Uruguay – Clausura 2021 : Un cri à la 94e | OneFootball

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Lucarne Opposée

·7 décembre 2021

Uruguay – Clausura 2021 : Un cri à la 94e

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Le football est beaucoup de choses, chacun pouvant y picorer ce qu'il souhaite, du sport, du spectacle, de la réunion sociale, de la tactique... Et puis il y a des moments ou le football devient un cri, hors du temps, hors de tout. Une émotion incroyable. Merci, le football.

Et pourtant, tout cela n'a pas d'importance. Peñarol a gagné un Clausura, ce qu'il fait une année sur deux. On ne parle pas de Libertadores, de championnat du monde des clubs, d'idoles ou de Messi. On parle d'un doublé de Jesús Trindade. Une performance assez triviale d'un bon joueur qui ne sera sans doute jamais international. Mais après son but, Trindade était en larmes, comme un enfant. Et après le match, Larriera son coach était en larmes comme un enfant. Et Ruglio le président évidemment était en larmes... Tout ça parce que Trindade a marqué un doublé à la toute fin du match et a libéré tout un peuple peñarolense, qu'il a mis sur la voie royale pour emporter le championnat uruguayen de football, le plus important au monde pour les Uruguayens, loin devant la Premier League ou autre Brasilerão.


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Six matchs se jouaient en simultanée samedi en Uruguay pour définir le Clausura mais aussi les places en Libertadores, en Sudamericana et pour le maintien. Peñarol avait l'immense avantage d'avoir son destin en main et de n'avoir qu'à battre l'avant dernier du championnat à domicile pour gagner le classement annuel et le Clausura. De quoi s'assurer un très grand avantage avant de jouer Plaza Colonia, qui joue les finales après avoir remporté l'Apertura mais avoir fait un Clausura de faible qualité. Deuxième, Nacional devait non-seulement battre River Plate mais donc aussi attendre les résultats de ses adversaires. Et Nacional fait le travail, avec une victoire 4-2 contre le Darsenero, grâce notamment à deux buts contre son camp de Brunelli et à quelques autres erreurs défensives d'un River qui a baissé le pied en fin de saison à l'image de son jeune buteur Arezo auteur de « seulement » cinq buts (et quelques passages à vide) durant le Clausura. River jouera l'année prochaine la Sudamericana, de justesse, ayant terminé huitième. Il sera accompagné de Liverpool (aussi très décevant sur la fin de saison), Wanderers et Cerro Largo. Devant, c'est donc Torque qui jouera en tant qu'Uruguay 4 en Copa Libertadores, les autres postes se définiront lors des finales.

Nacional a réussi un plutôt bon match, montrant plus d'engagement que lors des dernières semaines, mais reste tributaire de Peñarol. De Peñarol, mais aussi de son adversaire, Sud América, qui joue ici son maintien. Villa Española étant déjà relégué, il reste deux postes à pourvoir et Sud América est un sérieux candidat après une très mauvaise saison de retour dans l'élite, avec un groupe qui ne s'est pas trouvé malgré quelques noms ronflants comme Pablo Mouche, Tomás Andrade, Guillermo Rodríguez ou encore le Loco Abreu en début de saison. Sud América ne le sait pas encore, mais la victoire de Boston River sur Maldonado (2-1) fait que le club n'a aucun espoir. En plus donc de Villa Española, c'est Progreso (défait 1-0 par Torque) et donc Sud América quel que soit son score contre Peñarol qui descendent.

