Peuple-Vert.fr
·10 Agustus 2025
« La réalité à Geoffroy-Guichard n’est absolument pas rose »

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Surdimensionnée pour la Ligue 2, l’AS Saint-Étienne débute la saison avec un statut d’immense favorite. Mais derrière l’impressionnante machine financière, certaines zones d’ombre interrogent sur le fonctionnement interne et les choix stratégiques du club d'après Romain Molina.
Pour Romain Molina, la Ligue 2 version 2025-2026 se résume presque à un duel… entre l’ASSE et le reste du plateau. « Saint-Étienne… et les autres », lance-t-il en ouverture.
Le journaliste insiste sur l’ampleur du gouffre économique : « Je n’ai pas souvenir dans une autre division qu’il y a un tel écart financier entre une équipe et toutes les autres ». Les chiffres parlent d’eux-mêmes : « Sur environ 25,6 millions d’euros de transferts réalisés cette saison en Ligue 2, 25 millions, c’était Saint-Étienne ».
Même sans la levée de l’option d’Ekwah, « sur les 19,6 millions engagés par les clubs de la division, 19 millions sont encore à mettre à l’actif des Verts ». Conséquence : les 17 autres équipes n’ont cumulé que 600 000 euros de dépenses.
« Autre chose qu’un titre de champion serait une incongruité », tranche Molina, ajoutant que jouer à Geoffroy-Guichard « te donne déjà 10 à 15 points par saison ».
Le contexte actuel renforce le statut surdimensionné des Verts. « La plupart des clubs ne peuvent plus proposer 10 ou 12 000 euros par mois », explique le journaliste. Les clubs historiques comme Metz ou Bordeaux qui rivalisaient autrefois ont disparu de la course aux gros salaires.
Pour Molina, « c’est un championnat de plus en plus juvénile » où la majorité des équipes ont réduit la voilure et misé sur leurs jeunes. Dans ce paysage, l’ASSE se détache comme un mastodonte. Mais cette position de force entraîne une obligation de résultats immédiats.
Derrière les moyens financiers, Molina soulève des doutes sur la gouvernance : « Ok, les dirigeants ont connu des grands clubs, mais ça n’est pas une preuve de succès ». Il parle d’un « fonctionnement presque anormal, c’est-à-dire où c’est l’ego plus que tout ».
Il rappelle que le projet ne date pas de cette saison : « Le projet, c’était déjà l’année dernière. Vous avez mis quasiment 20 millions sur les transferts pour trouver le moyen de descendre ». Pour lui, la stratégie actuelle de communication, marquée par un rapprochement avec les supporters, a aussi pour but de « masquer d’autres choses ». « La réalité à Geoffroy-Guichard n’est absolument pas rose », assène-t-il.
Si l’ASSE a frappé fort sur le marché, Molina s’interroge sur certaines pistes : « Quand tu vas encore en Serbie, en Israël, en Croatie, au Portugal recruter, on va me parler d’intérêt sportif et de data… Je commence à reconnaître quand des transferts ne sentent pas très bon ».
Il prend l’exemple de Lassana Traoré : « Au Sénégal, on te dit que c’est loin d’être le meilleur, et tu le fais quand même… ». Pour lui, certains choix visent à « privilégier tes joueurs au détriment des autres pour montrer que toi, tu as raison ».
Malgré les critiques, Molina sait que la position de l’ASSE est particulière : « Il n’y a pas de mérite s’ils remontent, vu la différence économique… mais il y aura une telle pression sur eux, populaire et médiatique, qu’ils sont obligés de remonter directement ».
Pour le journaliste, cette pression est à double tranchant. Elle peut sublimer, mais aussi fragiliser si les résultats tardent. Dans une Ligue 2 qui reste imprévisible, les Verts devront confirmer leur statut… ou assumer un échec retentissant.