Une rentrée réussie? | OneFootball

Un peu moins de deux mois après le coup d’envoi de la saison, une nouvelle trêve internationale s’inscrit au programme. Au cours des prochaines semaines, Arteta et ses assistants pourront concentrer leurs efforts sur les joueurs qui ne rejoindront pas leur sélection, et travailler à maximiser chaque marge de progression. Pour Arsenal, ce break est de bon augure, l’agenda jusqu’à mi-novembre est bien rempli.

La vie sans Martin Ødegaard

La blessure du capitaine a été vécue comme un petit tremblement de terre dans le nord de Londres. Il est une des pierres angulaires du système Arteta, cumulant plus de 6000 minutes en championnat lors des deux derniers exercices. Au-delà des statistiques, c’est surtout sa créativité qui allait manquer à l’équipe, lui qui n’a pas encore de doublure attitrée.

Les Gunners avaient le calendrier le plus compliqué des trois prétendants au titre, et malgré cela, ils s’en sont très bien sortis avec 17 points sur 21 en PL, et une victoire de prestige contre le PSG. Le coach a pu compter sur ses autres leaders offensifs.

Kai Havertz et Bukayo Saka sont les hommes forts de l’équipe. L’Allemand a commencé cette saison comme il a fini la précédente, inscrivant des buts à chaque fois qu’il effleure la pelouse de l’Emirates (six buts TCC). En l’absence d’Ødegaard, Arteta a retravaillé son schéma de jeu, et favorise un 4-4-2 avec généralement Havertz associé à Trossard.

Les deux joueurs sont complémentaires, cette combinaison fait des dégâts, comme sur l’ouverture du score contre Paris en C1. Sur l’aile droite, notre Baby Gunner est altruiste et continue de distribuer les caviars. Thierry Henry et Kevin De Bruyne détiennent le record de passes décisives sur une saison de PL (20), si Saka continue sur ce rythme (sept passes décisives en sept matchs), il devrait aisément passer devant.

Avec Ben White à l’infirmerie, le coach a remodelé sa défense. Timber a pris la place de latéral droit, Calafiori s’est installé à gauche. Contre Leicester, le Néerlandais a créé sept occasions et a procuré la passe décisive pour Martinelli. Formé à l’Ajax, il est confortable sur tous les postes défensifs et dédouble parfaitement avec Saka.

Calafiori préfère évoluer dans les zones plus centrales et conduire le ballon dans l’espace, ce qui propose un jeu moins statique face aux blocs bas. Arteta a déclaré : « Ce sont deux joueurs qui ont l’intelligence, le courage, la qualité et l’adaptabilité pour occuper différents espaces en attaque et en défense, cela donne à l’équipe une nouvelle dynamique et nous rend imprévisibles ».

Les récentes courses au titre ont développé le mental du collectif. La résilience dont les joueurs ont fait preuve contre Brighton et City était phénoménale. Contre ces équipes, ils ont évolué en infériorité numérique pendant quasiment un match plein (46 min + 57 min), mais Arsenal n’a concédé que deux buts pour un xG contre de 3.1. Les Gunners ont frôlé l’exploit contre les champions en titre, John Stones sauvant son équipe à la dernière seconde.

Le North London Derby a été, par obligation et non par choix, le début d’une petite révolution tactique. Privé de six joueurs dont Rice et Ødegaard, le coach a dû innover avec un double pivot Partey – Jorginho. Le concept est clair, on sécurise nos 30 mètres et on fera la différence sur contre ou CPA. Bonne pioche, Gabriel s’est envolé à la 64ème minute et a inscrit le seul but de la rencontre. Deux semaines plus tard contre Paris, Arteta a démontré avec succès l’étendue des compétences de son groupe.

Peut (doit) mieux faire

Avec tout le respect que l’on a pour Southampton (dont la dernière victoire en championnat à Arsenal remonte à novembre 1987), personne ne s’attendait à ce que nous ayons à courir derrière le score. Les Saints ont fait de leur mieux en première période et auraient même pu mener grâce à Mateus Fernandes après la pause.

Pourtant, les hôtes n’ont pas tenu compte de cet avertissement et ont dû redoubler d’efforts pour équilibrer la balance. Un principe du football moderne est la minimisation des évènements, en l’occurrence, tenter d’économiser l’énergie dépensée par nos joueurs. Nous avons encore quelques progrès à faire dans ce domaine.

Contre Leicester, autre promu, Arsenal n’est pas passé loin de la faute professionnelle. Après avoir inscrit deux buts en première période, les Gunners se sont fait cueillir dès le retour des vestiaires sur coup franc. Rebelote 15 minutes plus tard, les Foxes égalisent sur une sublime reprise de Justin.

À croire que nos joueurs n’ont pas retenu la leçon du diner de la saison dernière, quand Arteta avait engagé des pickpockets afin de leur faire les poches. L’idée était simple : toujours être sur ses gardes. Moral de l’histoire, on est content de repartir avec les trois points (deux buts sont inscrits dans le temps additionnel), mais au niveau des xG, ce match est une contre-performance : 4.8 vs 0.3 pour 75% de possession et 17 corners.

