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·7 décembre 2023
đ« Top 50 ASSE : Un latĂ©ral gauche international

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·7 décembre 2023
De la place 50 à 21, les joueurs classés seront présentés par ordre alphabétique.
PATRICK BATTISTON (136 matches, 9 buts de 1980 à 1983) Le héros malheureux de Séville
MalgrĂ© les arrivĂ©es de Michel Platini et de Johnny Rep, lâĂ©tĂ© prĂ©cĂ©dent, lâAS Saint-Etienne nâa pas rĂ©ussi Ă remporter le championnat de France 1979-80. Elle a terminĂ© Ă la 3á” place derriĂšre le FC Nantes (champion) et le FC Sochaux, son dauphin.
Plus grave, elle a pris 50 buts en D1 cette saison. Une premiĂšre depuis que Robert Herbin dirige cette Ă©quipe. En Ă©tant aussi permĂ©able, elle ne peut prĂ©tendre lutter pour le titre. La dĂ©fense stĂ©phanoise est vieillissante avec un gardien, Ivan Curkovic, qui a dĂ©passĂ© les 36 ans, et dont les prestations ne font plus autant lâunanimitĂ©. Il a dâailleurs rendu son brassard de capitaine, rĂ©cupĂ©rĂ© aprĂšs le dĂ©part de Jean-Michel LarquĂ©.
De plus, GĂ©rard Farison, lâinamovible arriĂšre gauche de la grande Ă©popĂ©e, sâest engagĂ©, Ă 35 ans, pour une derniĂšre pige Ă FrĂ©jus et il faut donc le remplacer.
Les dirigeants jettent leur dĂ©volu sur un jeune dĂ©fenseur de 23 ans, Patrick Battiston mais qui est loin dâĂȘtre un inconnu. Il joue au FC Metz et il est international français depuis 1977 avec 14 sĂ©lections et une coupe du monde disputĂ© en 1978 (un match contre lâArgentine).
LâĂ©quipe messine se bat pour son maintien chaque annĂ©e, et il aimerait bien Ă©voluer Ă un niveau supĂ©rieur. Il ne pouvait, dĂšs lors, quâaccepter la proposition de lâASSE, qui reste le club phare des annĂ©es 1970 mĂȘme si son dernier trophĂ©e de champion de France remonte Ă quatre ans.
DĂšs sa premiĂšre saison chez les Verts, Patrick Battiston va sâimposer comme un Ă©lĂ©ment indiscutable de la dĂ©fense stĂ©phanoise. Il dĂ©bute le 24 juillet 1980 Ă Bordeaux par une dĂ©faite cuisante (0-3) laissant prĂ©sager une nouvelle saison frustrante.
NĂ©anmoins, au fil des matchs, il va faire Ă©talage de tout son talent, Ă©tant dur au marquage, trĂšs difficile Ă prendre de vitesse et trĂšs propre dans ses interventions. Il ne recevra aucun carton jaune dans toute sa carriĂšre Ă lâASSE !
En plus, il peut se muer en redoutable contre-attaquant grĂące Ă une technique au-dessus de la moyenne pour un dĂ©fenseur. Il est lâauteur de quatre buts dĂšs sa premiĂšre annĂ©e dans le Forez (9 en tout en Vert), ouvrant son compteur dĂšs le 29 aoĂ»t 1980 Ă Geoffroy-Guichard contre Lille Ă la 10á” minute (3-1).
Il est considĂ©rĂ© comme lâun des meilleurs arriĂšres français, sinon europĂ©en, et il prend une part essentielle dans le dixiĂšme titre de champion de France de lâASSE obtenu en 1981.
Il fait naturellement partie du groupe de Michel Hidalgo qui sâenvole en Espagne pour la coupe du monde 1982 en compagnie de Jean Castaneda, GĂ©rard Janvion, Jean-François Larios, Christian Lopez et Michel Platini (son meilleur ami dans le football, ils se connaissent depuis les JO de 1976).
Cette coupe du monde restera un souvenir impérissable pour Patrick Battiston. Il est passé par toutes les émotions.
Titulaire pour le premier match contre lâAngleterre (1-3), il est victime dâune insolation dans la fournaise du stade San Mames Ă Bilbao. Il fait son retour contre lâAutriche (1-0) et surtout pour son troisiĂšme match, il devient le hĂ©ros malheureux de la demi-finale contre la RFA Ă SĂ©ville le 8 juillet 1982.
Il entre Ă la 50e minute Ă la place de Bernard Genghini, Ă un poste inhabituel de milieu de terrain, le sĂ©lectionneur Michel Hidalgo nâayant plus de solution de rechange.
Sept minutes plus tard, lancé en profondeur, il se présente seul devant le gardien Harald Schumacher, qui le percute violemment. ComplÚtement KO, ayant laissé deux dents sur la pelouse espagnole, il est évacué sur une civiÚre, inconscient, accompagné par son ami Platini qui lui tient la main. La suite appartient à la légende et restera pour les supporters français présents et ceux devant leur téléviseur avec les commentaires de Thierry Roland et Jean-Michel Larqué, une plaie à jamais cicatrisée.
Cette agression a fait grand bruit, car elle nâa pas Ă©tĂ© sanctionnĂ©e par lâarbitre, Monsieur Corver, incroyablement indulgent sur cette action.
MĂȘme en RFA, elle a indignĂ© les Allemands. Le gardien est insultĂ© dans la rue, voire comparĂ© Ă un nazi pour avoir « fait honte Ă la nation germanique ». Schumacher est donc contraint de demander des excuses Ă Battiston qui, grand seigneur, sâempresse de les accepter.
Elles ont lieu de maniĂšre officielle lors dâune rencontre organisĂ©e, une semaine plus tard, par le quotidien local, Le RĂ©publicain lorrain, qui rĂ©unit les deux joueurs.
La poignĂ©e de main est captĂ©e par de nombreuses camĂ©ras de tĂ©lĂ©vision. Le public a-t-il pour autant acceptĂ© les explications de lâAllemand ? Rien nâest moins sĂ»r, car le goal, qui officie Ă Cologne, a longtemps Ă©tĂ© sifflĂ© dans son pays lors de ses prestations Ă lâextĂ©rieur de sa ville.
Patrick Battiston retrouve le chemin des terrains en septembre 1982 dans une équipe stéphanoise dont il est devenu le capitaine au départ de Christian Lopez.
Toutefois, l'ASSE entame sa chute avec lâhistoire de lâaffaire de la caisse noire dans laquelle il est impliquĂ©. Les Verts, qui ont vu leur entraĂźneur Robert Herbin, licenciĂ© en janvier 1983, terminent Ă une dĂ©cevante 14á” place.
Il est temps alors pour le talentueux dĂ©fenseur de changer dâair, devenu malsain. Il sâengage avec les Girondins de Bordeaux dirigĂ©s par AimĂ© Jacquet. Il remporte trois nouveaux titres de champion de France (1984, 1985, 1987) et une coupe de France (1986).
Entretemps, il fait partie de lâĂ©quipe de France championne dâEurope en 1984 et il est de nouveau demi-finaliste de la coupe du monde 1986, titulaire lors du match France-BrĂ©sil (1-1, 4-3 tab) considĂ©rĂ© comme lâun des plus beaux de lâhistoire de la compĂ©tition.
IndĂ©niablement, Patrick Battiston, membre de lâĂ©quipe vainqueur du 10e titre de champion de France, mĂ©rite de figurer parmi les 50 meilleurs joueurs de lâASSE.
By Albert Pilia