AS Monaco
·25 août 2020
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·25 août 2020
Joueur de l’AS Monaco entre 1998 et 2006, Sébastien Squillaci poursuivra ensuite sa carrière à Lyon, Séville, Arsenal avant de terminer à Bastia. C’est sur l’Île de Beauté que l’international Français (21 sélections) achève ainsi sa carrière et commence sa reconversion professionnelle avec les U15 du FC Bastia-Borgo. Il découvre là-bas le métier de formateur, qui lui plaît, alors qu’il ne pensait pas s’y destiner. Celui que l’on surnomme « Toto » retrouve ensuite l’AS Monaco dans un nouveau rôle de formateur au sein de l’Academy dirigée par Bertrand Rezeau. Il passe deux ans aux côtés de Manu Dos Santos, l’entraîneur des U17. Cette saison, il démarre un nouveau projet en étant l’adjoint de David Bechkoura. Le nouveau tandem de l’équipe de National 2 vient de vivre son premier match, ce week-end, avec une victoire 2-1 sur Louhans-Cuiseaux.
Sébastien, parle-nous de ton parcours depuis que tu es revenu à l’AS Monaco.
J’ai été deux ans avec Manu Dos Santos qui est coach ici depuis dix ans. J’ai beaucoup appris avec lui et j’ai depuis passé mon DES. Maintenant c’est une autre étape, je passe avec David Bechkoura, en National 2. C’est un autre public, un championnat senior avec des garçons un peu plus âgés. C’est intéressant et ça me plaît, c’est important pour ma progression. C’est aussi une chance d’avoir à Monaco Fred Barilaro, que j’ai eu pendant ma formation et qui a un grand passé de formateur. Pour apprendre, nous sommes vraiment bien entourés. Je suis très content de faire ce métier de formateur dans un club où j’ai été huit ans sous contrat. C’est une chance.
Comment se passe cette nouvelle collaboration avec David Bechkoura ?
Avec David, ça se passe vraiment très bien, il me laisse pas mal de liberté. En plus, il a obtenu son DEPF et c’est une chance pour moi comme je prévois de le passer également. C’est enrichissant d’avoir des échanges avec une personne reconnue, je ne suis pas juste l’adjoint qui met les coupelles (sourire).
Après plusieurs mois d’arrêt, la saison a repris ce week-end pour la National 2, avec un succès contre Louhans-Cuiseaux (2-1). Comment s’est déroulée votre première sur le banc de votre nouvelle équipe ?
La préparation s’est bien passée, c’est une période qui n’est jamais facile pour les jeunes car il y a beaucoup d’entraînements et une grosse charge de travail. Il a fallu encaisser. Même si on est en National 2 et dans un football de sénior, on reste des formateurs et on doit continuer de leur apprendre beaucoup de choses et à les répéter. Ce niveau est une découverte pour eux. Sur le match contre Louhans-Cuiseaux, on a fait une grosse première période avec beaucoup d’envie, on les a pressés haut, on a eu des occasions et on a été efficaces même si ça a été un peu plus compliqué en seconde période. On a moins eu la maîtrise du ballon, il y avait sans doute un peu de fatigue par rapport à tout ce que l’on avait donné en première mi-temps. La gestion des temps forts et des temps faibles n’a pas été facile. Même dans la difficulté, on s’est serré les coudes. Les garçons qui sont rentrés ont tout donné, l’état d’esprit a été bon, positif, maintenant on a encore pas mal de travail. A nous de continuer de nous améliorer pour pouvoir gagner à nouveau.
Pensais-tu être destiné à cette trajectoire après l’arrêt de ta carrière de joueur professionnel ?
C’est vrai qu’au départ, je ne pensais pas être entraîneur. Je termine en tant que joueur au SC Bastia et je fais ensuite un an avec les U15 de Bastia-Borgo. Ça m’a beaucoup plu et je suis ensuite revenu à Monaco où j’ai fait plusieurs années en centre de formation. J’avais envie de redonner un peu tout ce que j’ai pu apprendre, je connais bien le club même s’il a beaucoup évolué et c’est important de transmettre aux autres. J’aime le foot, c’est ma passion, mais j’aime aussi transmettre aux autres et souhaite leur ramener ce qu’on a pu connaître au haut niveau. C’est un plus pour eux.
Est-ce qu’il y a eu un déclic qui t’a donné cette envie ?
Pendant ma carrière, je me disais qu’être coach ce n’était pas possible. Puis lorsque je suis allé m’occuper des U15 de Bastia-Borgo, après les séances nous restions une heure à discuter foot et préparer les entraînements. Tu prends du temps pour faire ça et à un moment tu te rends compte que ça te plaît car tu es investi. Quand on arrête le foot, c’est compliqué, je me suis demandé dans quoi je pouvais être performant. J’ai la chance de faire quelque chose pour le plaisir et d’être épanoui. Tant que je le suis, je continuerai.
Qu’est-ce qui te plaît le plus dans ce métier de formateur ?
