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·16 novembre 2019

Uli Hoeness et le Bayern, 40 ans de vie commune

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Après 40 ans de vie commune, Uli Hoeness et le Bayern se séparent. Cette semaine, l’emblématique dirigeant allemand a quitté son poste de président du Bayern laissant la place à Herbert Hainer, ex-président d’Adidas. Dirigeant explosif, charismatique et exubérant, entre colères, joies et controverses, Uli Hoeness a profondément marqué le club bavarois. Retour sur les 40 années de vie commune entre Uli Hoeneß et le Bayern.

Un attaquant redoutable au parcours légendaire

Ulrich Hoeness dit « Uli » est né le 5 janvier 1952 à Ulm, il a été élevé dans une famille conservatrice, son père Erwin Hoeness était boucher. Avec son frère cadet Dieter, qui devint plus tard un joueur et entraîneur, il a commencé à jouer au football dans les équipes de jeunes du VfB Ulm à partir de 1959. Plus tard, en 1965, il rejoignit le TSG Ulm 1846 (aujourd’hui SSV Ulm 1846). A l’âge de 17 ans, Hoeness faisait déjà parti de l’équipe amateur du TSG Ulm, et termina meilleur buteur du club lors de la saison 1969/70.


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La saison suivant, il rejoint le Bayern, (club moyen à cette époque) alors entraîné par la légende Udo Lattek. Le 15 août 1970, Uli Hoeness faisait ses débuts à 18 ans face à Stuttgart (1-1). Au cours de cette première saison au Bayern, il était devenu titulaire formant l’ossature du Bayern avec Franz Beckenbauer, Gerd Müller et Sepp Maier. Le club terminait la saison à la deuxième place du classement de la Bundesliga et a remporté la DFB Pokal. Jusqu’en 1972, Hoeness a conservé son statut d’amateur pour participer au JO de Münich en 1972. Avec Gerd Müller, il formait le duo d’attaque le plus dangereux et le plus redouté en Bundesliga avec 53 buts inscrits chacun lors des saisons 1971/1972 et 1972/1973.

Une fin de carrière ruinée par une importante blessure

De 1972 à 1974, le buteur allemand a remporté trois fois la Bundesliga, et en 1974, 1975, 1976, il remporte successivement la Coupe d’Europe des Clubs Champions (ex-Ligue des Champions) avec le Bayern. Lors de la finale de Coupe d’Europe contre Leeds United (2-0), Uli Hoeness s’est gravement blessé au genou droit, il a manqué 6 mois de compétitions. A la fin des années 70, le Bayern ne pouvait plus s’appuyer sur les joueurs qui ont tant fait le succès du club les années précédentes. Au cours de la saison 1978/1979, sous la direction de Gyula Lorant, il avait perdu sa place dans le onze, et fut donc vendu au 1.FC Nürnberg pour 200 000 deutsche mark. Il a disputé 11 matchs pour Nürnberg sans marquer le moindre but. Au printemps 1979, Uli Hoeneß mit fin à sa carrière en raison des lésions à son genou droit.

Malgré cette fin de carrière, Hoeness n’a pas seulement marqué l’histoire munichoise, mais aussi celle de la Mannschaft (Allemagne de l’Ouest, il faut préciser). Puisqu’il a été champion d’Europe en 1972 et champion du monde en 1974 au sein de la grande équipe de RFA composée des Beckenbauer, Breitner, Müller, Bonhof, ou encore Overath.

De directeur sportif à président du Bayern

Alors qu’il était encore joueur, Hoeness a négocié un accord de sponsoring entre le Bayern Munich et Magirus-Deutz (marque automobile allemande) en 1978. Cela a permis de financer le retour de Paul Breitner de l’Eintracht Braunschweig à Munich. En 1979, Hoeness a pris la direction du Bayern le 1er mai 1979. Et à 27 ans, il devient le plus jeune directeur sportif de l’histoire de la Bundesliga. A cette époque, le club avait un chiffre d’affaires annuel de 12 millions de deutsche marks avec des dettes de 7 millions de deutsche marks. Bien loin du Bayern actuel.

La première année du jeune directeur sportif s’est soldée par un titre de champion d’Allemagne, le premier en six ans. « Uli » avait réussi à constituer une nouvelle équipe autour du duo Breitner-Rummenigge. Au cours des années suivantes, il a contribué de manière significative à l’essor économique du Bayern. Hoeness s’est inspiré du merchandising présent aux Etats-Unis dans les années 70. Il a introduit cet instrument de promotion des ventes en Allemagne, ce qui a généré dès lors des revenus supplémentaires pour le club.

Sous sa houlette, le Bayern est devenu le club de football allemand le plus titré, entre 1980 et 2008, le club a remporté 16 Bundesliga, 9 DFB Pokal, 6 DFL Pokal et une Coupe UEFA (1996). En Coupe des Clubs Champions (plus tard Ligue des champions), le club s’inclinait en finale en 1982 (1-0 contre Aston Villa), en 1987 (2-1 contre le FC Porto) et en 1999 (2-1 contre Manchester United). Ce n’est qu’en 2001 que le Bayern remporta sa 4ème Ligue des Champions.

