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·8 août 2020

Varane, un coupable trop idéal

Image de l'article :Varane, un coupable trop idéal

Raphaël Varane devait se muer en Sergio Ramos contre Manchester City. Au lieu de cela, le défenseur central français a livré le pire match de sa carrière en Ligue des Champions. Le Real Madrid piteusement éliminé, c’est lui qui est mis à l’index. C’est logique mais c’est aussi un peu trop simple.

Raphaël Varane n’est pas Sergio Ramos et il ne le sera jamais. Même avec toute la meilleure volonté du monde, le Français ne sait pas changer son costume immaculé de Don Limpio pour enfiler le bleu de chauffe. C’est pourtant ce qui lui était demandé vendredi soir sur la pelouse de l’Etihad Stadium contre Manchester City. Avec l’obligation de marquer au moins 2 fois pour se qualifier pour le Final 8 de la Ligue des Champions, le Real Madrid devait réaliser le match parfait : ce fut un cauchemar pour Varane.


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Ce n’est pas la première fois que l’ancien Lensois devait endosser le rôle de capitaine de défense dans un partidazo en Ligue des Champions. Les derniers matches marquants étaient contre la Juventus en 2018 et l’Ajax en 2019. En 1/2 finale il y a 2 ans, les Vikingos avaient étrillé les Bianconeri à l’aller, avec cette fameuse chilena de Cristiano Ronaldo qui, sans le savoir, allait contribuer à son départ chez le champion d’Italie quelques semaines plus tard. Au retour, sans Sergio Ramos à ses côtés, Varane avait été fébrile et un penalty miraculeux en toute fin de match avait permis au Real Madrid d’accéder à la finale contre Liverpool alors qu’une prolongation épique se profilait. Une nouvelle fois orphelin de l’Andalou en 1/8 de finale retour la saison dernière contre la classe biberon ajacide, la mésaventure s’était répétée. Malgré 4 C1 et une Coupe du Monde dans l’armoire à trophées, Varane n’est toujours pas capable de ce dépassement de fonction et l’histoire a bégayé : il s’est littéralement liquéfié. « L’image de Sergio Ramos avec son gilet dans la tribune explique cette défaite, écrit Orfeo Suárez dans les colonnes d’El Mundo. Ce n’est pas uniquement pour ce que fait le capitaine sur le terrain. C’est pour ce que font les autres quand ils sont à ses côtés et ce qu’ils font quand il les abandonne ».

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Faillite collective

Cependant, il est très et trop facile de mettre Raphaël Varane à l’index au lendemain de cette élimination. Car s’il n’a pas été au niveau requis, il n’a pas été le seul. Sur la double confrontation contre Manchester City, le Real Madrid n’a jamais été en mesure de trouver les solutions aux problèmes proposés par Pep Guardiola. Sans Toni Kroos dans le XI à Santiago-Bernabéu, les Vikingos n’ont pas trouvé leur rythme. A cela s’ajoute l’expulsion de Sergio Ramos, auteur d’une faute de pupille, conséquence d’une mésentente dans le camp merengue.

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Au retour, les Citizens ont harcelé le bloc au moment des relances. Ce n’est pas pour rien que Pep Guardiola a mis Gabriel Jesus à l’honneur après le match car outre ses buts à l’aller et au retour, il a considérablement gêné tout le bloc merengue. Désireux de construire depuis l’arrière plutôt que de balancer, les Madridistas se sont asphyxiés d’entrée de jeu. Thibaut Courtois a perdu plusieurs ballons, parfois même dans l’axe, et n’a pas suffisamment contribué à sortir sa charnière du bouillon dans lequel elle se débattait. Eder Militao n’a pas encore le niveau (l’aura-t-il un jour ?) d’un défenseur central acheté 40M€. Mais c’est avant tout au milieu que le Real Madrid a sombré. Casemiro avait des semelles de plomb, Luka Modric a fait son âge alors que sa 2e partie de saison avait été très bonne et Toni Kroos n’est jamais pleinement entré dans son match. Et que dire d’Eden Hazard, immense flop, soit en surpoids, soit blessé, soit hors de forme tout au long de la saison et à bout de souffle après 30 minutes de jeu, si loin de son compatriote Kevin de Bruyne, étincelant ?

Nivellement par le bas

Hormis Karim Benzema, buteur et proche de sauver les apparences en 2e période, aucun cadre n’a été au niveau. « Si sérieux et solide depuis la reprise de la Liga, le Real Madrid est apparu creux, un débutant dans une fête de vétérans », grince David Álvarez dans El País. Alors, si Raphaël Varane focalise les critiques -légitimes- cela ne doit pas occulter la réalité du niveau de la Liga et la portée réelle du titre du Real Madrid malgré un contexte exceptionnel. Si, en Espagne, l’équilibre, le « unocerismo », la victoire de guerre lasse face à des collectifs moins étoffés et moins talentueux intrinsèquement suffit, cela ne peut pas fonctionner en Ligue des Champions.

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Très souvent le Real Madrid s’en est sorti mais c’était au temps de Cristiano Ronaldo. Le totem ne cache plus la forêt désormais. Zinedine Zidane avait pressenti une baisse de niveau en 2018. Alors quel peut être le diagnostic en 2020 ? Car en plus du vieillissement des cadres, ZZ n’a pas voulu ou su incorporer des profils qui auraient apporté du sang neuf mais qui ont préféré chercher fortune ailleurs : Marcos Llorente, Dani Ceballos, Achraf Hakimi voire Martin Odegaard.

Le titre en Liga est une victoire à la Pyrrhus, avec un Barça à l’agonie et un Atlético sans ambition en championnat. Varane a les épaules assez larges pour endosser l’élimination. Mais ses deux erreurs ne doivent pas faire oublier l’essentiel : le gagne-petit en Espagne entraînera un recul inéluctable de la Liga sur la scène européenne.

François Miguel Boudet (@fmboudet)

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