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·17 octobre 2023

Trust The Process : et L’Emirates Stadium dans tout ça ?

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“Trust the process”. Tout le monde connait maintenant cette phrase mi- slogan / mi- promesse qu’Arteta nous rabâche presque frénétiquement depuis son arrivée. Une phrase qui symbolise sa volonté de tout raser et rebâtir un club à la hauteur de son histoire. Etape par étape. Process qui porte ses fruits depuis la saison dernière, tant Arsenal rejoue les premiers rôles sportivement en Premier League. Et L’Emirates Stadium dans tout ça ? Longtemps critiqué ou moqué depuis son inauguration, notre écrin a-t-il lui aussi réussi son process ?

L’Emirates Stadium : la genèse

L’Emirates Stadium c’est le projet d’un bâtisseur : Arsène Wenger.


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Arrivé sur le banc des Gunners en 1996, Wenger devient rapidement l’homme fort des Gunners et incarne parfaitement les valeur du club. Arsenal évolue à l’époque dans leur stade historique de Highbury. Inauguré en 1913, c’est un stade typiquement anglais et très à l’ancienne, posé en plein milieu du quartier populaire et résidentiel éponyme. Véritable écrin des Gunners, les fans sont très attachés à leur stade à l’ambiance très chaude et très britannique. “Je crois que Highbury avait un esprit spécial. C’est une cathédrale, une église. On pouvait sentir l’âme de tous les gars qui y jouaient” déclarait Wenger lors du discours d’adieu à Highbury.

Mais voilà, Arsène Wenger comprend que ça ne suffit plus. Si le club veut passer un nouveau cap sportif et économique, Arsenal a besoin de plus. Et pour cause, Highbury ce n’est “que” 40000 places, voir moins. Trop peu pour faire face aux demandes des fans. Impossible également de le rénover, le stade étant dans un quartier résidentiel et populaire, Arsenal n’a pas la place pour entreprendre de grands travaux d’agrandissement d’Highbury. Avec en plus des éléments du stade classés aux monuments historiques, et face à l’hostilité du voisinage, entreprendre le moindre chantier est impossible.

“Il y a quelque chose ici qu’on ne retrouve nulle part ailleurs, peu importe où vous allez. C’est un stade spécial, avec une histoire particulière.” – Arsène Wenger sur Highbury

Arsène Wenger prend rapidement conscience que Highbury, à terme, est un frein pour le développement du club. Il s’empare alors dès 1999 du problème et pousse pour le projet d’un nouveau stade. Son projet, son stade. Il devient l’homme clé du projet et porte celui ci en interne et au près des politiques pour approuver le projet. Celui-ci est approuvé en 2002 et les travaux démarrent en 2004, à quelques centaines de mètres de Highbury. Travaux qui vont durer 2 ans. En 2006 le nouveau stade sort de terre. L’Emirates Stadium est né. 60000 places, architecture moderne et soignée, le stade s’impose déjà comme un bijoux du football européen. Symbolisant le futur sportif et économique du club, une nouvelle ère peut commencer, toujours emmené par Arsène Wenger.

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L’impact économique…et sportif

Dès l’inauguration, les premières retombées économiques ne tardent pas. Boutiques, restaurants, musée, politique tarifaire à la hausse…les billets verts tombent. Entre 2004 et 2013 les recettes de billetterie triplent pour atteindre 111 millions d’euros. Première source de revenu du club, c’est inédit pour un club du top 20 européen.

Mais ce n’est pas suffisant. En effet L’Emirates Stadium a couté cher. Très cher. Plus de 450 millions d’euros, c’est beaucoup plus que ce qui était estimé. Le club a donc dû s’adapter et s’est endetté sur les deux tiers du coût total du stade. On assiste donc à une nouvelle ère de modernité qui est symbolisé par une période d’austérité qui va durer 10 ans à partir du début des travaux, le temps que le club rembourse petit à petit sa dette.

“Nous avons construit un nouveau stade, mais nous n’avons jamais retrouvé notre âme” – Arsène Wenger

La stratégie sportive est assez claire : utiliser le centre de formation ou acheter des jeunes à bas coûts et les revendre au prix fort pour encaisser des plus valus. Même si ça marche, Wenger commence à trainer une image de “radin” parmi les fans. Une stratégie qui impact la compétitivité de l’équipe, qui connait même une cinglante humiliation contre l’ennemi éternel Manchester United (défaite 8-2 en 2011). Bien que toujours qualifié en Ligue des Champions, Arsenal y joue de moins en moins un rôle prépondérant après la finale perdue de 2006. Après la glorieuse saison des Invincibles en 2004, les Gunners peinent également de plus en plus à jouer les premiers rôles en Premier League.