Mais au coup de sifflet initial du moins, il y a de l'espoir. Au tableau, car dans le jeu, Peñarol domine outrageusement son adversaire. Il le domine d'ailleurs tout le match, d'autant plus après l'expulsion logique à la demi-heure de jeu de Luis Morales sur une magnifique semelle en avant sur Torres. Pendant une heure, les Carboneros ne marquent pas. Puis vient l'ouverture du score de Canobbio à l'heure de jeu à la suite d’une belle course de Facundo Torres et on se dit que le Clausura est plié, que Peñarol l'a fait. Les locaux continuent d'ailleurs de dominer outrageusement le match avec une entrée intéressante de Bentancourt en attaque qui fait oublier en pointe le match timide d'Agustín Álvarez Martínez. Et quand on se dit que c'est plié, Nahuel Acosta délivre un amour de passe pour l'argentin Andrade qui égalise à la 70e minute à la stupeur générale. Stupeur car Peñarol a parfois du mal à marquer dans les défenses resserrées, mais rarement le club se fait prendre aussi bêtement en défense dans l'axe. Commencent alors vingt-cinq minutes de panique. Pourquoi la panique ? Parce que Peñarol fait tout, de près ou de loin, mais n'y arrive pas, trouvant la transversale par Ezequiel Busquets, Canobbio loupant une reprise aux six mètres, jusqu'à Bentancourt qui loupe une reprise à cinquante centimètres du but de peur de taper le poteau. Et quand Peñarol s'énerve, il geint, demandant des mains par-ci par-là à l'arbitre, perdant du temps tout comme son adversaire. Contrairement aux matchs précédents contre Cerro Largo ou Progreso, Peñarol a quand même un atout involontaire dans son sac : un match nul condamne quoi qu'il arrive Sud América (comme on l'a vu, même la victoire ne les aurait pas sauvés au final). Et donc, après avoir fait le dos rond, la IASA essaye dans la mesure du possible de marquer durant les dernières minutes, coupant l'équipe en deux, partant à l'abordage à dix. Les Carboneros en profitent pour se procurer des occasions plus franches, par Torres tout d'abord, puis à la 94e, alors qu'on pensait que c'était perdu, enfin, par Jesús Trindade. Le milieu de terrain frappe de l'entrée de la surface, sa frappe est déviée par le dos d'un défenseur et prend à contre-pied González. Le stade peut exploser. Et il faut voir la joie de tout le stade et les larmes du joueur. Quelle joie ! Quel pied que de gagner dans les dernières secondes ! Agoniquement ! A lo Peñarol !

Deux minutes plus tard, de façon aussi magistrale qu'anecdotique, le même Trindade va valider la victoire par un nouveau but de quarante mètres sur une frappe venue de nulle part, dont les commentateurs se demandent encore aujourd'hui s'il s'agit d'une frappe ou d'un dégagement bigrement bien placé. Une victoire méritée pour Peñarol, qui permet, en cas de victoire des mardi soir contre Plaza Colonia d'être sacré champion d'Uruguay. Une victoire qui élimine déjà de la course au titre le rival de toujours (Nacional voit partir définitivement les rêves du triplé). Une victoire qui valide une saison de grande qualité du club auréolé d'une demi-finale de Sudamericana (vraiment le plus loin que peut espérer aller un club non-argentin ou brésilien, sauf miracle évidemment), une saison qui aura vu cinq joueurs de l'effectif être appelé en sélection (si l'on prend Piquerez, qui lui a bien gagné la Libertadores), une saison qui aura vu s'imposer l'entraîneur Mauricio Larriera.

Le onze ayant gagné le Clausura

Kevin Dawson : il avait été critiqué sur les dernières saisons et il peut parfois faire des erreurs mais au final il rapporte aussi beaucoup de points avec de grands arrêts sur sa ligne. Son remplaçant, le brésilien Neto Volpi, rêvait un temps de gagner la place jusqu'à son erreur contre River qui a rappelé que nul gardien n’est irréprochable.

Giovanni González : après avoir un temps joué plus haut sur le terrain, il a retrouvé sa place en défense et s'est montré précieux dans le football de Larriera qui fait souvent monter les latéraux. Il a retrouvé son meilleur niveau et la convocation en sélection.

Gary Kagelmacher : Ce n'est pas au stade du Hainaut que le joueur ayant passé du temps au nord de la France ou au sud de la Belgique aurait pu vivre de pareilles émotions. Il est aussi parfois coupable d'erreurs, comme son gardien, mais apporte en général une vraie stabilité à la défense et a pris un rôle de leader de l'équipe sur le terrain.

Carlos Rodríguez : Cinq ans après, il va rejouer une finale PlazaPeñarol, de l'autre côté cette fois. Comme son comparse, ce n'est pas le plus grand technicien de l'histoire, mais son physique aide beaucoup notamment sur les terrains parfois inégaux du championnat.

