Tunisie, Ligue 1 Pro : les grandes questions de la saison 2021/2022 | OneFootball

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Derniers Défenseurs

·7 novembre 2021

Tunisie, Ligue 1 Pro : les grandes questions de la saison 2021/2022

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La nouvelle saison de Ligue 1 Professionnelle tunisienne débutait le 16 octobre dernier après une trêve de 4 mois. Une longue période dont les clubs ont profité pour renforcer leurs effectifs, changer leur staff technique, ou encore leurs dirigeants. Après un dernier exercice marqué par divers scandales extra-sportifs, à quoi devrait ressembler la saison tunisienne 2021/2022 ?

Le nouveau format de compétition est-il adapté à la LP1 ?

Composée de seize équipes, la LP1 2021/2022 a longtemps cherché son format idéal, après plusieurs rebondissements et un barrage d’accession. En optant pour un championnat divisé en deux groupes de huit, la FTF a fait le choix d’un système atypique. Cette formule de playoff/playout, de moins en moins utilisée à travers le monde, fut récemment adoptée en 2016/2017 et 2012/2013. Offrant une série de chocs condensés dans la course au titre, elle permet d’augmenter l’attractivité de la compétition. Ce système peut également avoir un effet positif sur le suspens d’un championnat devenu trop prévisible. L’Espérance de Tunis a ainsi remporté les cinq dernières éditions haut la main, parfois plusieurs semaines avant la dernière journée.


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A l’image de la course au titre de l’édition 2012/2013, qui avait opposé le CS Sfaxien, l’Espérance de Tunis et l’Etoile du Sahel dans une lutte acharnée jusqu’à la dernière journée, le système de playoff peut donc représenter une belle publicité pour un championnat qui a fortement perdu de son intérêt. Cette fois, il sera néanmoins primordial pour la FTF d’établir un règlement clair relatif à la qualification aux playoff. Lors de la saison 2012/2013, le Club Africain et la CA Bizertin s’étaient ainsi retrouvés à égalité à l’issue de la dernière journée de saison régulière. Dans l’absence d’un véritable règlement pour les départager, la ligue avait tranché en faveur du club de la capitale. Cela avait alors entrainé de vives tensions dans la ville de Bizerte.

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L’équipe du Club Sportif Sfaxien lors de la saison 2012/2013 lors de laquelle ils remportent le championnat ainsi que la Coupe de la Confédération de la CAF

Le choix de ce format peut également avoir un impact sur un autre mal qui touche désormais le football tunisien. Plusieurs soupçons de matchs truqués ont fait surface la saison dernière, touchant à la fois des joueurs et des clubs. La FTF avait ainsi ouvert une enquête à la suite de la rencontre entre la JS Kairouannaise et l’US Ben Guerdane disputée pour le compte de la 22e journée de l’exercice précédent. La JSK, l’un des deux clubs impliqués, était d’ores et déjà relégué depuis plusieurs journées. Le club disputait ainsi les matchs restants sans aucun enjeu … du moins sur le plan sportif. Plusieurs autres rencontres du même club avaient par ailleurs éveillé des soupçons. Cette formule de playoff/playout peut ainsi permettre de maintenir les clubs concernés jusqu’à la dernière journée, évitant des relégations précoces et limitant ainsi les volontés de fausser le résultat d’un match.

Assistera-t-on à la fin du règne sang et or ?

L’Espérance de Tunis, champion en titre, a profité de la trêve pour opérer quelques chantiers et ainsi démarrer un nouveau cycle. Restant sur cinq sacres consécutifs, les sang et or ont ainsi décidé de se séparer de leur coach Mouine Chaabani. Pour le remplacer, le président Hamdi Meddeb a jeté son dévolu sur Radhi Jaidi, ancienne légende du club. Fort d’une riche carrière de joueur, Jaidi a passé douze années au sein de l’Espérance. L’ancien défenseur international tunisien s’est ensuite énvolé pour l’Angleterre, où il a notamment connu la Premier League avec les clubs de Bolton Wanderers et Birmingham City. Devenu par la suite coach de la catégorie U23 de Southampton, il fait donc son retour dans son club de cœur 17 ans après l’avoir quitté. Son objectif : insuffler un nouveau style à une équipe en manque cruel d’inspiration lors des derniers mois.