Les premières critiques tombent des tribunes. Compliqué de revenir à la cantine quand on a mangé au restaurant étoilé. Mais Wenger s’accroche et se complet dans ce cadre économique où il peut utiliser à merveille son centre de formation. Il arrive à faire de petits miracles alors qu’entre 2004 et 2013 Arsenal est le seul club du top six de Premier League a avoir une balance vente / achat positive sur le marché des transferts.

A partir de la saison 2013/2014 tout change. Le fardeau économique du nouveau stade plombe de moins en moins les finances du club qui peut enfin dépenser pleinement sur le marché des transferts. Un changement de stratégie symbolisé par l’arrivée de Mesut Ozil pour 50 millions d’euros et Alexis Sanchez, un an plus tard, pour 45 millions d’euros. Un changement qui fonctionne puisque les hommes de Wenger remportent la FA CUP en 2014, après 9 ans de disette. Pour autant l’équipe peine toujours à rejouer le podium en Premier League.

En effet ils doivent faire face aux “nouveaux riches” de la Premier League (Manchester City et Chelsea) qui prennent de plus en plus le dessus. Arsenal est abonné à la 4ème place de Premier League, au grand dam des supporters, dont la protestation depuis les tribunes sur le niveau de jeu et sur le projet est de plus en plus décrié. Arsenal n’a plus d’ambitions.

Finalement, sous la pression des pancartes #WengerOut qui fleurissent au fil des saisons dans L’Emirates Stadium, Arsène Wenger comprend que son aventure légendaire sur le banc des Gunners doit prendre fin. Il dirige son dernier match le 16 mai 2018, alors que Arsenal manque la Ligue des Champions pour la deuxième saison consécutive.

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Un stade qui se meurt…

Sportivement parlant, le déménagement à L’Emirates Stadium a eu bon nombre d’effets néfastes sur le niveau de l’équipe causé par un contexte économique très compliqué. Et forcément, le stade et son affluence en ont payé le prix.

Pendant les 10 ans qui ont suivi l’inauguration, L’Emirates est petit à petit tombé dans l’image d’un stade banale et froid. Très grand, spacieux et confortable, il est rapidement surnommé la “bibliothèque”, tant le calme et le silence qui règne dans le stade s’accorde bien avec une équipe ennuyeuse sur le terrain.

De moins en moins de monde et de moins en moins de passion, L’Emirates devient un géant endormi. Quelques chants sont parfois lancés, mais ça ne dure qu’une poignée de secondes. Souvent moqué pour sa piètre ambiance, les supporters ne s’y retrouvent pas dans cette équipe et dans ce stade. L’époque de Highbury est bien lointaine, et on se demande si l’âme de ce club n’est pas restée coincé là bas.

Une ambiance drastiquement contraire aux tarifs de la billetterie proposés par le club, toujours plus cher. Chose qui accroit la colère des fans envers ce stade, cette équipe, ce club. On observe même des supporteurs qui préfèrent regarder les matchs depuis les Pub environnants, bien plus chaleureux que ce stade qui ne leur ressemble pas.

Et la succession post Wenger ne ravive pas la flamme. Unai Emery ne réussit pas à relancer la machine et creuse même un peu plus le fossé entre le stade et les joueurs. Les supporteurs sont excédés et des joueurs comme Granit Xhaka vont faire les frais d’un stade qui ne comprend plus le club ou même ses joueurs. Il faut attendre le 22 décembre 2019 pour que L’Emirates aperçoive enfin une lueur d’espoir.

“L’ambiance était totalement catastrophique…c’était juste comme le temps, austère et ennuyeux” – Fredi Bobic , Directeur Sportif de L’Eintracht Francfort en 2019 après la rencontre du club allemand à L’Emirates Stadium en Europa League.

…Avant la renaissance ?

Ce diagnostique d’un stade qui se meurt Arteta l’a fait. Il en a même fait un cheval de bataille “Un de mes principaux objectifs c’est reconnecter les fans à l’équipe“. Et cela passe d’abord par reconnecter les joueurs entre eux. On se souvient de la scène mythique du documentaire Amazon “Arsenal All or Nothing” où Arteta tient une ampoule illuminée au milieu des ses joueurs dans le vestiaire “Je veux voir une équipe connectée l’un avec l’autre parce que c’est une équipe qui brille. Parce que si on est connecté ensemble, on est connecté avec 60000 personnes et ça nous donne un supplément d’énergie“.

