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·27 avril 2022

Villarreal, sans pression mais avec enthousiasme

Image de l'article :Villarreal, sans pression mais avec enthousiasme

Seize ans après l’épopée européenne de 2006, le Villarreal CF retrouve, ce mercredi 27 avril, les demi-finales de la Ligue des champions. C’est encore face à un club anglais et c’est évidemment dans la peau de l’outsider que le club de l’est espagnol aborde ce dernier carré. De Juan Román Riquelme et Diego Forlán à Dani Parejo et Gerard Moreno, plongez avec le sous-marin jaune pour en savoir plus sur son évolution moderne.


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A part une deuxième place dans le championnat national en 2008, Villarreal n’avait plus réalisé de coup d’éclats remarquables depuis la demi-finale de Ligue des Champions 2006 perdue face à Arsenal. Il aura donc fallu quinze ans et la victoire en Ligue Europa 2021 pour voir le club remporter son premier trophée majeur. Entretemps, les entraîneurs se sont succédés sur le banc sans avoir des résultats semblables à ceux de Manuel Pellegrini ou, actuellement, d’Unai Emery.

L’ingénieur et sa machine

Pour sa première expérience dans l’élite européenne, le Villarreal de Pellegrini fait forte impression et étonne en se hissant en demi-finale. L’un des petits poucets de la compétition passe les obstacles les uns après les autres jusqu’à tomber sur un os nommé Arsenal. Porté par un collectif constitué Juan Pablo Sorín, Marcos Senna, Juan Román Riquelme ou Diego Forlán, le sous-marin jaune élabore un plan de jeu visant à prendre à contrepied des adversaires bien plus forts tels que Manchester United en poule (0-0 ; 0-0), les Glasgow Rangers en huitième (2-2 ; 1-1) et l’Inter Milan en quart (1-2 ; 0-1).

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Riquelme et Sorin après la séance de tirs au but fatale

Pour cela, Manuel Pellegrini, que l’on surnomme El Ingeniero au Chili, s’appuie sur un football moins léché qu’en championnat chaque week-end mais construit un groupe capable de courber l’échine et de marquer les buts à l’extérieur alors capitaux. La machine qu’a élaborée l’ingénieur ne semble pas avoir de faille au niveau de la résilience. Esthète mais pragmatique, le tacticien ne voulait laisser aucune chance au hasard durant cette campagne et tout au long de ses cinq années passées sur le banc de Villarreal.

Il n’avait toutefois pas les cartes en main au moment où Juan Román Riquelme s’est élancé pour tirer le penalty pouvant offrir une prolongation et plus d’espoirs vers la finale de Ligue des Champions à son club. Irréprochable durant son aventure espagnole, le milieu argentin réalise une saison exceptionnelle en étant un atout majeur de l’épopée. A l’image de sa carrière, il restera un héros tragique en voyant son tir arrêté par Jens Lehmann. Si l’on peut commenter la seule coupe Intertoto en 2004 venue garnir la maigre armoire à trophée, Manuel Pellegrini et ses protégés auront tout de même emmené des souvenirs heureux aux supporters amarillos et changé le club de dimension.

A Villareal, la sérénité règne

Il aura donc fallu seize ans pour revivre une demi-finale de Ligue des Champions du côté de Vila-Real, commune d’à peine 50 000 habitants. Même si le club a changé de statut, l’ambiance se veut toujours identique à ce qu’on pouvait voir avant 2006. En effet, les objectifs sont désormais plus élevés qu’auparavant mais pas question de mettre une pression asphyxiante sur l’entraîneur, son staff et les joueurs tout en gardant un certain niveau d’exigence.

C’est dans cette ambiance saine que Juan Carlos Garrido va continuer le travail de Pellegrini avec un jeu encore plus protagoniste. Malgré le départ des deux ténors Riquelme et Forlán, il peut tout de même compter sur Marcos Senna pour faire de ce club un « petit Barça » rivalisant parfois dans le jeu avec l’équipe de Pep Guardiola. Admirateur de ce dernier, Garrido faisait partie de ces tacticiens de la Liga du début des années 2010 à ériger le jeu de position comme dogme tactique.

