Uruguay - Bilan 2021 : la valeur du temps | OneFootball

Uruguay - Bilan 2021 : la valeur du temps | OneFootball

Icon: Lucarne Opposée

Lucarne Opposée

·30 décembre 2021

Uruguay - Bilan 2021 : la valeur du temps

Image de l'article :Uruguay - Bilan 2021 : la valeur du temps

L’année a été une année charnière en Uruguay, avec la fin du cycle du Maestro Tabárez, décision tombée après deux mois de chute infernale dans un calendrier sans queue ni tête. Toute fin est aussi un début. En club, elle a été rythmée par des matchs en semaine pour rattraper le retard d’un championnat ayant démarré en mai, avec parfois des matchs insignifiants, mais aussi un clásico continental… Bref retour en arrière, tout en avançant.

Sélection : la fin d’une époque

Le temps ne s’arrête jamais. Parfois, il n’a aucune valeur. Certains matchs sont une véritable perte de temps. Parfois, chaque seconde a son importance. Et parfois, l’oubli est une forme de pardon. L’Uruguay a repris 2021 avec six points obtenus sur les quatre premiers matchs des éliminatoires, son dernier match de 2020 avait été ce match pathétique contre le Brésil perdu (0-2) avec une bonne partie de l’équipe malade de la COVID-19. Rétrospectivement, c’est lors des deux premiers matchs en juin que tout a basculé. Personne n’a trop parlé à l’époque, mais les nuls 0-0 contre le Paraguay puis contre le Venezuela ont été parmi les pires matchs de la sélection lors de ces éliminatoires. Contre le Paraguay, les commentateurs sont restés figés sur le but refusé à Jonathan Rodríguez alors que déjà le reste, le jeu, est très problématique. Le reste a été très exactement à l’image de ce match, avec un nul presque heureux contre le Venezuela, un Venezuela affaibli, puis une succession de matchs très semblables dans la forme : peu d’occasions générées, un manque de verticalité et ce sentiment diffus pour ma part que le milieu, dans cette équipe, ne sert à rien. C’est un milieu moderne, dans le sens que l’on ne veut plus distinguer milieu défensif, relayeur ou offensif, mais c’est aussi un milieu dont on ne sait pas vraiment ce qu’il fait. Et parfois, comme dans le cas d’espèce ici avec Bentancur, Valverde, Vecino… cela peut être très frustrant, car quand cela ne tourne pas rond, le milieu ne sert à rien. La Copa América a encore une fois était riche de non-enseignements, avec des matchs sans grand intérêt jusqu’à un quart torché en quatre-vingt-dix minutes selon les mêmes règles que la précédente Copa América et une défaite aux tirs au but contre la Colombie. En pleine année de qualification à la Coupe du Monde, cette Copa América a été anecdotique côté uruguayen et à la rentrée, la Celeste a enchaîné trois matchs laissant l’équipe aux portes de la qualification, avec un nul au Pérou (nul chanceux et assez mauvais dans le jeu), puis deux victoires au Campeón del Siglo contre la Bolivie (4-2) puis contre l’Équateur, une victoire agonique (1-0). Là, mi-septembre, l’Uruguay est troisième et est bien en place pour être assez facilement qualifié. C’était il y a trois mois, c’était il y a plusieurs éternités.


