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·25 septembre 2024

Un vrai meneur de jeu dans le Forez – ASSE

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Place désormais aux dix meilleurs joueurs de l’histoire de l’ASSE. Ceux qui occupent une place spéciale au firmament du club. Ils ont marqué une époque, une génération. Ils ont pris part à la légende et permis à ce que les Verts soient encore aujourd’hui à part dans le cœur des Français. Voici le portrait du 9ᵉ : Lubomir Moravcik (212 matches, 35 buts de 1990 à 1996), le lutin qui venait de l’Est.

La révélation de la Coupe du Monde 1990

Lubomir Moravcik est né le 22 juin 1965 à Nitra, dans un pays qui s’appelait la Tchécoslovaquie pendant la période de la Guerre froide, devenu aujourd’hui la Slovaquie. C’est la cellule de recrutement de Bernard Bosquier, le directeur sportif de l’AS Saint-Etienne, qui l’avait repéré. La direction hésitait entre lui et Fabian Vasquez, un argentin venu dans les bagages d’Osvaldo Piazza pour effectuer un essai et qui intéressait aussi les Verts.


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Moravcik a failli ne jamais venir dans le Forez car Robert Herbin, alors entraîneur du club n’en voulait pas. Il estimait qu’il n’avait pas besoin de renforts au milieu de terrain, secteur suffisamment pourvu selon lui. Il est limogé le 25 mai 1990 au lendemain de la demi-finale de coupe de France perdu contre Montpellier (0-1). La voie est donc libre pour faire signer un pré-contrat au Tchécoslovaque qui va disputer la coupe du monde 1990 en Italie même s’il coûte trois fois plus cher que l’Argentin.

Les Stéphanois ont eu le nez creux, car le Tchèque va éblouir le monde du football avec son équipe, seulement éliminée par la RFA en quart de finale de la compétition et futur vainqueur de l’épreuve (0-1). D’ailleurs, André Laurent et Bernard Bosquier se sont déplacés personnellement à Milan le jour du match pour conclure la transaction. En effet, le temps presse puisque les performances du milieu de terrain ont attiré l’attention de nombreux clubs européens et non des moindres (Arsenal, Dortmund, les Glasgow Rangers ou encore Parme). Le transfert est confirmé avec le Nitra FC, contre une somme de 7,5 millions de Francs (1.2M€). Le futur numéro 10 de l’ASSE peut donc s’engager le 11 juillet 1990 pour un contrat de quatre ans avec les Verts ou a joué Michel Platini, son idole.

Une adaptation difficile à l’ASSE

Dans un premier temps, Lubomir Moravcik a du mal à confirmer tout son talent entrevu pendant la Coupe du monde. L’équipe de Christian Sarramagna, le nouvel entraîneur, est à la peine. Après dix-sept journées, les Verts pointent à une inquiétante 16ᵉ place du championnat de D1. Il faut attendre le 2 décembre 1990 pour que le Tchèque marque son premier but sous ses nouvelles couleurs contre Brest qui coïncide avec le réveil de sa formation (6-1). Ses performances ne sont pas du goût d’André Laurent qui en fera porter la responsabilité sur son directeur sportif qu’il limogera. C’est en tout cas ce que prétend Bernard Bosquier.

La suite de la saison est plus conforme à son standing. Avec ses huit buts (dont l’ouverture du score à Gerland pour le derby, 1-1), il porte une formation qui termine à une décevante 13ᵉ place malgré les arrivées de Jean-Claude Pagal ou de Sylvain Kastendeuch. Il est un des rares à surnager en 1991-92. Il commence à devenir le chouchou de Geoffroy-Guichard avec sa technique et sa hargne qu’il tente de communiquer à ses partenaires. Son caractère bien trempé le pousse à donner le meilleur de lui-même et parfois à provoquer ses adversaires. Il avait agacé Michel Platini, alors qu’il était sélectionneur de l’équipe de France et que Moravcik jouait en face avec la Tchécoslovaquie en 1991. Il avait demandé à ses joueurs de lui réserver un traitement particulier, souhait qui n’était pas resté dans l’oreille d’un sourd. Le Marseillais Basile Bali s’en est souvenu lors d’un certain OM-ASSE du 21 mars 1992 en l’envoyant directement à l’infirmerie et mettant un terme prématurément à sa saison.