A Villarreal, il n’aura toutefois pas les mêmes résultats que son homologue catalan. Amputé de Santi Cazorla et Joan Capdevila partant respectivement à Málaga et Benfica et freiné par la rupture des ligaments croisés de Giuseppe Rossi, l’entraîneur est remplacé par José Molina. Malheureusement, le mal est fait puisque le club descend en deuxième division à la fin de la saison 2011/12.

Des bas puis des hauts

Pas d’inquiétude pour Villarreal qui reste, malgré tout, très bien structuré et qui remonte dans l’élite dès l’exercice suivant. De nouveau peu de pression mise sur le dos des membres du club. Ainsi est le crédo de Fernando Roig, président depuis 1997. A Vila-Real, pas question de se prendre pour un autre, que l’on s’appelle Robert Pirès, que l’on arrive d’Arsenal en tant que champion du monde ou que l’on soit Pau Torres jeune issu du centre de formation puis propulsé en équipe nationale.

La première expérience du haut niveau de Marcelino Garcia Toral est justement dans ce cadre quasi-idyllique. L’actuel entraîneur de l’Athletic Club a pu faire ses gammes de 2013 à 2016 au sein d’El Madrigal pour perfectionner son 4-4-2 et mettre un peu de folie dans cette ville tranquille. Le projet à moyen – voire long selon certains présidents – terme rappelle celui de Manuel Pellegrini et l’actuel d’Unai Emery et montre la sérénité ambiante qui règne dans le sous-marin jaune.

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Marcelino porté aux nues par son groupe

Le mandat de l’entraîneur chilien, par son épopée de 2006, a tout de même donné des idées à ses successeurs ne voulant plus se cantonner au ventre mou de la Liga. Pour la dernière saison de Marcelino, Villarreal se hisse en demi-finale de Ligue Europa en battant notamment Naples et le Bayer Leverkusen avant de tomber face aux Anglais (encore) de Liverpool. Grâce aux offrandes de Denis Suárez pour les 22 buts toutes compétitions confondues de Cédric Bakambu, le club termine quatrième et se qualifie pour la grande coupe d’Europe.

Unai Emery, l’ADN jaune

Depuis 2016 cependant, ni Fran Escriba, ni Javi Calleja n’arriveront à retrouver de telles sphères. Il faudra attendre l’été 2020 pour voir arriver un entraîneur capable de faire passer un cap à Villarreal en la personne d’Unai Emery. Fort de trois succès européens consécutifs à la tête de Séville mais décrié après son échec relatif au Paris Saint-Germain, le coach basque avait tout pour réussir dans ce club bien moins éreintant.

Spécialiste de la Ligue Europa, Unai Emery fait part de son expérience à son nouveau groupe et l’emmène vers un succès historique en mai dernier. Au bout d’une séance de tirs au but complétement folle, Villarreal bat Manchester United en remporte son premier trophée majeur de son histoire, quinze ans après la campagne de Riquelme et consorts.

Géronimo Rulli, Pau Torres et Raul Albiol pour la stabilité défensive, Dani Parejo, Etienne Capoue, Yeremi Pino et Manuel Trigueros dans l’entrejeu, Giovani Lo Celso et Gerard Moreno pour conclure un effectif construit très intelligemment. C’est grâce à l’osmose créée par Unai Emery que Villarreal va pouvoir disputer une nouvelle demi-finale européenne ce mercredi.

C’est, encore, face à Liverpool mais c’est, cette fois, en Ligue des Champions que les deux clubs vont s’affronter. Après avoir sorti successivement la Juventus et le Bayern, le sous-marin jaune s’avance, comme à son habitude, sans pression mais avec ambition et enthousiasme.

Sources :

  • « Riquelme à Villarreal ou comment le n°10 peut-il sublimer un système ? », Beauty Football
  • François-Miguel Boudet, « Avant Bayern Munich-Villarreal : dans le sous-marin jaune, la discrétion est au service de la culture de l’effort », Eurosport
  • Antoine Donarieix, « Villarreal 2006, l’épopée sous-marine », So Foot

Crédits photos : Icon Sport

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