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Radhi Jaidi, à la tête des U23 de Southampton entre 2015 et 2019

Cette saison servira donc de transition pour un club qui avait également besoin de renouveler une partie de son effectif. L’EST a ainsi noté six arrivés et quatre départs lors d’un mercato estival animé. Le nouveau système en 3-5-2 mis en place par Jaidi pourrait également mettre du temps à être assimilé par ses joueurs, comme peuvent nous le confirmer les premières sorties officielles des sang et or. La première phase du championnat ainsi que la qualification obtenue pour la phase principale de CAF Champions League devraient néanmoins permettre à l’équipe de travailler en toute sérénité.

En face, les concurrents de l’Espérance semblent eux mieux armés que la saison passée. L’Etoile du Sahel, qui sera sans doute la menace la plus sérieuse, aura pour objectif de confirmer les bonnes impressions entrevues depuis plusieurs mois. Le Club Africain s’est lui bien renforcé lors du mercato, se remettant des lourds problèmes financiers impactant l’équipe. Ces deux clubs ont pour le moment une longueur d’avance sur le CS Sfaxien, auteur d’un mauvais démarrage avec son nouvel entraineur Giovanni Solinas. Si de longs mois nous séparent des playoffs, la course au titre devrait néanmoins être plus disputée que les précédentes.

Qui sont les joueurs à suivre ?

Ayant connu une nette dégradation dans les années écoulées, le championnat tunisien continue néanmoins de produire et d’attirer des talents à fort potentiel qui espèrent s’en servir comme un tremplin pour l’Europe … ou le Moyen-Orient. Plusieurs éléments risquent ainsi de faire parler d’eux dans les prochains mois et seront à suivre de très près :

Mohamed Ali Ben Romdhane (22 ans, Espérance de Tunis)

Meilleur joueur de la saison précédente, Mohamed Ali Ben Romdhane s’était révélé lors de l’exercice 2019/2020. Milieu offensif de formation, il avait été replacé un cran plus bas par Mouine Chaabani. Faisant parler toutes ses qualités physiques et techniques, il s’est depuis imposé comme le meilleur joueur de son club à seulement 22 ans, devenant également international tunisien. Représentant désormais une option sérieuse dans l’entrejeu pour le sélectionneur Mondher Kebaier, il devrait, sauf blessure, disputer la CAN 2022. Alors que plusieurs clubs européens dont l’AS Saint-Etienne ont déjà exprimé leur intérêt pour le joueur, Ben Romdhane est pour le moment retenu par l’Espérance, qui souhaite retrouver les sommets africains.

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Mohamed Ali Ben Romdhane sous le maillot des Aigles de Carthage

Anayo Iwuala (22 ans, Espérance de Tunis)

Arrivé en Tunisie cet été, le feu-follet nigérian s’est rapidement imposé comme une pièce maitresse du onze de Radhi Jaidi. Ailier virevoltant, il a été replacé au poste d’attaquant dans le dispositif en 3-5-2 du coach espérantiste. S’il ne semble pas doté du profil de finisseur qui manquait à l’Espérance lors de la saison précédente, son association avec Moussa Konaté, encore en phase de reprise, s’annonce prometteuse. Capable d’offrir de la profondeur à ses coéquipiers et doté d’une qualité technique lui permettant de combiner dans de petits espaces, le transfuge d’Enyimba sera à coup sûr l’une des attractions de la saison 2021/2022, aussi bien en LP1 ainsi qu’en CAF Champions League.

