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·29 mars 2021
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Poussé vers la sortie à Rennes l’été dernier, Jordan Siebatcheu vit une saison inattendue en Suisse parmi les rangs des Young Boys de Berne, au point d’être appelé pour la première fois avec la sélection des Etats-Unis ce mois de mars. Focus sur un striker en plein american dream.
« How do you say debut in french ? » « Début ». La séquence est cocasse, la conversation est encore loin d’être fluide, mais comme avec certains mots, Theoson-Jordan Siebatcheu a vite trouvé des similitudes avec le football qu’il connaît et qu’il pratique depuis une vingtaine d’années de l’autre côté de l’Atlantique. Après la victoire des Etats-Unis face à la Jamaïque en Autriche (4-1) jeudi dernier, le staff a tenu à félicité le nouveau venu dans la team USA, pas forcément le plus à l’aise avec l’anglais. Pourtant, l’attaquant a fait un long chemin depuis l’été dernier, et traversé les frontières pour retrouver la joie sur le terrain. L’été dernier, lorsque le duo Nicolas Holveck-Florian Maurice prend les rênes de son premier mercato après son arrivée au Stade Rennais, le joueur de 24 ans n’est plus une priorité et est vite placé sur la liste des départs dans l’effectif de Julien Stéphan. Deux ans après son arrivée en Bretagne, force est de constater que Siebatcheu a fait un flop. L’heure de la reconquête est venue.
Lorsqu’il arrive à Rennes en 2018, « Pefok » arbore une belle ligne à son CV, celle d’un des meilleurs buteurs de Ligue 2. Avec Reims, il sort d’une saison riche (17 buts et 7 passes décisives en 35 apparitions en championnat) et postule donc comme une des futures révélations de Ligue 1. Olivier Létang conclut l’affaire avec la maison rémoise qu’il connait bien, et « Jordy » arrive à Rennes pour quelques 9 millions d’euros, et la pression qui va avec. Les statistiques elles, sont loin de ravir Sabri Lamouchi, puis Julien Stéphan. Jusqu’à l’arrêt prématuré de la saison dernière ayant envoyé Rennes en Ligue des Champions, Siebatcheu gonflait péniblement son bilan à 44 apparitions, 8 buts et 2 passes décisives avec le SRFC. Serhou Guirassy recruté à Reims, Adrien Hunou et Georginio Rutter complétant la concurrence au poste de numéro 9, bientôt rejoints par un M’Baye Niang au mercato chaotique, il n’y avait plus de place pour un autre avant-centre. Une porte de sortie était trouvée chez les Young Boys de Berne.
En Suisse, Siebatcheu repart de zéro, à l’image de son compte Instagram, où toutes ses anciennes photos de Reims ou Rennes ont été balayées. Berne sera le point de départ d’une nouvelle aventure, et il ne semble pas question de regarder en arrière. En Super League, la saison est poussive à ses débuts, et il faut attendre le 29 novembre 2020 pour qu’une première passe décisive soit délivrée, face au Lausanne-Sport d’un autre ex-Rennais parti cet été, Lucas Da Cunha. Une autre passe deux semaines plus tard, puis deux doublés consécutifs face à Lugano et Saint-Gall fin décembre, la machine est lancée.
Et depuis, Jordan Siebatcheu semble tout bonnement inarrêtable. Un triplé, un doublé face au Bayer Leverkusen et quatre autres buts sont venus s’ajouter à son compteur, ainsi que deux autres passes décisives. Au 21 mars, plus de six mois après son arrivée à Berne, Pefok cumule 34 apparitions, 13 buts, 4 passe décisives, et une exposition non négligeable en Europa League, celle-là même qui lui a peut-être ouvert les portes de la sélection.
International espoirs français, enfant de parents d’origine camerounaise, Jordan nait en 1996 à Washington. C’est ainsi comme cela que la sélection américaine l’approche et le convainc de rejoindre ses rangs pour ce rassemblement, et disputer deux matchs amicaux. Face à la Jamaïque, Siebatcheu est entré en fin de rencontre (83’), mais était bien titulaire face à l’Irlande du Nord hier (2-1). En pointe d’un 3-4-3, Theoson-Jordan a joué une heure (62’) avant de céder sa place. Le but ne sera pas venu comme espéré, mais les deux prestations du buteur made in Ligue 1 ont été saluées, de quoi le revoir assurément sous le maillot américain en mai prochain, pour un nouveau rassemblement. D’ici là, Jordy aura d’autres questions à résoudre.
Prêté l’été dernier par le Stade Rennais avec lequel il est encore sous contrat jusqu’en 2023, il apparait très peu probable de revoir Siebatcheu à Rennes. Florian Maurice surveille bien l’attaquant et ses apparitions, ses coups d’éclats (doublés et triplé notamment) n’ayant pas échappé au directeur sportif qui n’a cependant plus toutes les cartes entre les mains. Car les Young Boys de Berne ont bien une option d’achat attachée au prêt du joueur s’élevant à 2,5 millions d’euros. Autant dire qu’au vu des prestations du joueur, le club suisse non loin d’enregistrer un nouveau titre de champion de Super League n’hésitera pas longtemps avant de boucler le deal, à sa portée.
Rennes se prépare pour sa part à enregistrer une moins-value importante sur un joueur révélé loin du Roazhon Park, concernant un secteur de jeu pointé du doigt cette saison. Georginio Rutter parti à Hoffenheim à six mois de la fin de son contrat, M’Baye Niang (prêté à Al-Ahly) est toujours sous contrat jusqu’en 2023 et s’annonce être un dossier épineux du prochain mercato, où il sera notamment question d’assurer le SAV du travail de l’ancien président rennais. Avant de penser à recruter, il faudra donc régler ces questions problématiques, dont notamment celle d’Adrien Hunou, dans l’impasse depuis l’arrivée de Bruno Genesio ayant installé Martin Terrier au poste de numéro 9. Serhou Guirassy semble pour le moment être le seul concurrent direct au numéro 7 rennais, en attendant le résultat d’une période estivale forcément spéciale compte tenu du contexte sanitaire et économique. Pour Jordan Siebatcheu, l’aventure continue de s’écrire loin de la Bretagne. Grâce à la Suisse, le Young Boy vit dans un rêve depuis 6 mois. Un rêve désormais américain.
Par Thomas Rassouli