Sans remuer le couteau dans la plaie, il est quand même rageant de se dire que nous avons laissé filer quatre points contre Brighton et City pour des deuxièmes cartons jaunes aussi bêtes. Dans chaque situation Arsenal menait au score et n’étaient pas en danger immédiat au moment de la faute. La règle n’est surement pas la plus pro football, mais elle doit être respectée. Les Gunners doivent s’éviter ce genre de missions impossibles, ils ont maintenant reçu autant de cartons rouges que la saison précédente.

Durant la trêve, il est impératif que le coach se penche sur le cas Gabriel Jesus. Ce dernier semblait régénérer pendant la pré-saison, mais depuis, les performances sont loin des attentes. Son temps de jeu n’est pas exceptionnel (243 minutes TCC), mais il arrive à se procurer des opportunités.

Le problème est sa prise de décision, il veut tellement marquer qu’il se complique la tâche et oublie les passes faciles. C’était criant en fin de match contre Leicester, alors qu’il menait une contre-attaque. Le Brésilien pouvait facilement décaler deux joueurs libres sur sa gauche, mais il préfère y aller tout seul et se rate (heureusement le ballon fini dans les pieds d’Havertz qui marque).

Lors de récents matchs, nous avons été témoins d’un body language qui interroge. Il ne célèbre pas les buts de Nwaneri contre Bolton, ni celui de Trossard (ou Ndidi ?) contre les Foxes. Jesus n’a plus marqué depuis le 30 janvier dernier contre Forest, il doit se ressaisir, l’équipe a besoin de lui !

Trêve internationale et calendrier chargé

On a l’impression que nos Gunners rentrent à peine de sélection qu’ils repartent déjà. Ligue des Nations pour les Européens, qualifications pour la coupe du monde pour les sud-Américains. On espère que cette parenthèse en équipe nationale sera plus clémente que la précédente, Ødegaard et Calafiori étaient revenus blessés. Toujours est-il que ces rencontres présentent aussi certains avantages : Kiwior va pouvoir se maintenir en forme et Martinelli pourrait continuer à engranger de la confiance.

On pense surtout à Mikel Merino, blessé à l’épaule lors d’un de ses premiers entrainements à Colney et absent plusieurs semaines, il a gratté d’importantes minutes contre le PSG et Southampton. Du temps de jeu avec la Roja lui permettrait de maximiser sa condition physique, et de revenir à 100% pour le déplacement à Bournemouth.

Au centre d’entrainement la vie ne s’arrête pas, une belle partie de l’effectif est restée sur place. On compte dans ce groupe onze joueurs seniors : Neto, Timber, White, Tomiyasu, Zinchenko, Partey, Jorginho, Ødegaard, Jesus, Havertz et Sterling. Du beau monde donc, qui va continuer à se soigner et/ou s’entrainer et profiter d’instants de qualité avec le management.

Un vent d’optimisme souffle, on a vu il y a quelques jours notre skipper faire ses premiers pas sur l’AlterG, un tapis de course dédié à la rééducation. Pour lui le compte à rebours commence, on espère le voir de retour à l’entrainement le plus vite possible, avec une titularisation contre les Reds en ligne de mire.

Notre prochain match de PL se déroulera à Bournemouth (actuel 13ème), sera suivi de la réception du Shakhtar Donestsk en Ligue des champions puis de celle de Liverpool. Les hommes d’Arne Slot pointent à la première place du classement avec un point d’avance sur Cityzens et Gunners.

On s’attendait à une période plus compliquée après le départ de Klopp mais le Néerlandais effectue un travail remarquable. Petit bémol, Liverpool a profité d’un calendrier clément en championnat, le plus grand nom à leur tableau étant Manchester United (battu 3-0 à Old Trafford). En coupe d’Europe ils ont déjà martyrisé le Milan (1-3 à San Siro) et Bologne (2-0).

S’en suivra ensuite un road trip comme on les aime, avec pour commencer un 4ème tour de Carabao Cup contre Preston North End. Le premier champion d’Angleterre de l’histoire (1889) évolue en championship et a du mal à lancer sa saison (19ème avec 9 points sur 27 possibles).

Début novembre nous enchainerons des déplacements à Newcastle, Inter Milan et Chelsea. Après ces matchs, nous serons mieux informés sur le plein potentiel des Gunners. Blues et Magpies sont dans la première partie de tableau et surperforment (voir ci-dessous : nombre points réels contre expected points). Une fois ce marathon terminé, les joueurs repartiront en sélection nationale pour une dizaine de jours.

Ce début de saison est très fragmenté avec des périodes intenses en club, entrecoupées de regroupements en sélection. Pour l’instant, et en dépit des circonstances, Arteta mène bien sa barque. Quand la blessure d’Ødegaard a été annoncée, nous n’osions pas imaginer des résultats aussi positifs. Les retours du capitaine et d’autres cadres (White, Zinchenko, Tomiyasu) vont rafraichir l’effectif et apporter un second souffle pour cette nouvelle course d’obstacles. Go Gunners !

#AFC

Jonathan