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Le Journal du Real

·1 Januari 2025

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur l’affaire Negreira mais que la presse sportive n’a pas pris la peine de vous dire (1ère partie)

Gambar artikel:Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur l’affaire Negreira mais que la presse sportive n’a pas pris la peine de vous dire (1ère partie)

L’article ci-dessous a été rédigé par Dani Garrido. L’original est disponible sur La Galerna. Jesús Bengoechea, directeur de La Galerna, nous a accordé l’autorisation de traduire l’article de son rédacteur pour le Journal du Real. L’article est signé en son nom et traduit par Gjon Haskaj

  1. À lire aussi : Interview : Maître Cesar Lage, avocat espagnol, concernant la procédure judiciaire de l’Affaire Negreira

Chapitre 1 : Les origines

Près de deux ans se sont écoulés depuis que le monde du sport a été ébranlé par la nouvelle selon laquelle le FC Barcelone a payé le vice-président de la Comité technique arbitral, José María Enríquez Negreira, pendant 17 ans.


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Depuis lors, divers détails ont été progressivement révélés sur ce qui, plus qu’un simple pot-de-vin, était un réseau complexe de corruption sportive dans les entrailles du football et de l’arbitrage espagnol.

Cependant, ces détails et informations qui ont émergés tout au long du long et fastidieux processus d’enquête ne sont parvenus aux yeux de vous, citoyens ordinaires, que par le biais de quelques médias, dont aucun n’est spécialisé en tant que tel dans la presse sportive.

Si El Mundo a été le journal qui a pris l’initiative de rendre compte de l’évolution de l’affaire au cours de tous ces mois, la plupart des principaux médias sportifs espagnols ont décidé soit de s’abstenir autant que possible, soit de contourner la question et de n’y consacrer que quelques papiers dans leurs programmes ou médias numériques respectifs, soit même d’essayer de blanchir l’affaire ou d’embrouiller le téléspectateur avec des informations déformées ou carrément fausses, telles que celles que vous pouvez voir ci-dessous.

Il serait frappant, si sa réputation douteuse ne le précédait pas, de voir comment l’autoproclamé « meilleur journalisme sportif du monde », confronté au plus grand scandale de corruption de l’histoire du sport, qui lui a été présenté comme un véritable cadeau du ciel, n’a pas été capable de trouver un quelconque esprit de vocation qui le pousserait à effectuer un minimum de travail d’investigation rigoureux (si les journalistes se souviennent encore de comment cela se fait) et à commencer à mettre en relation des données, des déclarations ou des informations anciennes avec l’affaire Negreira.

Ce manque d’intérêt est peut-être dû au club impliqué dans les paiements à Negreira, puisque l’affaire a été révélée par Sique Rodríguez, un journaliste de la Cadena SER qui était, selon ses propres termes, « tellement déçu et personnellement affecté » qu’il a consacré ses efforts à enquêter pour savoir si le Real Madrid avait également effectué des paiements illicites.

Enrique Negreira (futbolgate.com)

Étant donné que nous ne l’avons jamais vu danser sur la Plaza Sant Jaume et qu’il continue à travailler pour le même média, nous pouvons supposer que ce n’est pas le cas.

Par malheur ou hasard, les meilleurs journalistes sportifs du monde ne se sont absolument pas préoccupés de savoir quand l’affaire Negreira a commencé, comment les premiers contacts ont eu lieu, quel a été l’impact de Negreira sur l’arbitrage, quel a été son modus operandi ou quels autres acteurs ont pu être impliqués dans ce système de corruption sportive.

Peut-être ont-ils peur du travail difficile que représente le fait de fouiller dans de vieilles coupures de presse à la recherche de déclarations ou d’informations controversées qui pourraient être liées à l’affaire, par opposition au confort d’inventer des controverses sans fondement ou des débats absurdes sur un joueur du Real Madrid depuis le canapé de la maison.

Qui sait et qui saura. Le fait est que si quelqu’un souhaite éclaircir les nombreuses inconnues soulevées par l’affaire Negreira, il a deux options et aucune d’entre elles n’est de lire la presse sportive : enquêter par soi-même ou suivre les comptes Twitter madrilènes qui ont l’habitude de faire ce genre de travail.