Arteta le sait, devenir un top club de Premier League requiert un stade bouillant. Transformer L’Emirates Stadium en véritable forteresse est peut être le plus grand défi de son process.

Et petit à petit, ça fonctionne. L’Emirates revit. Le board y met les ingrédients nécessaires. Investissements lourds pour bâtir une équipe compétitive et jouer les premiers rôles, jeunes cracks issus du centre de formations qui tirent l’équipe vers le haut, l’équipe et L’Emirates Stadium sont de nouveau reconnectés. “Le stade est complet. Le spectacle à L’Emirates n’a jamais été aussi présent. Il n’y plus un seul ticket en vente de disponible. Les fans dans les tribunes sont totalement connectés à ce qu’on fait sur le terrain” déclare Arteta.

Une reconnexion qui est symbolisé par le fameux “North London Forever”, entonné par tout le stade avant chaque match à domicile. Une sorte de bébé “You’ll never walk alone” chanté lui à Anflied.

Ecrit et interprété par Louis Dunford, jeune chanteur et compositeur anglais du nord de Londres, ce chant symbolise l’attachement de ses habitants à leurs quartiers nord londonien . Un chant auquel tous les supporters d’Arsenal peuvent donc s’identifier. Introduit comme tradition en 2022 à L’Emirates, “North London Forever” fait le buzz. Dans le nord de Londres et dans le monde “Quand je regardais les chart j’étais au dessus de Ed Sheeran et Harry Style. J’ai encore le screenshot” déclare Louis Dunford.

Début 2023, le club décide également de travailler sur la rénovation des fresques tout autour de L’Emirates Stadium. 8 nouvelles fresques sont crées, toutes en collaboration avec des groupes de supporteurs d’Arsenal, du monde entier. Des créations qui répondent parfaitement à la culture, l’héritage et l’ambition du club. Un moyen de plus pour faire de L’Emirates l’épicentre du projet lancé par Arteta, et accentuer cette communion perdue depuis plus de 10 ans entre ce stade et son équipe. Bien évidemment on retrouve du Highbury dans ces fresques, comme une façon de passer définitivement le flambeau entre les deux stades. Highbury appartient au passé, l’âme de ce club est maintenant définitivement dans ce nouveau stade. Une nouvelle ère peut commencer.

L’Emirates Stadium est sur la bonne voie, mais peut on parler de forteresse pour autant ? Oui et non.

On se souviendra des improbables scénario à domicile, la victoire 3-2 contre Bournemouth la saison dernière avec le but à la dernière minute de Reiss Nelson après une incroyable remontada, la victoire en début de saison contre Manchester United avec le but de Declan Rice au bout du temps additionnel ou encore la victoire contre Manchester City la semaine dernière avec le but de Martinelli dans les dernières minutes.

Des buts à la dernière minute qui n’auraient pas été possible sans l’apport de 60000 fans, chose qui auraient été impossible il y a encore 3 ou 4 ans. Cependant la dernière étape c’est l’invincibilité à domicile. La dernière étape du process concernant L’Emirates Stadium. Et ce dernier est l’étape finale pour transformer ce stade en forteresse.

Car oui, L’Emirates Stadium ne rime pas encore avec invincibilité. Sur 24 points possible pour le moment cette saison, 20 ont été inscrits. Comptablement parlant c’est presque parfait, à peu de chose près que les 4 points perdus cette saison ont tous été perdus à L’Emirates. Certains se souviendront également de la fin de saison dernière chaotique qui nous a couté le titre dans la dernière ligne droite. Le nul à domicile contre Southampton (qui sera relégué quelques semaines plus tard) ou encore la claque reçue contre Brighton quelques mois plus tard (défaite 3-0), Arsenal aura perdu des points cruciaux, à domicile.

Une dernière étape “invincibilité” est crucial pour que L’Emirates se mue totalement en véritable forteresse. Ce n’est qu’une question de temps, tant le lien entre le stade et l’équipe est de plus en plus fort.

L’Emirates Stadium, tant moqué depuis 2006 et son inauguration, est en train peu à peu de prendre sa revanche. Symbole de la reconnexion du club avec ses supporteurs, le stade des Gunners montre enfin qu’il est à la hauteur du défi lancé par Arteta depuis son arrivée sur le banc. Avec son fameux “North London for ever”, L’Emirates Stadium est aujourd’hui une vraie arme sur laquelle les Gunners peuvent compter. Terminé la “Bibliothèque”, la forteresse du nord de Londres pointe le bout de son nez.

#Louis AFC

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