Edito – Neymar au PSG : Un transfert record, un échec fondateur pour Paris | OneFootball

Le 3 août 2017, le Paris Saint-Germain bouleversait la hiérarchie du football mondial en recrutant Neymar pour la somme record de 222 millions d’euros. Ce transfert, le plus cher de l’histoire, devait propulser le club de la capitale dans une nouvelle dimension : celle des géants européens, capables de rivaliser avec le Real Madrid, le FC Barcelone ou le Bayern Munich. Neymar, superstar brésilienne, était censé incarner la réussite, le glamour et l’ambition du PSG version QSI. Sept ans plus tard, le bilan est contrasté : si Paris a grandi, l’ère Neymar laisse un goût d’inachevé. Pourtant, cet échec apparent a été un formidable accélérateur de maturité pour le club. Pourquoi ce mariage n’a-t-il pas fonctionné, et en quoi a-t-il transformé le PSG ? Analyse.

Les raisons de l’échec du projet Neymar au PSG

Un joueur fragilisé par les blessures

Neymar n’a jamais pu offrir au PSG la régularité attendue d’un leader technique. Entre 2017 et 2023, il a manqué plus de 100 matchs toutes compétitions confondues, souvent lors des rendez-vous cruciaux de la saison. Les blessures à répétition – notamment au pied droit (métatarsien) et à la cheville – ont privé Paris de son génie lors de plusieurs campagnes de Ligue des champions, comme en 2019 contre Manchester United ou en 2021 face à Manchester City. Au-delà de l’aspect physique, ces absences ont sapé la dynamique collective, générant frustration et sentiment d’inachevé chez les supporters.

NEYMAR JR of PSG during the Ligue 1 Uber Eats match between Paris Saint Germain and Bordeaux on March 13, 2022 in Paris, France. (Photo by Anthony Dibon/Icon Sport)

Un collectif jamais trouvé

Le PSG version Neymar a souffert d’un manque de cohésion. L’association avec Kylian Mbappé, puis Lionel Messi, a offert des séquences de rêve, mais rarement une équipe soudée sur la durée. Les individualités ont souvent primé sur le collectif, freinant la progression du groupe face aux grands d’Europe. Neymar lui-même, dans une interview à L’Équipe en 2023, reconnaissait : « On a parfois manqué de solidarité, c’est vrai. Les attentes étaient énormes, la pression aussi. » Ce déficit d’alchimie s’est ressenti lors des éliminations prématurées en Ligue des champions, où le PSG a fréquemment semblé fragile mentalement.

Une gestion extra-sportive problématique

L’arrivée de Neymar a aussi bouleversé l’équilibre interne du club. Véritable star planétaire, il a bénéficié de privilèges inédits (logistique, jours de repos, gestion de l’image) qui ont pu créer des tensions dans le vestiaire. L’omniprésence médiatique et les polémiques – de ses envies de départ à ses fêtes privées – ont parfois éclipsé le projet sportif. Le PSG s’est retrouvé tiraillé entre l’impératif marketing et la nécessité de bâtir une équipe disciplinée. Comme le résume un dirigeant dans Le Monde : « Le PSG est devenu plus mondial que français, mais cela a eu un prix en interne » (« Le PSG de 2025, club plus mondial que français… », Le Monde, 2025).

Neymar lui-même : entre regrets et autocritique

Neymar n’a jamais caché ses regrets. Dans une confession à France Football en 2024, il admettait : « J’ai parfois manqué de rigueur, je le reconnais. Mais je n’ai jamais triché sur le terrain. » Son implication, parfois jugée fluctuante, a alimenté les critiques, tout comme son rapport à l’hygiène de vie et à la pression. Si son talent n’a jamais été remis en cause, sa capacité à incarner un leadership durable dans un environnement aussi exigeant que Paris a montré ses limites.

Ce que le PSG a appris du passage de Neymar

Nécessité d’un projet sportif cohérent

L’expérience Neymar a été un révélateur : le recrutement de stars ne suffit pas à bâtir un grand club. Depuis 2023, le PSG a recentré sa politique sur l’équilibre et la complémentarité, misant sur des profils plus collectifs et une gestion sportive rigoureuse. L’exemple de la saison 2024-2025, avec un effectif renouvelé autour d’Ousmane Dembélé, Bradley Barcola ou João Neves, illustre cette évolution. Paris a remporté tous les titres majeurs (Ligue 1, Coupe de France, Ligue des champions), preuve que la cohérence prime désormais sur le clinquant.

10 NEYMAR JR (psg) during the Ligue 1 match between Paris Saint Germain and Metz on May 21, 2022 in Paris, France. (Photo by Philippe Lecoeur/FEP/Icon Sport) – Photo by Icon sport

Renforcement de la gouvernance et de l’autorité du club

Le passage de Neymar a aussi accéléré la professionnalisation de la gouvernance. Finis les passe-droits : le PSG version 2025 impose une discipline collective, une gestion contractuelle plus stricte et une hiérarchie claire. L’autorité de Luis Enrique, adoubé par la direction, a permis d’instaurer un cadre propice à la performance, où chaque joueur connaît son rôle et ses devoirs.

Apprentissage sur la gestion des attentes et de la communication

Le club a également appris à mieux gérer la pression médiatique et les attentes. Après le départ des « galactiques », la communication s’est recentrée sur le projet sportif, la formation et l’ancrage local, tout en conservant une dimension internationale. Le triomphe européen de 2025 a permis de restaurer l’image du PSG auprès des supporters et du grand public : selon une enquête Ipsos, 83 % des Français estiment que cette victoire aura un impact positif sur le football hexagonal.

Tableau récapitulatif : Neymar au PSG (2017-2023)

Source : Transfermarkt.

10 NEYMAR JR (psg) during the Ligue 1 Uber Eats match between Paris Saint Germain and Monaco at Parc des Princes on August 28, 2022 in Paris, France. (Photo by Philippe Lecoeur/FEP/Icon Sport) – Photo by Icon sport

Conclusion

Le passage de Neymar au PSG restera une aventure paradoxale. Si l’objectif initial – hisser Paris sur le toit de l’Europe – n’a été atteint qu’après son départ, son influence aura été déterminante dans la transformation du club. L’échec relatif du projet « star system » a permis au PSG de se réinventer, de renforcer sa gouvernance et de bâtir une équipe plus équilibrée, couronnée de succès en 2025. L’héritage de Neymar est donc double : une déception sportive, mais aussi un formidable accélérateur de maturité institutionnelle. Aujourd’hui, le PSG avance, fort de ses leçons, prêt à écrire une nouvelle page de son histoire.