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·21 Agustus 2025
Edito – Pourquoi le mercato excite tant les supporters du PSG ?

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·21 Agustus 2025
Chaque été, le mercato prend des allures de feuilleton. Les rumeurs enflamment les réseaux sociaux, les émissions spécialisées tournent en boucle et les supporters du Paris Saint-Germain guettent chaque nouvelle comme s’il s’agissait d’un but inscrit au Parc des Princes. Pourtant, l’effectif de la saison 2024/25 a prouvé sa valeur : champion de France, vainqueur de la Ligue des champions, avec un collectif enfin cohérent sous la direction de Luis Enrique. Alors pourquoi cette impatience irrépressible à réclamer des renforts ?
Le mercato est devenu un spectacle en soi, une compétition médiatique parallèle. Dans un monde saturé d’images et de flux d’informations, les transferts offrent du drama, du suspense, des retournements de situation. Chaque rumeur se consomme comme une série Netflix, et le PSG, de par son statut et ses moyens financiers, est l’un des acteurs principaux de ce théâtre mondial.
À Paris plus qu’ailleurs, le mercato est presque attendu comme une seconde saison sportive. Les grands noms associés au club alimentent des espoirs irrationnels : de Mbappé en 2017 à Messi en 2021, le PSG a habitué ses supporters à des coups de tonnerre. Cette mémoire collective crée une attente permanente.
NEYMAR JR of PSG during the Ligue 1 Uber Eats match between PSG and Strasbourg at Parc des Princes on December 28, 2022 in Paris, France. (Photo by Sandra Ruhaut/Icon Sport)
La société actuelle valorise la nouveauté et la consommation rapide. Dans ce contexte, les supporters veulent sans cesse “plus” : plus de stars, plus de talents, plus de garanties de succès. Le mercato devient l’expression footballistique de cette soif de nouveauté.
Le PSG sort d’une saison exceptionnelle, avec un triplé historique (Ligue 1, Coupe de France, Ligue des champions). Pourtant, aucune équipe ne peut se contenter de reproduire à l’identique. Le football est un organisme vivant : les adversaires s’adaptent, les schémas de jeu s’étudient, les blessures surviennent.
Même dans une saison victorieuse, les supporters retiennent les moments de fragilité : la dépendance au trio Vitinha – Fabian Ruiz – João Neves au milieu, l’incertitude sur la hiérarchie des gardiens avec Donnarumma et Chevalier, ou encore la question des doublures en attaque. Ces zones grises suffisent à nourrir les discussions et à justifier, dans l’esprit collectif, la nécessité de recruter.
Le football moderne n’admet pas l’immobilisme. Les grandes puissances européennes – Manchester City, Real Madrid, Bayern Munich – se renforcent chaque été, même après des saisons brillantes. Si Paris ne bouge pas, l’impression se répand qu’il “recule”. C’est une illusion parfois, mais une illusion puissante.
Les supporters du PSG portent encore la mémoire des échecs européens : Barcelone 2017, Manchester 2019, Madrid 2022. Ces cicatrices alimentent une forme d’anxiété : l’idée que, même après un succès, le club pourrait retomber dans ses travers. Recruter devient alors une assurance psychologique, un rempart contre le spectre du retour en arrière.
Chaque mercato ravive le fantasme du joueur sauveur, celui qui ferait basculer un quart ou une demi-finale de Ligue des champions. Qu’il s’agisse d’un buteur clinique, d’un défenseur infranchissable ou d’un meneur de jeu créatif, les supporters projettent sur l’inconnu l’espoir de l’arme fatale. C’est un mécanisme classique du supporterisme : croire qu’il “manque juste un joueur” pour devenir imbattable.
Le mercato est aussi un terrain de comparaison. Quand le Real Madrid attire Endrick ou que City investit sur de nouvelles pépites, les supporters parisiens veulent que leur club réponde. Le mercato devient un bras de fer symbolique : rester dans la cour des grands suppose d’agir, même si l’équipe est déjà compétitive.
Le PSG n’est pas seulement un club de football : c’est une marque mondiale. Chaque transfert sert aussi d’outil marketing. L’arrivée d’une recrue attire sponsors, abonnés et merchandising. Même quand l’effectif est complet, un transfert peut s’expliquer par sa portée économique et médiatique.
Luis Enrique, pragmatique, répète qu’il croit dans son collectif et qu’il privilégie la progression interne. Mais en coulisses, lui aussi sait que certaines arrivées renforcent la concurrence, maintiennent l’exigence et évitent l’installation d’un confort dangereux. Les dirigeants doivent trouver l’équilibre entre stabilité et dynamisme.
Luis ENRIQUE head coach of Paris Saint Germain (PSG) and Luis CAMPOS Sporting Director of Paris Saint Germain (PSG) prior to the Ligue 1 McDonald’s match between FC Nantes and Paris Saint-Germain FC at Stade de la Beaujoire on August 17, 2025 in Nantes, France. (Photo by Baptiste Fernandez/Icon Sport) – Photo by Icon Sport
Tout l’enjeu est là : comment garder l’ossature qui a fonctionné, tout en continuant à améliorer l’effectif ? Le mercato est donc une arme à double tranchant. Trop de mouvements brisent les équilibres, pas assez donnent le sentiment de se reposer sur ses lauriers.
Le mercato cristallise toutes les contradictions du football moderne. Raison et passion s’y entrechoquent. Rationnellement, le PSG pourrait entamer la saison 2025/26 avec la même équipe et rester compétitif. Mais la passion réclame du nouveau, de l’inédit, du spectaculaire.
La vérité se situe sans doute entre les deux. Le PSG doit miser sur la progression de ses jeunes talents – Zaïre-Emery, Barcola, Doué, Mayulu – et sur la continuité collective, tout en corrigeant les points faibles par des ajustements ciblés. Le mercato doit être un outil, pas une drogue.
Le supporter, lui, continuera d’espérer l’annonce d’un renfort surprise. Car c’est aussi cela, aimer un club : vibrer autant pour les buts de mai que pour les rumeurs d’août.