Origine de l’affaire Negreira

Le 2 septembre dernier, sur le Twitch de Siro López, Lluís Canut, journaliste barcelonais ayant travaillé pour TV3, RAC1, Mundo Deportivo et bien d’autres médias sportifs favorables au Barça, a raconté une anecdote qui pourrait être très révélatrice sur les origines de l’affaire Negreira. Il va sans dire que les médias sportifs espagnols n’ont pas ou peu repris ses propos.

Lluís raconte qu’une personne très liée à l’institution arbitrale, lorsqu’elle a rencontré le président du FC Barcelone de l’époque, José Luis Núñez, lui a fait part, sans aucune pudeur, de son intérêt « d’acheter un arbitre un jour ».

On peut donc en déduire que cela a dû se passer dans les premières années du mandat du président, à la fin des années 70, alors que l’affaire Camacho était encore récente et dont Núñez s’est probablement inspiré.

Selon l’informateur de Canut, il se trouve qu’il y avait un arbitre avec des problèmes financiers (à l’époque, les salaires n’étaient pas aussi élevés qu’aujourd’hui), qui avait des difficultés à payer les factures de son appartement.

Le club blaugrana, par l’intermédiaire de la société de Núñez y Navarro, a négocié avec la banque de l’arbitre les factures à déduire de sa maison et l’a payé en fonction du nombre de matchs que l’arbitre avait arbitrés pour Barcelone à la satisfaction de l’équipe.

Jusqu’à présent, le média le plus important qui a publié cette information est Relevo et, bien sûr, aucun média ou journaliste n’a profité de cette information (qui pourrait être vraie ou simplement une blague, bien que connaissant le caractère de Núñez, il est facile de déduire la bonne option) pour enquêter sur l’arbitre qui aurait pu être celui qui a été prétendument acheté par le président du FC Barcelone.

Après cette affaire, nous en rencontrons une autre de nature similaire : l’affaire Mayoral. Il s’agit d’un autre cas de corruption ou de tentative de corruption signalé par l’arbitre Anastasio Mayoral Cedenilla, l’arbitre désigné pour le match retour de la demi-finale de Copa del Rey, à qui le club Blaugrana a offert 1,5 million de pesetas pour garantir l’accès du FC Barcelona à la finale. Le résultat du match aller était de 3-1 en faveur de Lleida.

Mayoral a fourni comme preuves un enregistrement téléphonique, une carte de visite d’Antoni Pagès, l’un des bras droits de Núñez, et une photographie de Núñez. Le paiement devait être effectué par un intermédiaire faisant le lien entre Barcelone et l’arbitre, à savoir Ángel Andradas, responsable des relations publiques de l’association catalane des arbitres, connu selon Mayoral pour être un habitué des vestiaires des arbitres au Camp Nou.

Dans cette affaire, il aurait reçu une commission de 100 000 pesetas pour son travail d’intermédiaire.

Si Mayoral s’attendait à ce que le Comité national des arbitres (l’ancien CTA) soit scandalisé ou le soutienne dans sa dénonciation de la tentative de corruption, il a été surpris, car lorsque José Plaza l’a convoqué pour une audience privée, il a constaté que celui qu’ils essayaient de blâmer et d’intimider était l’arbitre lui-même, malgré les preuves fournies, et c’est pourquoi il a décidé de porter l’affaire devant le Conseil supérieur du sport (CSD).

Cela n’a pas servi à grand-chose car, après un démarrage médiatique remarquable, la résonance de l’affaire s’est progressivement éteinte et un silence de pierre s’est abattu sur celle-ci. Un an après la plainte, Mayoral a été licencié pour avoir supposément échoué aux tests physiques. L’arbitre a fait appel de ce qu’il considérait comme des « conditions inégales » par rapport à ses collègues et la CSD a annulé sa relégation.

Cependant, il n’a pas été désigné pour arbitrer des matchs et, en 1987, il a disparu des listes pour « abandon d’activité », ainsi que de la scène médiatique. Il n’a jamais donné d’interviews ni fait de déclarations publiques malgré son affaire très médiatisée, qui s’est soldée par une suspension de deux ans pour Ángel Andradas, l’intermédiaire de la corruption.