Vidéos OneFootball


Un peu comme les deux matchs contre le Paraguay et contre le Venezuela, la Celeste a laissé filer des points à domicile contre la Colombie (nouveau 0-0) dans un match dominé pendant vingt minutes, puis plus rien, avec un Suárez qui sort à la mi-temps pour se préserver pour l’Argentine. Encore deux points perdus à domicile. La suite est logique et prévisible, triple défaite contre l’Argentine en aller-retour et contre le Brésil, des matchs qui font mal à voir mais qui montrent la supériorité à l’instant T sur le continent des deux équipes rivales. Mais plus que ces défaites, certaines choses ne passent pas ou ne passent plus. Certains jeunes se rebiffent en interne contre le sélectionneur, qui déclare lui-même, en conférence de presse qu’il faut « fermer tous les sphincters » avant de déclarer deux jours avant d’être limogé « qui peut me virer ? ».  L’équipe s’est enfermé dans une forme de déni, chacun voulant faire porter la responsabilité à l’autre. Après quinze ans d’émotions, le Maestro Tabárez est viré le 19 novembre 2021. Quelques semaines plus tard, Diego Alonso est nommé pour le remplacer. Ce dernier devra gagner au moins trois matchs sur les quatre restants pour se qualifier. Certains joueurs (dont les milieux susmentionnés) devront sortir du bois et prouver qu’ils méritent vraiment leur place. Ils resteront sinon dans l’histoire comme les vaincus de 2005, des hommes remplaçants de grands clubs, mais des remplaçants après tout. En attendant, l’Uruguay est en grand danger, comme il ne l’avait pas été pour 2018 mais comme il l’avait déjà été en 2002, 2006, 2010, 2014… Le match crucial sera celui contre le Paraguay à l’extérieur le 27 janvier. Une victoire permettrait à l’Uruguay de repasser au-dessus de la ligne de flottaison avant de recevoir le Pérou et le Venezuela. Le Chili a montré qu’une petite série de match pouvait tout changer.

Coupe continentale : Peñarol en haut de l’affiche

Les phases préliminaires de Libertadores ont percuté la fin du championnat 2020 et les résultats n’ont pas été bon avec l’élimination de Liverpool et de Wanderers avant la phase de groupes. Durant cette phase, Rentistas a fait logiquement office de figurant, terminant dernier de son groupe avec trois points de trois matchs nuls, loin, très loin derrière São Paolo et le Racing argentin. La vraie déception vient de Nacional qui aurait dû se qualifier dans son groupe mais qui ne sort pas notamment à cause de l’Atlético Nacional, qui a embêté Nacional dans le jeu à l’aller (4-4, le Bolso ayant joué une heure à dix après l’expulsion de Corujo), puis au retour (0-0) dans un match ubuesque qui n’aurait pas dû se jouer au milieu des manifestations sociales et des menaces. Finalement, Nacional termine troisième à un point de l’Universidad Católica et est reversé en Copa Sudamericana. Dommage, car le Bolso avait encore une fois la chance d’être dans un groupe sans brésilien, ce qui est une incongruité statistique au vu de la domination numérique des nordistes.

En Sudamericana justement, Peñarol et Torque étaient sortis des barrages contre Cerro Largo et Fénix. Les Carboneros roulent sur leur groupe, avec une série impressionnante de quatre matchs pour commencer et des matchs de haut-vol contre Corinthians (double victoire, chose rare cette année contre les Brésiliens, puisqu’accompli uniquement par Barcelona et Independiente del Valle sauf erreur ou omission de ma part). L’équipe se qualifie donc assez simplement et aurait pu être accompagné par Torque, mais ces derniers paient le fait de ne pas avoir battu Independiente à domicile et terminent deuxième derrière le Rojo mais devant Bahia. Il ne reste plus que deux équipes uruguayennes en coupe continentales à ce niveau, et le tirage donne évidemment un Clásico uruguayen, le premier continental depuis une Copa CONMEBOL il y a bien longtemps. Peñarol bat son adversaire de toujours à l’aller à l’issu d’un très beau match et du but de l’année dans la compétition, une course/dribble de Valentin Rodríguez depuis la gauche. Au retour, les Carboneros font le dos rond et encaisse un seul but à la toute fin du match, un but qui n’empêche rien à leur bonheur. L’équipe se qualifie en quarts, élimine l’adversaire de toujours et s’offre une belle saison continentale sans même être passée par la Libertadores. Peñarol a eu de la chance au tirage car ils évitent un Brésilien en quarts et en profite pour éliminer relativement facilement le Sporting Cristal. En demi-finale, l’équipe joue l’Athletico Paranaense et malgré deux bons matchs, dans lesquels l’équipe domine de façon naïve, les Brésiliens l’emportent logiquement avant d’aller gagner la finale. Peñarol a construit sa bonne saison avec notamment le travail effectué en phase de groupes de la Sudamericana, qui intervenait pendant la pause du championnat uruguayen, permettant à l’équipe de le jouer à fond. C’est là que s’est construit l’équipe et surtout l’animation offensive du jeu. Un exemple très rare de bon parcours continental entraînant une bonne saison au niveau local. Un exemple à suivre, dans la mesure du possible, avec un écart de budget toujours plus dantesque entre les grands (souvent lusophones) et le reste du continent.