Zinedine Boutmene (20 ans, Etoile Sportive du Sahel)

Annoncé comme l’un des plus grands espoirs du football algérien à son poste, Zinedine Boutmene est arrivé en Tunisie lors du mercato estival 2020 en provenance du Nasr Athletic Hussein Dey. D’abord au Club Africain, où il n’a pas pu être qualifié pour disputer les matchs officiels, puis à l’Etoile. Il s’est alors progressivement installé sur le côté droit de l’attaque, faisant parler sa technique et sa qualité de dribbles. Doté d’une fabuleuse patte gauche, il se retrouve cette saison libéré de la concurrence de Aymen Sfaxi, meilleur buteur du club lors de la saison écoulée. De quoi lui permettre d’exprimer son plein potentiel ? Si son talent semble indéniable, il parait néanmoins évident que Zinedine n’a pas encore atteint son rythme de croisière. La saison 2021/2022 pourrait donc être celle de l’éclosion … avant un départ sur le vieux continent ?

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Zinedine Boutmene sous les couleurs de l’Etoile du Sahel

Tayeb Meziani (25 ans, Etoile Sportive du Sahel)Arrivé en même temps que Boutmene à l’ESS, Tayeb Meziani a quant à lui connu la Tunisie dès 2018. Transféré à l’Espérance, l’ailier algérien avait d’abord réalisé de très bon débuts avec le club tunisois … avant de progressivement disparaitre du groupe professionnel. Longtemps en manque de compétition, le produit du Paradou a finalement trouvé chaussure à son pied du coté de Sousse. Là-bas, il parvient enfin à enchainer les rencontres et les bonnes prestations, s’imposant comme titulaire indiscutable. Positionné sur le côté gauche de l’attaque, Meziani a inscrit sept buts lors de la seconde partie de saison. Doté d’une capacité d’élimination redoutable en un contre un, il représente la menace principale de l’attaque étoiliste. A 25 ans, celui qui avait connu une courte expérience au Havre en 2018 peut toujours rêver d’une expérience européenne.

Chiheb Laabidi (20 ans, Club Africain)

International de la catégorie U20, Chiheb Laabidi représente le futur du football tunisien. Elu trois fois homme du match sur six rencontres disputées lors de la dernière CAN de sa catégorie, le joueur formé au Club Africain dispose déjà d’une large palette technique. Capable d’éliminer ses adversaires par le dribble et de casser des lignes balle au pied, Laabidi est également doté de qualités athlétiques faisant de lui un milieu de terrain complet. Faisant face à une forte concurrence, il devrait néanmoins bénéficier du temps de jeu suffisant à son développement. Ayant récemment prolongé son contrat avec le CA, un départ en Europe semble pour le moment précoce … à moins d’une saison exceptionnelle ?

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Chiheb Laabidi lors de la dernière CAN U20 où il s’est illustré sous le maillot tunisien

Amadou Sabo (21 ans, Club Africain)

Agé de 21 ans, le joueur formé à l’AS Sonidep (Niger) est arrivé en Tunisie en décembre 2020. D’abord recruté par le CA Bizertin, il fait ses premiers pas dans le pays au sein d’un club en proie à une crise financière impactant fortement la dynamique sportive de l’équipe première. Malgré cela, il parvient à montrer tout l’étendue de son talent dans l’entrejeu bizertin. Evoluant dans une position de milieu offensif, le nigérien aime décrocher afin d’organiser le jeu depuis une position basse. Il fait alors parler sa qualité technique bien au-dessus de la moyenne locale, devenant indiscutable dans le onze bizertin. Finalement recruté par le Club Africain, il parait évident que la Tunisie ne sera qu’une première étape dans une carrière pleine de promesses.

Mohamed Amine Hamrouni (24 ans, Club Sportif Sfaxien)

Formé au CS Sfaxien, ce latéral gauche longiligne a connu deux prêts successifs avant d’avoir sa chance avec les bianconeri. Sortant d’une saison pleine avec l’US Ben Guerdane, Hamrouni est parvenu à s’imposer comme une valeur sûre à son poste. Ses qualités lui permettent aujourd’hui d’assurer avec brio la relève de Azmi Ghouma, qui a quitté le club cet été. Alors que la concurrence est féroce au sein de la sélection tunisienne, son jeune âge lui offre une certaine marge de manœuvre dans une position où Ali Maaloul arrive sur la fin. Le voir disputer la prochaine Coupe Arabe des Nations est loin d’être exclu, et pourrait lui offrir une belle vitrine lui permettant d’accélérer son apprentissage.