Juan Manuel Ramos : il arrivé sur la pointe des pieds pour remplacer Piquerez vendu à Palmeiras. Il a été plutôt bon, montant petit à petit en confiance, jusqu'à malheureusement se blesser à l'épaule. Son remplaçant, le jeune Valentin Rodríguez, s'est fracturé la cheville en se prenant son collègue Musto et tous les joueurs lui ont rendu hommage après la victoire lors du match final. C'est le jeune Edgar Elizalde, défenseur central de formation, qui a terminé titulaire contre la IASA.

Walter Gargano : le capitaine n'a parfois plus le rendement qu'il pouvait avoir il y a de cela trois ans, mais quel plaisir malgré tout. Reculé sur le terrain, il organise le jeu, ralentissant ou accélérant selon les envies. Sa qualité technique est un vrai régal.

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Jesús Trindade : c'est l'opposé de Gargano dans le milieu récupérateur. C'est un joueur travailleur, acharné, qui a une qualité de passe ou de frappe limitée, mais qui se bat comme un chien, qui compense son collègue, mais qui est aussi capable de monter pour tenter d'apporter le surnombre. L'homme de cœur de cette équipe, l'homme qui marquera à jamais le titre de son empreinte. L'homme qui a gagné l'affection éternelle de la moitié d'un pays.

Pablo Cepellini : c'est sans doute le seul joueur à avoir mieux commencé que terminé le tournoi, jusqu'à être relégué sur le banc. Techniquement très propre, il est capable de passer à côté du match à cause d'un marquage trop serré ou parfois simplement d'un manque d'envie (c'est du moins l'impression laissée). Il est pourtant essentiel, au cœur du jeu, c'est lui qui aurait dû rendre certains matchs fermés plus simple pour Peñarol.

Agustín Canobbio : un jour, il sera reconnu à sa juste valeur. Il monte moins que Torres mais il est capable d'apporter offensivement et défensivement, de laisser tout sur le terrain sur son côté. S'il était un peu plus précis dans ses frappes, il marquerait dix buts par saison et serait une idole pour l'ensemble de son œuvre. Son manque de précision lui coûte parfois cher, mais c'est dommage car c'est vraiment un excellent joueur.

Facundo Torres : Il a un peu souffert en fin de tournoi après sa blessure contre Villa Española, mais il a été de nouveau précieux contre Sud América. Il n'est jamais aussi bon que quand le jeu ne repose pas sur lui. Il mûrit à chaque match mais à encore besoin d'améliorer ses choix (de frappes, de passes, de courses).

Agustín Álvarez Martínez : buteur du club, il est promis à un grand avenir du haut de ses vingt ans. Il est souvent là au bon endroit, au bon moment, mais son statut de meilleur buteur de la Sudamericana devrait lui ouvrir d'autres horizons, peut-être un poil trop tôt dans sa carrière : il reste à améliorer par exemple sur sa frappe et son positionnement par rapport au but.

Les remplaçants : le Mono Perreira a été un joker de luxe sur le couloir, apportant au groupe toute son expérience. Au milieu, Musto a alterné bon et moins bon, tout comme Bentancourt ou Laquintana en attaque qui ont chacun apporté leur pierre à l'édifice sans remettre en cause les titulaires. C'est là que réside sans doute la clef du succès de Peñarol : un onze difficilement contestable, qui n'aura tourné que pour les blessures ou les sélections.

Maintenant, le championnat pourrait s'arrêter ce mardi avec la première finale, vainqueur de l'Apertura contre vainqueur du Clausura : Plaza contre Peñarol. Si les Carboneros l'emportent, ils seront champions, ayant déjà gagné le classement annuel. Ils sont dans tous les cas favoris, Plaza ayant perdu beaucoup en solidité entre les deux tournois avec les départs de Diogo et de Risso mais aussi la blessure de Mele. Au classement annuel, les verts avaient six points d'avance sur Peñarol à mi-saison, mais termine avec quatre points de retard. Cela place la dynamique. Mais en football, tout est possible. En cas de victoire de Plaza, il y aurait une finale en aller-retour entre les deux mêmes équipes. Nacional sera de tout cœur avec Peñarol, une victoire lors du premier match qualifiant le Bolso en phase de groupes de Libertadores. Une victoire de Plaza signifierait une place en tour préliminaire pour le Bolso et la place en phase de groupes pour Plaza, ce qui serait une première pour un club de l'intérieur. Réponse cette nuit.

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