Championnat : Peñarol justement titré

La saison uruguayenne a donc commencé un 8 mai, bien tardivement après seulement un mois de pause. Plaza Colonia a été le tube de la première partie de l’année avec un magnifique Apertura de l’équipe d’Espinel et un titre logique et mérité. Peñarol et Nacional ont perdu des points stupidement en cours de route et terminent loin, à sept et huit points de Colonia. Les Carboneros confirment Larriera alors que le Bolso vire Capuccio. Avec le recul, Peñarol a eu raison avec une continuité qui permet au coach de confirmer en Sudamericana et en début de Clausura. Ligüera lui ne trouve pas la solution, développe un jeu trop stéréotypé dans lequel le sauveur habituel Bergessio est en panne. Colonia, qui avait pourtant de l’avance, voit les deux grands fondre sur lui. Il faut attendre la dernière minute de la dernière journée pour voir un Peñarol fébrile sur la fin battre Sud América sur un but de Jésus Trindade et empocher l’annuel et le Clausura. En « pré-finale », Peñarol bat Plaza Colonia aux tirs au but et remporte le titre. Un titre dans une année spéciale, sans intermedio, qui remet le calendrier à jour.

Les deux grands sont qualifiés pour les phases de groupes de la prochaine Libertadores. En phase préliminaires, ils seront accompagnés de Torque et de Plaza. Cerro Largo, Wanderers, Liverpool et River Plate s’affronteront pour déterminer les deux uruguayens qui iront en Sudamericana. Derrière, Villa Española n’a jamais existé et est donc relégué l’année de la montée, tout comme Sud América. Pour un cheveu et à la moyenne, Progreso descend également malgré un très bon Clausura (sixième).

L’équipe de la saison

Image de l'article :Uruguay - Bilan 2021 : la valeur du temps

Au poste de gardien, cela ferait sourire beaucoup d’Uruguayens, mais c’est bien Rodrigo Formento qui prend les gants malgré la descente de Progreso. Il a été précieux tout au long de l’année. Il vient de Cerro qui était déjà descendu, mais est excellent, tout simplement, malgré une défense qui l’a souvent laissé seul. Difficile de le comparer à Rochet qui a bien tenu également mais qui a souffert d’absences à cause de la sélection et d’une blessure en fin de championnat. À terme, Rochet a tout pour être le gardien de la sélection mais pour 2021, Formento le méritait.

En défense, Giovanni González a retrouvé son niveau d’il y a deux ans et a formé une société intraitable avec Canobbio. La défense aurait pu être celle de Plaza en intégralité avec en plus de Camargo et Ruiz Díaz, Mario Risso, mais ce dernier est parti pour Nacional et a disparu en cours de route. Gary Kagelmacher n’est pas très bon techniquement mais il est très fiable et régulier.

Au milieu, Leonai Souza a été très bon durant la première partie de saison, mais a un peu baissé le pied en cours de route. Il est accompagné du livreur de caviar Walter Gargano, parfois un peu juste physiquement mais toujours aussi amoureux du ballon.

Sur les côtés, c’est Peñarol qui s’impose avec une très bonne saison de Canobbio et Torres, qui ont très bien accompagnés Álvarez Martínez dans sa quête de but. Ce dernier est accompagné de Maxi Silvera, le meilleur buteur « surprise » de ce championnat, qui aurait été battu par Ramirez si ce dernier été resté plutôt que d’aller visiter le Forez et ses environs.

À propos de Publisher