Convoité par l’OM de Tapie

Bernard Tapie veut gagner la Ligue des champions et il est tombé sous le charme du futur Slovaque puisque Moravcik est devenu l’un des meilleurs étrangers du championnat de France. Il est l’auteur d’un but extraordinaire, une chevauchée de soixante mètres qui s’est terminée par une frappe limpide contre Nîmes à Geoffroy-Guichard le 19 septembre 1992 (1-0). Dragan Stojkovic, le numéro 10 olympien, s’est blessé pour une longue durée et Tapie a besoin de le remplacer. Il rencontre ainsi, en secret à Lyon, Moravcik qui n’est pas insensible à la proposition marseillaise.

Il reste au président phocéen à convaincre André Laurent qui s’est montré inflexible et n’a pas cédé malgré des propositions financières très intéressantes. Lorsque la rumeur du départ du milieu de terrain s’est propagée dans le Forez, une inscription avait jailli sur les murs du centre d’entraînement du club : « Lubo, on t’aime, on t’adore, ne pars pas, tu es magique ». Lubo est finalement resté, alléché par la promesse de son président de construire une équipe compétitive autour de lui.

Avec Jacques Santini à la tête de l’ASSE, André Laurent a failli réussir son pari. Lubomir Moravcik a été étincelant en quart de finale de la coupe de France contre… l’OM à Geoffroy-Guichard le 11 mai 1993. C’est lui qui déboule côté gauche et centre pour le but vainqueur contre son camp du Marseillais Casoni (2-1 ap prol.). La finale leur tend les bras à domicile contre le FC Nantes, mais les Stéphanois ratent leur match (0-1) et les rêves de coupe d’Europe se voient évaporés.

Une dream team pour l’ASSE direction la D2

Une révolution de palais a lieu à la suite de cette demi-finale perdue. Exit André Laurent remplacé par Yves Guichard, le fils de Pierre, fondateur du club, qui arrive avec un nouveau directeur sportif : Jean-Michel Larqué. Les deux hommes construisent une équipe, que certains médias n’hésitent pas à qualifier de « dream team » pour jouer les premiers rôles en D1. Le recrutement est ambitieux avec des joueurs censés épauler Moravcik comme Laurent Blanc ou Roland Wohlfarth. L’espoir est de courte durée surtout quand le Slovaque s’aperçoit que les dirigeants se débarrasse du meilleur défenseur en la personne de Sylvain Kastendeuch, ce qui le met dans une rage folle.

La suite n’est qu’une lente défense aux enfers malgré des fulgurances dont Moravcik avait le secret. On se souvient de son extraordinaire doublé face au Milan AC des Baresi, Baggio et Weah en match amical à Geoffroy-Guichard le 22 août 1995 (2-1). Il avait largement le niveau de figurer dans cette équipe composée de stars internationales.

Il ne peut rien pour empêcher le club, criblé de dettes, de s’enfoncer jusqu’à être reléguée en deuxième division après l’exercice 1995-96. Son talent, son génie aurait mérité tellement mieux. Il a avoué lui-même, avoir « pété les plombs » devant tout ce gâchis, lui qui n’a finalement rien gagné à l’ASSE même s’il est resté très attaché à ce public qui l’a tant admiré. Nommé ambassadeur à vie de l’ASSE, preuve de la légende qu’il est devenu, Lubomir Moravcik mérite amplement de figurer parmi les dix meilleurs joueurs de l’histoire des Verts.

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