Je prends plaisir à étudier les matchs, faire les vidéos, être sur le terrain. J’aime le foot et le côté humain, j’aime discuter avec les joueurs, c’est enrichissant et ça me plait. On verra ensuite ce que ça donne, mais je suis quelqu’un qui a besoin de prendre mon temps. J’ai besoin de passer par des étapes, je grandis, je me construis. C’est un métier difficile, et même si j’ai été joueur professionnel je sais que c’est une autre profession qui commence. J’ai la chance d’avoir été pro, mais il faut penser différemment : le joueur vient à l’entraînement, s’occupe de sa récupération alors qu’en tant entraîneur, il faut tout anticiper, préparer, manager, et à un niveau encore plus élevé gérer la presse, la communication, les médias. Je veux faire les choses tranquillement et après, oui, passer le diplôme Pro.
Vous êtes plusieurs au Club à entamer une reconversion après votre carrière de joueur, on pense notamment à toi, à Gaël Givet, à Manu Dos Santos. Trouves-tu cela important de garder cette identité au sein d’un club ?
Je pense que c’est important quand les joueurs arrivent, les dirigeants, car le Club a une histoire. Pas seulement à travers Gaël, Manu ou moi, car avant nous il y a une histoire qui dure depuis des années et ça je pense que c’est important de continuer à le véhiculer. Ça passe par nous car nous sommes au club, mais il ne faut pas oublier ce qu’il y a eu avant et tout ce qui a été fait. L’AS Monaco est un grand club, même si on connaît une période plus délicate, c’est l’un des plus gros clubs français et même au niveau européen, habitué aux bons parcours en Ligue des Champions. Le club est aimé partout en France et les joueurs doivent s’en imprégner. L’amour du maillot, on en rigole aujourd’hui, mais c’est important de connaître le club dans lequel on est.
Vous reprenez un groupe qui était invaincu l’an dernier. Comment gérer cette transition pour eux au niveau de National 2, où ils risquent de connaître la défaite ?
C’est un groupe que je connais car je les ai eu en U17. C’est un avantage. Même s’ils ont fait un très bon parcours avant l’interruption, ils vont connaître la défaite. Comme on dit, « On ne perd pas, on apprend ». Les défaites font partie du foot, et même dans les victoires on apprend. David leur a répété que c’était un championnat difficile, avec des joueurs d’expériences, des joueurs passés dans des centre de formation et même des anciens professionnels, donc nous nous attendons à un championnat compliqué. Il y aura des défaites, même si je ne l’espère pas ou alors qu’elles arriveront le plus tard possible. Ce sera formateur, et de toute manière, même dans la victoire, il faut continuer de travailler et ne pas s’enflammer. On doit garder un cadre et travailler de la même manière, c’est important pour les rassurer. Ils sont jeunes et c’est vrai que parfois, après un bon match, même si je me répète mais tout n’était pas parfait, on peut se relâcher. Mais de toute façon, le football leur remettra vite les pieds sur terre si on ne le fait pas pour eux. A eux de rester concentrés et de faire le job.
On connait toute la difficulté du championnat de National 2. Quels objectifs avez-vous fixé à vos joueurs, avec David ?
La formation, il ne faut pas l’oublier, est là pour les mener au plus haut niveau. Maintenant, la compétition est quand même importante, il faut transmettre l’envie de gagner tous les matchs. Malgré tout, nous sommes dans un championnat compliqué où les réserves des clubs sont en difficulté, mais c’est important de rester en National 2. C’est pour cela qu’il faut gagner des matchs, prendre des points et se mettre à l’abri le plus rapidement possible pour pouvoir ensuite être plus tranquille et travailler plus sereinement. Si les mauvais résultats s’enchaînent, c’est un engrenage et mentalement ça peut être plus compliqué. Je ne vais pas vous dire qu’on joue le titre car des équipes sont armées pour jouer à ce niveau, mais nous, on veut enchaîner les bons résultats.
Quelles différences vois-tu entre ta génération et la génération actuelle ?
La génération actuelle passe vite à autre chose, c’est celle du « zappeur-consommateur ». Les garçons savent que j’ai été joueur, à Monaco ou ailleurs. Quand je parle avec eux, ils sont réceptifs. Il faut qu’il y ait du respect avec moi comme avec David. On doit être intransigeant sur ça, sur le respect, la politesse, les valeurs du club, l’éducation. Sur mon vécu, je n’ai jamais pris un joueur pour lui dire « Moi j’ai fait ci, moi j’ai fait ça ». Je leur amène ma sensibilité de joueur et ce que je peux ressentir, j’ai été à leur place en National 2 à l’AS Monaco, je sais ce que ça fait de jouer ou de moins jouer, et David me laisse prendre la parole. On doit s’adapter à cette génération, c’était différent à mon âge. Nous les coachs disaient « Faîtes ça » et on appliquait, maintenant il faut tout expliquer. Par exemple, si on leur dit « T’es mal placé, là tu dois fermer l’espace », ils répondent plus facilement « Oui, mais ». C’est une génération qui a besoin d’images et de vidéos car ils ne se rendent pas compte de tout ce qu’ils font. Pour palier à ça, on met des choses en place, la vidéo, les GPS sur les distances parcourues. Et ça, ça ne ment pas. Ils ne peuvent plus nous dire « Mais », et disent très souvent « Ah oui, je ne pensais pas que c’était comme ça ». On passe pour des vieux cons quand on dit que c’était mieux avant, alors il faut savoir s’adapter à la société. En tout cas, l’idée de voir les gamins progresser et intégrer l’équipe première est une vraie fierté pour les formateurs.