Il est plus que plausible de penser que ces événements ont pu être les premiers flirts de l’ancien président blaugrana avec la corruption arbitrale et qu’ils ont été le prélude à la plus grande affaire de corruption arbitrale de l’histoire du sport, car quelques années plus tard, il y a eu deux épisodes consécutifs de triste mémoire pour le Real Madrid dans lesquels le nom d’Enríque Negreira a commencé à occuper le devant de la scène : les Ligas de Tenerife.

Malgré la récurrence et la notoriété de cette saga, pratiquement aucun des principaux médias sportifs espagnols n’a essayé de démêler ce qui s’est passé avec ces deux épisodes ou de les relier à l’affaire Negreira, bien que les dates coïncident avec ce qui, selon plusieurs anciens présidents du FC Barcelone, tels que Gaspart et Bartomeu, a été le début de l’affaire, par l’intermédiaire de Núñez.

En juin 1992, García de Loza fut désigné pour arbitrer le match décisif de championnat Tenerife-Real Madrid, un arbitre dont le palmarès et le niveau n’invitaient pas vraiment à le choisir pour arbitrer un match qui allait décider d’un championnat.

L’arbitre de Lugo a accumulé les sanctions tout au long des années 1980, tant pour ses arbitrages controversés que pour ses déclarations. Cependant, ses bonnes relations avec Villar, qui est devenu président de la RFEF en 1988, ont sauvé la carrière d’un arbitre qui, dans des conditions normales, aurait été relégué.

Sous Villar, il est nommé à des fonctions internationales (il n’a arbitré que deux matchs des compétitions de l’UEFA dans toute sa carrière) et est même désigné pour arbitrer des matchs importants tels que la finale de la Copa del Rey 1990 entre le Real Madrid et Barcelone et le fameux Tenerife-Real Madrid, les deux matches s’étant curieusement déroulés de la même manière.

En finale de la Copa del Rey, García de Loza a épargné à Amor deux cartons rouges en première mi-temps et expulsé Fernando Hierro pour un double jaune, deux minutes seulement après le deuxième tacle qui aurait pu coûter un carton rouge au Blaugrana.

Après la finale, l’arbitre galicien s’est permis le luxe d’annoncer une plainte contre Bernd Schuster et a même menacé Gordillo pour ses déclarations d’après-match avec un manque d’éducation incompatible avec quelqu’un qui est censé être juge de la compétition.

Malgré ce bilan, il a également été désigné pour arbitrer Tenerife-Real Madrid en 91-92, avec la même controverse et le même résultat. Après la mi-temps, l’équipe blanche menait 1-2 et Luis Milla, un joueur qui avait été soudoyé par un joueur du FC Barcelone pour tirer un penalty ou marquer un but contre son camp, marqua le 1-3 dans une position légale, scellant le match et le championnat pour le Real Madrid.

Cependant, le but a été refusé par Puentes Leira, qui n’était pas l’arbitre de ligne habituel de García de Loza, mais un arbitre qui arbitrait alors en troisième division.

Puentes Leira était parfaitement placé pour voir que Milla n’était pas hors jeu (futbolgate.com)

García de Loza a fait ensuite le reste et a expulsé Villarroya pour un double jaune après deux actions où beaucoup cherchent encore une infraction pour justifier l’un ou l’autre des deux cartons.

Déjà en supériorité numérique, Tenerife est revenu au score et le Real Madrid a perdu un championnat dans lequel Barcelone est allé au-delà de l’aspect sportif pour tenter d’obtenir la défaite madrilène à Tenerife.

Le match a été entouré des faits suivants : tentative de corruption d’un joueur du Real Madrid (Milla), primes aux joueurs de Tenerife et, connaissant le contexte, influence possible dans la désignation d’un arbitre avec lequel le Real Madrid avait non seulement de mauvais résultats (Madrid n’a remporté que 31% des matches arbitrés par le Galicien), mais aussi des rencontres personnelles (déclarations après la Copa del Rey susmentionnée) et un juge de ligne qui, étonnamment, n’était pas l’arbitre habituel de l’arbitre en question, mais un arbitre de troisième division.

