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·25 juin 2025
Rennes : Mario Hector Turdo, le flop argentin aux pieds de Ligue 2

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·25 juin 2025
Été 2000, le Stade Rennais fort des millions de son propriétaire François Pinault sort le chéquier pour construire une équipe qui doit régner sur la France. 12 recrues dont les prometteurs Severino Lucas et Mario Hector Turdo. Malheureusement, la réalité n’a que faire des promesses.
C’est l’histoire d’un duo qui devait emmener Rennes au sommet du foot français, voire européen. Severino Lucas d’un côté - autoproclamé nouveau Ronaldo - et Mario Hector Turdo de l’autre, 1m85 de muscles, de cuisses solides et d’épaules rentrées surmontées d’un cou de taureau. Le natif de Rosario n’a pas encore de surnom mais déjà un rôle bien défini, incarner le futur de l’Albiceleste.
Ce ne sont ni ses pieds, ni son sens du but qui l’ont dit. Non, c’est son agent, tout simplement. Malin et beau parleur, il est allé taper à la porte de François Pinault, arrivé deux ans plus tôt en Bretagne avec la besace remplie d’ambition et de francs pour lui faire remarquer les qualités de son protégé. Tout juste pubère, quelques sélections avec les moins de 20 ans de José Pékerman dont une participation au tournoi de Toulon à l’été 1999 pour 4 buts inscrits l’ont aidé dans son entreprise. Et puis, il faut dire qu’après avoir été formé à Independiente, ça fait déjà un an qu’il s’est acclimaté à l’Europe, au Celta Vigo plus précisément (7 réalisations en 25 matchs).
C’est donc décidé. Après avoir dépensé la somme record de 150 millions de francs pour Severino Lucas, le Stade Rennais a trouvé le joueur parfait en complément. Chéquier sorti. Il n’y a plus qu’à se mettre d’accord sur un chiffre. Ce sera la somme moins record mais tout aussi absurde de 80 millions de francs. Soit quatre fois plus que ce que Vigo a payé un an et 7 buts plus tôt.
À Rennes, personne ne l’a jamais vu jouer, mais tout le monde le connaît déjà et les joueurs sont impatients de voir débarquer le phénomène. En pleine préparation, ils ne demandent qu’à accueillir le mieux possible celui qui a été choisi pour remplacer Shabani Nonda, parti à Monaco. Malheureusement, il ne leur faudra pas longtemps pour réaliser l’écart de niveau entre les deux joueurs.
Ce n’est pas grave, s’il n’est pas un grand buteur, il sera au moins un travailleur. Parce qu’il le trouve « sympa, agréable et gentil comme tout » le groupe décide de rester solidaire avec le jeune Argentin et fait front face à la gronde des supporters. Il parvient même à convaincre Paul Le Guen de continuer à lui laisser sa chance. D’autant plus que Turdo ne ménage aucun effort, ni à l’entraînement, ni en match. Il apprend le français, fait tout pour s’intégrer et travaille énormément. Pressing, appels de balle, combat, il est du genre bison. Bison sympa, mais bison quand même.
Seulement voilà, malgré tous les efforts consentis par le numéro 11 rennais, les buts ne viennent pas. Trois petits pions simplement pour 19 apparitions ne répondent pas aux attentes suscitées par son retentissant transfert. Titulaire en début de saison, il devient peu à peu remplaçant et voit ses minutes s’amenuiser au fil des parties. Au bout de six mois, Rennes végète à une triste quinzième place de Ligue 1, bien loin de ses ambitions du début de saison. Mario Hector Turdo ressemble désormais à un pot aux roses démasqué qui ne passera pas l’hiver. Problème de niveau, il laisse sa place à Cyril Chapuis qui le fera rapidement oublier et permettra notamment à Rennes de finir à une inespérée 6ème place en fin de saison.
La suite de la carrière de Turdo ne dira pas autre chose. D‘abord prêté pour les six derniers mois de la saison à Las Palmas où il ne marquera qu’un but en 14 matchs, il reviendra ensuite à Rennes où une vilaine blessure l’empêchera de défendre ses chances, cette fois. Le reste ne sera qu’une suite de désillusions. Une carcasse traînée avec le sourire, de la bonne volonté mais des pieds de seconde division entre le CD Leganés en D2 et de modestes clubs argentins. Quelques matchs, une pincée de buts. 19 au total dans toute sa carrière. Et probablement un premier gros transfert survenu trop tôt et bien trop lourd à porter, même pour ses larges épaules.
Par Ianis Periac
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