelly. Pas de grandes courses, pas de lecture de jeu hors norme, non. Et pourtant, cette première ligne, point d’ancrage du pressing, n’a cessé d’alterner entre désorganisation et nonchalance. Résultat, ce bloc blanc totalement scindé en deux s’est vu percé de fond en comble par les montées de balle londonienne. La seconde lame du Real Madrid a alors tenté de rattraper le coup en montant rapidement sur les deux plaques tournantes d’Arsenal. Mais c’était déjà trop tard. Les relances des locaux n’ont été que rarement gênées. Une opportunité plus que saisie par les hommes d’Arteta.
Puis, plus bas en phase placée, l’organisation apparaissait particulièrement rodée. Sauf concernant deux éléments. Tout d’abord, l’horizontalité omniprésente d’Arsenal, marquée de deux ailiers faux pieds, apparaît comme le tournant de la rencontre. Par l’intermédiaire d’une ligne de cinq bien distincts, les repiquages au bord de la surface fusaient. Une tendance face à laquelle les coéquipiers de Rüdiger n’ont jamais su trouver la parade. Enfin, si. Une réponse a été trouvée et elle tenait en cinq lettres : faute. À l’instar de celle d’Alaba ou de Camavinga en seconde période qui ont amené… aux deux coups francs directs de Rice, le héros du soir côté Gunner.
À côté de cet aspect, l’autre principale brèche dans l’armure blanche résidait dans la défense du demi-espace. Une zone grise fruit d’un manque cruel de communication, mais aussi d’automatisme entre la charnière centrale et les latéraux. Mais un espace comblé pour le plus grand bonheur de l’Emirates, par les une-deux, mais aussi les triangles retrait-profondeur des gunners. Tel un couteau dans du beurre, les Anglais ne furent pas privés quand il s’agissait d’exploiter cet espace oublié par les Espagnols, à l’image du dernier but de Merino (75e).
Enfin, les Merengues ont, malgré eux, les défauts de leurs qualités. La planète football le sait, le club de la capitale exploite à merveille la profondeur. Une aisance dans ce domaine qui vient s’opposer aux difficultés des locaux à exploiter tout leur potentiel lorsque les espaces se font rares. La raison ? Les joueurs préfèrent amener du danger grâce à leurs facilités techniques, à contrario de combinaisons en peu de touches. Le staff anglais en avait sûrement pleinement conscience, comme en témoigne ce bloc médian-bas sur phase placée. Autrement dit, une disposition où les défenseurs cherchaient à bloquer les intervalles, tout en restreignant l’espace dans leur dos. Évoluer dans ces maigres espaces demande un jeu de passes léché aux touches réduites, afin de résister à cette défense qui se refermait promptement sur le porteur. À savoir des forces évidentes employées que trop rarement par les coéquipiers de Modrić. Non, eux cherchaient les intervalles, la verticalité, la profondeur coûte que coûte et rien d’autre. Ces derniers ont tout bonnement essayé de briser ce mur avec leur méthode, alors qu’il suffisait en réalité de le contourner.