Le président de Barcelone – qui a déjà tenté de corrompre un arbitre en 1985 et qui, au cours de la même décennie, a pris l’hypothèque de la maison d’un autre en échange de faveurs arbitrales – aurait-il pu influencer l’arbitrage de Tenerife-Real Madrid, comme il a tenté de le faire avec les performances des joueurs insulaires (primes) et de certains joueurs Merengues (tentative de corruption de Milla) ?

Étant donné qu’aucun média ne s’est encore donné la peine d’interviewer l’un ou l’autre de ces protagonistes pour tenter d’élucider la vérité cachée derrière cet épisode, je crains que le citoyen ordinaire n’ait d’autre choix que d’utiliser son intuition et sa logique pour répondre à cette question.

Dans le deuxième volume de la saga de Tenerife, l’arbitre désigné pour décider de la fin du championnat était Gracia Redondo, un arbitre qui a laissé García de Loza dans les langes en ne sifflant pas un penalty clair pour une main du défenseur sur une tête de Hierro qui allait droit au but (penalty et carton rouge), en ne signalant pas trois penalties possibles en faveur du Real Madrid, le premier étant un penalty extrêmement clair sur Zamorano, et enfin en expulsant le Chilien d’un carton rouge direct.

La nomination de Gracia Redondo n’était pas non plus sans suspicion : c’était sa première année en première division et après cette performance, il a été nommé arbitre international. Comme García de Loza, il n’a jamais arbitré un match de Ligue des Champions. Il est tellement surprenant de voir à quel point il était bien vu en Espagne (promotion et reconnaissance internationale en une seule année où son match le plus important a été marqué par de graves erreurs du genre de celles qui causent habituellement des relégations) en contraste avec son rôle discret en tant qu’arbitre international.

Là encore, on peut se demander si le président blaugrana de l’époque n’a pas eu quelque chose à voir avec sa nomination, puisque l’arbitre a été choisi par une commission composée de Sánchez Arminio, Urizar Azpitarte… et du tout nouveau vice-président du CTA, José María Enríquez Negreira, qui a obtenu le poste grâce à sa demande de ne pas être payé par la RFEF, puisqu’il était déjà rémunéré par sa propre entreprise.

Il est difficile de ne pas spéculer qu’un président comme Núñez, dont le palmarès n’est pas avare en scandales et qui a été condamné pour avoir corrompu un inspecteur des impôts, aurait pu, après les actes déjà mentionnés dans ce texte, comprendre comment le CTA commençait à fonctionner après l’arrivée de Villar et agir en conséquence.

La CTA est un organisme extrêmement fermé et surprotégé et il est plus facile de spéculer que de prouver, étant donné le refus habituel des arbitres et des ex-arbitres de parler de ce qui s’est passé au sein de l’organisme.

Mais il n’est pas déraisonnable de spéculer que le président du FC Barcelone, Núñez, dont la loge a souvent accueilli Enríque Negreira, a compris qu’il serait beaucoup plus efficace et même moins coûteux d’engager au préalable une personne ayant de l’influence au sein du Comité technique arbitral que de dépenser l’argent du club en pots-de-vin à des arbitres, en primes à des joueurs d’autres équipes ou en pots-de-vin à des rivaux.

Il est intéressant de noter que Negreira est devenu vice-président du CTA parce qu’il a demandé à ne pas être payé, étant donné qu’il était déjà payé par son entreprise. Nous, citoyens, pouvons croire innocemment qu’Enríque Negreira était prêt à occuper un poste au sein du CTA sans être payé par amour de l’art ou de l’arbitrage.

Ou nous pouvons utiliser la logique et l’intelligence pour comprendre ce qui est facilement compréhensible lorsque nous savons, trois décennies plus tard, que l’entreprise d’Enríque Negreira était utilisée par lui pour recevoir régulièrement de l’argent du FC Barcelone. Ce qui est clair, c’est que nous ne pouvons pas attendre du journalisme sportif espagnol une explication raisonnée et cohérente, sans parler d’une enquête un minimum travaillée, sur le plus grand cas de corruption de l’histoire du football.

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