La quasi-totalité des titres de champion du club ont donc été gagnés pendant la période où Uli Hoeness était directeur sportif. Ce dernier a amené à Munich des entraîneurs de renommée internationale comme Udo Lattek, Giovanni Trapattoni, Ottmar Hitzfeld, Jürgen Klinsmann, Otto Rehhagel, Louis van Gaal, Felix Magath, Jupp Heynckes, Pep Guardiola ou bien Carlo Ancelotti.

De 2002 à 2009, Hoeness était vice-président du conseil d’administration du Bayern. Fin novembre 2009, il a mis fin à son mandat de plus de 30 ans à la tête du Bayern en tant que président du club et membre du Conseil de surveillance lors de l’Assemblée générale du 27 novembre 2009 avec 99,3% des voix.

Uli Hoeness face à ses démons

En 2013, Uli Hoeness s’est retrouvé dans une situation que peu de personnes auraient pu imaginer puisqu’il est soupçonné d’avoir dissimulé plus de 10 millions d’euros au fisc et se retrouve au cœur de l’un des plus gros scandales de l’histoire du sport allemand. Et à la surprise générale, le 13 mars 2014, le Parquet de Munich le condamne à trois ans et demi de prison ferme pour avoir fraudé le fisc de plus de 28 millions d’euros. Face à ce verdict, beaucoup ont pensé qu’il ferait appel, mais Il ne le fera pas et acceptera cette décision. Un comportement assez rare voir unique de nos jours quand on voit ce qu’il se passe lorsque des personnalités se font attraper par la justice.

Il est donc incarcéré le 2 juin 2014. 7 mois après son incarcération, le 2 janvier 2015, il bénéficie d’un régime de semi-liberté qu’il utilisera pour travailler au Bayern. Il bénéficie ensuite d’une liberté conditionnelle puis est libéré définitivement le 29 février 2016. Durant cette période, ne pouvant pas exercer sa fonction de président, il a été remplacé par Karl Hopfner. Le 8 août 2016, Uli Hoeness a annoncé qu’il se présentait à la prochaine élection présidentielle du club bavarois. Et le 25 novembre 2016, « Uli » a été réélu Président du Bayern avec 98,5% des voix.

Et un peu moins d’un mois plus tard, le 17 décembre 2018, il fut réélu Président du Conseil de Surveillance du Bayern pour les quatre années suivantes.

Une sortie par la grande porte

Et ce 15 novembre 2019, Uli Hoeness a quitté son poste de président du club bavarois. Néanmoins, il conservera tout de même une place au sein du conseil de surveillance dans lequel il pourra encore exercer son influence. En quatre décennies, il a fait bondir le chiffre d’affaires de 12 millions de deutsche marks (6 millions d’euros) à 750 millions d’euros, dont 52 millions de bénéfices après impôts sur l’exercice 2018-2019. En 1979, le club n’avait que 12 employés, il en a désormais plus de 1000.

Le travail réalisé par Uli Hoeness est monstrueux, et son repos est bien mérité. Quant à son successeur, il a été élu hier, il s’agit d’Herbert Hainer. Celui qui a été PDG d’Adidas, mais aussi membre du conseil de surveillance du Bayern devient désormais président du club qui se lance dans une nouvelle ère. Comme Hoeness, il vient aussi d’une famille de boucher, la boucle est donc bouclée.

Voici quelques déclarations de grands noms du football qui ont tenu à rendre hommage au dirigeant du Bayern :

« Bien sûr, il a façonné le football allemand comme personne d’autre, il était très important, ce qu’il a fait au Bayern est quelque chose d’unique. » Jogi Löw

« Un écart de 40 ans en tant que directeur sportif ou président du Bayern Munich, comme vous l’avez fait, est extraordinaire. » Joachim Watzke

« Je voudrais vous dire que vous êtes l’une des figures les plus importantes de l’histoire de la Bavière. » Louis van Gaal

« Ce qu’il a créé est un conte de fées. On ne peut pas le surestimer. Il a toujours été partout en tant qu’entraîneur ou président. Il a montré une tendance dans le football en Allemagne. J’ai toujours pensé qu’on ne pouvait pas vraiment savoir ce que c’était. Il a le football allemand en lui. » Ottmar Hitzfeld

« Il a été un pionnier à bien des égards. L’équipe du Bayern a évolué et s’est imposée comme un club de renommée internationale. Il ne serait pas facile de suivre les traces d’un président aussi influent que lui. » Gianni Infantino

« Nous avons applaudi côte à côte dans les tribunes, nous avons souffert côte à côte. Comme des fans. Dans les match serrés, tu n’arrêtais pas de me demander : « Combien de temps ? Encore combien de temps ? » Cher Uli, chaque seconde passée avec toi a été un plaisir ! […] Mon ami, je te souhaite, à toi et tes proches, bonheur, santé, joie de vivre pour l’avenir – et tout ce que vous souhaitez pour vous-même. Restez toujours connecté au club. Je sais que tu le resteras. Nous l’avons été et le serons toujours : Ta famille » Karl-Heinz Rummenigge

Servus Uli !

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