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·1 décembre 2021

REPORTAGE : Les détenus à la rencontre des jeunes du Stade rennais

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Il y a quelques semaines, les joueurs de la réserve du Stade rennais s'étaient rendus au centre pénitentiaire de Vezin-Le-Coquet, pour affronter les détenus dans le cadre du (...)

Elle sert d’ordinaire à la rencontre entre journalistes, joueurs et entraîneurs. Jeudi 2 décembre, au lendemain de la défaite du Stade rennais face à Lille (1-2) soit quelques heures après un débrief à chaud du match, la salle de presse accueillait un autre public. Sept détenus du centre pénitentiaire de Vezin-Le-Coquet découvraient le Roazhon Park, première étape avant d’affronter à nouveau les jeunes du centre de formation. Après un repas sur le pouce, on débriefe évidemment du match de la veille, avant que la visite ne commence, emmenée par Romain Danzé, Responsable des Relations Publiques et du Développement. « Dans le cadre du programme « Bouge ! », le président Holveck avait souhaité que chaque génération de jeunes soit affilée à une association du territoire rennais. » explique Danzé. Dans les faits, le jeudi après-midi est désormais consacré pour toutes les équipes jeunes à d’autres activités que de l’entraînement pur et dur au centre. Ce même jour, on croise les U16, en plein cours de libération de la parole, puis les U17, venus assister à un module sur la gestion des émotions, organisé dans le vestiaire des professionnels.


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Accompagnés par les joueurs de la réserve de N3, les détenus découvrent toutes les salles de l’enceinte rennaise, à commencer par le vestiaire visiteurs, où quelques noms sont passés. « Zlatan s’est assis là, je dois m’asseoir ici ! » s’enthousiasme t-on. La visite se termine par la Galerie des Légendes, où plusieurs montrent « une bonne culture Stade rennais » dixit Danzé. Les jeunes du SRFC s’attardent eux aussi sur les photos de figures plus anciennes que leur guide du jour, pas forcément toujours connues. Il est presque 15h00, l’heure que tout le monde guette. L’heure du match.

Avant-match historique

Car c’est le sport la star de la journée. Avant de se rendre au Roazhon Park, les détenus ont passé la matinée au CPB Bréquigny, à la découverte de tous les sports pratiqués dans la région rennaise. Après un stop Route de Lorient, direction la Piverdière, le tout en vélo. Les mollets chauffent et il le faut dans un froid fidèle au mois de décembre. Qu’importe l’effort, la joie est immense pour les heureux élus du jour, autorisés par le juge à venir. « Ça a été difficile de faire la sélection. » confie Typhaine Pédron, directrice du Service pénitentiaire d’insertion et de probationSpip. « Sur les 24 qui avaient participé au match aller, seuls 8 pouvaient participer aujourd’hui. », le nombre maximal de détenus autorisés à sortir en même temps pour ce genre d’activités variées, tournées vers le sport, la culture, ou les rencontres d’entreprises. Ils sont finalement 7, l’un d’entre eux n’ayant pas été autorisé à sortir, à la dernière minute. « Ils l’attendaient. Ils avaient hâte de venir se confronter aux joueurs du Stade rennais, et découvrir les infrastructures. » Ce n’est pas forcément une découverte pour tout le monde puisque parmi les présents, un détenu a souvenir de la Piverdière où il était venu passer un stage Elite, accessible à des joueurs d’un très bon niveau en catégories jeunes. Malgré des voies prises différentes, le football reste le dénominateur commun ce jour-ci, au moment de faire les équipes.

Au milieu de Kylian Gasnier, Louis Tirco, Gabin Thomelier, Dann Banzuzi, Antoine Nugent, Trésor Matondo ou encore Yanis Dede Lhomme, les détenus se mélangent pour composer deux équipes mixtes, où les apprentis footballeurs optent pour des postes inédits. Elias Damergy se mue en milieu de terrain et s’offre un festival de dribbles avant de conclure en cours de partie, tandis que Théo Eyoum se découvre une vocation de gardien. Parmi les maillots rouge et noir, il y a de tout, du PSG à l’OM, en passant par le Borussia Dortmund. « Le football est le sport le plus pratiqué en détention. L’ancien directeur de l’établissement avait pour habitude de dire que le terrain était le poumon de la prison, le plus grand espace. Il y a beaucoup de supporters d’équipes différentes, les gens se chambrent en fonction des résultats le dimanche. » explique Typhaine Pédron. Les détenus aussi font chauffer le cuir, offrant un match de bonne facture où les buts s’empilent sous les yeux de Pierre-Emmanuel Bourdeau et William Stanger, coach et adjoint de la N3. Sur un score débridé de 7-7, les deux formations s’en remettent à une séance de tirs aux buts. « C’était un bon match, il y avait une bonne intensité, du jeu. C’était une bonne partie de plaisir pour eux comme pour nous. » réagit en bord pelouse Alan Do Marcolino, premier buteur de la partie. « On a bien rigolé, ils se sont un petit peu plus ouvert à nous, et nous aussi un peu plus à eux. On a le sourire ! Ça chambrait un peu, c’était marrant. »

Football spectacle

Les détenus auront tout loisir d’analyser leur rencontre puisque l’un d’entre eux, investi dans une formation vidéo, a filmé l’intégralité de la rencontre en vue de réaliser un sujet pour le reste de l’établissement. Face à l’objectif après la rencontre, Romain Danzé livre son impression d’après-match. La journée s’achève, et l’objectif est atteint, en témoignent les larges sourires sur tous les visages. Si les détenus ont vécu une belle expérience, c’est aussi le cas des joueurs en formation, que le club souhaite depuis quelques saisons tourner vers « l’ouverture au monde, pour eux qui vivent en internat, dans une bulle à part. » explique Danzé, en connaissance de cause. « C’est une expérience que je souhaite à tout le monde de vivre, de rencontrer des personnes vivant dans un autre contexte que le nôtre. » abonde Do Marcolino. « On a partagé des buts, des passes, des moments de convivialité. Si c’était à refaire, je le referais. On ne leur souhaite que du bon. »

Il faut bien avouer que l’espace d’un match, aux abords de la pelouse du synthétique de la Piverdière, on en oubliait le contexte. Le Roazhon Park en fond, le ciel se découvrant à mesure qu’on entendait les voitures s’empiler sur la rocade, c’est le bruit du ballon, des rires et du chambrage qui dominait. « C’étaient juste des joueurs de foot sur un terrain. » résume Typhaine Pédron. Juste des joueurs de foot sur un terrain.

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