Houssem Tka (21 ans, Union Sportive Monastirienne)

En effectuant ses premiers pas en LP1 à seulement 17 ans, ce milieu de poche formé à l’US Monastirienne est devenu l’un des joueurs les plus précoces du championnat tunisien. Au fil des saisons, Tka a eu la chance de côtoyer les meilleurs coachs tunisiens en activité, tels que Lassad Dridi, Lassad Jarda et désormais Faouzi Benzarti. Aujourd’hui titulaire indiscutable dans le onze de l’USMo, il représente l’un des plus gros talents locaux à son poste. Après avoir remporté la Coupe de Tunisie 2020 et de la Supercoupe de la même année, une nouvelle bonne saison de son club pourrait favoriser son éclosion au plus haut niveau.

Le meilleur buteur dépassera-t-il les 10 unités ?

Lors des cinq saisons écoulées, un seul joueur est parvenu à dépasser la barre des 10 buts en LP1. Il s’agit du nigérian Anthony Okpotu, qui avait inscrit 13 réalisations lors de la saison 2019/2020. Avant cela, il faut remonter à la saison 2015/2016 pour trouver un classement des buteurs contenant plus d’un joueur ayant dépassé cette barre symbolique (Ali Maaloul, 16 buts avec le CS Sfaxien). On retrouve ainsi le plus souvent des classements très homogènes, avec parfois une dizaine de joueurs se partageant les trois premières places, comme ce fut le cas lors de la saison précédente.

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Aymen Sfaxi, meilleur buteur de la saison 2020/2021 avec l’Etoile du Sahel

Cela témoigne tout d’abord de l’absence durable d’attaquants de haut niveau au sein du championnat tunisien. En plus d’un modèle de recrutement devenu obsolète, la formation locale à ce poste est défaillante depuis maintenant plusieurs années. Cette défaillance se fait d’ailleurs aujourd’hui ressentir jusque dans les rangs de l’équipe nationale. Concernant le recrutement, la majorité des clubs tunisiens privilégient des profils athlétiques devenus peu adaptés au football moderne, comme le témoigne l’échec récent de l’attaquant Khalid Abdul Basit à l’Espérance de Tunis. Il n’est donc plus étonnant de voir des joueurs d’aile, des milieux de terrain et même parfois des défenseurs finir en haut d’un classement pour lequel est accordée de moins en moins d’importance. Alors que l’on devrai retrouver des statistiques similaires pour cette exercice, des éléments comme Tayeb Meziani, Anayo Iwuala ou encore Yassine Chammakhi devraient néanmoins pouvoir détrôner Aymen Sfaxi et ses 9 buts inscrits en 2020/2021.

Combien d’entraineurs seront limogés ?

Avec une moyenne de près de deux entraineurs limogés par club, la LP1 version 2020/2021 avait atteint des records. Seul un club, l’Espérance de Tunis, avait achevé sa saison avec l’entraineur l’ayant débutée. De plus en plus fragilisé lors des dernières années, le poste d’entraineur en Tunisie ressemble aujourd’hui à une mission suicide. Celui qui occupe le poste n’est finalement qu’un fusible aux yeux de dirigeants qui n’hésitent pas à le faire sauter à la première contre-performance.

Souffrant souvent de retards de paiement, et travaillant dans des conditions déplorables, ces techniciens finissent par se servir de la LP1 comme d’un tremplin pour exercer leur profession dans d’autres championnats arabes. Il n’est donc pas étonnant de voir le nombre d’entraineurs tunisiens présents aujourd’hui en Algérie, au Maroc ou encore dans les pays du Golfe (ex. : Lassad Jarda – Raja de Casablanca ; Nabil Kouki – ES Setif ; Khaled Ben Yahia – MC Alger). Au bout de trois journées, la nouvelle saison a d’ores et déjà fait ses premières victimes, parmi lesquels on retrouve Lassad Dridi, qui avait permis à l’Etoile de retrouver la CAF Champions League. Qui sera le prochain ?

Crédit Photos : Getty Images, RFI, FTF, Etoile Sportive du Sahel, CAF

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